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  • Une équipe a interrogé plus de 1 900 personnes trans et non binaires au sujet de la PrEP
  • Les connaissances en matière de PrEP et les taux d’utilisation étaient faibles 
  • Il faut mieux faire connaître la PrEP et améliorer l’accès pour les personnes trans et non binaires

La prophylaxie pré-exposition, ou PrEP, est une médication que les personnes séronégatives peuvent prendre pour se protéger contre le VIH. Lorsqu’une personne s’en sert comme il se doit, la PrEP réduit énormément son risque de contracter le VIH. La PrEP se prend généralement sous forme orale dans un seul comprimé contenant les médicaments ténofovir et FTC. Notons cependant qu’une nouvelle version de la PrEP a été approuvée récemment au Canada, à savoir une formulation injectable administrée tous les deux mois. Il s’écoulera probablement au moins un an avant que cette formulation injectable à longue durée d’action, qui se vend sous le nom de marque Apretude (cabotégravir), soit subventionnée par les ministères de la Santé provinciaux et territoriaux.

Même si la PrEP prévient très efficacement l’infection par le VIH, il existe des disparités sur le plan de l’accès et de la sensibilisation de certaines populations quant à son existence. N’importe qui peut utiliser la PrEP, mais elle est recommandée en particulier aux hommes gais ou bisexuels, ainsi qu’aux femmes trans qui disent avoir eu des rapports sexuels sans condom au cours des six derniers mois. Bien que les personnes trans soient mondialement reconnues comme une population touchée de façon disproportionnée par le VIH, les données limitées (issues principalement des États-Unis) se rapportant aux connaissances en matière de PrEP et à son usage au sein de cette population révèlent un faible taux d’utilisation.

Des études antérieures attribuent l’usage limité de la PrEP par les personnes trans à plusieurs facteurs, dont le marketing centré principalement sur les hommes gais et bisexuels, le manque d’accès à des soins médicaux adaptés aux personnes trans, ainsi que le coût, la stigmatisation et des préoccupations concernant les effets secondaires. 

Enquête sur la santé des personnes trans et non binaires

Une équipe de recherche canadienne a analysé des données recueillies dans le cadre de l’enquête Trans PULSE Canada, qui a eu lieu entre juillet et octobre 2019. Ce sondage exhaustif a recueilli des données se rapportant à la santé et aux comportements de personnes trans et non binaires vivant un peu partout au Canada. Les réponses analysées par l’équipe de recherche provenaient de personnes âgées de 16 ans ou plus. Les participant·e·s ont précisé s’ils ou elles avaient passé un test de dépistage du VIH négatif ou aucun test de dépistage du tout. 

Voici un bref profil moyen des 1 965 participant·e·s lors de leur admission à l’étude :

  • âge : la plupart avaient moins de 35 ans
  • 25 % de femmes trans et 24 % d’hommes trans
  • à peu près la moitié des personnes s’identifiaient comme non binaires, avec le sexe féminin assigné à la naissance chez 42 % d’entre elles, et le sexe masculin chez 9 % d’entre elles

Résultats

Connaissances en matière de PrEP

Dans le sondage, l’équipe de recherche a défini la PrEP et demandé aux participant·e·s ce qu’ils ou elles en savaient. Sur l’ensemble du groupe, 71 % avaient déjà entendu parler de la PrEP. Les femmes trans étaient les moins au courant de la PrEP (61 % d’entre elles), alors que les personnes non binaires assignées filles à la naissance étaient les plus au courant (78 %). 

Utilisation de la PrEP

Sur les 1 965 participant·e·s, seules 43 personnes avaient déjà eu recours à la PrEP, et seulement 18 d’entre elles y avaient encore recours. Le pourcentage de personnes ayant utilisé la PrEP était le plus élevé chez les personnes non binaires assignées garçons à la naissance (7 %), et le taux d’utilisation actuelle était le plus élevé chez les hommes trans (2 %). Les taux d’usage à vie (1 %) et d’usage actuel de la PrEP (0,4 %) étaient les plus faibles chez les femmes trans.

L’équipe a constaté des résultats légèrement supérieurs chez un sous-groupe de personnes qui avaient eu des relations sexuelles anales sans condom au cours des six mois précédents, 7 % d’entre elles affirmant avoir utilisé la PrEP à un moment donné et 4 % affirmant s’en servir encore.

L’équipe a observé les caractéristiques suivantes chez les personnes les plus susceptibles d’être au courant de la PrEP : 

  • âgées de 25 à 34 ans 
  • hommes trans
  • personnes non binaires assignées filles à la naissance
  • personnes blanches
  • personnes possédant un diplôme de cycle supérieur ou professionnel
  • célibataires
  • personnes dans une relation non monogame
  • dépistage du VIH au cours de la dernière année
  • personnes ayant un·e médecin de soins primaires ou prestataire de services sensibilisé·e aux besoins des personnes trans 
  • personnes recevant des soins médicaux d’affirmation de genre
  • personnes se livrant au travail du sexe

Les personnes les moins susceptibles d’être au courant de la PrEP avaient les caractéristiques suivantes : 

  • âgées de plus de 45 ans
  • femmes trans
  • Autochtones 
  • personnes possédant un diplôme d’école secondaire ou moins
  • personnes dans une relation monogame
  • personnes ne recevant pas de soins médicaux d’affirmation de genre

Dans l’ensemble, l’équipe de recherche a constaté que 20 % des personnes trans ou non binaires admissibles à la PrEP au Canada ignoraient complètement son existence. De plus, le pourcentage de personnes dans ce groupe qui connaissaient la PrEP était inférieur à celui se rapportant aux hommes gais et bisexuels canadiens.

Inégalités des connaissances et de l’usage de la PrEP

Même si l’équipe de recherche reconnaît que l’adoption de la PrEP a sans doute augmenté depuis la réalisation de cette enquête en 2019, elle a souligné que le nombre de personnes utilisant la PrEP dans cette étude était faible, car moins de 4 % des personnes susceptibles d’en bénéficier y avaient recours.

Pour redresser ces inégalités, l’équipe de recherche recommande de cibler les groupes ayant peu de connaissances en matière de PrEP, notamment les suivants : 

  • personnes de plus de 45 ans 
  • personnes transféminines
  • Autochtones
  • personnes vivant au Québec ou dans le Canada atlantique
  • personnes possédant un diplôme d’école secondaire ou moins
  • personnes ne recevant pas de soins d’affirmation de genre à l’heure actuelle

À l’avenir

L’équipe de recherche souhaite la mise en œuvre d’initiatives de santé publique ciblant spécifiquement les Canadien·ne·s trans et non binaires afin de redresser les inégalités des connaissances en matière de PrEP et de son utilisation. Elle réclame en particulier des campagnes centrées sur les groupes mentionnés dans la liste ci-dessus.

—Mathew Rodriguez

Ressources

Trans Pulse Canada 

Qu’est-ce qui entrave ou facilite l’utilisation de la PrEP pour le VIH chez les personnes transgenres?CATIE 

Cabotégravir à longue durée d’action : point de mire sur les femmes trans– CATIE 

Awareness, accessibility and uptake of pre-exposure prophylaxis (PrEP) among cisgender and transgender women at risk of HIV infection – Ontario HIV Treatment Network (en anglais seulement)

Prophylaxie pré-exposition contre le VIH (PrEP)CATIE

RÉFÉRENCE :

Hallarn J, Scheim AI, Bauer GR. Pre-exposure prophylaxis awareness and use among transgender and nonbinary individuals in Canada. JAIDS. 2024 Aug 1;96(4):341-349.