La promesse d'une thérapie génique pour le VIH

Dès 1988, les chercheurs publiaient leurs idées concernant le recours à la thérapie génique pour guérir l'infection au VIH. Ce n'est pourtant que depuis quelques années que diverses approches de thérapie génique sont mises à l'épreuve.

La VIRxSYS Corporation (Gaithersburg, Maryland, É.-U.) a mis au point une thérapie génique qui est censée aider les cellules CD4+ T à résister aux effets destructeurs de l'infection au VIH. Cette thérapie expérimentale porte le nom de VRX496 ou Lexgenleucel.

La thérapie consiste à infecter les cellules par du matériel génétique qui les incite à fabriquer incorrectement des protéines liées au VIH. Les cellules traitées par le VRX496 qui sont infectées par le VIH produisent des copies défectueuses du virus.

Lors d'un essai clinique, cinq participants séropositifs dont la multithérapie échouait ont reçu une seule perfusion intraveineuse de cellules CD4+ T traitées par le VRX496. Grâce à cette intervention, les chercheurs ont constaté que les comptes de CD4+ des participants ont augmenté temporairement et que la charge virale d'un participant a chuté par un facteur pouvant monter à 100. Chose importante, cette thérapie génique s'est révélée sécuritaire.

À la lumière de ces résultats prometteurs, les chercheurs ont laissé entendre que des perfusions multiples de cellules CD4+ génétiquement traitées seraient probablement plus efficaces encore.

L'étude la plus récente

Le rapport le plus récent au sujet du VRX496 concerne 17 participants séropositifs qui suivaient tous une multithérapie. En général, la thérapie au VRX496 s'est révélée sécuritaire. Lorsque la multithérapie a été interrompue, la charge virale a augmenté puis a baissé modestement. Les effets secondaires des perfusions de cellules T comprenaient de la fièvre et des frissons temporaires.

Chez la plupart des participants, les cellules T perfusées ont disparu de l'organisme dans l'espace de quelques semaines. Chez quelques-uns, cependant, les cellules T génétiquement fortifiées étaient encore présentes, quoique en faible quantité jusqu’à cinq ans après la perfusion. La raison pour la disparition des cellules n'est pas connue.

Faire durer les cellules

L'administration de plus de trois perfusions de cellules traitées n'a pas réussi à les faire rester plus longtemps dans le corps des participants. L'équipe de recherche responsable de l'étude a laissé entendre que des « agents modificateurs » pourraient être un remède pour aider l'organisme à retenir les cellules T modifiées. Le terme agents modificateurs relève d'un langage codé qui veut dire chimiothérapie ou radiothérapie intensive. Ce genre de traitement s'accompagnerait toutefois de beaucoup plus de toxicité. Des thérapies géniques bien plus puissantes et plus sophistiquées seraient nécessaires longtemps avant que les chercheurs ne puissent envisager ce genre d'approche.

Frapper plusieurs cibles à la fois

Sous l'égide de la première agence de recherche scientifique de France, l'ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales), des chercheurs français, autrichiens, allemands, italiens et américains prévoient mener des essais cliniques sur une thérapie génique ayant le potentiel d'interférer avec des protéines clés du VIH (Tat, Rev et Vif) et aussi de bloquer le récepteur CCR5 des cellules. Une telle approche polyvalente comporte la possibilité non seulement de protéger les cellules contre l'entrée du VIH mais aussi d'aider le système immunitaire à surmonter l'effet toxique des protéines du VIH.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Friedman AD, Triezenberg SJ, McKnight SL. Expression of a truncated viral trans-activator selectively impedes lytic infection by its cognate virus. Nature. 1988 Sep 29;335(6189):452-4.
  2. Tebas P, Stein D, Binder-Scholl G, et al. Antiviral effects of autologous CD4 T cells genetically modified with a conditionally replicating lentiviral vector expressing long antisense to HIV. Blood. 2013 Feb 28;121(9):1524-33.
  3. Jacobson JM. HIV gene therapy research advances. Blood. 2013 Feb 28;121(9):1483-4.
  4. Kent SJ, Reece JC, Petravic J, et al. The search for an HIV cure: tackling latent infection. Lancet Infectious Diseases. 2013; in press.
  5. Katlama C, Deeks SG, Autran B, et al. Barriers to a cure for HIV: new ways to target and eradicate HIV-1 reservoirs. Lancet. 2013; in press.
  6. Cavazzana-Calvo M. Treatment with gene-modified hematopoietic stem cells may definitely abolish HIV-1 infection. In: Program and abstracts of the 20th Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections, 3-6 March 2013, Atlanta, U.S. Abstract 124.