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CATIE
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  • Des scientifiques ont analysé la qualité de vie liée à la santé de 433 Canadien·ne·s âgé·e·s vivant avec le VIH
  • Les participant·e·s avaient en moyenne trois maladies concomitantes, dont l’hypercholestérolémie et l’hypertension
  • Malgré les nombreuses maladies concomitantes, 86 % des personnes se sont déclarées satisfaites de leur qualité de vie

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Grâce aux traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR), de nombreuses personnes séropositives vivent jusqu’à un âge bien avancé de nos jours. Comme cette population vieillit, des études sont nécessaires pour déterminer les moyens de l’aider à rester en bonne santé et à minimiser ou à prévenir les complications qui surgissent avec l’âge.

Même si le TAR inhibe très efficacement le VIH et maintient ainsi la santé du système immunitaire lorsqu’il est utilisé comme il se doit, des problèmes subtils persistent dans le système immunitaire. Il est probable que ces problèmes, notamment l’activation continue du système immunitaire et l’inflammation excessive, contribuent à augmenter le risque de diverses maladies concomitantes, dont les maladies du cœur, l’amincissement osseux, la baisse de la fonction rénale, le diabète et d’autres.

Une équipe de recherche canadienne a recruté des personnes séropositives âgées pour une étude sur le vieillissement portant le nom de Change HIV (Correlates of Healthy Aging in Geriatric HIV). L’équipe en question est en train d’accumuler des données et à faire des analyses. Dans une publication récente se rapportant à l’étude, l’équipe s’est concentrée sur la qualité de vie liée à la santé et les maladies concomitantes. Elle a constaté un nombre élevé de celles-ci chez les participant·e·s, soit une moyenne de trois. Notons qu’un tel état de multimorbidité est associé à une qualité de vie plus faible. D’autres facteurs ont également été associés à une baisse de la qualité de vie, dont des vulnérabilités sociales, par exemple l’absence d’un ou d’une partenaire, un faible revenu ménager, le tabagisme et un faible niveau d’activité physique.

L’équipe de recherche encourage les clinicien·ne·s à intervenir auprès de leurs patient·e·s âgé·e·s afin de prévenir et de prendre en charge les maladies concomitantes. De telles interventions pourraient faire l’objet d’études futures pour déterminer lesquelles sont les plus efficaces.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a analysé des données recueillies auprès de 433 personnes dont la moyenne d’âge approchait de 70 ans lors de leur admission à l’étude. La cohorte consistait en 92 % d’hommes et en 8 % de femmes. Toutes les personnes suivaient un TAR, et plus de 99 % d’entre elles avaient une charge virale inhibée. Leur compte de CD4+ s’élevait à près de 560 cellules/mm3.

Résultats

L’équipe de recherche a constaté que la plupart des participant·e·s (65 %) n’avaient pas de partenaire intime, et un grand nombre d’entre eux et elles vivaient seul·e·s.

Les maladies concomitantes les plus courantes signalées par l’équipe de recherche étaient les suivantes :

  • hypercholestérolémie : 51 %
  • hypertension : 44 %
  • antécédents de cancer : 29 %
  • diabète : 24 %
  • arthrite : 22 %
  • douleurs nerveuses dans les mains et les pieds (neuropathie périphérique) : 18 %
  • coronaropathie : 17 %
  • dépression : 15 %
  • amincissement osseux : 15 %
  • insuffisance hépatique chronique : 14 %

Près de 80 % des participant·e·s vivaient avec plusieurs maladies concomitantes.

Selon l’équipe de recherche, 60 % des participant·e·s étaient soit malnutri·e·s, soit à risque de malnutrition, mais elle n’a pas ajouté de commentaire à ce sujet.

Malgré ces constats, une forte proportion des participant·e·s (86 %) se disaient modérément ou très satisfait·e·s de leur vie. Même si l’équipe n’a pas poussé son évaluation de cette question, elle a avancé une hypothèse selon laquelle les maladies concomitantes avaient un moindre impact sur la qualité de vie parce qu’elles étaient bien prises en charge, ou encore que les participant·e·s avaient élaboré « des stratégies d’adaptation efficaces ». À la lumière de ses résultats, l’équipe de recherche a affirmé que des interventions visant la prévention et la prise en charge de maladies concomitantes multiples pourraient s’avérer plus utiles que celles visant une amélioration de la « qualité de vie générale ».

Stigmatisation et discrimination

Selon l’équipe de recherche, les participant·e·s ont signalé des comportements négatifs de la part de membres de la société à l’endroit des personnes vivant avec le VIH. L’équipe a affirmé que la stigmatisation et la discrimination liées au VIH pouvaient exacerber d’autres types de comportements déplorables, comme la stigmatisation et la discrimination fondées sur l’ethnie/race, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’âge, les incapacités ou la pauvreté. Tous ces comportements négatifs peuvent réduire la qualité de vie des personnes séropositives.

L’équipe de recherche encourage le déploiement continu d’efforts pour « élaborer et mettre en œuvre des interventions visant la réduction de la stigmatisation ». L’équipe considère ce genre d’interventions comme cruciales pour améliorer la qualité de vie des personnes séropositives.

Survivant·e·s à long terme

L’équipe de recherche a constaté une association statistique entre le temps écoulé depuis le diagnostic de VIH et la réduction de la qualité de vie. Selon l’équipe, cette association serait attribuable au fait qu’un grand nombre de survivant·e·s à long terme ont été diagnostiqué·e·s à l’époque où le TAR n’existait pas encore. Par conséquent, ces personnes ont enduré des traitements sous-optimaux et souvent toxiques qui provoquaient de graves effets secondaires. Il est également probable qu’elles ont vécu des évènements traumatisants, telles des infections potentiellement mortelles ou la perte de personnes proches. De plus, selon l’équipe de recherche, certain·e·s survivant·e·s à long terme n’avaient pas de partenaire et vivaient seul·e·s, ce qui compromettait vraisemblablement leur qualité de vie.

À retenir

L’équipe de recherche a analysé des données recueillies à un ou à deux moments particuliers dans le temps. Elle disposera cependant de beaucoup plus de données à l’avenir et pourra effectuer d’autres analyses. Cette étude devrait être considérée comme un bon premier pas dans l’étude du vieillissement chez les Canadiens et Canadiennes vivant avec le VIH. À mesure que davantage de personnes séropositives atteignent un âge avancé grâce au TAR, il est important que le financement d’études sur cette question continue.

Interventions nécessaires

Comme près de 80 % des participant·e·s portaient un fardeau lourd en matière de maladies concomitantes, lesquelles peuvent réduire la qualité de vie, l’équipe de recherche souhaite la tenue d’études sur des interventions conçues pour réduire le risque de maladies concomitantes et améliorer la prise en charge des personnes touchées.

L’équipe souhaite également que les facteurs suivants soient pris en considération, car ils peuvent influer sur la qualité de vie :

  • stigmatisation liée au VIH
  • cessation du tabagisme (60 % des participant·e·s fumaient ou avaient fumé dans le passé)
  • participation à des programmes d’activité physique

Enfin, l’équipe de recherche a souligné que des interventions additionnelles pourraient être nécessaires pour venir en aide aux survivant·e·s à long terme et aux personnes sans partenaire « parce que ces individus ont tendance à avoir une qualité de vie réduite, et ce, même si le fardeau de la comorbidité est pris en compte ».

—Sean R. Hosein

Ressource

Le VIH et le vieillissement - CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Zhabokritsky A, Klein M, Loutfy M et al. Non-AIDS-defining comorbidities impact health-related quality of life among older adults living with HIV. Frontiers in Medicine. 2024 Apr 16; 11:1380731. 
  2. Baechle JJ, Chen N, Makhijani P et al. Chronic inflammation and the hallmarks of aging. Molecular Metabolism. 2023 Aug; 74:101755. 
  3. Lopez Angel CJ, Pham EA, Du H et al. Signatures of immune dysfunction in HIV and HCV infection share features with chronic inflammation in aging and persist after viral reduction or elimination. Proceedings of the National Academy of Sciences USA. 2021 Apr 6;118(14):e2022928118. 
  4. Persaud AT, Khela J, Fernandes C et al. Virion-incorporated CD14 enables HIV-1 to bind LPS and initiate TLR4 signaling in immune cells. Journal of Virology. 2024 Apr 25:e0036324.