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CATIE
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  • Grâce à la grande accessibilité des traitements contre le VIH, de nombreuses personnes séropositives vivent longtemps de nos jours en C.-B.
  • Les médicaments servant à la prévention et au traitement du VIH aident à réduire le nombre de nouvelles infections 
  • L’espérance de vie diminue toutefois à cause de la crise des drogues contaminées

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Depuis 1996, la grande accessibilité de traitements efficaces contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) a un énorme impact sur la pandémie de VIH. En premier lieu, lorsqu’on prend le TAR comme il se doit, il réduit la quantité de VIH dans le sang (charge virale). L’observance continue du TAR fait baisser la charge virale à un tel point que les tests de laboratoire de routine ne peuvent la détecter avec précision. Pour décrire les cas d’inhibition virale de ce genre, on utilise couramment le terme « indétectable ». Le maintien d’une charge virale indétectable aide le système immunitaire à recouvrer la santé, ce qui réduit énormément le risque d’infections et de cancers liés au sida. Le TAR est tellement efficace que les scientifiques prévoient de plus en plus que de nombreuses personnes sous TAR connaîtront une espérance de vie quasi normale.

Les bienfaits du TAR ne s’arrêtent pas là, car des essais cliniques rigoureusement conçus ont permis de constater que les personnes sous TAR qui atteignent et maintiennent une charge virale inhibée ne transmettent pas le virus à leurs partenaires sexuel·le·s. Ainsi, le TAR profite à la société en aidant à réduire la propagation du VIH.

Traitement comme prévention

Faisant allusion à ce deuxième bienfait du TAR, les scientifiques ont inventé l’expression « traitement comme prévention » (TasP). La mise sous traitement de davantage de personnes séropositives est un élément important de la stratégie promue par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Initialement, cette stratégie a encouragé les villes, pays et régions du monde à atteindre les cibles suivantes avant 2020 :

  • 90 % des personnes séropositives savent qu’elles sont infectées
  • 90 % des personnes séropositives diagnostiquées suivent un TAR
  • 90 % des personnes sous TAR ont une charge virale inhibée

Comme ces cibles sont déjà atteintes dans de nombreux endroits, l’ONUSIDA et l’OMS les ont révisées comme suit : 

  • 95 % des personnes séropositives savent qu’elles sont infectées
  • 95 % des personnes séropositives diagnostiquées suivent un TAR
  • 95 % des personnes sous TAR ont une charge virale inhibée

On s’attend à ce que ces cibles soient atteintes en 2025.

Le but ultime de toutes ces cibles consiste à réduire la propagation du VIH et les décès liés au sida de 90 % d’ici 2030. 

Prévention du VIH chez les personnes séronégatives

Depuis 2010, des essais cliniques ont révélé que la prise d’un comprimé contenant des médicaments anti-VIH particuliers (ténofovir + FTC; association vendue sous les noms de Truvada et Descovy et offerte en versions génériques) peut réduire le risque de contracter le VIH de plus de 99 % chez les personnes qui le prennent comme il se doit. Lorsqu’on utilise des médicaments à cette fin avant qu’une exposition potentielle au virus ait lieu, il s’agit d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP). 

Baisse des nouvelles infections par le VIH

Le Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique recueille des données exhaustives et anonymes sur des personnes séropositives dans cette province depuis des décennies. Ces données permettent aux scientifiques de suivre l’évolution des nouvelles infections par le VIH, des diagnostics de sida et des taux de survie. 

Les analyses initiales des données britanno-colombiennes ont révélé que le nombre de nouvelles infections par le VIH a baissé après l’introduction du TAR. La baisse a été plus importante chez les personnes qui s’injectaient des drogues que chez les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH). En réponse à cette situation, la Colombie-Britannique a mis sur pied un programme de PrEP subventionné en janvier 2018 pour cibler les hommes gbHARSAH courant un risque élevé de contracter le VIH. 

Après le lancement du programme de PrEP, des scientifiques en Colombie-Britannique ont constaté « une réduction marquée [des nouveaux cas de VIH] » chez les hommes gbHARSAH.

Des scientifiques dans cette province ont récemment analysé les effets combinés du TasP et de la PrEP au fil du temps, ce qui a révélé des tendances très prometteuses. Si celles-ci se maintiennent (et que le financement du traitement du VIH et de la PrEP continue), la Colombie-Britannique sera en voie d’éliminer le VIH comme menace pour la santé publique d’ici 2030.

Résultats

Les scientifiques de la C.-B. avaient accès à des données recueillies depuis 1985.

Depuis 1992, la province a offert un traitement contre le VIH à plus de 16 500 personnes. Le nombre de personnes sous TAR a augmenté de 256 % entre 1996 (année de l’arrivée du TAR) et 2022. 

Durant cette période, le nombre de nouveaux cas de VIH a diminué grandement, passant de 818 en 1985 à 82 en 2022.

Depuis janvier 2018, le programme de PrEP de la province a offert l’accès gratuit à la PrEP à plus de 11 500 personnes. 

Survie en Colombie-Britannique

Entre les années 1993 et 2022, 4 944 personnes séropositives sont décédées en Colombie-Britannique. Près de la moitié de ces décès (47 %) étaient attribuables à des complications du VIH. En 1994, 221 personnes sont décédées des suites de l’infection au VIH; en 2022, ce chiffre avait chuté jusqu’à 15. On a également noté une baisse de 95 % du taux de mortalité liée aux complications du VIH entre 1994 et 2022. 

Lorsque l’équipe de recherche a analysé les causes de décès chez les personnes séropositives, elle a constaté que des causes autres que le VIH ont commencé à prendre le dessus à partir de 2014, à savoir vraisemblablement des surdoses et la contamination de l’offre de drogues. 

Prenant en considération de nombreux facteurs, l’équipe britanno-colombienne a créé un modèle mathématique pour simuler des tendances se rapportant à la transmission du VIH. Selon ses estimations, pour chaque tranche de 100 personnes mises sous TAR qui atteindraient et maintiendraient une charge virale inhibée, on constaterait une baisse correspondante de près de 2,5 % du taux de nouvelles infections par le VIH. En revanche, chez les personnes sous TAR qui n’auraient pas une charge virale inhibée (pour cet exercice mathématique, une charge virale non inhibée était fixée à 200 copies/ml ou davantage), l’équipe s’attendrait à une augmentation de 3,3 % du taux de nouvelles infections. 

Par ailleurs, pour chaque tranche de 100 personnes mises sous PrEP, les estimations de l’équipe de recherche prévoyaient une baisse de 1,4 % du taux de nouvelles infections par le VIH. 

À retenir

L’équipe de recherche britanno-colombienne a constaté que les taux de nouvelles infections par le VIH ont baissé considérablement au fil du temps. Les données indiquent que le traitement du VIH et la PrEP peuvent réduire énormément la propagation du virus à l’échelle d’une grande région ou province. 

L’équipe de recherche a affirmé que la Colombie-Britannique était en voie d’atteindre les cibles 95-95-95 de l’ONUSIDA pour 2025, les chiffres atteints en 2022 étant les suivants :

  • 94 % des personnes séropositives savaient qu’elles étaient infectées
  • 92 % des personnes diagnostiquées séropositives suivaient un TAR
  • 95 % des personnes sous TAR avaient une charge virale inhibée

Le résultat net des chiffres ci-dessus est le suivant : en 2022, 82 % des personnes vivant avec le VIH en Colombie-Britannique avaient une charge virale inhibée. 

Selon l’équipe de recherche, le TasP offre un bon rapport coût-efficacité, et l’offre de la PrEP aux personnes à risque élevé permettra d’« optimiser le rapport coût-efficacité ». 

Aux États-Unis, deux chefs de file de la recherche sur le VIH ont examiné les données de l’équipe de la Colombie-Britannique et se sont déclarés en accord avec ses résultats globaux. Les experts américains ont toutefois fait valoir que l’étude britanno-colombienne avait « une capacité [limitée] d’évaluer l’incidence de la réduction des méfaits, notamment celle des programmes d’aiguilles et de seringues » sur les nouveaux cas de VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues. Espérons que l’équipe canadienne pourra se pencher sur cette question à l’avenir.

Maintenir l’élan

Ces résultats encourageants révèlent que la Colombie-Britannique a fait de grands progrès dans la lutte contre les nouvelles infections par le VIH et les décès liés au sida. Cependant, si l’on souhaite que ce progrès continue, il faudra que le financement du traitement du VIH et des programmes de prévention soit maintenu, sinon amélioré. 

La Colombie-Britannique a encore beaucoup de travail à faire, car seulement 82 % des personnes atteintes du VIH dans la province ont une charge virale inhibée. Les efforts pour améliorer l’accessibilité des tests de dépistage du VIH, des traitements et des soins doivent se poursuivre. 

Même si la lutte contre la mortalité liée au VIH a avancé à grands pas, de nouvelles causes de décès se rapportant à la contamination des drogues sont en train de miner les gains acquis grâce au TAR. Des analyses provisoires effectuées en Colombie-Britannique portent à croire que l’espérance de vie globale des personnes séropositives a baissé d’au moins trois ans au cours des dernières années à cause de la contamination des drogues. Ainsi, il est essentiel que les services de santé mentale et de réduction des méfaits destinés aux personnes qui s’injectent des drogues soient améliorés.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Lima VD, Zhu J, Barrios R et al. Longitudinal evolution of the HIV effective reproduction number following sequential expansion of treatment as prevention and pre-exposure prophylaxis in British Columbia, Canada: a population-level programme evaluation. Lancet HIV. 2024; sous presse.
  2. Duerr A, Beyrer C. Reducing HIV transmission in British Columbia, Canada. Lancet HIV. 2024; sous presse.
  3. Krentz HB, Lang R, McMillan J et al. The changing landscape of both causes and locations of death in a regional HIV population 2010-2021. HIV Medicine. 2024 May;25(5):608-613.