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  • Il est difficile de détecter l’infection au virus de l’hépatite C (VHC) dès le stade initial ou aigu
  • Pour diagnostiquer l’infection aiguë, une technologie de pointe est nécessaire, soit le test PCR (réaction en chaîne de la polymérase)
  • Une équipe de recherche ontarienne réclame l’accès rapide au test PCR dans les cas soupçonnés d’hépatite C aiguë

Dès le stade aigu de l’infection au VHC, le virus peut pénétrer dans le foie et provoquer une inflammation grave de cet organe. Si elle n’est pas diagnostiquée et traitée, l’infection au VHC peut devenir une maladie chronique. Au fil de nombreuses années, l’infection chronique fait en sorte que le tissu sain du foie est remplacé par du tissu cicatriciel inutile. À mesure que le tissu cicatriciel s’accumule et que l’état du foie se détériore, des symptômes risquent d’apparaître, dont fatigue grave, accumulation de liquide dans l’abdomen, hémorragies internes, infections abdominales graves, jaunissement de la peau (jaunisse), détérioration de la fonction cérébrale et problèmes de mémoire. À la longue, le foie peut cesser de fonctionner correctement, et l’accumulation de tissu cicatriciel augmente le risque de cancer du foie et de décès.

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Le diagnostic de l’infection chronique au VHC se fait à l’aide de tests sanguins. Des tests additionnels et examens abdominaux permettent d’en savoir plus sur la santé du foie. Au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé, il existe des traitements oraux contre le VHC qu’il suffit de prendre une seule fois par jour. Comme ils sont très efficaces, ces traitements permettent d’atteindre des taux de guérison de 95 % ou plus.

Propagation du VHC

Au Canada, tous les dons de sang sont testés, traités à la chaleur et sécuritaires. Par conséquent, le risque est pratiquement nul de contracter le VHC, le VIH ou d’autres microbes hématogènes lors d’une transfusion ou de l’administration de produits sanguins (tel le facteur de coagulation). De nos jours dans les pays à revenu élevé, le VHC se transmet le plus souvent par le partage de matériel contaminé servant à l’utilisation de drogues.

Il y a une vingtaine d’années, des scientifiques commençaient à documenter une autre voie de transmission du VHC, soit les relations anales sans condom entre hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). Lors d’une étude particulière, on a détecté ce virus dans le sperme du tiers des hommes qui en avaient également dans le sang.

Infection aiguë au VHC

Chez la plupart des personnes atteintes, l’infection aiguë au VHC (infection survenue très récemment) ne provoque généralement aucun symptôme ou seulement des symptômes légers ressemblant à ceux du rhume ou de la grippe. Cependant, chez certaines personnes, des symptômes apparaissent dans les deux à 12 semaines suivant l’infection aiguë, dont les suivants :

  • jaunissement de la peau ou du blanc des yeux
  • nausées ou vomissements
  • perte de l’appétit
  • manque prononcé d’énergie ou fatigue
  • douleur ou inconfort abdominal
  • fièvre
  • urine foncée
  • selles de couleur pâle

Ces symptômes se résorbent habituellement après quelques semaines.

Tests en laboratoire

Les tests en laboratoire utilisés pour diagnostiquer l’infection au VHC incluent le test de dépistage des anticorps anti-VHC. Notons cependant que le système immunitaire met habituellement deux ou trois mois à commencer à produire des anticorps en quantité après l’infection initiale par le VHC. Ainsi, si l’on passait ce genre de test dans les quelques semaines suivant l’infection, le résultat serait probablement négatif et l’infection aiguë passerait inaperçue.

On peut également diagnostiquer le VHC en ayant recours à un test PCR (réaction en chaîne de la polymérase). Ce test permet de détecter le matériel génétique du VHC et de mesurer la quantité de virus dans le sang. Il révèle également la souche, ou le génotype, du VHC. Cependant, en ce qui concerne le diagnostic du VHC, l’accès au test PCR est habituellement accordé en vertu d’un processus en deux étapes. Certaines autorités administratives exigent que l’on reçoive d’abord un résultat positif au test de dépistage des anticorps afin de confirmer qu’une exposition au VHC a eu lieu. Ce n’est qu’alors que le test PCR est effectué pour déterminer si l’infection au VHC est active. Ce processus en deux étapes est raisonnable quand il s’agit d’évaluer des personnes atteintes de l’infection chronique au VHC. Cet algorithme peut toutefois compromettre la capacité des médecins à diagnostiquer l’infection aiguë au VHC.

Hépatite C aiguë en Ontario

En Ontario, une équipe de recherche composée de spécialistes en maladies infectieuses et en hépatologie a signalé avoir eu de la difficulté à obtenir initialement des tests PCR pour confirmer la présence d’une infection aiguë au VHC chez leurs patient·e·s. Selon l’équipe, « [l’algorithme] de dépistage actuel peut occasionner des retards de diagnostic de six mois ou plus, car ces [algorithmes] ne tiennent pas compte du délai [nécessaire à la production d’anticorps anti-VHC détectables] ». Selon l’équipe, ces retards « risquent de potentialiser la transmission continue parce que les patient·e·s ignorent leur statut vis-à-vis de l’infection ».

L’équipe de recherche a ajouté que leurs cas « soulignent l’importance des évaluations par test PCR pour détecter l’infection aiguë au VHC chez les patient·e·s [présentant des taux élevés d’enzymes hépatiques dans le sang] », surtout si les personnes en question appartiennent à l’une des catégories suivantes :

  • HARSAH sexuellement actifs
  • personnes séropositives
  • personnes ayant voyagé dans une région où le VHC est relativement courant

Détails des cas

L’équipe de recherche a rapporté des détails concernant deux hommes qui s’étaient présentés dans le service des urgences d’un hôpital de Toronto.

Cas 1

Un homme dans la jeune trentaine a consulté parce qu’il se sentait très malade et avait la peau jaune depuis plusieurs jours. Deux semaines auparavant, il était revenu au Canada d’un voyage à Miami, en Floride. L’homme était séronégatif et suivait une prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour réduire son risque de contracter le VIH. À Miami, il avait eu des relations anales réceptives sans condom et des relations orales avec de nombreux partenaires. Trois jours avant l’apparition de ses symptômes, l’homme avait commencé à prendre l’antibiotique Doxycycline pour traiter une infection à Chlamydia des voies urinaires. Lorsque ses symptômes (jaunisse, etc.) sont apparus, il a cessé de prendre l’antibiotique parce qu’il soupçonnait ce dernier d’être la source de ses symptômes.

Des tests effectués à l’hôpital de Toronto ont révélé que l’homme avait des taux d’enzymes hépatiques très élevés dans le sang, indice probable de lésions au foie. Les résultats de la plupart des autres tests se situaient dans la fourchette normale. Le patient n’a pas fait état d’antécédents d’utilisation d’alcool ou de drogues. Les médecins ont posé un diagnostic présomptif d’hépatite aiguë. Le lendemain, un spécialiste du foie a affirmé que le patient présentait très probablement une infection aiguë au VHC. Un test de dépistage des anticorps s’est révélé négatif, mais cela n’avait rien de surprenant parce que les anticorps peuvent mettre quelques mois à apparaître après l’infection initiale.

L’algorithme utilisé par les laboratoires de référence de l’Ontario est conçu pour aider les médecins et personnels infirmiers à diagnostiquer l’infection chronique au VHC. En vertu de cet algorithme, il faut recevoir un résultat positif au test de dépistage des anticorps anti-VHC avant que l’accès à un test PCR soit accordé. Cette équipe de recherche a néanmoins demandé un test PCR pour prouver que ce patient avait une infection aiguë au VHC. Le laboratoire a refusé d’effectuer un tel test parce que les échantillons de sang du patient ne contenaient pas d’anticorps anti-VHC. L’équipe a expliqué son raisonnement et en a appelé de la décision. Sept jours plus tard, le laboratoire a effectué un test PCR. Ce dernier a confirmé que l’homme avait une charge virale très élevée en VHC (plus de 10 millions d’UI/ml) et qu’il était porteur du génotype 1a du virus.

Comme le patient éprouvait des symptômes graves, l’équipe de recherche lui a prescrit un comprimé appelé Epclusa, lequel contient une combinaison de deux médicaments puissants, soit le sofosbuvir et le velpatasvir. On prend ce médicament une fois par jour avec ou sans nourriture. Plusieurs jours après l’amorce du traitement par Epclusa, la charge virale du patient a commencé à diminuer, et l’équipe de recherche a remarqué que « ses symptômes s’amélioraient substantiellement ».

Cas 2

Un homme dans la jeune quarantaine suivait un traitement contre le VIH appelé Triumeq (dolutégravir + abacavir + 3TC) et avait une charge virale inhibée (en VIH). Cet homme avait également fait un voyage récent à Miami, où il avait eu des relations anales réceptives sans condom et des relations orales avec de nombreux partenaires. Selon l’équipe de recherche, « l’homme avait pris de la cocaïne par voie intranasale, mais n’a fait état d’aucun antécédent de consommation d’alcool importante ». L’équipe a tenu à souligner que « le partage de pailles pour utiliser de la cocaïne intranasale est une source potentielle d’infection [par le VHC] ».

En Floride, l’homme a présenté une jaunisse et se sentait extrêmement malade. Il s’est fait hospitaliser et, durant son séjour à l’hôpital, a reçu un diagnostic d’hépatite en raison de ses enzymes hépatiques élevées. Comme un test de dépistage des anticorps s’est révélé négatif, les médecins ont écarté le VHC comme cause de ses lésions hépatiques. En lieu et place, ils ont diagnostiqué des lésions hépatiques attribuables à l’exposition à des médicaments contre le VIH. Il importe toutefois de signaler qu’une telle réaction indésirable à ceux-ci est très rare.

Dès son retour à Toronto, l’homme s’est présenté dans le service des urgences d’un hôpital. Ses symptômes s’étaient alors atténués, mais il avait encore des taux d’enzymes hépatiques élevés dans le sang.

Une semaine après le retour du patient à Toronto, l’hôpital de Miami l’a contacté pour l’aviser qu’un test PCR effectué en Floride s’était révélé positif pour le VHC. En apprenant cette nouvelle, les médecins à Toronto ont diagnostiqué une infection aiguë au VHC et prescrit Epclusa.

À retenir

Dans ces deux cas, les médecins qui ont effectué l’évaluation initiale estimaient qu’une infection aiguë au VHC était improbable parce que les hommes n’avaient pas partagé de matériel pour s’injecter des drogues. Un test PCR a toutefois permis de diagnostiquer subséquemment une infection aiguë au VHC.

L’équipe de recherche a affirmé ce qui suit :

« On fait souvent abstraction d’une infection aiguë au VHC comme cause d’une [élévation aiguë des enzymes hépatiques], avec ou sans insuffisance hépatique, et les méthodes de dépistage de routine n’ont pas la sensibilité nécessaire pour écarter une telle infection. La transmission active du VHC parmi les HARSAH a lieu à l’échelle internationale en raison de réseaux sociaux interconnectés, ce qui pose simultanément un risque d’infection primaire et de réinfection pour les personnes faisant partie de ces réseaux. En même temps que les mesures de santé publique mises en œuvre durant la pandémie de COVID-19 seront levées et que le tourisme international rebondira, on pourra s’attendre à une hausse des cas de VHC. Chez les deux hommes décrits ici, le risque d’infection a augmenté lors d’un voyage effectué au début de 2022 en Floride, destination de réseaux sociaux internationaux interconnectés ».

Sean R. Hosein

Ressources

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