Une étude sur des singes découvre le potentiel du vésatolimod et des anticorps dans la recherche sur la guérison

Le système immunitaire est muni de nombreux mécanismes différents qui lui permettent de détecter les bactéries, les champignons et les virus. Un tel mécanisme utilise un groupe de protéines appelées récepteurs Toll (TLR). De nombreuses recherches ont porté sur un récepteur Toll appelé TLR-7. Après avoir senti la présence du matériel génétique d’un virus, le TLR-7 aide à activer certaines cellules du système immunitaire qui y répondent en produisant des substances antivirales.

Le vésatolimod (également connu sous le nom de code GS-9620) est un médicament expérimental qui interagit avec le TLR-7. Les chercheurs sont en train d’étudier le vésatolimod parce qu’ils espèrent que l’interaction entre ce dernier et le TLR-7 renforcera la capacité du système immunitaire à déceler et à attaquer le VIH et les cellules qu’il infecte.

Des doses relativement faibles du vésatolimod ont été testées dans le passé auprès de personnes atteintes de l’infection au virus de l’hépatite B chronique (VHB). Le médicament s’est révélé sûr, mais n’a pas augmenté de façon significative les taux de guérison du VHB lorsqu’il était utilisé à raison de 1 à 4 mg une fois par semaine pendant 12 semaines consécutives.

Du VIS au VIH au VISH

Chez les singes vulnérables, le virus de l’immunodéficience simienne (VIS) cause une maladie semblable au sida. Ce virus est étroitement apparenté au VIH, mais n’est pas identique. Il est probable qu’une forme quelconque du SIV fut l’ancêtre du VIH. Quoi qu’il en soit, comme il existe des différences entre le VIS et le VIH, les singes infectés par le VIS ne répondent pas toujours bien aux médicaments conçus pour traiter le VIH (TAR) ou aux vaccins conçus pour prévenir le VIH. La mise à l’épreuve du TAR et des vaccins chez les singes n’en demeure pas moins une étape importante du processus menant à leur évaluation chez les humains. Pour mieux comprendre la réponse du système immunitaire simien au TAR et aux vaccins, les chercheurs ont créé un virus hybride en utilisant des éléments du VIS et du VIH. Les chercheurs ont baptisé ce virus hybride le « VISH », et il est utilisé depuis plus de 20 ans dans des expériences de laboratoire sur des singes.

Une expérience importante sur des singes

Des chercheurs aux États-Unis ont mené des expériences sur des singes infectés par le VISH. Les chercheurs ont donné un TAR aux singes peu de temps après l’infection. Subséquemment, certains singes n’ont reçu aucune intervention additionnelle, alors que les autres ont reçu soit le vésatolimod, soit l’anticorps largement neutralisant (bNAb) PGT121, soit le vésatolimod et le PGT121 en combinaison. Les chercheurs ont ensuite interrompu le TAR de certains singes.

Les chercheurs ont trouvé que la combinaison de vésatolimod et de PGT121 a retardé la résurgence du virus qui se produit typiquement après l’interruption du TAR. Chez cinq singes sur 11 traités par les deux médicaments, le virus n’a pas resurgi pendant plus de six mois après le retrait du TAR. De plus, les chercheurs ont trouvé qu’il était difficile de détecter des traces de virus chez ces cinq singes. La combinaison de vésatolimod et d’un anticorps puissant a suffisamment de potentiel pour être testée chez des personnes séropositives, car il est possible qu’elle leur permette d’interrompre le TAR sans danger et qu’elle réduise le fardeau de cellules infectées par le VIH.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont utilisé 40 singes qui ont tous reçu un TAR peu de temps après l’infection par le VISH. Les singes ont été répartis en sous-groupes et certains ont reçu des agents additionnels, comme suit :

  • aucune intervention additionnelle
  • vésatolimod
  • PGT121
  • vésatolimod + PGT121

Doses de médicaments expérimentaux

Un total de 10 doses du vésatolimod ont été administrées par voie orale toutes les deux semaines.

Les singes ont reçu cinq perfusions intraveineuses de l’anticorps PGT121 toutes les deux semaines pendant environ quatre mois et demi.

Après avoir arrêté les interventions, les chercheurs ont suivi les singes et prélevé des échantillons de sang chez chacun d’entre eux à des fins d’analyse et de comparaison.

Résultats clés

Les singes traités par le vésatolimod et le PGT121 avaient un nombre considérablement réduit de cellules infectées par le VISH dans leurs ganglions lymphatiques. Cela porte à croire que la combinaison de ces deux interventions réussit à réduire le fardeau de cellules infectées dans le corps des singes atteints du VISH. De plus, les singes ayant reçu les deux interventions ont bénéficié d’un retard considérable de la résurgence du virus dans leur sang après la cessation du TAR.

Les singes chez lesquels le virus a mis le plus de temps à resurgir avaient tendance à avoir un taux de VISH plus faible durant la phase initiale de l’infection (avant le TAR). Cela porte à croire que le VISH ne s’était pas propagé aussi largement dans le corps des singes dont la charge virale était faible avant l’amorce du TAR.

À retenir

Les résultats de ces études sur des singes sont très prometteurs. Ils laissent croire qu’une combinaison de vésatolimod et de PGT121 (ou peut-être d’un autre anticorps puissant) peut maintenir la suppression du VISH pendant six mois après la cessation du TAR chez certains singes infectés par ce virus. De plus, cette combinaison de médicaments a le potentiel de réduire le fardeau de cellules infectées par le VISH chez les singes.

Les résultats de cette étude sur des singes soulèvent la possibilité suivante :

En théorie, la combinaison de vésatolimod et de PGT121 pourrait permettre l’interruption du TAR et accroître les chances de guérir l’infection au VIH chez les personnes qui répondent à cette combinaison.

La présente étude comporte toutefois au moins trois aspects qui incitent à la prudence lorsqu’on tente d’interpréter et d’extrapoler les résultats obtenus auprès des singes pour les appliquer aux humains :

  • Les singes ont été traités avec un TAR peu de temps après avoir été infectés. En revanche, historiquement parlant, la plupart des personnes atteintes du VIH commencent le traitement plusieurs mois ou même plusieurs années après le diagnostic de l’infection au VIH.
  • Les singes qui avaient une faible charge virale avant l’amorce du TAR semblent avoir été ceux qui répondaient le mieux à la combinaison de vésatolimod et de PGT121.
  • On avait recours à un virus hybride appelé VISH dans ces expériences. Certains chercheurs ont laissé entendre que le VISH « est potentiellement plus facile à maîtriser pour le système immunitaire simien que d’autres virus touchant les singes ».

Malgré ces bémols, les résultats de la présente expérience ont encouragé certains chercheurs à commencer à planifier des études sur le vésatolimod et des anticorps largement neutralisants chez des personnes vivant avec le VIH.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Borducchi EN, Liu J, Nkolola JP, et al. Antibody and TLR7 agonist delay viral rebound in SHIV-infected monkeys. Nature. Nov;563(7731):360-364.
  2. Petes C, Odoardi N, Gee K. The toll for trafficking: Toll-like receptor 7 delivery to the endosome. Frontiers in Immunology. 2017 Sep 4;8:1075.
  3. Agarwal K, Ahn SH, Elkhashab M, et al. Safety and efficacy of vesatolimod (GS-9620) in patients with chronic hepatitis B who are not currently on antiviral treatment. Journal of Viral Hepatitis. 2018 Nov;25(11):1331-1340.
  4. Sok D, Burton DR. Recent progress in broadly neutralizing antibodies to HIV. Nature Immunology. 2018 Nov;19(11):1179-1188.