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CATIE
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  • Amorcée dès que possible, la prophylaxie post-exposition (PPE) peut prévenir l’infection par le VIH après un contact avec le virus
  • Pour minimiser les retards dans l’amorce de la prophylaxie, la « PPE de poche » donne les médicaments à l’avance
  • Une équipe de Toronto a constaté que la PPE de poche permettait d’éviter les soins d’urgence

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De nouvelles données canadiennes révèlent que le fait de délivrer la prophylaxie post-exposition (PPE) avant qu’elle ne soit nécessaire offre aux gens l’option d’une protection efficace contre le VIH tout en favorisant une liberté de choix et la flexibilité. La PPE consiste en la prise quotidienne d’une association de médicaments anti-VIH pendant 28 jours consécutifs. D’ordinaire, on obtient la PPE dans le service des urgences d’un hôpital ou une clinique de soins d’urgence. Pour être efficace, il faut que la PPE commence dans les 72 heures suivant une exposition possible au VIH. 

La PPE de poche est une approche en vertu de laquelle les gens reçoivent d’avance des médicaments pour un mois de PPE qu’ils peuvent garder chez eux en prévision d’une exposition éventuelle au VIH. S’il le faut, cela leur permet d’amorcer immédiatement la prophylaxie sans qu’ils aient besoin d’obtenir des soins d’urgence. 

Depuis juillet 2024, la PPE de poche figure parmi les options décrites dans les lignes directrices sur la prévention du VIH de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon celles-ci, il est préférable de prescrire et de délivrer les médicaments nécessaires à un mois de PPE que d’offrir des prescriptions ponctuelles ou partielles. Cette approche réduit le nombre de consultations en cliniques pour obtenir la PPE et permet aux patient·e·s de commencer la prophylaxie aussitôt qu’elle devient nécessaire.

Mise à jour sur l’efficacité de la PPE de poche

Isaac Bogoch, M.D., spécialiste des maladies infectieuses de l’Université de Toronto et concepteur de la PPE de poche voilà une décennie, a récemment présenté des données sur la mise en œuvre de cette approche lors d’une conférence sur la prévention du VIH de la Société internationale sur le sida. Dans son étude la plus récente, 128 personnes, majoritairement des hommes, ont reçu la PPE de poche dans deux grandes cliniques de prévention du VIH de Toronto entre 2016 et 2024. Environ le tiers de ces personnes ont amorcé la PPE de poche de leur propre initiative, et la moitié de celles-ci l’ont fait plus d’une fois. 

Aucune des personnes qui ont pris la PPE n’a contracté le VIH au cours de l’étude. Au fil du temps, l’équipe de recherche a constaté que certaines personnes sont passées de la PPE de poche à la PrEP (prophylaxie pré-exposition) ou vice versa, selon leurs besoins. 

Chose importante, les données indiquent qu’aucun·e patient·e ne s’est présenté·e au service d’urgence d’un hôpital ou à une clinique de soins d’urgence pour des raisons liées à la prévention du VIH. Au lieu de cela, la plupart ont fréquenté à leur guise leur clinique habituelle pour se faire suivre. Presque toutes les personnes qui ont eu recours à la PPE de poche ont passé des tests de dépistage du VIH et d’infections transmissibles sexuellement (ITS) dans les six mois suivant l’amorce de la prophylaxie.

Dans une étude connexe, des données soumises pour publication par la chercheuse Mia Sapin de l’Université d’Ottawa ont révélé que la PPE de poche coûtait environ 43 % moins cher que la PrEP. 

Approche idéale pour les expositions dynamiques

Selon le Dr Bogoch, la PPE de poche s’adresse spécifiquement à des personnes qui risquent de connaître jusqu’à quatre expositions au VIH chaque année. Ce chiffre indique que ces personnes courent un certain risque, mais ce dernier n’est pas suffisamment élevé pour que la PrEP soit l’option idéale. Soit ces personnes utilisent des condoms la plupart du temps mais pas toujours, soit elles partagent du matériel pour prendre de la drogue, mais rarement. Dans cette étude, les personnes qui couraient le risque de contracter le VIH de façon intermittente incluaient des travailleur·euse·s du sexe, des personnes qui s’injectaient des drogues et certains hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH).

Le Dr Bogoch laisse entendre que la PPE de poche est idéale pour les personnes dont les niveaux de risque sont moyens et dynamiques. Autrement dit, la PPE de poche est une option qui répond aux besoins de certaines personnes qui courent le risque de contracter le VIH.

Les résultats obtenus par le Dr Bogoch révèlent que la PPE de poche prévient efficacement l’infection par le VIH et qu’il s’agit d’une option flexible pour les personnes courant des risques intermittents. Il compare cette approche à l’un des mets figurant dans un « buffet » de méthodes de prévention. 

Hors de l’urgence et entre les mains des patient·e·s 

Lorsque des patient·e·s prennent la responsabilité d’utiliser la PPE de poche de leur propre initiative, cela évite la congestion dans les services de soins d’urgence. Le fardeau administratif est ainsi allégé pour le personnel clinique, et le stress qu’éprouvent éventuellement les patient·e·s diminue, surtout s’il s’agit d’un contexte d’exposition traumatisant. De plus, les soins liés à la PPE de poche peuvent être offerts par un·e professionnel·le de la santé familier·ère et de confiance.

Cette approche assure également aux patient·e·s l’autonomie nécessaire pour obtenir facilement et rapidement une PPE d’une manière efficace, ce qui leur permet d’éviter d’éventuels problèmes d’accès à l’avenir. Enfin, le rapport coût-efficacité rend cette option idéale pour certaines personnes. 

Lors de sa présentation, le Dr Bogoch a souligné que cette méthode de délivrance de la PPE respectait la liberté des patient·e·s. « Nous la donnons aux gens à l’avance, c’est simple », dit-il. « Traitons les adultes comme des adultes et laissons-les agir de leur propre initiative ». 

À l’avenir 

Selon le Dr Bogoch, des équipes de recherche mènent actuellement des études prospectives de plus grande envergure sur la PPE de poche et travaillent activement à son déploiement. L’inclusion récente dans les lignes directrices de l’OMS signifie que le déploiement international devrait prendre son envol. Le Dr Bogoch a affirmé que le déploiement local et national de la PPE de poche prenait de l’expansion.

Alors qu’une grande partie du travail réalisé par son équipe de recherche porte sur des hommes gbHARSAH, le Dr Bogoch est conscient que souvent on n’accorde pas suffisamment d’attention aux femmes qui courent le risque de contracter le VIH. Il travaille étroitement avec des associations de femmes pour améliorer cette situation. 

En dernière analyse, la PPE de poche continue d’offrir une approche de prévention et de prophylaxie post-exposition novatrice qui convient particulièrement bien à des groupes de patient·e·s particuliers. Elle permet de réduire les coûts et d’accroître l’autonomie tout en offrant des soins efficaces visant la prévention du VIH. 

—Elna Schütz

Ressources

Utilisation de la prophylaxie post-exposition de sa propre initiativeNouvelles CATIE 

La PPE dans la poche : une approche de prévention novatrice pour les cas d’expositions peu fréquentes au VIHNouvelles CATIE 

Guidelines for HIV post-exposure prophylaxisOrganisation mondiale de la Santé (en anglais seulement)

RÉFÉRENCES

  1. Fisher K, Billick M, Bogoch I. HIV PEP-in-Pocket (“PIP”) facilitates the de-medicalization of HIV prevention. HIVR4P 2024, the 5th HIV Research for Prevention Conference, 6-10 October 2024, Lima, Peru. Abstract OA2007LB.
  2. Billick MJ, Fisher KN, Myers S et al. Brief Report: Outcomes of individuals using HIV postexposure prophylaxis-in-pocket (“PIP”) for low-frequency, high-risk exposures in Toronto, Canada. JAIDS. 2023 Nov 1;94(3):211-213.  
  3. Billick M, Bogoch I. HIV postexposure prophylaxis-in-pocket. CMAJ. July 2024, 196(24)E826.