En quoi consiste le programme?
Le programme ORCHID utilise une approche individuelle par des pairs pour éduquer les femmes qui pratiquent le commerce du sexe à l’intérieur en les mettant assez à l’aise pour qu’elles puissent discuter de leur santé sexuelle et prendre des décisions informées quant à leur santé sexuelle. Le programme est destiné aux salons de massage où se pratique le commerce du sexe. Au cours d’une année, ORCHID entretient des relations avec 25 à 34 salons de massage à Vancouver et ses environs.
ORCHID offre ses services dans la langue maternelle de ces femmes, habituellement le mandarin ou le cantonais. La portion recherche du programme a été mise en place pour mieux comprendre et documenter les besoins en éducation de la population ciblée, ses caractéristiques démographiques et l’incidence des ITS. Cette portion n’est pas essentielle à la mise en place du programme mais elle fournit des renseignements précieux à l’équipe ORCHID. L’équipe de recherche offre un service de dépistage du VIH et des ITS aux femmes qui travaillent dans les salons de massage.
Raison d'être du programme
Bien que le commerce du sexe au Canada ait principalement lieu dans des établissements, les programmes et les recherches se concentrent sur les besoins des travailleuses dans la rue. Dans les établissements où se pratique le commerce du sexe, les femmes sont tout aussi vulnérables à la violence et doivent surmonter de multiples obstacles pour avoir accès à des services et à de l’éducation, surtout quand elles viennent d’arriver au Canada ou que l’anglais n’est pas leur langue maternelle. Au Canada, il n’est pas illégal d’échanger des actes sexuels contre de l’argent, mais de nombreuses activités parallèles à ce commerce le sont, comme travailler dans un “bordel” et racoler dans un lieu public. Par conséquent, les bordels et établissements où se déroule le commerce du sexe sont souvent déguisés en salons de massage qui régulièrement ferment et rouvrent ailleurs. Cela complique le travail des fournisseurs de services qui s’efforcent de faire le suivi de l’établissement et de ses employées.
Les travailleuses du sexe asiatiques font face aux défis particuliers suivants en matière de protection contre les ITS :
- Absence de politique sur le port du condom
- Manque d’accès à des ressources de santé, à des services sociaux, de soutien juridique et de la police qui ne portent pas de jugement.
- Résistance des gérants de salons de massage (habituellement des hommes) à discuter de la santé sexuelle de leurs employées
- Difficulté de négocier des pratiques sexuelles plus sécuritaires en anglais
- Risque plus élevé de violence, de discrimination, d’isolement social, de pauvreté et de toxicomanie
Étant donné l’impact de ces problèmes, en 2004, la Asian Society for the Intervention of AIDS (ASIA) — en collaboration avec le British Columbia Centre for Disease Control, l’université de Colombie-Britannique et l’université Simon Fraser — a lancé l’élaboration d’un programme d’intervention destiné aux femmes asiatiques travaillant dans des établissements déguisés en salons de massage qui commercialisent le sexe. Ce programme est constamment revu pour mieux l’adapter aux besoins des travailleuses du sexe employées dans les salons de massage de Vancouver et sa région. Il constitue un exemple unique où on a réussi à entretenir des relations avec des établissements de commerce du sexe pendant une longue période.
Mise en œuvre du programme
ORCHID est un programme d’intervention et de recherche qui offre des services aux travailleuses du sexe employées dans des établissements.
Des équipes de deux personnes assurent la facette intervention. L’équipe se compose d’un pair (une femme qui est ou a été travailleuse du sexe et qui est payée pour ce travail pour ORCHID) et une bénévole. Chaque équipe d’intervention contacte trois à cinq salons de massages par mois auxquels elle offre :
- De l’information et des ressources sur le sécurisexe et sur les questions juridiques qui concernent les travailleuses du sexe
- Une occasion pour les travailleuses du sexe de parler de ce qu’elles font avec une intervenante et d’autres travailleuses du sexe
- Des évaluations et des références à d’autres services sociaux et de santé offerts aux travailleuses du sexe
On parle souvent de ronde pour désigner l’ensemble des trois à cinq salons visités par chaque équipe d’intervention.
La recherche est assurée par deux chercheurs qui se rendent dans les salons de massage pour obtenir des renseignements auprès des travailleuses du sexe et offrir des tests de dépistage des ITS et du VIH sur place. Pendant cette portion du programme, les chercheurs se rendent dans les salons de massage chaque semaine pour y offrir des tests de dépistage.
Lieu
ORCHID coordonne les interventions dans les salons de massage de Vancouver, Burnaby, Richmond et Surrey. À ce jour, ORCHID a offert ses services à 55 établissements. À tout moment, le programme est en contact régulier avec 25 à 30 salons de massage. Certains autres établissements acceptent les publications sur le sécurisexe et le matériel mais refusent d’admettre qu’ils font le commerce du sexe.
Recrutement et engagement
Intervenantes
Au départ, les pairs-intervenantes étaient recrutées par la collaboration avec une autre organisation, mais maintenant qu’ORCHID a mis en place des relations plus solides avec les femmes qui travaillent dans les salons de massage, la majorité des pairs sont recrutées directement par les équipes d’intervention.
Les intervenantes bénévoles sont recrutées à l’aide d’annonces affichées dans les universités de Colombie Britannique et Simon Fraser. Ces annonces décrivent le projet et indiquent comment contacter le coordonnateur du programme ORCHID.
Au début du programme, de nombreuses intervenantes souffraient d’épuisement professionnel parce que les gérants de salons de massage hésitaient (et beaucoup continuent à le faire) à les laisser parler à leurs employées. Les coordonnateurs du programme ORCHID ont donc changé la ronde des équipes pour s’assurer que chaque groupe reste impliqué et capable de communiquer avec les femmes dans les établissements. Les relations avec les gérants se sont améliorées au fil du temps et les intervenantes sont maintenant assignées à des rondes régulières pour conserver une certaine continuité qui aide à établir et à maintenir des relations de confiance avec les salons de massage.
Gérants de salons de massage
Pour convaincre les gérants de salons de massage de participer au programme ORCHID les équipes d’intervention commencent par avoir des conversations informelles avec eux. C’est une tâche souvent difficile car de nombreux gérants hésitent à s’impliquer par peur de conséquences légales. Les intervenantes doivent donc s’engager à long terme dans cet effort.
- Étape 1 : Identifier les emplacements des salons de massage
ORCHID le fait en lisant les sections de divertissement pour adultes dans les journaux et magazines. - Étape 2 : Confirmer où les services sexuels sont offerts par des femmes asiatiques
Pour savoir quels emplacements annoncés dans les journaux et magazines emploient des travailleuses du sexe asiatiques, les administrateurs de ORCHID visitent les forums en ligne créés par et pour les clients pour discuter des services sexuels offerts et des femmes qui les offrent. Les administrateurs de ORCHID disent que les forums décrivent les femmes en termes choquants et méprisants, c’est pourquoi ce sont eux qui font ces recherches et non les bénévoles. - Étape 3: Contacter les salons de massage
Pour contacter les salons de massage qui emploient des femmes asiatiques, l’équipe d’intervention remet au gérant une lettre qui explique les activités du programme ainsi qu’un petit cadeau (comme une boîte de biscuits) qui, dans la culture chinoise, est accepté comme un geste courtois faisant ainsi preuve de respect pour la culture.
Au début de la première visite, l’équipe explique dans la langue maternelle du gérant (et parfois des femmes) le programme ORCHID et ce qu’il peut faire pour l’établissement. Elle lui remet une trousse d’intervention et indique qu’ORCHID peut leur rendre visite une fois par mois pour leur remettre du matériel. Les visites individuelles sont essentielles pour gagner la confiance du salon. Les appels téléphoniques sont mal reçus et les envois de littérature par la poste sont mal compris par le gérant et sont facilement perdus, ignorés ou jetés.
Si un salon ne manifeste aucun intérêt à la première visite, l’équipe d’intervention n’insiste pas. Elle quitte les lieux et y retourne un mois plus tard. Pendant les quelques premières visites, les intervenantes devraient porter un t-shirt ORCHID et apporter la littérature ORCHID, les cartes de droits, de petits sacs contenant des condoms et du lubrifiant et une trousse d’intervention. - Étape 4: Maintenir l’engagement
L’équipe d’intervention visite chaque salon de massage de sa ronde une fois par mois. Il n’est pas rare que les intervenantes rencontrent le gérant régulièrement pendant un an ou plus avant d’être autorisées à communiquer directement avec les travailleuses du sexe.
Depuis le lancement d’ORCHID, de plus en plus de gérants acceptent de recevoir les équipes d’intervenantes dans leurs locaux à mesure que la réputation de confiance du programme s’établit auprès des propriétaires et des travailleuses du sexe.
Une fois qu’une équipe a gagné la confiance du gérant, elle peut s’organiser pour visiter l’établissement quand il n’y a pas trop de monde pour parler aux employées. Le meilleur moment varie selon le salon et son emplacement géographique.
Pour en savoir plus sur la manière de convaincre les gérants de salon de massage, veuillez lire ORCHID Outreach Dos and Don’ts dans la section Matériel du programme.
Une histoire de confiance qui se gagne
Le programme ORCHID s’adressait au départ seulement aux femmes asiatiques employées dans des salons de massage pour leur donner de l’information sur la santé sexuelle et du soutien. Lors d’une série de raids de police dans les salons de massage de Vancouver en 2006, les femmes qui travaillaient dans beaucoup des salons desservis par ORCHID ont été conduites à des postes de police dans la province. Elles ignoraient complètement leurs droits et la procédure judiciaire.
Après le raid, quand les équipes d’intervention ont repris leur ronde, de nombreux établissements avaient déménagé ou refusaient de les faire entrer, car ils pensaient que ORCHID avait communiqué à la police leur adresse et les services offerts. Les coordonnateurs du programme ont dû retrouver l’adresse des salons où les femmes asiatiques offrent des services sexuels et tenter de les approcher de nouveau.
Entre-temps, ORCHID a fait une demande de subvention auprès de la Law Foundation of British Columbia pour obtenir du financement avec le concours de la Pivot Legal Society afin de créer de la documentation sur les droits juridiques des travailleuses du sexe. Les brochures rédigées en chinois traditionnel et simplifié expliquent la relation entre le commerce du sexe, la protection de l’enfance, la police, l’immigration, les lois municipales et fédérales.
Cela a donné à la clientèle ciblée des ressources essentielles et ces brochures arment les intervenantes d’une preuve pour les gérants de salons de massage qu’elles ne sont pas affiliées à la police, ce qui facilite l’accès des équipes dans les locaux.
Travailleuses du sexe
Une fois que l’équipe d’intervention est autorisée à entrer dans le salon de massage, elle offre de menus cadeaux aux femmes qui ne sont pas avec des clients comme geste de respect culturel et elle leur parle du programme ORCHID, de questions de santé sexuelle et juridiques. Elle leur remet des condoms et du lubrifiant gratuits dans des petits sacs de style chinois ainsi que des brochures sur des questions de santé sexuelle et juridiques. Les intervenantes encouragent les femmes à parler parce que souvent, c’est une occasion pour elles d’obtenir des informations sur leur santé sexuelle, de recevoir gratuitement du matériel pour le sécurisexe et de poser des questions de manière confidentielle.
Formation
Les pairs et les bénévoles suivent une session de formation initiale ORCHID de trois heures qui offre une introduction aux ITS courantes et au VIH, propose des techniques pour approcher les salons de massage et transmettre des informations aux femmes asiatiques employées par les salons de massage comme travailleuses du sexe.
Les techniques enseignées ont été élaborées pendant le programme. Par exemple, si le salon de massage affirme qu’il n’y a pas de commerce de sexe sur les lieux, les sacs de style chinois contenant du matériel de sécurisexe sont offerts aux femmes en suggérant qu’elles l’utilisent dans leur vie personnelle.
Des ateliers de formation approfondissent les sujets abordés dans la session initiale. Ces ateliers-discussions expliquent comment traduire l’information et travailler en équipe pour atteindre les travailleuses du sexe. Les préoccupations des intervenantes sont abordées pendant ces ateliers et régulièrement signalées aux coordonnateurs du programme.
Pour plus de renseignements sur les méthodes de formation ORCHID, se référer à la section Matériel du programme et communiquer avec ORCHID.
Intervention dans les salons de massage
Une fois qu’une relation a été établie avec les travailleuses du sexe selon la stratégie de recrutement et d’engagement ORCHID, l’équipe d’intervention rencontre les femmes pour déterminer ce qu’elles savent sur la santé sexuelle et les questions de droit. Les visites suivantes sont organisées pour éduquer les femmes sur ces sujets et d’autres pour lesquels elles auraient demandé de l’information. En général, l’équipe visite chaque salon une fois de plus pour déposer du matériel supplémentaire de sécurisexe.
La relation entre le salon et l’équipe et l’atmosphère de la visite varient d’un endroit à l’autre et d’une visite à l’autre. Dans certains salons, les intervenantes restent assez longtemps pour forger des relations et avoir des conversations éducatives, mais dans d’autres, elles ont juste assez de temps pour un échange rapide d’information et la remise des paquets. Là où les conversations sont autorisées, les intervenantes passent plus de temps avec les femmes, discutent avec elles de stratégies pour négocier des rapports sexuels plus sécuritaires et leur expliquent leurs droits en matière juridique et soins de santé.
Quelle que soit la durée de la visite, l’équipe d’intervention doit :
- Remettre les paquets dès son arrivée
- Demander au salon si les affaires marchent bien et déterminer s’il y a eu récemment des problèmes avec la police
- Déterminer si la visite d’une infirmière de rue, des tests de dépistage d’ITS et /ou d’ateliers sur les ITS et le sécurisexe sont nécessaires
Sujets et ressources offerts par l’équipe d’intervention :
- Réponses aux questions sur la santé sexuelle
- Brochures éducatives sur la santé sexuelle
- Matériel de sécurisexe dans des sacs de style chinois
- Information sur les droits des travailleuses du sexe
- Références et soutien en matière de soins de santé
- Services d’interprétation et de traduction
En se basant sur les commentaire de la clientèle ciblée, ORCHID prévoit élargir ses efforts d’intervention et inclure des programmes à l’intention des femmes nouvelles dans le travail du sexe, car ces dernières doivent relever des défis encore plus grands que leurs collègues plus expérimentées.
Il y a aussi des projets de rédiger des brochures sur le sécurisexe destinées aux gérants de salons de massage et aux clients. De plus, des ateliers extérieurs d’autodéfense sont en cours d’élaboration pour aider les femmes à négocier du sécurisexe avec les clients agressifs.
Après avoir établi cette relation critique avec les travailleuses du sexe et leur employeur, l’équipe d’intervention demande si l’équipe de recherche ORCHID peut entrer dans l’établissement. Cette demande est toujours faite auprès du gérant par l’équipe d’intervention ou par le coordonnateur du programme qui insistent sur le fait que l’équipe de recherche est sûre, ne porte pas de jugement et aide les travailleuses du sexe en leur offrant des services de santé. De plus, toutes les femmes participantes reçoivent une rémunération qui sert aussi de prime d’encouragement. Par conséquent, de nombreux salons acceptent de recevoir l’équipe de recherche.
Une fois qu’elle peut entrer, l’équipe de recherche composée de deux personnes demande aux femmes de remplir un questionnaire démographique qui identifie les caractéristiques clés des femmes asiatiques employées comme travailleuses du sexe dans les salons de massage et évalue ce qu’elles savent des risques liés au VIH et aux ITS. Les chercheurs offrent aussi sur place des tests de dépistage rapide des ITS et du VIH.
Les résultats des tests de dépistage rapide du VIH sont donnés immédiatement. Les résultats des tests de dépistage des ITS sont remis aux femmes dans la semaine. Les traitements sont expliqués lors de counselling pré-test et de counselling post-test en cas de résultat positif. À ce jour, il n’y a pas eu de test positif pour le VIH. Si une femme a besoin d’être traitée pour une ITS, l’équipe de recherche fournit le traitement. Lorsque cela est impossible (comme pour les verrues, par exemple), elle remet à la femme une lettre explicative requérant le traitement, que cette dernière peut remettre à un médecin. Pour plus de renseignements sur les tests administrés, veuillez vous référer à la section Matériel du programme.
Ressources requises
Ressources humaines
- Coordonnateur de projet
- Intervenantes par équipe pour une ronde
Le coordonnateur du projet doit comprendre les nuances culturelles du commerce du sexe, des salons de massage et de la communauté des travailleuses du sexe et des gérants. ORCHID a eu de bons résultats avec des coordonnateurs et des coordonnatrices.
Les équipes d’intervention se composent de deux personnes qui doivent s’identifier comme femmes et être à l’aise à parler de sexe sans porter de jugement. L’une des intervenantes doit être ou avoir été travailleuse du sexe (pair) et l’une des deux doit parler la langue des femmes sur la ronde de l’équipe. Les salons embauchent généralement des femmes qui parlent la même langue et, dans la mesure du possible, la ronde de chaque équipe doit se composer de salons qui parlent la même langue.
Le mandarin et le cantonais prédominent dans les salons de massage desservis par ORCHID; toutefois, à mesure que des salons où les femmes parlent d’autres langues font leur apparition et sont contactés, ORCHID recrute des bénévoles et des pairs qui parlent ces langues.
ORCHID utilise les services de chercheurs pour en apprendre plus sur ces femmes et leur offrir des tests de dépistage du VIH et des ITS. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’avoir des chercheurs pour mettre en place le programme. L’équipe de services peut administrer le questionnaire démographique et les tests de dépistage du VIH et des ITS ainsi qu’offrir du counselling si les membres ont reçu la formation nécessaire. Toutefois, les deux facettes du programme sont utiles à ORCHID, car cela permet à chaque équipe de se concentrer sur son domaine d’expertise. L’équipe de recherche a l’habitude d’administrer des questionnaires et des tests de dépistage des ITS à des populations vulnérables et de rédiger des rapports de recherche qui servent à améliorer le service.
Ressources matérielles
- Condoms
- Lubrifiant
- Gants en latex
- Brochures sur la santé sexuelle et informations juridiques dans la langue maternelle de la clientèle ciblée
- Cadeaux pour les gérants de salons (biscuits ou autre cadeau culturellement approprié)
- Cadeaux pour les travailleuses du sexe (sacs de style chinois pour le matériel de sécurisexe)
- Tests de dépistage des ITS et du VIH
Ressources financières
- Rémunération pour les pairs-intervenantes. ORCHID paie les pairs 15 $/heure pour les interventions, les réunions, la formation et la préparation des trousses de matériel (étiquetage des condoms et assemblage des ressources)
- Condoms, sacs et collations
- Traduction et impression des brochures d’information
Étant donné la nature délicate du programme, le financement doit être à long terme et durable.
Défis
- Étant donné la criminalisation du commerce du sexe à l’intérieur, les établissements qui font le commerce du sexe ferment et rouvrent souvent, parfois au même endroit et parfois ailleurs. Il est donc difficile de faire un suivi des endroits où ce commerce est pratiqué et de maintenir des relations avec les gérants des salons et les travailleuses du sexe.
- Gagner la confiance des personnes qui travaillent dans le domaine du sexe, que ce soit les travailleuses du sexe ou les gérants, peut être un défi. Il faut souvent de multiples contacts avant d’avoir l’autorisation de rencontrer les travailleuses du sexe et leur parler d’éducation et des ressources disponibles.
- Les travailleuses du sexe peuvent changer d’établissement ce qui complique le travail des intervenantes qui essaient de gagner leur confiance en gardant le contact.
- Il peut être difficile de garder des bénévoles qui affrontent les rejets répétés des gérants de salons de massage.
Évaluation du programme
En février et mars 2008, un consultant indépendant a évalué le programme ORCHID. Il a basé son évaluation sur une méthode dite de triangulation dans laquelle les données de plusieurs sources sont compilées et selon plusieurs méthodes pour garantir une compréhension exhaustive et valable du sujet. Les entrevues et les questionnaires étaient basés sur les questions formulées par le coordonnateur de projet et élaborés en consultation avec les pairs. L’apport et les commentaires des pairs dans la conception du questionnaire ont été très précieux, car ils ont permis la mise au point d’un questionnaire pertinent pour la communauté.
L’évaluation comprenait 14 entrevues (avec le coordonnateur du projet, le directeur général, le coordonnateur de recherche, trois pairs, quatre bénévoles et quatre membres clés de la communauté). Le consultant a aussi mené son enquête auprès de dix personnes ayant reçu les services d‘ORCHID et auprès d’un gérant de salon de massage dans lequel ORCHID offre ses services. Les résultats de cette analyse indiquent que le programme est très apprécié à tous les niveaux et par tous. Pour plus de renseignements sur l’évaluation et pour le rapport d’évaluation, communiquer avec ORCHID.
Point de vue des participantes :
Selon le questionnaire et les entrevues, les femmes qui travaillent dans le commerce du sexe ont vu une amélioration dans :
- L’utilisation des condoms
- Leurs connaissances sur la transmission et la prévention du VIH et des ITS
- Leur capacité à parler de sécurisexe avec leurs clients
- Leur connaissance des services de soutien et de santé, comme les tests de dépistage du VIH et des ITS
- Leur sentiment de confiance et de solidarité dans un environnement où la tendance est à la méfiance, aux secrets et à l’autosuffisance
- La facilité de communication avec l’équipe d’intervention
Point de vue des intervenantes :
Pendant ces entrevues, les pairs-intervenantes ont exprimé :
- Ressentir qu’elles donnaient quelque chose en retour à leur communauté
- Qu’elles avaient une plus grande facilité à communiquer, travailler en groupe et prendre soin de leurs problèmes de santé et sociaux
- Qu’elles étaient attirées par l’environnement sécuritaire et chaleureux du programme—qui a donné à certaines des pairs-intervenantes le courage de changer de profession.
Pendant ces entrevues, les bénévoles ont dit avoir :
- Acquis de nouvelles compétences en matière de relations humaines et de communication interculturelle
- Acquis des connaissances et de l’expérience, surtout dans leur collaboration avec les pairs-intervenantes.
- Vu leurs préjugés et idées préconçues diminuer à mesure que leur connaissance des travailleuses du sexe augmentait
En plus de cette évaluation externe, ORCHID évalue les besoins des femmes dans les salons en leur posant des questions informelles sur leur degré de satisfaction des services offerts par ORCHID et leur intérêt pour d’autres services. L’équipe note aussi les questions que posent les femmes et les gérants de salons et les enregistre dans le rapport d’intervention ORCHID. Ces informations servent aux futures activités et visites d’intervention.
L’équipe ORCHID affirme que, basé sur son expérience, le programme est efficace comme le prouvent les faits suivants :
- Les femmes des salons continuent à parler et à forger des liens avec les équipes d’intervention.
- Avec le temps, les femmes se mettent à parler de détails privés de leur vie avec les équipes d’intervention.
- D’autres travailleuses du sexe ayant été référées contactent ORCHID pour obtenir des services.
Leçons tirées
- Se faire accepter dans des salons de massage qui pratiquent le commerce du sexe et gagner la confiance des gérants et des travailleuses du sexe demande beaucoup de patience et de persistance
- Comprendre les problèmes complexes sociaux, juridiques, économiques et culturels liés au commerce du sexe à l’intérieur est essentiel pour communiquer avec les travailleuses du sexe asiatiques employées dans les salons de massages.
- Donner à la population ciblée de l’information sur le sécurisexe dans sa langue maternelle pour aider ces femmes à mieux comprendre l’information et à l’utiliser.
- Collaborer avec des organisations pour répondre aux besoins de la population ciblée peut aider à établir une relation de confiance avec les travailleuses du sexe et leurs employeurs, et par contrecoup établir la réputation de confiance du programme auprès d’une communauté de travailleuses du sexe plus étendue.
- Lorsque les pairs-intervenantes parlent de leur propre expérience dans le commerce du sexe avec les travailleuses du sexe, l’équipe d’intervention établit plus rapidement une relation de confiance avec les femmes dont elle s’occupe.
Matériel du programme
Coordonnées
Pour plus de renseignements sur le programme ORCHID, veuillez communiquer avec :
Le coordonnateur d’ORCHID
Asian Society for the Intervention of AIDS (ASIA)
119, rue West Pender, bureau 225-
Vancouver, Colombie-Britannique
V6B 1S5 Canada
(604) 669-5567
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