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CATIE
  • Des chercheurs ont examiné les admissions au service VIH d’un hôpital de Vancouver entre 2005 et 2014
  • Durant les dernières années de cette période, 61 % des patients avaient une charge virale indétectable, une hausse par rapport au taux de 30 % durant les premières années
  • La proportion d’admissions pour des infections liées au sida a chuté de 16 % à 6 %

Nombre d’études ont révélé que l’utilisation d’une combinaison de médicaments anti-VIH puissants (TAR) renforce le système immunitaire et la santé générale des personnes traitées. Le TAR réussit cet exploit en réduisant graduellement la production de VIH jusqu’à un niveau tellement faible qu’il est couramment qualifié d’« indétectable ». Cela permet ensuite au système immunitaire de se réparer partiellement.

Les bienfaits du TAR sont tellement importants que les chercheurs au Centre d'excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique s’attendent à ce que de nombreux adultes diagnostiqués aujourd’hui aient une espérance de vie quasi-normale, pourvu qu’ils commencent rapidement le traitement, qu’ils voient souvent leur médecin et passent régulièrement des tests de laboratoire et qu’ils n’aient pas de problèmes de dépendance. Cela reflète un changement énorme par rapport à l’époque précédant l’arrivée du TAR, alors que les complications du sida écourtaient l’espérance de vie des personnes ayant le VIH.

Étant donné les bienfaits énormes du TAR, des chercheurs au Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique à Vancouver ont examiné les dossiers du service VIH du St. Paul’s Hospital afin de déterminer s’il se produisait des changements dans le genre d’infections que les patients présentaient. Les chercheurs se sont concentrés sur la période entre 2005 et 2014. Durant cette décennie, quelque 1 600 personnes séropositives ont été admises au service VIH, à deux reprises dans certains cas. Les chercheurs ont trouvé que la proportion de personnes souffrant d’infections et de complications liées au sida a diminué de manière significative. Ils ont toutefois constaté une augmentation du nombre de personnes séropositives se faisant soigner pour des infections des poumons, de la peau, des tissus mous, des os et des articulations qui étaient graves mais non liées au sida. L’équipe de recherche a proposé plusieurs interventions sur le plan des politiques afin d’améliorer la santé générale des personnes dans la communauté et de réduire leurs risques d’infections graves et d’hospitalisation.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont analysé plusieurs bases de données dans le cadre de cette étude.

Les chercheurs ont inclus dans l’étude un total de 1 595 personnes séropositives qui avaient été admises au service VIH du St. Paul’s Hospital et au sujet desquelles ils disposaient de données détaillées.

Les patients en question avaient été admis au service VIH des façons suivantes :

  • via le service des urgences : 81 %
  • transfert d’un autre service : 8 %
  • directement de la communauté : 5 %
  • transfert d’un établissement différent : 5 %

(La somme n’est pas 100 % parce que les chiffres ont été arrondis.)

Voici le profil moyen concis des participants :

  • 77 % d’hommes, 23 % de femmes
  • âge : 46 ans
  • 64 % avaient des antécédents d’injection de drogues
  • 62 % avaient été exposés au virus de l’hépatite C (VHC)

Résultats

La proportion de personnes admises au service VIH pour des affections liées au sida est passée de 16 % au début de la période à l’étude à près de 6 % vers la fin de la période. Ce changement est significatif du point de vue statistique.

Un mot au sujet de la PPC : retour au début des années 90

Pour illustrer combien les choses avaient changé, les chercheurs ont obtenu un rapport publié dans les années 90 au sujet des causes de décès dans le service VIH du St. Paul’s Hospital à l’époque précédant l’arrivée du TAR. À l’époque en question, une des infections fréquentes liées au sida s’appelait la pneumocystose ou encore la pneumonie à Pneumocystis (PPC), une maladie causée par un champignon. En 1992, la pneumocystose a causé le décès de 14 % des personnes séropositives admises au service VIH du St. Paul’s Hospital. Cependant, au cours de la période plus récente, les chercheurs ont trouvé que seulement 2 % des patients admis au service VIH avaient reçu un diagnostic de pneumocystose.

TAR, charge virale et compte de CD4+

La proportion de patients qui suivaient un TAR au moment de leur admission à l’hôpital a augmenté considérablement, passant de 52 % au début de la période de l’étude à 86 % à la fin. Quinze pour cent de tous les patients ont commencé le TAR durant leur séjour à l’hôpital.

La proportion de personnes sous TAR dont la charge virale était indétectable est passée de 30 % au début de la période en question à 61 % pendant les années plus récentes.

Lors de l’admission des patients à l’hôpital, leur compte de CD4+ moyen était de 130 cellules/mm3, puis il a grimpé jusqu’à 340 cellules/mm3 vers la fin de la période à l’étude.

Diagnostics et âge

Les chercheurs ont constaté quelques différences entre les diagnostics des patients qui se rapportaient à l’âge. Par exemple, parmi les personnes de 50 ans ou plus, les diagnostics courants incluaient les suivants :

  • infections thoraciques (non liées au sida) : 18 %
  • infections gastro-intestinales : 7 %
  • maladie pulmonaire obstructive : 6 %
  • infection bactérienne de la peau et des tissus mous : 5 %
  • insuffisance hépatique : 4 %

Même si les participants âgés de moins de 50 ans avaient aussi plusieurs des infections et complications mentionnées ci-dessus, ils étaient également plus susceptibles de se faire diagnostiquer une infection bactérienne du revêtement interne du cœur.

Drogues injectables

Sans égard à l’âge, les chercheurs ont constaté que les personnes séropositives ayant des antécédents d’injection de drogues étaient considérablement plus susceptibles que les non-utilisateurs de drogues de faire l’objet des diagnostics suivants :

  • infections osseuses et articulaires
  • infection du revêtement interne du cœur

Décès

Comme les personnes admises au service VIH souffraient de complications graves, il n’est pas étonnant que près du tiers d’entre elles soient mortes (497 personnes). La plupart des décès (67 %) sont survenus à l’hôpital.

Raisons des tendances

Les chercheurs ont observé plusieurs tendances au cours de l’étude : un déclin significatif des diagnostics liés au sida; une augmentation de l’utilisation du TAR; des gains de cellules CD4+; davantage de personnes ayant une charge virale indétectable. Selon l’équipe, ces tendances étaient sans doute attribuables à l’amélioration des programmes offrant le dépistage du VIH et l’amorce immédiate du TAR (advenant un résultat positif au test).

Maladie pulmonaire

Les chercheurs ont souligné que les participants plus âgés « étaient plus susceptibles d’être admis pour la maladie pulmonaire obstructive ». Une étude antérieure avait permis de constater que cette maladie augmentait le risque d’infections pulmonaires chez les personnes séropositives. Dans la présente étude, il est probable que certains cas de maladie pulmonaire obstructive étaient attribuables au tabagisme.

Données manquées

Les chercheurs ont affirmé que le service VIH du St. Paul’s Hospital n’avait pas d’unité de soins intensifs. Par conséquent, les personnes séropositives qui devaient être hospitalisées pour des complications cardiovasculaires auraient été admises ailleurs, et leurs données n’auraient pas été incluses dans cette étude.

Les chercheurs ont souligné les résultats d’une étude albertaine qui avait permis de constater une augmentation, à l’époque actuelle, des taux d’hospitalisation des personnes séropositives pour des épisodes de maladies mentales graves. En ce qui concerne la présente étude, les patients de ce genre auraient été admis au service psychiatrique de l’hôpital et il n’aurait pas été possible d’analyser leurs données.

Implications pour les politiques

Selon l’équipe de Vancouver,  même si les soins dispensés aux personnes séropositives se sont beaucoup améliorés depuis deux décennies, certaines personnes séropositives continuent d’être hospitalisées pour des maladies graves. Elle suggère donc les mesures suivantes pour « optimiser » les soins et le traitement de cette population dans la communauté :

  • « Les programmes de dépistage systématique du VIH peuvent être élargis afin de réduire le nombre de diagnostics tardifs du VIH. »
  • « L’amélioration de la médecine préventive et les soins ambulatoires précoces pour les infections respiratoires pourraient aider à réduire le nombre d’hospitalisations. Des efforts sont nécessaires pour augmenter l’adoption systématique de la vaccination antipneumococcique et antigrippale pour les personnes ayant le VIH, l’accès sans barrière aux soins primaires urgents et les services diagnostiques de base. »
  • « Les taux d’admission élevés pour les complications liées [à l’injection de drogues] sont une autre cible pour les interventions. »
  • « Il existe un besoin urgent d’accroître l’accès de cette population aux services de réduction des méfaits et de traitement des dépendances afin d’optimiser les résultats pour leur santé et de réduire le nombre de décès liés à la consommation de drogues et d’hospitalisations. »

Comme il est probable qu’au moins certains cas de maladie pulmonaire obstructive signalés dans cette étude étaient attribuables au tabagisme, les chercheurs ont affirmé ceci : « À mesure que les personnes vivant avec le VIH vieillissent, les programmes de soins du VIH complets devraient envisager d’offrir des services pour faciliter la cessation du tabagisme, le dépistage des maladies pulmonaires et l’optimisation du traitement de la maladie pulmonaire obstructive. »

Ressources

Centre d'excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique

Taux élevés d'utilisation des soins de santé mentale et des dépendances en OntarioNouvelles CATIE

Association canadienne pour la santé mentale

Santé mentale – Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)

Le VIH et le bien-être émotionnel

Santé mentale, consommation de substances et VIHTraitementActualités 219

Des chercheurs américains explorent l'impact de la dépression sur le risque de crise cardiaqueTraitementActualités 217

VIH et problèmes cérébrauxTraitementActualités 204

Ressources sur l’hépatite C de CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :                              

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