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  • Sans traitement, la syphilis peut causer de nombreux dommages à une personne enceinte et à son fœtus durant la grossesse
  • Une équipe albertaine a constaté 314 cas d’exposition à la syphilis dans l’utérus, et 16 cas de mortinaissance
  • L’équipe de recherche réclame l’amélioration de l’accès au dépistage et au traitement de la syphilis durant la grossesse

Une épidémie de syphilis sévit actuellement au Canada. Les symptômes initiaux de la syphilis, dont l’apparition d’une lésion (chancre) sur ou à l’intérieur des organes génitaux et d’autres parties du corps, peuvent être légers ou même passer inaperçus. Après l’infection, les microbes qui causent la syphilis, soit les tréponèmes, se propagent rapidement à partir du site du contact initial. Ces microbes peuvent s’attaquer à des nerfs à l’intérieur des oreilles et des yeux, causant ainsi une perte d’acuité auditive ou visuelle. Ils risquent également de nuire à des organes vitaux comme le cerveau, les os, le cœur et le système circulatoire, le foie et les reins. Durant la grossesse, la syphilis peut nuire au fœtus. Même si les symptômes de cette infection ressemblent souvent à ceux de nombreuses autres maladies, il est possible de diagnostiquer facilement la syphilis à l’aide d’un test sanguin. La plupart des personnes atteintes se remettent de la syphilis après un seul traitement antibiotique.

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En Alberta

Une équipe de recherche d’Edmonton a consulté des bases de données dans le but de mieux documenter et éclairer les facteurs à l’origine de la mortinatalité liée à la syphilis. L’équipe a mené son étude entre janvier 2015 et juin 2021.

Durant cette période, 314 fœtus ont été exposés à la syphilis dans l’utérus, et 16 grossesses (5 %) se sont soldées par une mortinaissance.

Selon l’équipe de recherche, les mortinaissances se sont produites « parce qu’on a échoué à traiter la syphilis durant la grossesse ». L’équipe réclame l’adoption de pratiques novatrices pour atteindre les personnes faisant face à des obstacles aux soins afin que la syphilis soit diagnostiquée et traitée le plus tôt possible durant la grossesse.

Accent sur la grossesse

Dans cette étude, les femmes avaient en moyenne 30 ans lorsque les mortinaissances avaient lieu. Elles avaient toutes été enceintes auparavant. Certaines d’entre elles présentaient des co-infections, notamment la chlamydiose, la gonorrhée et/ou l’infection au virus de l’hépatite C (VHC). Aucune femme n’avait ni le virus de l’hépatite B (VHB) ni le VIH.

Répartition des mortinaissances à Edmonton au fil du temps

Les mortinaissances attribuables à la syphilis se sont produites comme suit au cours de la période à l’étude :

  • 2015 à 2017 : aucun cas
  • 2018 : 1 cas
  • 2019 : 6 cas
  • 2020 : 7 cas
  • 2021 : 2 cas dans la première moitié de l’année (on attend encore les données se rapportant à la deuxième moitié)

Dépistage de la syphilis

Selon l’équipe de recherche, son analyse a révélé que « seulement cinq des 16 femmes (31 %) avaient passé un test de dépistage de la syphilis dans le cadre du bilan sanguin prénatal effectué avant le décès du fœtus ». De plus, une échographie fœtale standard n’a été réalisée que dans deux cas seulement avant la mort du fœtus. Dans chaque cas, les résultats étaient normaux.

Analyse des mortinaissances

Dans tous les 16 cas, on avait analysé des échantillons du placenta ou du cordon ombilical afin de détecter le matériel génétique des tréponèmes. On a obtenu des résultats positifs dans 13 treize cas sur 16, lesquels ont été classés comme des mortinaissances syphilitiques confirmées. Les trois autres cas ont été classés comme des mortinaissances syphilitiques probables.

Traitement de la syphilis

Le traitement de choix contre la syphilis est la pénicilline G benzathine. Or, comme de nombreuses femmes figurant dans cette étude n’ont pas été testées pour la syphilis durant la grossesse, elles n’ont pas reçu de traitement non plus. Même dans certains cas où un test de dépistage a été effectué, le traitement a été administré trop tard dans le cours de la grossesse et le fœtus était déjà mort, ou encore un cas de réinfection non détecté s’était produit, et aucun traitement n’a été donné.

Prévention de la syphilis durant la grossesse

Pour prévenir les mortinaissances, le dépistage régulier de la syphilis (et le traitement de celle-ci si nécessaire) est essentiel, idéalement avant que la grossesse commence. Une fois celle-ci en cours, le dépistage et le traitement sont essentiels pour prévenir d’éventuelles lésions fœtales et la mort du fœtus.

En Alberta et partout au Canada, le dépistage de la syphilis fait partie des soins prénataux réguliers, particulièrement durant la première consultation en lien avec la grossesse. Notons que le dépistage et le traitement sont offerts gratuitement.

Se référant à des études antérieures, l’équipe d’Edmonton a affirmé que des problèmes comme « la pauvreté et l’utilisation de substances sont des facteurs très importants dans la crise de la syphilis qui sévit actuellement [au Canada] ». Et d’ajouter l’équipe : « on a besoin de méthodes novatrices pour atteindre les personnes faisant face à des obstacles aux soins ».

Alerte au non-dépistage de la syphilis

L’équipe de recherche encourage les professionnel·le·s de la santé à faciliter le dépistage de la syphilis durant la grossesse. En Alberta, souligne-t-elle, « un système d’information clinique récemment lancé qui permet de signaler des cas de non-dépistage de la syphilis chez des femmes enceintes est utilisé actuellement dans les services des urgences. Tous les résultats positifs sont suivis par les services d’infections transmissibles sexuellement de la province afin d’accélérer l’administration de la pénicilline lorsque cela est approprié ».

L’équipe a également souligné que les technicien·ne·s en échographie qui effectuent des examens prénataux sont alerté·e·s si aucun test de dépistage de la syphilis n’est inscrit au dossier d’une femme enceinte.

Selon l’équipe de recherche, le déploiement de trousses de dépistage de la syphilis par des « services de proximité » aiderait probablement à faciliter l’accès au dépistage et au traitement de la syphilis au cours d’une même consultation.

Si l’on souhaite combattre plus efficacement l’épidémie de la syphilis à long terme, d’autres innovations et investissements seront sûrement nécessaires.

—Sean R. Hosein

Ressources

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RÉFÉRENCES :

  1. Robinson JL, Donovan A, Gratrix J et al. Case series of stillbirths due to syphilis in Edmonton, Alberta, Canada. Sexually Transmitted Diseases. 2023; sous presse
  2. Peeling RW, Mabey D, Xiang-Shen C et al. Syphilis. Lancet. 2023; 403(10398):336-346. 
  3. Round JM, Plitt SS, Eisenbeis L et al. Examination of care milestones for preventing congenital syphilis transmission among syphilis-infected pregnant women in Alberta, Canada: 2017-2019. Sexually Transmitted Diseases. 2022 Jul 1;49(7):477-483. 
  4. Gratrix J, Karwacki J, Eagle L et al. Effets de la syphilis infectieuse chez les patientes enceintes et facteurs maternels associés au diagnostic de syphilis congénitale, Alberta, 2017 à 2020. Relevé des maladies transmissibles au Canada. 24 fév 2022;48(2-3):61-67.