La multithérapie très précoce et les interruptions du traitement

L'étude Visconti n'est pas la seule à avoir découvert des cas rares où des personnes séropositives réussissaient à maintenir une charge virale très faible pendant longtemps malgré l'interruption d'une multithérapie. Lors d'une étude par observation menée par des chercheurs européens, canadiens et australiens, on a découvert des cas rares de suppression virologique ayant duré plus de deux ans après l'interruption de la prise de médicaments. Les chercheurs responsables de l'étude Cascade ont fouillé dans leur base de données regroupant 25 629 personnes séropositives et en ont trouvé 259 qui avaient commencé le traitement dès les trois mois suivant la séroconversion et qui ont interrompu subséquemment leur thérapie. Ces personnes avaient contracté le VIH entre 1996 et 2009. Dans l'ensemble, seulement 11 personnes sur les 259 (4 %) ont réussi à maintenir une charge virale inférieure à 50 copies pendant plus de deux ans après l'interruption du traitement. Il s'agissant de sept hommes et de quatre femmes âgés d'une trentaine d'années. La multithérapie avait duré un an avant d'être interrompue.

Plusieurs essais cliniques bien conçus ont permis de constater que l'interruption de la multithérapie chez les personnes qui commencent celle-ci plus tard dans le cours de l'infection augmentait significativement les risques de maladie grave et de mortalité. Il est cependant possible que l'instauration très précoce du traitement (c'est-à-dire lors de la primo-infection), comme on l'a fait lors de l'étude Visconti et d'autres, et le maintien du traitement pendant au moins trois ans puissent permettre à un petit groupe de personnes de bien maîtriser le VIH après l'interruption du traitement.

Malheureusement, aucune étude menée à ce jour n'a découvert de facteurs spécifiques — génétiques ou autres — qui pourraient aider les médecins à reconnaître dès la primo-infection des patients susceptibles de connaître ce genre de résultat. Des analyses poussées de grandes bases de données seront nécessaires pour aider à confirmer que ce genre de patient rare existe et pour approfondir l'analyse de leur VIH et de leur système immunitaire afin que des essais cliniques puissent essayer de répliquer les résultats publiés par les équipes Visconti, Cascade et autres.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Hocqueloux L, Sáez-Cirión A, Rouzioux C, et al.  Immunovirologic control 24 months after interruption of antiretroviral therapy initiated close to HIV seroconversion. JAMA Intern Med. 2013 Mar 25;173(6):475-7.
  2. Porter K, Lodi S, Meyer L, et al. Immunovirologic control 24 months after interruption of antiretroviral therapy initiated close to HIV seroconversion. JAMA Intern Med. 2013 Mar 25;173(6):475-7.
  3. Lodi S, Meyer L, Kelleher AD, et al. Immunovirologic control 24 months after interruption of antiretroviral therapy initiated close to HIV seroconversion. Archives of Internal Medicine. 2012 Sep 10;172(16):1252-5.
  4. Katz MH. For human immunodeficiency virus disease, more treatment seems to be better: comment on “Immunovirologic control 24 months after interruption of antiretroviral therapy initiated close to HIV seroconversion.” Archives of Internal Medicine. 2012 Sep 10;172(16):1256.