Le rapport des triglycérides au bon cholestérol peut-il aider à prévoir le diabète?

Des chercheurs en Italie ont analysé des données de santé recueillies auprès de personnes séropositives entre 1997 et 2013, se concentrant notamment sur les nouveaux cas de diabète de type 2. Ils n’ont pas trouvé de différence significative entre les taux de diabète parmi les personnes séropositives et les personnes séronégatives vivant dans le nord de l’Italie. L’équipe italienne a toutefois découvert que le rapport entre deux substances graisseuses dans le sang, soit les triglycérides et le bon cholestérol (HDL-C), était associé de manière significative à un risque accru de diabète de type 2. Les participants qui avaient subi des dommages étendus au foie (cicatrisation hépatique) à cause d’une hépatite virale chronique couraient également un risque accru de diabète. En raison des limitations inhérentes à la conception de cette étude, on devrait considérer ses résultats comme intéressants et préliminaires en attendant qu’ils soient confirmés.

Détails de l’étude

Les chercheurs œuvrant pour la fondation ICONA recueillent des données de santé auprès de personnes séropositives depuis deux décennies. L’analyse la plus récente des données a porté sur 3 546 participants. Les chercheurs tentaient d’aider les professionnels de la santé à prévoir lesquels de leurs patients étaient susceptibles de courir un risque élevé de diabète de type 2.

Voici le profil moyen des participants au moment de leur admission à l’étude :

  • 74 % d’hommes, 26 % de femmes
  • âge : 38 ans
  • durée de l’infection au VIH : un an et demi
  • compte de CD4+ : 286 cellules/mm3
  • charge virale en VIH : 63 000 copies/ml
  • rapport des triglycérides au cholestérol HDL : 2,8

Les chercheurs ont également utilisé une évaluation indirecte mais utile des lésions hépatiques appelée FIB-4. Ce score est calculé à partir de chiffres dérivés de l’âge de la personne, de ses taux d’enzymes ALT et AST et de son taux de plaquettes sanguines. Les scores FIB-4 supérieurs à 3,25 laissent soupçonner une cicatrisation étendue du foie. Ce problème peut survenir à cause d’une infection chronique au virus de l’hépatite B ou C.

Résultats

Au cours de l’étude, 80 participants ont présenté un diabète de type 2 (dit simplement diabète dans le reste de cet article).

Selon les chercheurs, la détermination d’un rapport triglycérides : HDL élevé (supérieur à 4,5) était associée à un risque accru de diabète. Les autres facteurs associés à un risque accru de diabète dans cette étude incluaient les suivants :

  • âge avancé
  • indice de masse corporelle (IMC, évaluation relative de l’adiposité) supérieur à 30
  • utilisation de la combinaison de deux médicaments anti-VIH plus anciens : d4T (stavudine, Zerit) et 3TC (lamivudine)
  • utilisation des médicaments anti-VIH atazanavir (Reyataz) et ritonavir
  • score FIB-4 supérieur à 3,25

Points à retenir

Il s’agit ici d’une étude rétrospective, c’est-à-dire une étude qui examine des données recueillies dans le passé. Bien qu’elles coûtent relativement peu cher, les études de ce genre peuvent aboutir par inadvertance à des conclusions faussées. Il est cependant probable que la majorité des résultats de la présente analyse reflètent des conclusions fiables. Les analyses rétrospectives sont la première étape de l’exploration d’une idée, et leurs résultats peuvent être utilisés pour soutenir les demandes de fonds pour mener des études plus rigoureuses sur le plan statistique. En effet, le résultat principal de cette étude sur l’utilisation du rapport triglycérides : HDL comme prédicteur éventuel du risque de diabète est intéressant mais doit être confirmé par une étude conçue de manière plus rigoureuse.

La découverte d’une association entre un risque accru de diabète et l’usage des médicaments d4T et 3TC est sans doute attribuable à la présence de d4T dans un régime. Le médicament 3TC est généralement sûr et n’a pas été associé à un risque accru de diabète lors d’études bien conçues. En revanche, d4T est un médicament plus ancien qui est rarement utilisé de nos jours dans les pays à revenu élevé à cause de ses nombreuses toxicités. De plus, certaines études ont trouvé une association entre l’exposition à d4T et un risque accru de diabète.

Le lien entre l’utilisation de l’atazanavir (en combinaison avec le ritonavir) et un risque accru de diabète est mystérieux, car les études précédentes n’ont pas fourni de données probantes indiquant que l’atazanavir causait le diabète. De plus, comparativement aux inhibiteurs de la protéase plus anciens, l’atazanavir s’est généralement révélé neutre en ce qui concerne les changements dans les taux de cholestérol et de sucre sanguin. Comme l’atazanavir n’a généralement pas d’impact défavorable sur le taux de cholestérol et la glycémie, il est possible que les médecins aient préféré prescrire ce médicament aux patients qui couraient déjà un risque accru de diabète, d’où le lien apparent observé durant cette étude.

Ressource :

Le VIH et la maladie cardiovasculaire — Feuillet d’information de CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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