Constat des conséquences de la COVID-19 sur la santé de personnes séropositives à San Francisco

Une autre équipe de chercheurs de San Francisco a analysé des données de santé, ainsi que des données socioéconomiques limitées, se rapportant à des personnes séropositives ayant fait l’objet d’un diagnostic de COVID-19 entre mars et septembre 2020.

Sur 4 252 tests de dépistage de la COVID-19 passés par des personnes séropositives durant cette période, 194 (près de 5 %) se sont révélés au coronavirus. Parmi 272 555 personnes séronégatives ayant passé un test de la COVID-19, environ 4 % ont reçu un résultat positif.

Co-infection au SRAS-CoV-2

Les personnes séropositives co-infectées par le SRAS-CoV-2 avaient le profil moyen suivant :

  • âge : 45 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 39 %; Hispaniques – 38 %; Noirs – 12 %; Asiatiques – 7 %
  • genre : 91 % d’hommes, 6 % de femmes, 3 % de femmes trans
  • 64 % vivaient avec le VIH depuis au moins une décennie
  • 44 % avaient une charge virale indétectable lors de leur dernière consultation en laboratoire
  • répartition des comptes de cellules CD4+ : 63 % avaient plus de 500 cellules/mm3; 31 % avaient entre 200 et 500 cellules/mm3; 6 % avaient moins de 200 cellules/mm3

Entrevues

Le personnel soignant a pu interroger la plupart (95 %) des personnes séropositives qui avaient reçu un diagnostic de COVID-19. Les chercheurs ont découvert que seulement 55 % d’entre elles avaient un logement stable.

Près de 25 % des participants ont dévoilé avoir été en contact avec une personne atteinte de COVID-19. Cela n’a rien de surprenant puisqu’une éclosion du coronavirus s’était produite dans un refuge pour sans-abri à San Francisco au début de la pandémie.

Une forte proportion des participants (43 %) ont dévoilé être atteints d’affections sous-jacentes dont la plupart étaient associées à des manifestations plus graves de la COVID-19, comme suit :

  • maladie cardiovasculaire
  • diabète
  • maladie hépatique chronique
  • maladie pulmonaire chronique

Selon les chercheurs, 9 % des patients fumaient encore du tabac et 11 % d’entre eux étaient d’anciens fumeurs.

Symptômes

Les symptômes courants de la COVID-19 incluaient les suivants :

  • toux
  • fièvre
  • écoulement nasal
  • douleurs musculaires
  • maux de tête
  • frissons
  • problèmes respiratoires
  • maux de gorge
  • perte de l’odorat ou du goût

Environ 8 % des personnes co-infectées ont dû être hospitalisées, dont deux personnes dans un service de soins intensifs. Personne n’est mort.

À retenir

Selon les chercheurs, les données de cette analyse ressemblent à celles de grandes études européennes et américaines qui « laissent croire que le VIH ne semble pas prédisposer les personnes atteintes à des conséquences plus graves de la COVID-19 ».

L’étude de San Francisco porte également à croire que les personnes séropositives sont plus à risque de contracter la co-infection au SRAS-CoV-2. Les chercheurs attribuent ce risque accru au fait que de nombreuses personnes séropositives figurant dans cette étude vivaient dans des lieux surpeuplés, tels que « des hôtels résidentiels pour personnes seules, des refuges pour sans-abri et des centres de soins de longue durée ». Les chercheurs ont également affirmé que « les salles de bain partagées et les espaces encombrés rendaient difficile la distanciation physique ».

La pandémie du coronavirus a eu un impact perturbateur sur la santé de nombreuses personnes, ainsi que sur leur capacité d’obtenir régulièrement la gamme complète de services de santé auxquels elles ont habituellement accès. De plus, selon le département de santé publique de San Francisco, le nombre de nouveaux cas de VIH a augmenté depuis l’intensification de la pandémie.

Que faire?

Selon les chercheurs, la ville de San Francisco a pris des mesures pour réduire la propagation du coronavirus au sein des populations vulnérables, y compris les personnes vivant avec le VIH. Ils ont toutefois affirmé que « davantage d’efforts sont nécessaires partout dans la ville pour loger les sans-abri dans l’intérêt de la santé publique ». « Les soins médicaux aux personnes sans-abri, qu’elles aient le VIH ou pas, sont primordiaux durant une pandémie. L’aide au logement et la continuation du traitement antirétroviral (TAR) et des soins sont nécessaires pendant que nous essayons de protéger les personnes vivant avec le VIH contre l’infection par le SRAS-CoV-2 partout dans le monde », ont-ils ajouté.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Sachdev D, Mara E, Hsu L, et al. COVID-19 susceptibility and outcomes among people living with HIV in San Francisco. JAIDS. 2020; sous presse.