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CATIE

Depuis l’an 2000, des médecins et chercheurs au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé ont remarqué une augmentation importante des cas de syphilis. Cette augmentation touche  certains hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), et plus particulièrement des hommes atteints de l’infection au VIH. Quelques cas de syphilis oculaire ont également été diagnostiqués chez des hommes et femmes hétérosexuels séronégatifs.

Les microbes qui causent la syphilis (appelés tréponèmes ou spirochètes) sont transmis par les relations sexuelles sans condom, qu’elles soient de nature anale, orale ou vaginale. Dans des cas rares, les baisers mouillés et le matériel de consommation de drogues partagé peuvent transmettre les microbes à l’origine de la syphilis. La syphilis peut aussi se transmettre d’une femme enceinte infectée à son fœtus. Pour en savoir plus, consultez le feuillet d’information sur la syphilis de CATIE. Vous trouverez aussi des liens vers d’autres ressources à la fin de ce bulletin.

Les microbes qui causent la syphilis peuvent se propager depuis leur point d’entrée initial dans le corps vers le reste de l’organisme, causant de l’inflammation dans divers tissus. La syphilis peut s’attaquer à de nombreux organes et causer une maladie complexe évoluant en plusieurs stades qui ne provoquent parfois aucun symptôme (même si l’infection est encore active). Par conséquent, certaines personnes infectées ignorent qu’elles ont la syphilis, d’où l’importance d’effectuer régulièrement, voire fréquemment dans certains cas, des tests sanguins pour dépister la syphilis chez les personnes sexuellement actives.

Syphilis oculaire

En 2015, des médecins de San Francisco et de Seattle ont signalé des cas de syphilis touchant les yeux de leurs patients. Dans plusieurs cas, des complications et la cécité s’en sont suivies.

Depuis deux ans, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont appris l’existence de plus de 200 cas de syphilis oculaire. Les cas en question se sont produits dans 20 états différents.

La présence de syphilis oculaire indique que l’infection s’attaque aux nerfs de l’œil et peut-être aussi aux nerfs du cerveau. Depuis une décennie, des médecins dans les pays à revenu élevé font état de cas de syphilis oculaire touchant les HARSAH. Au cours de cette période, des médecins de Toronto ont également signalé des cas où la syphilis nuisait aux nerfs des oreilles et compromettait l’audition. Les cas survenus à Toronto concernaient également des HARSAH atteints du VIH. L’ensemble de ces rapports souligne la capacité que possède la syphilis d’endommager les nerfs.

À l’époque précédant l’introduction à grande échelle de la pénicilline, les médecins signalaient des cas de syphilis oculaire où les tréponèmes s’attaquaient à différentes parties de l’œil. Ce problème pouvait survenir lors des stades précoces ou tardifs de la syphilis. Après l’introduction de la pénicilline au milieu des années 1940, le nombre de cas de syphilis (y compris de syphilis oculaire) a fini par diminuer. En effet, dans la deuxième moitié du 20e siècle, certains experts de la santé publique aux États-Unis osaient même prévoir l’éradication de la syphilis. Ce but s’est toutefois révélé élusif. À l’heure actuelle, il semble que les cas de syphilis oculaire augmentent aux États-Unis parallèlement à la hausse de l’incidence générale de la maladie. Des cas de syphilis oculaire ont également été signalés au Canada, mais aucune augmentation du nombre de cas n’a été publiée.

Conseils des CDC

Les CDC ont mis à jour leur avis clinique pour 2016. En plus d’encourager les médecins à déclarer les cas de syphilis oculaire au département de santé publique local ou de l’état, l’agence propose les conseils suivants :

  • Les cliniciens devraient être au courant de la possibilité de syphilis oculaire et dépister tout problème visuel chez leurs patients à risque de syphilis (HARSAH, personnes séropositives, autres personnes présentant des facteurs de risque, personnes ayant des partenaires sexuels anonymes ou nombreux).
  • Tous les patients atteints de syphilis devraient passer un test de dépistage du VIH si leur statut est inconnu ou s’il était antérieurement négatif.
  • Les patients ayant une sérologie positive pour la syphilis qui en sont à un stade précoce sans symptôme oculaire devraient subir un examen neurologique rigoureux évaluant tous les nerfs crâniens.
  • Les patients ayant la syphilis et des problèmes oculaires devraient recevoir immédiatement une évaluation ophtalmologique.
  • Un prélèvement de liquide céphalorachidien (LCR) par ponction lombaire devrait être effectué chez tous les patients atteints de syphilis se plaignant de problèmes oculaires.
  • La prise en charge de la syphilis oculaire devrait suivre les recommandations thérapeutiques se rapportant à la neurosyphilis.  
  • La définition de cas pour la syphilis oculaire est la suivante : une personne présentant des symptômes ou signes cliniques d’une maladie oculaire (p. ex., uvéite, panuvéite, diminution de l’acuité visuelle, cécité, neuropathie optique, kératite interstitielle, uvéite antérieure et vascularite rétinienne) en présence de syphilis, peu importe le stade de celle-ci.

Dans un prochain article de Nouvelles CATIE, nous présenterons les détails d’un rapport américain récent faisant état de patients ayant reçu un diagnostic de syphilis oculaire.

Ressources

Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement – prise en charge de la syphilis

Lignes directrices québécoises sur la prise en charge de la syphilis – Guide ITSS : syphilis  (mise à jour en mars 2016)

CDC Clinical Advisory: Ocular syphilis in the U.S. (en anglais seulement)

Feuillet d'information sur la syphilis de CATIE

—Sean R. Hosein

 

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