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CATIE
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  • Les personnes sous prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) peuvent contracter d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS)
  • Une étude ontarienne a révélé qu’un nombre considérable de personnes sous PrEP n’étaient pas immunisées contre les ITS
  • L’équipe encourage les clinicien·ne·s à offrir des vaccins contre les ITS dans le cadre des soins liés à la PrEP

PrEP

Lorsqu’elle est utilisée comme il se doit, la prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) réduit très efficacement le risque de contracter le VIH. La PrEP est offerte le plus couramment sous la forme d’un comprimé contenant deux médicaments, soit le ténofovir DF et le FTC. En plus d’être actifs contre le VIH, ces médicaments agissent contre le virus de l’hépatite B (VHB). L’association ténofovir DF + FTC se vend sous le nom de Truvada et est également offerte en versions génériques.

Deux virus causant l’hépatite 

Les lignes directrices sur la PrEP recommandent aux clinicien·ne·s de faire passer des tests de dépistage à leurs patient·e·s avant de prescrire la PrEP et à intervalles réguliers (habituellement tous les trois mois) par la suite pour détecter d’éventuelles infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) courantes. Les lignes directrices recommandent également de vacciner les personnes non immunisées contre le virus de l’hépatite A (VHA) et le virus de l’hépatite B (VHB). Ces deux virus peuvent infecter le foie, causant dommages et maladies graves. Le VHB risque également de causer le cancer du foie. Ces deux virus sont transmissibles sexuellement, mais les vaccins contre le VHA et le VHB sont très efficaces et recommandés par les lignes directrices sur la PrEP.

Virus du papillome humain

Une autre ITS courante est causée par le virus du papillome humain (VPH). Certaines souches du VPH causent des verrues anales et génitales, alors que d’autres sont à l’origine de cancers dans différentes parties du corps, dont l’anus, le col de l’utérus, le pénis et la vulve. Le VPH est également susceptible de causer des tumeurs à la base de la langue et dans la gorge. Même si la vaccination contre le VPH prévient très efficacement les cancers liés à ce virus, les lignes directrices sur la PrEP n’incluent généralement aucune recommandation à ce sujet. 

Étude ontarienne

En Ontario, une équipe de recherche a analysé des données de santé recueillies dans le cadre d’une étude qui se poursuit sous le nom d’Ontario PrEP Cohort Study. Les participant·e·s, qui sont séronégatif·ve·s, remplissent des questionnaires à intervalles réguliers. Des données médicales sont recueillies auprès des cliniques dans lesquelles les participant·e·s sont recruté·e·s. Le recrutement a lieu dans les villes suivantes : 

  • Guelph
  • Hamilton
  • London
  • Ottawa
  • Toronto
  • Sudbury

L’équipe de recherche vise un recrutement total de 800 personnes. Jusqu’à présent, elle a analysé des données se rapportant à 633 participant·e·s.

Voici un bref profil moyen de ces 633 personnes lors de leur admission à l’étude : 

  • groupes d’âge : 26 ans ou moins – 12 %; 27 à 49 ans – 63 %; 50 ans ou plus – 15 %
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s – 60 %; personnes racisées – 31 %
  • principales orientations sexuelles : gai·e·s – 80 %; bisexuel·le·s – 8 %
  • partenaires sexuel·le·s occasionnel·le·s : 79 %
  • déjà sous PrEP : 70 %

Notons que la somme de ces pourcentages n’est pas 100 parce que les données n’étaient pas complètes.

Résultats : immunité contre le VHA et le VHB

Chez les personnes qui suivaient déjà une PrEP au début de l’étude, le statut immunitaire à l’égard du VHA et du VHB était le suivant :

  • immunisées contre le VHA : 69 %
  • non immunisées contre le VHA : 17 %
  • statut inconnu : 14 %
  • immunisées contre le VHB : 81 %
  • non immunisées contre le VHB : 15 %
  • statut inconnu : 4 %

Chez les personnes qui n’avaient pas commencé de PrEP, les chiffres correspondants étaient les suivants : 

  • immunisées contre le VHA : 53 %
  • non immunisées contre le VHA : 33 %
  • statut inconnu : 8 %
  • immunisées contre le VHB : 70 %
  • non immunisées contre le VHB : 25 %
  • statut inconnu : 4 %

La somme de ces pourcentages n’est pas 100 parce que les chiffres ont été arrondis.

De façon générale, l’équipe de recherche a constaté que les personnes habitant une grande ville comme Ottawa ou Toronto étaient plus susceptibles d’avoir été vaccinées contre le VHB. 

Point de mire sur le VPH

Pour les personnes qui se font vacciner contre le VPH, trois doses sont recommandées. 

Chez les personnes déjà sous PrEP au début de l’étude, le profil de vaccination contre le VPH était le suivant : 

  • trois doses du vaccin anti-VPH reçues : 17 %
  • deux doses ou moins (cela inclut les personnes n’ayant reçu aucune dose) : 18 %
  • statut inconnu : 66 %

Chez les personnes qui n’avaient pas encore commencé de PrEP au début de l’étude, le profil de vaccination contre le VPH était le suivant : 

  • trois doses du vaccin anti-VPH reçues : 10 %
  • deux doses ou moins (cela inclut les personnes n’ayant reçu aucune dose) : 17 %
  • statut inconnu : 72 %

La somme de ces pourcentages n’est pas 100 parce que les chiffres ont été arrondis.

À retenir

Selon l’équipe de recherche, même si un grand nombre de participant·e·s étaient immunisé·e·s contre le VHA et le VHB, « une proportion appréciable n’était pas immunisée ». De plus, l’équipe de recherche a qualifié de « particulièrement faibles » les taux de vaccination contre le VPH.

L’équipe de recherche encourage les clinicien·ne·s à faire la promotion des vaccins contre le VHA, le VHB et le VPH. En plus de souligner que le VHA et le VHB sont tous deux susceptibles d’endommager le foie, elle a affirmé que le VHB pouvait causer le cancer du foie. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement contre l’hépatite A, mais il est possible de maîtriser l’hépatite B à l’aide d’antiviraux, sans pour autant la guérir. 

Au Canada, les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH) sont touchés de façon disproportionnée par les éclosions d’hépatite A. Cette équipe de recherche a fait état d’une tendance semblable chez cette population en ce qui concerne l’hépatite B. Elle a affirmé que « les soins liés à la PrEP offrent une occasion précieuse de vacciner contre [les trois virus : VHA, VHB et VPH] ».

Importance croissante de la vaccination contre le VHA et le VHB

Comme nous l’avons mentionné, le pilier actuel de la PrEP, soit l’association ténofovir DF + FTC (vendue sous le nom de marque Truvada et offerte en versions génériques), offre une protection très efficace contre le VIH et agit également contre le VHB. Des effets semblables s’observent lorsqu’un comprimé contenant une formulation différente du ténofovir est utilisé pour la PrEP, soit le ténofovir alafénamide ou TAF. L’association TAF + FTC se vend sous le nom de Descovy. 

Le Canada et d’autres pays à revenu élevé ont approuvé une formulation injectable à longue durée d’action de la PrEP qui porte le nom d’Apretude (cabotégravir). Ce médicament prévient très efficacement l’infection par le VIH, mais n’agit pas contre le VHB. 

Le lénacapavir est un autre médicament injectable à longue durée d’action qui fait actuellement l’objet d’essais cliniques pour déterminer sa capacité à prévenir l’infection par le VIH chez diverses populations. Notons cependant que ce médicament aussi est inactif contre le VHB. Comme le lénacapavir semble se révéler très prometteur à titre de PrEP dans les essais cliniques, il y a lieu d’espérer qu’il sera approuvé à cette fin d’ici plusieurs années. 

À cette époque où le cabotégravir, le lénacapavir et d’autres médicaments seront de plus en plus utilisés à titre de PrEP, l’importance de l’immunisation contre le VHB ne cessera de croître.

À propos du VPH

L’équipe de recherche a constaté une tendance en vertu de laquelle les personnes ayant un revenu annuel plus élevé étaient plus susceptibles d’avoir été vaccinées contre le VPH. Cela est attribuable au coût élevé du vaccin et au fait qu’il n’est pas couvert par le régime provincial chez les personnes âgées de plus de 26 ans.

Pour augmenter les taux de vaccination contre le VPH en Ontario, l’équipe de recherche recommande que la province adopte des politiques semblables à celles qui sont en vigueur dans d’autres provinces. À titre d’exemple, notons que la vaccination anti-VPH est couverte en Nouvelle-Écosse pour les hommes gbHARSAH âgés de 45 ans ou moins. À l’Île-du-Prince-Édouard, le vaccin est accessible gratuitement aux hommes gbHARSAH de tous âges.

La PrEP s’est révélée très efficace dans la réduction du risque de l’infection par le VIH. La prescription de la PrEP offre l’occasion de prodiguer des soins liés à la santé sexuelle en général. Les soins en question devraient inclure des dépistages d’ITS réguliers et, si cela est nécessaire, la vaccination contre le VHA, le VHB et le VPH.

—Sean R. Hosein

Ressources

Prophylaxie pré-exposition contre le VIH (PrEP) – ressources de CATIE

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RÉFÉRENCE :

McGarrity MW, Lisk R, MacPherson P et al. HIV pre-exposure prophylaxis and opportunities for vaccination against hepatitis A virus, hepatitis B virus and human papillomavirus: an analysis of the Ontario PrEP cohort study. Sexually Transmitted Infections. 2024; sous presse.