Souhaitez-vous recevoir nos publications directement dans votre boîte de réception?

CATIE
  • Le crystal meth est associé au risque de transmission élevé du VIH et de l’hépatite C parmi les hommes gais et bisexuels
  • Des chercheurs ont étudié l’effet d’un antidépresseur sur la dépendance au crystal meth
  • La mirtazapine était associée à une réduction modeste de la consommation de crystal meth au fil du temps

Le crystal meth (également appelé méthamphétamine en cristaux, ice, meth, Tina) est une drogue récréative qui appartient à la catégorie des stimulants. Selon nombre de rapports, la consommation de crystal meth lors des relations sexuelles a augmenté parmi certains hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). La recherche menée auprès d’HARSAH laisse croire que cette drogue leur fait vivre initialement les expériences suivantes :

  • euphorie
  • sensations intensifiées
  • augmentation de la pulsion sexuelle
  • réduction des inhibitions
  • perception que les autres hommes sont plus attrayants

Outre les effets d’ordre sexuel, nombre d’hommes et de femmes affirment que le crystal meth augmente la vigilance et leur donne la sensation d’avoir plus d’énergie.

Nombre d’études portent toutefois à croire que, une fois que l’intoxication provoquée par le crystal meth s’estompe, des symptômes de sevrage peuvent se produire, dont les suivants :

  • anxiété
  • dépression
  • fatigue
  • problèmes de sommeil prolongés

L’intensité et la persistance de ces symptômes de sevrage, et d’autres encore, peuvent varier d’une personne à une autre. Certaines personnes recommencent à consommer du crystal meth pour soulager les symptômes de sevrage, mais cela peut créer une dépendance et entraîner des problèmes de santé, y compris les surdoses.

La mirtazapine fait son entrée

Le médicament mirtazapine (vendu sous le nom de Remeron ainsi qu’en versions génériques) est parfois utilisé pour traiter les maladies dépressives. Son utilisation est associée à un risque accru de prise de poids. Il y a environ une décennie, un groupe de chercheurs de San Francisco a mené une petite étude pour explorer l’effet à court terme de la mirtazapine chez des utilisateurs de crystal meth. Cette étude de 12 semaines a révélé une réduction de la consommation de crystal meth parmi les personnes qui recevaient de la mirtazapine (par rapport au placebo).

Cette même équipe de recherche vient de terminer une étude contrôlée contre placebo de plus longue durée et de plus grande envergure auprès d’utilisateurs de crystal meth. Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté que les participants qui recevaient de la mirtazapine réduisaient de façon modeste leur consommation de crystal meth (comme l’attestaient les analyses d’urine). Notons cependant que les taux d’observance étaient faibles dans le groupe recevant la mirtazapine et le groupe placebo, soit 40 % environ. Les participants qui prenaient la mirtazapine ont connu des améliorations de leur humeur et de leur sommeil.

Détails de l’étude

Des infirmières ont évalué 241 personnes et trouvé que 120 d’entre elles convenaient à l’étude. Toutes ces personnes souffraient d’une dépendance au crystal meth et s’intéressaient à réduire ou à cesser leur consommation de cette drogue.

Des recherches antérieures avaient permis de constater que, lorsque le crystal meth entrait dans le corps, il finissait par être métabolisé par le foie et dégradé partiellement en plusieurs composés chimiquement apparentés qui étaient ensuite filtrés par les reins et sécrétés dans l’urine. Durant la présente étude, les participants fournissaient régulièrement des échantillons d’urine afin que les chercheurs puissent les analyser et surveiller leur consommation de crystal meth.

Tous les participants se soumettaient à des séances de counseling hebdomadaire de courte durée (30 minutes) qui étaient conçues pour les aider à comprendre leur dépendance au crystal meth et encourager leurs tentatives de se libérer de son emprise.

Les comprimés de mirtazapine et de placebo utilisés dans cette étude étaient d’apparence identique. Ils étaient dispensés dans des flacons qui enregistraient des données sur le nombre de fois qu’on les ouvrait, puis ces données étaient envoyées par transmission sans fil à l’ordinateur central de l’étude. De cette manière, les chercheurs pouvaient surveiller les comportements des participants par rapport à la prise des comprimés.

Durant la première semaine de l’étude, les participants ont reçu de la mirtazapine à raison de 15 mg/comprimé ou encore un placebo comparable. Après cette période, ils ont reçu de la mirtazapine à raison de 30 mg/comprimé ou un placebo comparable. Les participants étaient censés prendre un comprimé par jour pendant 24 semaines. À la fin de cette étude, la prise de comprimés a cessé mais le suivi des participants s’est poursuivi pendant 12 semaines.

Données démographiques importantes au début de l’étude

  • En moyenne, les participants étaient dans le milieu de la quarantaine.
  • 115 participants étaient des HARSAH et 5 autres des femmes transgenres.
  • 52 % des participants étaient séropositifs et 16 % d’entre eux avaient une charge virale détectable.

Voici la fréquence de la consommation de crystal meth enregistrée :

  • moins d’une fois par semaine : 18 % des participants
  • entre 2 et 4 jours par semaine : 31 % des participants
  • entre 5 et 7 jours par semaine : 52 % des participants

(Remarque : La somme des pourcentages n’est pas 100 parce qu’ils ont été arrondis.)

Les participants ont employé les méthodes suivantes pour consommer du crystal meth :

  • sous forme fumée : 84 %
  • injection : 41 %
  • inhalation : 38 %
  • insertion rectale : 28 %
  • ingestion orale : 17 %

(De nombreuses personnes ont fait état de plus d’une méthode de consommation de crystal meth.)

Résultats : utilisation de crystal meth

Au début de l’étude, les analyses d’urine ont révélé la présence de crystal meth dans les échantillons de 80 % des participants. Cette proportion a diminué de façon modeste au cours de l’étude, notamment chez les personnes recevant la mirtazapine.

Envie de consommer, dépendance et autres symptômes

L’équipe n’a constaté aucune différence significative entre la mirtazapine et le placebo en ce qui concerne l’envie de consommer du crystal meth signalée par les participants.

À la semaine 24, les participants qui recevaient de la mirtazapine éprouvaient considérablement moins de symptômes de dépression. On a également constaté une tendance vers la réduction de l’insomnie à la semaine 24.

Observance

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les taux d’observance de la mirtazapine et du placebo étaient faibles, soit de 30 % à 40 % en moyenne à différents moments de l’étude.

Innocuité

Aucun problème majeur ne s’est produit en ce qui concerne l’innocuité. Les participants ont signalé des effets secondaires que l’on savait associés à la mirtazapine dans les proportions suivantes :

Fatigue ou somnolence (ces deux catégories ont été combinées par l’équipe de l’étude)

  • mirtazapine : 30 %
  • placebo : 10 %

Prise de poids non intentionnelle

  • mirtazapine : 7 %
  • placebo : 2 %

Augmentation de l’appétit

  • mirtazapine : 2 %
  • placebo : 2 %

À retenir

Les résultats de cette étude portent à croire que la mirtazapine exerce des effets très modestes en ce qui concerne la réduction de la consommation de crystal meth chez les personnes dépendantes. Le médicament a également réduit les symptômes de dépression.

Si l’effet de la mirtazapine n’a été que modeste, cela est peut-être attribuable en partie au faible taux d’observance documenté dans cette étude. Selon les chercheurs, on avait généralement fait état de taux d’observance faibles lors d’autres études sur la dépendance à la méthamphétamine aussi.

Il est probable que cette faible quantité de counseling (30 minutes par semaine) n’est pas optimale pour les personnes aux prises avec une dépendance au crystal meth. Les chercheurs ont cependant utilisé cette quantité de temps parce qu’elle ressemble à ce que les gens reçoivent dans le cadre des soins de routine.

À l’avenir

Les études futures sur la mirtazapine pourraient incorporer les éléments suivants afin d’explorer leur impact chez les personnes souffrant d’une dépendance au crystal meth :

  • programme intensif de soutien à l’observance
  • séances de counseling plus longues et plus fréquentes
  • mise au point d’une formulation à action prolongée de la mirtazapine

Une autre option consisterait à mener des essais cliniques pour explorer l’innocuité et l’efficacité d’autres interventions éventuelles. À titre d’exemple, notons que des chercheurs ont trouvé qu’une perfusion intraveineuse de kétamine aidait certaines personnes à se libérer de leur dépendance à la cocaïne. Il est plausible que la kétamine par intraveineuse ou sous d’autres formes puisse aider les personnes souffrant d’une dépendance au crystal meth.

Ressource

La kétamine intraveineuse et la thérapie par la pleine conscience peuvent-elles rompre la dépendance à la cocaïne?Nouvelles CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Coffin PO, Santos GM, Hern J, et al. Effects of mirtazapine for methamphetamine use disorder among cisgender men and transgender women who have sex with men: A placebo-controlled randomized clinical trial. JAMA Psychiatry. 2020; en voie d’impression.
  2. Colfax GN, Santos GM, Das M, et al. Mirtazapine to reduce methamphetamine use: a randomized controlled trial. Archives of General Psychiatry. 2011;68(11):1168–1175.
  3. Courtney KE, Ray LA. Methamphetamine: an update on epidemiology, pharmacology, clinical phenomenology, and treatment literature. Drug and Alcohol Dependence. 2014;143:11–21.
  4. Dakwar E, Nunes EV, Hart CL, et al. A single ketamine infusion combined with mindfulness-based behavioral modification to treat cocaine dependence: A randomized clinical trial. American Journal of Psychiatry. 2019 Nov 1;176(11):923-930.
  5. Goodnough A. A new drug scourge: Deaths involving meth are rising fast. New York Times. 17 December 2019. Disponible à l’adresse : https://www.nytimes.com/2019/12/17/health/meth-deaths-opioids.html
  6. Jones CM, Underwood N, Compton WM. Increases in methamphetamine use among heroin treatment admissions in the United States, 2008-2017. Addiction. 2020; en voie d’impression.