- Depuis une décennie, les taux de syphilis augmentent dans de nombreuses régions du Canada
- Une équipe de recherche de Vancouver a lancé et évalué une campagne de sensibilisation ciblant les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes
- Les hommes exposés à la campagne ont ensuite fait preuve de connaissances accrues en matière de syphilis
Chez les adultes, l’infection par la syphilis peut causer initialement une petite lésion indolore et temporaire, parfois sur les organes génitaux. Comme il arrive que cette lésion apparaisse également à l’intérieur de la bouche ou du tractus anogénital, elle risque de passer inaperçue. À la suite de l’infection initiale par les microbes causant cette ITS (infection transmissible sexuellement), ces derniers se propagent rapidement dans le corps. Si l’infection n’est pas traitée, la syphilis peut entraîner de graves complications qui nuisent à la santé des yeux, du cerveau, du cœur, du foie, des reins et d’autres parties du corps. Le dépistage de la syphilis se fait au moyen d’un test sanguin simple, et il existe des traitements efficaces par antibiotiques. À l’instar de plusieurs autres infections et maladies, plus le diagnostic et le traitement de la syphilis ont lieu tôt, plus l’issue sera favorable. Comme il est possible de contracter à nouveau la syphilis après avoir suivi un traitement, certaines personnes sexuellement actives doivent passer fréquemment des tests de dépistage, quels que soient leurs antécédents à l’égard de cette maladie.
En raison de la nature furtive des symptômes initiaux associés à la syphilis, de nombreuses personnes atteintes ignorent qu’elles sont infectées et risquent de transmettre involontairement l’infection à autrui. Les hommes gais, bisexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH) sont touchés de façon disproportionnée par la syphilis. Notons cependant que le nombre de cas est également à la hausse chez les jeunes femmes au Canada.
Colombie-Britannique
En 2017, une équipe de recherche du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique et du BC Centre for Disease Control (BCCDC) a lancé une campagne de sensibilisation et d’éducation sur la syphilis qui a duré six mois. Dans le cadre de cette campagne centrée sur les hommes gbHARSAH, l’équipe a affiché des graphiques attrayants en ligne dans un site Web désigné et sur des médias sociaux et applis de rencontre, ainsi que dans de nombreux bars, centres et organismes communautaires et cliniques.
Les images de la campagne ont été visionnées par au moins 1 700 personnes en ligne ou sous forme imprimée. Selon l’équipe de recherche, des sondages anonymes réalisés auprès des clients de cliniques de dépistage des ITS de Vancouver ont révélé que les personnes qui avaient vu la campagne « faisaient preuve de plus de connaissances (81 %) en matière de syphilis que les personnes n’ayant pas vu la campagne (74 %) ». Dans l’ensemble, le nombre de tests de dépistage de la syphilis effectués en Colombie-Britannique est passé de 8 764 avant la campagne à 9 749 après celle-ci. Notons cependant que cette augmentation n’est pas significative sur le plan statistique.
Campagne future
Cette campagne éducative constitue un premier pas vers la sensibilisation des hommes gbHARSAH et l’augmentation du recours au dépistage de la syphilis parmi ceux-ci, mais les campagnes futures devront combler certaines lacunes. À titre d’exemple, notons qu’une faible proportion d’hommes autochtones (1 %) et asiatiques (11 %) ont pris connaissance de la campagne, comparativement aux hommes blancs (79 %). À l’avenir, les programmes de promotion de la santé axés sur la syphilis devront viser une gamme plus large de groupes ethnoraciaux. L’équipe de recherche a recommandé l’inclusion de lieux d’affichage différents et l’emploi de plus de langues à l’avenir.
Parmi les autres résultats, notons que les hommes gais et bisexuels séropositifs étaient moins susceptibles d’avoir vu le matériel de la campagne. Or, selon l’équipe de recherche, de manière générale, les taux de syphilis sont élevés chez certains groupes d’hommes séropositifs, et il sera important qu’une campagne future trouve des moyens d’atteindre cette population.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :
- Sang JM, Wong J, Ryan V et al. Examining the impacts of a syphilis awareness campaign among gay, bisexual, and other men who have sex with men (gbMSM) in British Columbia, Canada. Canadian Journal of Public Health. 2022; sous presse.
- Agence de la santé publique du Canada. La syphilis au Canada : rapport technique sur les tendances épidémiologiques, les déterminants et interventions. Mai 2020.
- Lukehart SA. Chapter 182. Syphilis. In: Loscalzo J, Kasper DL, Longo DL, Fauci AS, Hauser SL, Jameson JL, eds. Harrison’s Principles of Internal Medicine, 21e New York, NY: McGraw-Hill; 2022.