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Injection de fentanyl et d’héroïne : Étapes à suivre pour une préparation et une injection à moindres risques

Cette ressource explique comment préparer et injecter le fentanyl et l’héroïne dans une optique de réduction des méfaits. Le fentanyl et l’héroïne sont des opioïdes. Les opioïdes ralentissent l’organisme et peuvent entraîner une sensation de détente, la somnolence, le soulagement de la douleur et l’euphorie.

L’injection de drogues peut causer toute une série de problèmes de santé, tels que des lésions aux veines, des infections transmissibles par le sang comme l’hépatite C et le VIH, et d’autres types d’infections du sang, de la peau et du cœur. L’injection de drogues peut aussi mener à une surdose ou à une intoxication aux drogues.

L’utilisation de matériel stérile neuf et le recours à des pratiques d’injection plus sécuritaires aident à réduire les risques de problèmes de santé pour les personnes qui s’injectent des drogues. Pour aider les personnes à utiliser leurs drogues de la façon la plus sécuritaire possible, on peut leur enseigner les pratiques d’injection à moindres risques et leur fournir du matériel de réduction des méfaits gratuit.

Matériel à avoir avant de s’injecter du fentanyl ou de l’héroïne

Du matériel neuf doit être utilisé lors de chaque injection et il ne doit pas être partagé ni réutilisé. Cela réduit les possibilités de lésions aux veines, d’infections transmissibles par le sang comme l’hépatite C et le VIH, et d’autres types d’infections du sang, de la peau et du cœur.

Le matériel suivant est recommandé pour l’injection de fentanyl ou d’héroïne :

  • Tampons d’alcool
  • Seringue et aiguille stériles
  • Stéricup stérile
  • Eau stérile
  • Filtre stérile
  • Garrot
  • Briquet
  • Tampon sec à utiliser après l’injection

Préparer le fentanyl et l’héroïne pour l’injection

Toutes les drogues doivent être transformées en solution liquide pour être injectées. Le fentanyl et la poudre d’héroïne doivent être chauffés pour se dissoudre dans l’eau : on parle de faire cuire ces drogues. La cuisson peut aussi réduire le risque d’infection par tout virus ou toute bactérie qui pourraient être présents.

Les prestataires de services peuvent expliquer aux personnes la façon de préparer le fentanyl ou l’héroïne pour l’injection en leur communiquant les étapes à suivre et l’information ci-dessous.

Comment préparer le fentanyl ou l’héroïne pour l’injection :

  • Laver ses mains et la surface de préparation avec de l’eau et du savon avant de toucher au matériel de réduction des méfaits. Cela aide à prévenir les infections causées par les virus et les bactéries. Du désinfectant pour les mains ou des tampons d’alcool peuvent être utilisés s’il n’y a pas d’eau et de savon.
  • Mettre le fentanyl ou l’héroïne dans un nouveau Stéricup stérile.
  • Ajouter de l’eau stérile à partir d’un nouvel emballage intact. L’utilisation d’eau stérile préviendra les infections causées par les bactéries qui se trouvent dans l’eau du robinet, en bouteille et bouillie.
  • Tenir un briquet ou une autre source de chaleur sous le Stéricup jusqu’à ébullition, soit au moins 10 secondes. Cela peut tuer certaines bactéries et certains virus qui pourraient être présents. Au besoin, le bout du piston d’une nouvelle seringue peut être utilisé pour remuer le mélange et aider la drogue à se dissoudre.
  • Laisser le liquide refroidir, pour prévenir l’irritation des veines.
  • Laisser tomber un nouveau filtre stérile dans le Stéricup directement de l’emballage pour s’assurer qu’il demeure stérile. Le fait de toucher le filtre avec les doigts peut transférer des bactéries dans la solution de drogues.
  • Insérer une nouvelle aiguille stérile dans l’extrémité plate du filtre, le trou de l’aiguille étant orienté vers le bas. S’assurer que l’aiguille ne traverse pas le fond ou le côté du filtre, car cela pourrait endommager la pointe de l’aiguille.
  • Aspirer le liquide dans la seringue en tirant le piston. Pour éliminer les bulles d’air, pointer l’aiguille vers le haut, tapoter les côtés de la seringue et appuyer lentement sur le piston.

Étapes d’une injection à moindres risques

Les étapes suivantes décrivent les pratiques d’injection à moindres risques pour s’injecter une drogue dans une veine. Les prestataires de services travaillant avec des personnes qui s’injectent des drogues devraient leur expliquer comment procéder à une injection à moindres risques en leur présentant les étapes et l’information suivantes :

  • Trouver la veine pour l’injection. Certaines veines sont plus sécuritaires que d’autres pour l’injection. Les veines de l’avant-bras sont toujours le meilleur choix. Éviter les veines près de la poitrine (du torse) ou du bas des jambes, si possible. Il peut être dangereux de s’injecter près du visage, du cou, des poignets, de l’aine et des cuisses.
  • Si un garrot est utilisé, il doit être placé de quatre à cinq doigts de largeur au-dessus du site d’injection. Le garrot peut aider à faire gonfler et à rendre visible la veine et à la maintenir en place. 
  • Nettoyer le site d’injection avec un tampon d’alcool puis laisser la peau sécher. Cela réduit les risques que des bactéries pénètrent dans l’organisme et contribue à prévenir les infections de la peau, du sang et du cœur.
  • Insérer l’aiguille lentement et doucement dans la veine. Pointer l’aiguille dans le sens de la circulation du sang qui retourne vers le cœur. Pour réduire les lésions aux veines, maintenir l’aiguille à un angle faible, le trou de l’aiguille vers le haut.
  • Tirer le piston jusqu’à ce que du sang apparaisse. C’est ce qu’on appelle « faire une tirette » et cela permet de s’assurer que l’aiguille se trouve bien dans la veine avant l’injection. S’il n’y a pas de sang, il faut pousser l’aiguille un peu plus ou la retirer lentement et vérifier de nouveau.
    • REMARQUE : Il est dangereux de s’injecter dans une artère. Les artères se distinguent des veines, car elles ont un pouls et leur sang est rouge vif. Les veines n’ont quant à elles pas de pouls, et leur sang est rouge foncé. L’injection dans une artère est douloureuse et peut provoquer un saignement difficile à arrêter. Pour arrêter le saignement, retirer le garrot et l’aiguille et appliquer une pression directe sur la zone.
  • Une fois que l’aiguille est dans la veine, il est préférable de défaire le garrot avant d’appuyer sur le piston. Cela réduit les risques de lésions à la veine.
  • Appuyer sur le piston et injecter lentement. En cas de sensation de brûlure ou de piqûre, ou de douleur, retirer l’aiguille et recommencer.
  • Après l’injection, retirer l’aiguille lentement et avec précaution.
  • Maintenir un tampon sec ou un mouchoir sec sur le site d’injection pendant au moins 30 secondes pour arrêter tout saignement après l’injection. Effectuer une rotation des sites d’injection pour leur permettre de guérir.
  • Jeter tout le matériel d’injection dans un récipient de récupération de seringues ou dans une bouteille en plastique dur, puis s’en départir auprès d’un organisme local de réduction des méfaits.

Renseignements importants sur l’utilisation du fentanyl ou de l’héroïne à moindres risques

Mélanger différentes substances

Le mélange de drogues comporte des risques. Mélanger différentes drogues peut entraîner des effets plus prononcés ou différents de ce que les drogues seules procurent. Le mélange d’opioïdes comme le fentanyl ou l’héroïne et de stimulants augmente le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de surdose. Aussi, la durée de présence des différentes drogues dans l’organisme n’est pas la même. Il est important de toujours commencer par une petite quantité, d’augmenter lentement et de faire preuve de prudence lors de l’injection de doses multiples ou d’un mélange de drogues.

La plupart des drogues vendues comme étant du fentanyl ou de l’héroïne contiennent d’autres substances qui peuvent contribuer au risque de surdose, comme des benzodiazépines (un type de dépresseurs). Les benzodiazépines sont traitées plus lentement par l’organisme et leur effet peut durer plus longtemps. Cela peut accroître le risque de surdose, particulièrement en cas d’injections multiples.

Faire un « wash »

Le « wash » consiste à l’ajout d’eau à un Stéricup ou un filtre usagés. Il permet d’extraire les résidus de drogue du Stéricup ou du filtre après usage. Cette pratique n’est pas recommandée, car le matériel usagé n’est plus stérile. Des bactéries peuvent proliférer dans le matériel usagé et causer des infections lors de l’injection. Le partage d’un « wash » peut aussi mener à la transmission d’infections d’une personne à l’autre. Si une personne fait un « wash », elle devrait faire chauffer la solution de drogue pendant au moins 10 secondes, jusqu’à ébullition. Cela peut tuer certaines bactéries et certains virus qui pourraient être présents (comme le VIH), mais pas tous (comme l’hépatite C).

Surdose/intoxication aux drogues

Lorsqu’une personne utilise des drogues achetées de la rue ou d’un approvisionnement illégal, les risques de surdose ou d’intoxication sont plus élevés. Les personnes peuvent faire ce qui suit pour essayer de prévenir une surdose ou se préparer en cas de surdose :

  • utiliser leurs drogres avec d’autres personnes ou dans un site de consommation supervisée;
  • commencer par une petite quantité et augmenter lentement;
  • faire analyser leurs drogues, si ce service est disponible;
  • avoir de la naloxone sur soi et savoir comment l’utiliser.

La naloxone renverse temporairement une surdose d’opioïdes. Une personne peut être en surdose d’opioïdes si elle est inconsciente ou ne réagit pas, si elle respire lentement ou ne respire pas, si elle ronfle ou émet des sons d’étouffement ou de gargouillement, si sa peau est froide ou moite, et si elle a les lèvres et les ongles bleus ou gris.

Ressources

L’usage de substances à moindres risques : série de vidéos – CATIE

Cartographie du corps : Choisir une veine pour une injection à moindres risques – CATIE

Savoir s’injecter : Infos sur la réduction des méfaits pour une injection de drogues à moindres risques – CATIE

Répondre à une surdose d’opioïdes, répondre à une surconsommation ou à une surdose de stimulants – CATIE, Toward the Heart BCCDC Harm Reduction Services

Les bases de la réduction des méfaits : trousse pour prestataires de services – CATIE

Parlons-en! Le matériel de réduction des méfaits comme outil d’interaction – Programme ontarien de distribution des ressources pour la réduction des méfaits (OHRDP)

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits – Groupe de travail sur les pratiques exemplaires pour les programmes de réduction des méfaits au Canada

Remerciements

Cette ressource est adaptée de la série de vidéos sur l’usage de substances à moindres risques de CATIE et de Parlons-en! Le matériel de réduction des méfaits comme outil d’interaction du Programme ontarien de distribution des ressources pour la réduction des méfaits (OHRDP). CATIE remercie les réviseur·e·s qui ont contribué par leurs connaissances à cette ressource.