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CATIE
  • Les chercheurs prévoient que le Canada pourrait éliminer l’hépatite C comme menace pour la santé publique d’ici 2030
  • Des modèles mathématiques révèlent que cela peut s’accomplir grâce à des taux élevés de diagnostic et de traitement
  • Les auteurs préviennent qu’une résurgence de l’hépatite C pourrait se produire si les taux de traitement diminuaient

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L’exposition au virus de l’hépatite C (VHC) peut donner lieu à une infection du foie par ce virus. L’infection au VHC chronique provoque de l’inflammation persistante dans le foie et entraîne ainsi la dégradation lente de cet organe vital. Faute de diagnostic et de traitement, l’inflammation du foie devient chronique. En présence d’inflammation chronique, les cellules saines du foie se font remplacer par du tissu cicatriciel inutile dans le cadre d’un processus appelé fibrose. À mesure que le tissu cicatriciel s’accumule, le foie peine à fonctionner normalement et des complications surviennent, y compris une fatigue extrême, des hémorragies internes, de graves infections abdominales, des lésions rénales et une insuffisance hépatique. La présence de tissu cicatriciel dans le foie augmente également le risque de cancer du foie.

Le traitement, avant et maintenant

Le traitement de l’infection au VHC chronique consistait autrefois en des injections régulières d’interféron alpha sur une période de 24 à 48 semaines. Ce traitement avait une efficacité modeste pour guérir le VHC et s’accompagnait d’effets secondaires très désagréables. Au cours des six dernières années, des médicaments à prendre uniquement oralement ont vu le jour pour le traitement du VHC au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Les médicaments en question, soit les antiviraux à action directe (AAD), ont révolutionné le traitement du VHC grâce à leur puissance, laquelle permet d’atteindre des taux de guérison de 95 % ou plus. Dans certains cas, les personnes guérissent après seulement huit semaines de traitement consécutives. De plus, les AAD sont généralement bien tolérés.

Faciliter l’accès au dépistage et au traitement du VHC

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a encouragé tout pays à élaborer un plan pour accomplir « l’élimination » du VHC comme menace pour la santé publique d’ici 2030. Par élimination, l’OMS veut dire le fait d’augmenter l’offre du dépistage et du traitement du VHC afin de faire chuter radicalement le nombre de nouvelles infections annuelles d’ici 2030. Avant de s’embarquer dans une telle entreprise, il est utile de concevoir des simulations informatiques permettant d’explorer les différentes approches susceptibles d’atteindre les objectifs d’élimination du VHC.

Des chercheurs du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique à Vancouver et d’universités situées à Montréal, à Toronto, à Sydney (Australie) et au Colorado (États-Unis) ont collaboré à une étude importante conçue pour évaluer différents taux d’interventions dans l’épidémie du VHC au Canada. Cette équipe multinationale a conçu une simulation informatique qui leur a permis de déterminer qu’il était bel et bien possible de réussir à éliminer le VHC au Canada d’ici 2030. Leur étude ouvre la voie aux décideurs politiques et aux ministères de la Santé d’agir et de permettre ainsi de réduire substantiellement les taux de VHC au Canada.

Si l’on souhaite toutefois que l’élimination se produise avant l’échéance prévue de 2030, plusieurs éléments seront nécessaires, dont un investissement soutenu dans la sensibilisation au VHC, l’accès au dépistage, l’offre de soins et de traitement et l’arrimage des patients à ceux-ci, ainsi que l’expansion continue des services de santé mentale et de réduction des méfaits.

Éliminer le VHC

L’OMS exhorte les pays à prendre des actions mesurables visant l’élimination du VHC. Pour y parvenir, leurs actions doivent consister à mener à une réduction du taux de nouvelles infections annuelles et de la mortalité liée au VHC, de 80 % et de 65 % respectivement, d’ici 2030. Pour atteindre ces cibles, les pays doivent comprendre quelles sont les causes des nouveaux cas d’infection au VHC et rendre le dépistage et le traitement du VHC plus accessibles. Si les actions visant l’élimination réussissent, l’OMS prévoit que, d’ici 2030, 90 % des personnes atteintes du VHC chronique auront été diagnostiquées et 80 % des personnes diagnostiquées auront accepté le traitement et l’auront suivi jusqu’au bout de manière efficace.

La simulation

L’équipe de chercheurs a utilisé un modèle mathématique qui avait été vérifié antérieurement pour évaluer les tendances de l’infection au VHC au sein d’une population nombreuse. Les données canadiennes provenaient de diverses bases de données et publications.

Selon les estimations avancées par les chercheurs avant de faire la simulation, 180 000 personnes vivaient avec l’infection au VHC chronique et 12 000 personnes avaient commencé un traitement pour cette infection au Canada.

Résultats

Les chercheurs ont trouvé qu’il était possible pour le Canada d’éliminer le VHC comme menace pour la santé publique d’ici 2030. Pour réussir cet exploit selon les estimations des chercheurs, il fallait qu’à compter de 2018 plus de 10 000 personnes soient testées annuellement pour le VHC.

Selon l’équipe, le maintien d’un taux élevé de dépistage et de traitement du VHC procurerait une large gamme de bienfaits aux personnes atteintes, ainsi qu’à la société. Parmi ces bienfaits, mentionnons une réduction conséquente du nombre de personnes atteintes du VHC, moins de complications graves (nécessitant des soins médicaux coûteux) et la préservation de nombreuses vies. Comme à la longue le nombre de personnes atteintes du VHC diminuerait, la propagation de nouveaux cas s’essoufflerait également.

Les chercheurs ont toutefois prévenu que l’atteinte de ces bons résultats dépendrait du maintien de l’élan des programmes de dépistage et de traitement du VHC au cours de la prochaine décennie.

Défis éventuels

L’équipe de recherche a reconnu que « le maintien d’un taux de traitement élevé [au cours de la prochaine décennie] pour atteindre l’élimination du VHC au Canada pourrait être un défi ». À titre d’exemple, les chercheurs ont signalé le cas de l’Australie. En effet dans ce pays, bien que récemment une augmentation initiale importante du nombre de personnes se faisant tester pour le VHC a eu lieu, elle a été suivie d’une baisse considérable. Selon les chercheurs, cette grande affluence de personnes voulant se faire traiter s’est produite parce que ces individus avaient reporté initialement le traitement en attendant d’avoir accès aux AAD (notons que dans un premier temps, le traitement subventionné était très rationné en Australie).

Si l’élan des programmes de dépistage et de traitement du VHC devait faiblir au Canada, non seulement le pays ne pourrait atteindre ses cibles d’élimination du VHC d’ici 2030, mais il y aurait aussi la possibilité d’une « résurgence de la morbidité et de la mortalité liées au VHC étant donné le risque persistant de transmission virale par les personnes dont l’infection au VHC est virémique ».

Vers un avenir plus sûr

Pour maintenir l’élan nécessaire pour éliminer le VHC d’ici 2030, les chercheurs ont fait la déclaration suivante :

« Il est important que des politiques et des programmes de santé publique soient mis en œuvre pour favoriser le dépistage et le diagnostic d’un nombre adéquat de personnes infectées par le VHC, afin qu’il soit possible d’atteindre et de dépasser les cibles de traitement annuelles et de maintenir l’implication des personnes atteintes dans les soins, ainsi que leur engagement dans la prévention de la maladie [après avoir guéri] ». Les chercheurs ont affirmé spécifiquement que les programmes « pourraient inclure des initiatives de sensibilisation » se rapportant aux enjeux suivants :

  • la nécessité du dépistage et du diagnostic du VHC
  • les conséquences indésirables pour la santé associées à l’infection au VHC non traitée
  • l’accessibilité au traitement du VHC payé par les fonds publics

La sensibilisation aux enjeux ci-dessus doit cibler les « groupes à risque clés », ont affirmé les chercheurs.

L’équipe a fait d’autres suggestions pour aider le Canada à atteindre les cibles d’élimination d’ici 2030, dont le déploiement des actions suivantes :

  • varier les modèles de soins et de technologies de dépistage du VHC
  • simplifier les processus de dépistage et de traitement du VHC
  • accroître les contextes de prise en charge du VHC et diversifier les professionnels de la santé formés à assurer la prise en charge
  • améliorer l’arrimage des patients aux soins par l’utilisation de ressources plus accessibles, tels le recours à des pairs navigateurs et l’intégration des soins du VHC et ceux des dépendances

Limites et orientations futures

Toutes ces simulations ont leurs limites, et il pourrait être utile de raffiner celle dont il est question ici. Il n’empêche qu’il s’agit d’un effort remarquable pour contribuer à maintenir l’élan que le Canada a amorcé vers l’élimination du VHC. Des analyses effectuées dans d’autres pays ont révélé que le traitement du VHC était rentable parce qu’il réduisait considérablement les coûts futurs associés aux complications de l’infection au VHC. Les chercheurs ont suggéré un projet pour estimer les coûts de l’expansion du dépistage et du traitement du VHC afin que les provinces et les territoires canadiens puissent établir des budgets susceptibles d’assurer l’élimination du VHC d’ici 2030.

Ressources

Les tendances canadiennes du traitement de l’hépatite C chez les personnes co-infectées par le VIHNouvelles CATIE

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–Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Binka M, Janjua NZ, Grebely J, et al. Assessment of treatment strategies to achieve hepatitis C elimination in Canada using a validated model. JAMA Network Open. 2020;3(5):e204192.