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États-Unis
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Le programme Community Paramedic HCV iLink (CP HCV iLink) a consisté à offrir un traitement de l’hépatite C à domicile aux patient·e·s des régions rurales des Appalaches en Caroline du Sud en recourant à des technicien·ne·s ambulancier·ère·s paramédicaux·ales communautaires (APC) et à la télémédecine. Les APC rendaient visite aux patient·e·s à leur domicile pour instaurer le traitement dans le cadre d’une consultation de télémédecine dirigée par un·e médecin spécialiste des maladies infectieuses, ainsi qu’à la 4e, à la 12e et à la 24e semaine suivantes aux fins du suivi. Sur les 34 patient·e·s admissibles à passer un test de réponse virologique soutenue (RVS) à la fin de la période d’étude, 28 (82,4 %) ont été guéris et six (17,6 %) ont été perdus de vue lors du suivi. Les patient·e·s étaient très satisfait·e·s du programme et des soins qu’ils·elles ont reçu de la part des APC.

Description du programme

Comme de nombreuses personnes, en particulier celles qui vivent dans des zones rurales et isolées, ont du mal à accéder au traitement de l’hépatite C ou à le mener à terme en raison d’obstacles géographiques importants, un nouveau programme de traitement faisant appel aux APC et à la télémédecine a été conçu afin de surmonter ces difficultés. Les APC sont particulièrement bien placé·e·s pour s’occuper des patient·e·s difficiles à joindre dans les zones rurales et isolées; ils·elles ont reçu une formation spécialisée et ont l’habitude d’offrir des services de santé à domicile (p. ex., examens physiques, ponction veineuse). 

Dans le cadre du programme CP HCV iLink, les APC étaient intégré·e·s à une équipe de soins pluridisciplinaire (médecins, personnel infirmier), de manière à ce que toutes les activités liées au traitement puissent se dérouler au domicile des patient·e·s. Les patient·e·s étaient admissibles au programme CP HCV iLink s’ils·elles étaient âgé·e·s de 18 ans ou plus, avaient obtenu un résultat positif au dépistage de l’ARN de l’hépatite C dans le cadre d’un programme de dépistage volontaire dans un service d’urgence, avaient un numéro de téléphone, et avaient indiqué qu’ils·elles ne pouvaient pas suivre un traitement en clinique ou n’avaient pas réussi à le faire par le passé. Les personnes atteintes d’une maladie hépatique décompensée ou d’une cirrhose avancée, et celles qui présentaient en même temps une infection par le VIH ou l’hépatite B n’étaient pas admissibles au programme. 

Sélection des patient·e·s et visite initiale

Les patient·e·s ont été sélectionné·e·s dans des services d’urgence par le biais d’un programme de dépistage volontaire. Après cette étape, un rendez-vous était fixé pour qu’un·e APC se présente au domicile du·de la patient·e pour une évaluation initiale et l’amorce du traitement. Les coordonnateur·trice·s déterminaient, en collaboration avec l’APC et un·e infirmier·ère, quelles analyses devaient être effectuées au cours de la visite à domicile. Un·e coordonnateur·trice ou un·e APC appelait les patient·e·s dans les 48 heures précédant leur rendez-vous pour confirmer qu’ils·elles seraient à leur domicile à l’heure de la visite. Lors de la première visite, l’APC utilisait un point d’accès sans fil Wi-Fi installé dans son véhicule pour lancer un appel vidéo avec un·e infectiologue. Il s’agissait de renforcer le signal pour assurer la connexion. L’APC évaluait les signes vitaux et effectuait un examen physique sous la supervision de l’infectiologue, puis effectuait une ponction veineuse aux fins des analyses de laboratoire nécessaires et établissait la liste de tous les médicaments pris par le·la patient·e. Les analyses nécessaires variaient d’une personne à l’autre, mais comprenaient le dépistage du VIH et des hépatites A et B, le génotypage de l’hépatite C et d’autres examens de la fonction hépatique (p. ex., bilan métabolique). Une fois les analyses effectuées, l’infectiologue expliquait les modalités de traitement de l’hépatite C et donnait aux patient·e·s les coordonnées de l’infirmier·ère au cas où ils·elles auraient d’autres questions. 

Suivi du traitement

Dans la plupart des cas, la livraison des médicaments a été coordonnée par les patient·e·s et la pharmacie, bien que l’APC, le personnel infirmier et le·la coordonnateur·trice aient veillé à ce que les médicaments soient préparés et remis aux patient·e·s. Les médicaments étaient livrés au domicile des patient·e·s une fois par mois par les services postaux pendant toute la durée du traitement. Si les patient·e·s n’avaient pas d’adresse postale permanente, les médicaments étaient livrés par un·e APC. L’APC a rendu visite aux patient·e·s à la 4e, à la 12e et à la 24e semaine suivant le début du traitement. Durant ces visites, l’APC effectuait un nouvel examen physique et réalisait les analyses de laboratoire nécessaires. Il·elle posait également des questions concernant l’observance du traitement et les effets secondaires, aidaient à résoudre les problèmes rencontrés par les patient·e·s et les orientaient vers d’autres services (p. ex. services sociaux, soins de santé primaires), le cas échéant.

Résultats

Entre juillet 2021 et juin 2023, 52 patient·e·s ont été inscrit·e·s à l’étude, mais 3 d’entre eux se sont désisté·e·s avant d’avoir reçu leur traitement, ce qui fait que 49 personnes ont participé à l’étude. En tout, 34 patients sur 49 étaient admissibles à passer le test de la RVS en août 2023. Les 15 autres patient·e·s étaient à différents stades du traitement actif mais n’étaient pas encore admissibles à passer le test de la RVS. Les patient·e·s candidat·e·s au test de la RVS étaient majoritairement des hommes (61,7 %), âgés en moyenne de 56 ans. En outre, 64,7 % des patient·e·s étaient blancs, 32,4 % noirs et 3 % hispaniques. En ce qui concerne l’accès des patient·e·s aux soins, la distance les séparant du centre de soins externes le plus proche variait entre 4,3 et 113,6 kilomètres, la distance médiane étant de 32,8 kilomètres. 

Sur les 34 personnes admissibles à passer le test de la RVS :

  • 28 (82,4 %) ont été guéries.
    • Un (2,9 %) cas de réinfection est survenu : la personne concernée a été réadmise au programme et a été guérie par la suite. 
  • 6 (17,6 %) ont été perdu·e·s de vue lors du suivi.

Sur les six patient·e·s perdu·e·s de vue lors du suivi :

  • Cinq ont reçu leur premier cycle de traitement médicamenteux; deux d’entre eux ont ensuite refusé de participer à l’étude, deux n’ont pas pu être joint·e·s et un a quitté l’État.
  • Un·e patient·e avait passé le test de la RVS lors de sa visite de la 4e semaine et présentait des taux indétectables de virus de l’hépatite C, mais il·elle était ensuite injoignable.

La satisfaction des patient·e·s à l’égard de ce programme était élevée; sur les 18 patient·e·s qui ont répondu à un sondage de satisfaction :

  • 88,9 % (16) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire qu’ils·elles étaient satisfait·e·s de l’ensemble des soins reçus;
  • 83,3 % (15) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire que leur santé s’était améliorée;
  • 94,4 % (17) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire qu’ils·elles avaient passé un nombre adéquat de visites aux fins du traitement;
  • 94,4 % (17) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire que les APC étaient bienveillant·e·s et empathiques pendant leurs visites;
  • 94,4 % (17) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire qu’ils·elles se sentaient mieux renseigné·e·s sur leur état de santé après leurs visites;
  • 88,9 % (16) étaient tout à fait d’accord ou d’accord pour dire qu’ils·elles se sentaient plus à l’aise de prendre en charge et d’améliorer leur état de santé général.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Cette étude a permis de montrer que l’intégration d’APC dans une équipe pluridisciplinaire est un modèle réalisable de prestation de soins contre l’hépatite C à des patient·e·s vivant dans des régions rurales et éloignées. Même si d’autres programmes ont tiré parti de la télémédecine en vue de fournir des soins à distance, dans la plupart des cas, les patient·e·s doivent passer des analyses ou prendre leurs médicaments dans la clinique où ils·elles sont pris·es en charge ou non loin de celle-ci. Dans le cadre du programme CP HCV iLink, tous les aspects du traitement se déroulaient à domicile. Les patient·e·s inscrit·e·s à ce programme étaient confronté·e·s à d’importants obstacles géographiques quant à l’accès au traitement de l’hépatite C. Ce programme a permis d’améliorer l’accessibilité du traitement et d’obtenir des taux de guérison élevés chez les populations rurales et éloignées difficiles à joindre, qui auraient autrement été perdues de vue au cours du suivi. Bien que ce programme ait eu recours au dépistage volontaire dans des services d’urgence pour joindre les populations vulnérables, cette approche du traitement de l’hépatite C pourrait reposer sur d’autres méthodes de dépistage et de sélection des patient·e·s (p. ex. dépistage de proximité). 

Le haut niveau de satisfaction des patient·e·s indique que ce modèle est non seulement efficace, mais aussi bien accueilli. Les obstacles signalés étaient le transport et la perte des médicaments; ce modèle de prestation de services a donc répondu à l’essentiel des besoins des patient·e·s. Même si le taux de pertes de vue lors du suivi était légèrement supérieur comparativement à d’autres programmes destinés aux patient·e·s ruraux ou aux personnes qui utilisent des drogues, le programme CP HCV iLink a permis de mobiliser efficacement des personnes vulnérables auprès desquelles il est difficile d’assurer la continuité de soins contre l’hépatite C et dont un grand nombre avaient déjà été incapables de suivre un traitement en clinique. Les résultats de ce programme montrent qu’il s’agit d’un modèle prometteur pour ce qui est d’améliorer l’accès aux soins des patient·e·s vivant dans des régions rurales ou éloignées.

Ressources connexes

La télémédecine fournit des soins et un traitement aux personnes vivant avec l’hépatite C qui habitent dans des communautés rurales et éloignées – Nouvelles CATIE

Les barrières du traitement de l’hépatite Cvidéo de CATIE

Références

Gormley, Mirinda Ann, Phillip Moschella, Susan Cordero-Romero, Wesley R. Wampler, Marie Allison, Katiey Kitzmiller, Luke Estes, Moonseong Heo, Alain H. Litwin, and Prerana Roth. "No Patient Left Behind: A Novel Paradigm to Fulfill Hepatitis C Virus Treatment for Rural Patients." In Open Forum Infectious Diseases, vol. 11, no. 5, p. ofae206. US : Oxford University Press, 2024.