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CATIE
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  • Une nouvelle infection transmissible sexuellement a été découverte aux États-Unis, surtout chez des hommes 
  • Cette nouvelle infection fongique appelée TMVII peut causer des lésions squameuses 
  • Le diagnostic peut être difficile, mais l’infection répond bien aux antifongiques

En 2023, des médecins de Paris ont signalé l’émergence d’une infection fongique appelée TMVII (Trichophyton mentagrophytes génotype VII). En 2024, des scientifiques aux États-Unis ont détecté des infections causées par ce même champignon chez quatre hommes. Selon des équipes de recherche de New York et des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le champignon en question peut causer des « lésions squameuses [de forme annulaire et des démangeaisons] sur le tronc, l’aine, les organes génitaux ou le visage […] ». Cette infection peut également provoquer des symptômes qu’« il est possible de confondre avec l’eczéma, le psoriasis ou d’autres maladies dermatologiques, et un traitement antifongique s’avère fréquemment nécessaire », ont ajouté les scientifiques. 

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Risque de complications

Selon les équipes de recherche, « certain·e·s patient·e·s présentent des lésions enflammées douloureuses et persistantes qui peuvent mener à une cicatrisation ou [être infectées par des bactéries] ». Il est donc important de faire traiter les lésions et de faire preuve d’une bonne hygiène afin de garder les mains et la peau touchée propres. 

Accent sur le champignon TMVII

L’équipe de recherche américaine a présenté des détails brefs sur quatre cas de TMVII recensés en 2024. Tous les patients ont fait l’objet de prélèvements, et une analyse génétique des échantillons a permis de détecter le champignon et d’aboutir au diagnostic définitif. Des tests de laboratoire additionnels ont été effectués pour déterminer si ce dernier répondrait à des antifongiques d’usage courant. Cela s’est avéré le cas des médicaments terbinafine et itraconazole. Tous les patients ont été traités pour une infection présumée à TMVII avant que les résultats des tests de laboratoire n’aient été obtenus. 

Tous les patients étaient des hommes cisgenres qui avaient des relations sexuelles avec des hommes. Ils avaient entre 30 et 39 ans et disaient avoir eu des contacts sexuels récents avec d’autres hommes. Les patients A et D avaient eu des relations sexuelles ensemble, mais les patients B et C n’avaient pas eu de contact avec les autres patients figurant dans ce rapport. Le patient B avait voyagé en Europe et le patient D était travailleur du sexe. 

Patient A

Cet homme n’avait aucune maladie sous-jacente et prenait des médicaments pour prévenir l’infection par le VIH (prophylaxie pré-exposition ou PrEP). Il a consulté pour une éruption cutanée sur les fesses. Il s’est fait prescrire l’antifongique clotrimazole, traitement qu’il a pris pendant deux semaines, suivi d’une semaine d’application topique du terbinafine. Ces interventions n’ont toutefois pas guéri l’éruption. Ses médecins ont ensuite prescrit des comprimés de terbinafine (250 mg par jour par voie orale) pendant deux à quatre semaines (l’homme pouvait arrêter après deux semaines si l’éruption se résorbait). Lors de sa dernière consultation en clinique, l’éruption était en train de guérir. 

Patient B

Cet homme était séropositif et faisait preuve de ce que l’équipe de recherche a qualifié d’une « observance thérapeutique irrégulière [de son traitement contre le VIH] ». Il a consulté pour une éruption cutanée située à la commissure des lèvres. Les médecins lui ont prescrit une crème au clotrimazole pour application topique, et l’éruption s’est résorbée après une semaine de traitement.

Patient C

L’équipe de recherche a affirmé à propos de cet homme séropositif que son VIH était « bien maîtrisé » sous l’effet d’un traitement. Il a consulté pour une éruption cutanée sur un genou, les fesses et l’aine. Les médecins ont prescrit de la terbinafine orale (250 mg par jour) pendant quatre semaines. L’éruption était en train de se résorber lors de sa dernière consultation en clinique.

Patient D

Cet homme suivait une PrEP en prévention du VIH, ainsi qu’un traitement par les médicaments dabrafénib et tramétinib pour un cancer. Le patient a consulté pour une éruption cutanée accompagnée de démangeaisons sur un genou, le tronc, un bras et la tige du pénis. Il a reçu d’abord un traitement oral à la terbinafine pendant moins d’une semaine, puis ses médecins ont remplacé ce dernier par un traitement antifongique associant l’itraconazole oral (200 mg deux fois par jour) et des crèmes au luliconazole et au kétoconazole. L’éruption était en train de se résorber lors de sa dernière consultation.

Résumé des données françaises

En 2023, des médecins travaillant dans trois hôpitaux de Paris ont fait état de 13 cas de TMVII. Tous les cas concernaient des hommes âgés de 22 à 59 ans dont la plupart avaient des relations sexuelles avec d’autres hommes. Un homme avait des relations avec des hommes et des femmes. Sept hommes avaient le VIH, mais pour six d’entre eux le virus était bien maîtrisé. Chez les hommes séronégatifs, cinq suivaient une PrEP. 

La plupart des patients pouvaient suivre un traitement antifongique chez eux. Un patient a toutefois présenté une grave infection bactérienne de la peau entourant ses poils de barbe et a dû être hospitalisé.

Les patients se sont fait prescrire une variété d’antifongiques dont les plus couramment utilisés étaient des préparations orales des suivants : terbinafine, itraconazole ou voriconazole. Le traitement a duré entre trois semaines et quatre mois.

Au moment où les médecins français présentaient leur rapport, l’infection fongique se résorbait chez 10 patients, l’état d’un autre s’améliorait, et aucune donnée n’était disponible à propos des deux autres. 

Selon les médecins, au moins deux patients avaient la peau assombrie à l’endroit où avaient été les lésions. Deux autres avaient des cicatrices ou ont perdu des poils de barbe (parce que des lésions fongiques étaient apparues sur leur visage).

Conseils à l’intention des professionnel·le·s de la santé

L’équipe de recherche américaine avise les professionnel·le·s de la santé que l’infection à TMVII se transmet par contact sexuel, et les lésions peuvent toucher les zones suivantes : 

  • organes génitaux
  • fesses
  • visage
  • tronc
  • bras/mains
  • jambes

Selon l’équipe américaine, on peut mettre des semaines à reconnaître l’infection à TMVII. En attendant, l’équipe encourage les professionnel·le·s de la santé à amorcer un traitement fondé sur des « caractéristiques épidémiologiques et cliniques ».

L’équipe américaine souligne que la terbinafine orale (250 mg par jour) est une première option efficace pour traiter l’infection à TMVII. Elle a indiqué que chez certaines personnes, le traitement antifongique oral doit durer jusqu’à trois mois. L’équipe ne recommande pas le seul usage de crèmes antifongiques lorsque le champignon a infecté des follicules pileux. Elle déconseille également l’usage de crèmes de corticostéroïdes parce qu’elles peuvent affaiblir le système immunitaire de la peau et permettre au champignon de proliférer.

Conseils à l’intention des patient·e·s

L’équipe de recherche américaine encourage les patient·e·s atteint·e·s de TMVII à prendre toutes les doses des médicaments qui leur ont été prescrits « jusqu’à ce que les lésions soient complètement résorbées ». Elle leur conseille également d’éviter ce qui suit : 

  • contacts de peau à peau avec les zones cutanées touchées 
  • partage d’articles personnels jusqu’à guérison de l’infection

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Zucker J, Caplan AS, Gunaratne SH et al. Notes from the Field: Trichophyton mentagrophytes Genotype VII - New York City, April-July 2024. Morbidity and Mortality Weekly Report. 2024 Oct 31;73(43):985-988.
  2. Jabet A, Dellière S, Seang S et al. Sexually transmitted trichophyton mentagrophytes Genotype VII infection among men who have sex with men. Emerging Infectious Diseases. 2023 Jul;29(7):1411-1414.