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Une clinique de soins primaires liés au VIH a créé un programme d’arrimage aux soins (AAS) dans le but d’améliorer le degré d’engagement des personnes séropositives dans leurs soins et de favoriser l’atteinte d’une charge virale indétectable. Des coordonnateur·trice·s pour une assiduité aux soins ont travaillé avec des personnes récemment diagnostiquées et des personnes antérieurement diagnostiquées, mais non soignées, afin que cellesci s’investissent davantage dans les soins. Le programme AAS consistait en un suivi personnalisé et détaillé des patient·e·s et une gestion de cas normalisée. Les taux d’inhibition virale obtenus dans le cadre du programme ont été comparés à ceux de patient·e·s dont les soins avaient commencé avant la mise sur pied du programme. Les résultats ont révélé une augmentation considérable du taux d’inhibition virale (de 74 % à 86 %) chez les patient·e·s ayant récemment reçu leur diagnostic qui ont commencé à recevoir des soins dans le cadre du nouveau programme.

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Description du programme

Le programme d’arrimage aux soins a été créé pour améliorer l’engagement des patient·e·s séropositif·ve·s dans leurs soins et pour augmenter les taux d’inhibition virale. Avant la mise sur pied du programme, le personnel administratif fixait des rendez-vous, mais aucune gestion de cas systématique n’était offerte. Après une évaluation exhaustive du processus existant, qui incluait la détermination des obstacles structurels et une consultation de personnes vivant avec le VIH, des améliorations ont été apportées au processus et le programme d’arrimage aux soins a été créé. Dans le cadre de ce dernier, l’orientation des nouveaux cas était assurée par un·e coordonnateur·trice de l’arrimage aux soins (CAAS). Le ou la CAAS mettait en branle et facilitait les composantes du programme, dont la surveillance et le suivi proactifs des patient·e·s, la gestion de cas normalisée et une orientation se rapportant à la clinique.

Le personnel administratif du programme d’arrimage aux soins se faisait diriger des patient·e·s par des organismes extérieurs et les orientait à son tour vers le ou la CAAS. Cette personne contactait dans les 24 heures tou·te·s les patient·e·s en question (qu’il s’agisse de personnes ayant récemment reçu leur diagnostic ou l’ayant reçu antérieurement, mais n’étant pas soignées). Dans certains cas, les organismes extérieurs dirigeaient des patient·e·s vers le programme d’AAS pendant qu’ils ou elles étaient encore présent·e·s, ce qui permettait aux personnes souhaitant rencontrer le ou la prestataire de soins de garde et d’amorcer un traitement de le faire le même jour. 

Durant la première conversation téléphonique, le ou la CAAS évaluait les patient·e·s pour déterminer, entre autres, leurs besoins en matière de transport, leurs préférences à l’égard des rendez-vous, leur situation par rapport aux assurances, leur revenu, leurs besoins urgents d’ordre social et leur méthode de communication préférée. À la fin de ce premier appel, le ou la CAAS fixait un rendez-vous pour le ou la patient·e.

Tous les rendez-vous étaient organisés d’une manière personnalisée répondant aux besoins des patient·e·s. À titre d’exemple, notons que les personnes vivant en régions éloignées ou rurales pouvaient soumettre des renseignements et des formulaires pertinents par courriel ou télécopieur. Pour les patient·e·s vivant près de la clinique, le ou la CAAS fixait un rendez-vous et les rencontrait en personne à l’occasion de leur première consultation pour remplir toute documentation nécessaire au programme et déterminer si d’autres formes d’assistance étaient requises. 

Le ou la CAAS facilitait également les éléments suivants du programme : 

  • Suivi proactif : Cela incluait le coup de fil avant le premier rendez-vous pour régler d’éventuels obstacles inattendus empêchant la présence de la personne (p. ex., problèmes de transport). 
  • Suivi des patient·e·s : Cela incluait un suivi ininterrompu même si quelqu’un manquait un rendez-vous; un suivi par courriel pour les patient·e·s n’utilisant pas un téléphone; un suivi trimestriel pour tou·te·s les patient·e·s dont l’arrimage aux soins n’a pas réussi, jusqu’à ce qu’il soit possible de déterminer leur situation (p. ex., une personne suivie dans une autre clinique VIH ou une personne ayant déménagé).
  • Orientation standardisée se rapportant à la clinique : Cela incluait (mais n’était pas limité à) une trousse d’information incluant les heures de la clinique, les coordonnées des prestataires de soins et gestionnaires de cas, les rôles et responsabilités des membres du personnel (p. ex., CAAS, prestataire de soins de santé prescrivant le traitement), les attentes des patient·e·s, les moyens de transport disponibles, les modes de renouvellement des traitements et les services de santé mentale disponibles. 
  • Orientation des patient·e·s : Cela avait lieu durant les quelques prises de contact et rendez-vous initiaux pour mettre à la disposition des patient·e·s une personne-ressource qui pouvait répondre aux questions et aux préoccupations surgissant au début des soins. 

Résultats

Entre 2019 et 2021, 395 personnes séropositives ont été dirigées vers le programme d’AAS. Cela incluait 258 personnes ayant récemment reçu un diagnostic et 137 personnes l’ayant reçu antérieurement, mais non soignées. Ce groupe a été comparé aux patient·e·s qui avaient été orienté·e·s vers la clinique entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2018, c’est-à-dire avant la mise sur pied du programme d’AAS. Ce dernier groupe incluait 213 personnes ayant récemment reçu un diagnostic et 124 personnes l’ayant reçu antérieurement, mais non soignées.

La plupart des participant·e·s au programme d’AAS (diagnostic récent ou diagnostic antérieur sans arrimage aux soins) étaient noir·e·s (86 %). Notons aussi les caractéristiques suivantes : 

  • 49 % étaient des hommes qui avaient des relations sexuelles avec des hommes 
  • 48 % avaient entre 30 et 49 ans
  • 27 % étaient des femmes, 69 % des hommes et 4 % des femmes trans 
  • 59 % disaient ne pas avoir d’assurance maladie

L’équipe a suivi les participant·e·s pour déterminer si l’inhibition virale était atteinte, soit une charge virale inférieure à 200 copies/ml selon la définition donnée. Le programme d’AAS a eu une incidence statistiquement significative sur l’inhibition virale chez les personnes séropositives ayant récemment reçu leur diagnostic, comme l’atteste le taux de 86 % obtenu chez celles-ci, comparativement à 74 % chez les patient·e·s suivi·e·s avant la mise sur pied du programme. De plus, 72 % des personnes ayant reçu leur diagnostic antérieurement, mais non soignées, ont bénéficié d’une inhibition virale grâce au programme d’AAS, comparativement aux personnes suivies avant la création du programme. Notons cependant que ces résultats ne sont pas significatifs du point de vue statistique. 

Après application d’un modèle ajusté, l’équipe a constaté les résultats statistiquement significatifs suivants : 

  • Chez les personnes dont le diagnostic était récent, celles inscrites au programme d’AAS étaient plus de deux fois plus susceptibles d’atteindre l’inhibition virale que les personnes suivies avant la mise sur pied du programme;
  • Les personnes disposant d’une assurance maladie privée étaient deux fois plus susceptibles d’atteindre l’inhibition virale que les personnes n’en ayant pas;
  • Les personnes plus âgées étaient plus susceptibles d’atteindre l’inhibition virale que les personnes âgées de 29 ans ou moins (1,5 fois plus susceptibles chez les 30 à 49 ans, et 2 fois plus susceptibles chez les plus de 50 ans).

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de soins?

Cette étude révèle que le recours à un ou une CAAS a une incidence considérable sur l’inhibition virale. Notons, à titre d’exemple, que la gestion de cas rapide et personnalisée, dont les éléments incluaient un suivi minutieux, l’envoi de rappels annonçant les rendez-vous et un suivi adapté aux capacités des patient·e·s, a augmenté le taux d’inhibition virale chez les personnes séropositives ayant récemment reçu leur diagnostic. 

Il est possible que le succès de ce programme se doive spécifiquement à la variété des méthodes de communication proposées, lesquelles permettaient de surmonter des obstacles éventuels à la communication, de rappeler aux gens leurs rendez-vous en temps opportun et d’assurer le suivi par le ou la CAAS. 

Ressources connexes

Soutien et navigation par les pairs pour le VIH

Arrimage aux soins liés au VIH : perdre du terrain et prendre une longueur d’avance

Référence

Hickman AB, Backus KV, Sanders CE et al. Evaluation of a linkage to care quality improvement initiative for people with HIV. AIDS and Behavior. 2024;28:264-73.

Cette ressource a été produite grâce à une contribution financière de Gilead Sciences Canada, Inc. Les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement celles de Gilead Sciences Canada, Inc.