Amélioration de la survie à la suite d’une crise cardiaque

Des chercheurs affiliés à une grande étude dénommée DAD ont passé en revue les cas de crise cardiaque survenus entre 1999 et 2014 parmi des personnes séropositives. La proportion de participants décédés dans le mois suivant leur crise cardiaque a baissé durant les dernières années de l’étude. Il est probable que cet effet était attribuable à une combinaison de chirurgies et de médicaments sur ordonnance utilisés pour traiter les maladies cardiovasculaires. Malgré cette tendance vers une meilleure survie, les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires sont restés relativement courants jusqu’à la fin de l’étude.

Détails de l’étude

L’étude DAD a accumulé des données de santé portant sur quelque 50 000 participants séropositifs. La collecte de données a lieu principalement dans des cliniques d’Europe mais aussi dans quelques sites aux États-Unis, en Argentine, en Australie et en Israël.

Résultats

Un total de 1 008 crises cardiaques ont été documentées entre 1999 et 2014; environ 2 % des participants ont fait une crise cardiaque.

Les participants avaient le profil moyen suivant au moment de leur crise cardiaque :

  • âge : 51 ans
  • 91 % d’hommes, 9 % de femmes
  • trois facteurs de risque courants de crise cardiaque étaient répartis comme suit : 66 % des participants avaient des taux anormaux de cholestérol/triglycérides dans leur sang; 53 % fumaient du tabac; 43 % avaient une tension artérielle supérieure à la normale
  • 36 % prenaient des médicaments contre le cholestérol et 27 % prenaient des médicaments pour réduire leur tension artérielle élevée
  • 90 % suivaient un TAR

Résultats : tendances

L’équipe DAD a obtenu de l’information sur les crises cardiaques dans les dossiers cliniques des participants. Les chercheurs ont ensuite examiné les données sur les crises cardiaques et les ont classées comme suit :

  • il est certain qu’une crise cardiaque s’est produite
  • il est possible qu’une crise cardiaque se soit produite
  • il est impossible d’affirmer si une crise cardiaque s’est produite ou pas

Lorsque les chercheurs se sont concentrés uniquement sur les cas de crises cardiaques vérifiables, les taux sont restés stables d’un bout à l’autre de l’étude. Lorsqu’ils ont tenu compte à la fois des crises cardiaques confirmées et des crises cardiaques possibles, les chercheurs ont trouvé que les taux de crise cardiaque ont baissé au cours de l’étude.

Voici quelques tendances observées :

Durant les premières années de l’étude, l’âge moyen auquel les crises cardiaques se produisaient était de 48 ans. Vers la fin de l’étude, l’âge moyen des personnes faisant une crise cardiaque a grimpé à 54 ans.

Au fil du temps, un nombre plus élevé de participants faisant une crise cardiaque avaient également une tension artérielle élevée et un taux anormal de cholestérol dans leur sang. De plus, les résultats des tests utilisés pour calculer les risques de maladies cardiovasculaires, tels que le score Framingham, ont augmenté. Cela laisse croire que les risques de maladies cardiovasculaires des participants à l’étude DAD ont augmenté au fil du temps.

Causes de décès à la suite d’une crise cardiaque

En moyenne, les personnes qui ont fait une crise cardiaque ont été suivies pendant quatre ans. En tout, 117 (12 %) des 1 008  participants ont eu une deuxième crise cardiaque.

Sur les 1 008 participants ayant fait au moins une crise cardiaque, 339 (34 %) sont morts. Les décès se répartissaient comme suit :

  • 43 % des décès sont survenus le même jour que la crise cardiaque
  • 11 % des décès sont survenus dans le mois suivant la crise cardiaque
  • 46 % des décès sont survenus plus d’un mois après la crise cardiaque

Le taux de mortalité dans le mois suivant la crise cardiaque a varié au cours des différentes périodes de l’étude, comme suit :

  • 1999 à 2002 : 27 % des participants sont morts dans le mois suivant la crise cardiaque
  • 2011 à 2014 : 8 % sont morts dans le mois suivant la crise cardiaque

Les chercheurs ont également évalué l’impact des accidents vasculaires cérébraux (AVC) sur la survie. Ils ont trouvé que la proportion de participants succombant à une crise cardiaque ou à un AVC a chuté considérablement au cours de l’étude, passant de 73 % dans la période de 1999 à 2002 à 41 % dans la période de 2011 à 2014. En revanche, le nombre de décès attribuable aux causes suivantes a augmenté au fil du temps :

  • sida
  • cancers non liés au sida
  • infections bactériennes
  • maladie pulmonaire

Après une crise cardiaque

Quelques participants seulement ont subi une chirurgie cardiaque invasive pour aider à améliorer leur circulation sanguine. Les participants ont subi les interventions spécifiques suivantes dans les proportions indiquées :

  • 1 % des participants a subi une endartériectomie : chirurgie qui consiste à enlever les dépôts de plaque des parois artérielles
  • 9 % ont subi un pontage coronarien : lors de cette intervention, le chirurgien extrait un ou plusieurs vaisseaux sanguins, habituellement de la jambe, et les insère dans la poitrine pour faciliter le flux sanguin autour des artères bouchées
  • 58 % ont subi une angioplastie : chirurgie permettant d’élargir les artères et de les garder ouvertes

Environ les deux tiers de ces chirurgies ont été pratiquées le même jour où les crises cardiaques sont survenues.

Les médecins ont également prescrit les catégories de médicaments suivantes à la majorité des participants qui n’en prenaient pas déjà :

  • médicaments pour réduire les taux de lipides
  • médicaments pour réduire la formation de caillots sanguins inutiles
  • médicaments pour réduire la tension artérielle

Une analyse statistique a permis de constater que la combinaison de chirurgies et de médicaments dans le mois suivant la crise cardiaque était associée à une réduction importante du risque de mortalité à court terme.

Crises cardiaques et survie

Ayant tenu compte de plusieurs facteurs, les chercheurs ont constaté que les facteurs suivants étaient associés à un risque accru de mortalité à la suite d’une crise cardiaque et ce, même si des interventions (chirurgie et/ou médicaments) ont été effectuées :

  • âge avancé
  • antécédents d’usage de drogues injectables
  • diabète de type 2
  • antécédents de crise cardiaque

Points à retenir

Cette analyse de l’étude DAD a révélé qu’environ 2 % des 50 000 participants ont fait une crise cardiaque entre 1999 et 2014.

Dans l’ensemble, il semble que le risque de crise cardiaque ait diminué au cours de l’étude. Une tendance semblable a été observée parmi les personnes séronégatives dans les pays à revenu élevé.

De façon générale, les personnes séropositives qui ont fait une crise cardiaque couraient des risques accrus de maladies cardiovasculaires. Ce résultat veut dire qu’il existe des occasions à saisir pour les médecins et les patients qui souhaitent réduire le risque de crise cardiaque.

À mesure que l’étude avançait, on avait plus souvent recours à des interventions peu de temps après les crises cardiaques, et cette approche a permis de réduire le risque de mortalité à court terme.

Vers les dernières années de l’étude, le risque de mortalité à court terme après une crise cardiaque a diminué d’environ trois fois. Selon l’équipe DAD, cette amélioration de la survie « semblait être attribuable dans une grande mesure à une meilleure prise en charge clinique ».

Les chercheurs ont souligné qu’ « une proportion de personnes continuent de survivre à leur crise cardiaque, apparemment sans recevoir [de chirurgie cardiaque ou de médicaments cardiovasculaires]. » L’équipe DAD n’est pas certaine pourquoi cela est le cas mais a avancé cette explication : « les complications [découlant d’affections co-existantes] qui influencent l’admissibilité d’une personne à subir des interventions cardiaques invasives, le genre de crise cardiaque et les différences entre les pratiques cliniques dans les différents centres cliniques pourraient [expliquer pourquoi certaines personnes n’ont pas reçu de chirurgie cardiaque ou de médicaments cardiovasculaires] ».

Les analyses de données effectuées par l’équipe DAD ont des limitations parce qu’il s’agit d’une étude par observation. De plus, les cliniques qui fournissaient les données n’ont pas inclus d’information sur l’offre éventuelle de services de cessation du tabagisme ou de conseils sur l’adoption d’une saine alimentation et d’habitudes d’exercice régulières. Espérons que les cliniques qui soignent les personnes séropositives ayant fait une crise cardiaque pourront améliorer la survie de tous leurs patients à l’avenir.

Ressource :

Le VIH et la maladie cardiovasculaire — Feuillet d’information de CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Hatleberg CI, Ryom L, El-Sadr W, et al. Improvements over time in short-term mortality following myocardial infarction in HIV-positive individuals. AIDS. 2016 Jun 19;30(10):1583-96.