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Les personnes transgenres (trans) ont une identité/expression de genre qui diffère du sexe qui leur a été assigné à la naissance. Les femmes trans s’identifient comme femmes ou ont une expression de genre féminine.

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De façon générale, les femmes trans sont disproportionnellement touchées par le VIH, et elles connaissent aussi des inégalités sur le plan de la santé mentale, physique et sexuelle1–3. Au Canada, on ne recueille pas systématiquement de données sur la prévalence du VIH chez les femmes trans4. Cela explique certaines lacunes dans notre compréhension du virus chez cette population. Afin de mettre en place des mesures de prévention et de soutien équitables et adaptées à elles, il faut mener des recherches sur la prévalence du VIH et les facteurs connexes.

L’étude

Une étude rétrospective s’est intéressée à la prévalence du VIH et aux facteurs associés à la séropositivité chez les femmes trans de deux grandes villes canadiennes4. Son équipe de recherche a examiné le dossier médical de 1 059 femmes trans de 16 ans ou plus qui ont bénéficié de soins dans l’une de six cliniques à Toronto et Montréal en 2018 et 2019. Les sites participants sont des cliniques de médecine familiale ou de traitement du VIH qui dispensent des soins à la majorité des femmes trans de ces deux villes.

L’équipe de recherche, comprenant des membres de la communauté trans, des clinicien·ne·s et des chercheur·euse·s, a mis au point un outil de collecte de données pour l’examen des dossiers. Le statut VIH était consigné comme suit : séropositive, séronégative ou donnée inexistante (non consignée). L’équipe s’est intéressée aux associations entre la séropositivité et diverses variables sociodémographiques et cliniques.

Résultats

La prévalence du VIH dans l’échantillon de femmes trans bénéficiant de soins dans deux agglomérations canadiennes était de 7,5 %. Plus d’un tiers des personnes de l’échantillon (38,1 %) n’avaient pas de données sur leur statut sérologique et 54,4 % avaient un statut sérologique négatif.

L’analyse multivariée a révélé plusieurs facteurs associés à la séropositivité dans l’échantillon. Les femmes trans étaient plus susceptibles d’être séropositives si elles avaient plus de 50 ans, si elles étaient de race/ethnicité noire plutôt que blanche, si elles étaient immigrantes ou réfugiées plutôt que citoyennes canadiennes, si elles touchaient des prestations d’aide sociale ou si elles avaient déjà pris des drogues à usage récréatif.

Qu’est-ce que cette étude nous indique?

Selon les auteur·trice·s de l’étude, les mesures de prévention du VIH et de soutien propres aux personnes trans sont importantes étant donné la prévalence du virus chez cette population. L’équipe constate un réel besoin de programmes de prévention et de soutien adaptés et tenant compte des déterminants sociaux de la santé, en particulier pour les femmes trans noires et celles qui ont immigré ou se sont réfugiées au Canada.

Pour une grande proportion de femmes trans dans l’étude, il n’y avait pas de données sur leur statut sérologique. L’absence de telles données suggère qu’il n’y a pas eu de dépistage du VIH, mais l’équipe de recherche reconnaît toutefois que les participantes ont pu faire un test ailleurs et que certaines d’entre elles n’ont peut-être pas de facteurs de risque sexuels ou autres qui en nécessiteraient un. L’équipe invite cependant à poursuivre les recherches afin de mieux comprendre pourquoi le dépistage du VIH est possiblement insuffisant.

L’équipe note également qu’un cinquième de l’échantillon (19,8 %) avaient plus de 50 ans et que les femmes trans de plus de 50 ans étaient presque trois fois plus nombreuses à vivre avec le VIH que celles de moins de 30 ans. Les recherches futures devraient viser à mieux comprendre les besoins et les expériences des femmes trans vieillissantes qui vivent avec le virus.

Limites de l’étude

La prévalence du VIH estimée dans cette étude n’est peut-être pas représentative de la réalité de la population générale de femmes trans au Canada. L’estimation (7,5 %) est supérieure à celle d’une autre étude récente réalisée en Ontario2 et inférieure aux estimations mondiales5. Les auteur·trice·s soulignent que les cliniques retenues dans cette étude sont connues pour leurs soins sensibles à l’identité de genre, ce qui peut expliquer le nombre plus élevé de femmes trans prises en charge dans ces cliniques. Outre le fait que certains sites étaient des cliniques VIH, l’échantillon retenu a peut-être contribué à une surreprésentation des femmes trans vivant avec le VIH.

En raison de la nature transversale de cette étude, nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur la causalité entre la séropositivité et divers facteurs. Les facteurs liés à la séropositivité dans cette étude sont peut-être apparus avant que les participantes ne reçoivent un diagnostic (ou ultérieurement), possiblement du fait de vivre avec le VIH. De plus, le grand nombre de données manquantes pourrait diminuer la confiance envers la solidité des résultats. Néanmoins, les auteur·trice·s soulignent que les recherches sur les femmes trans et le VIH au Canada sont insuffisantes et que cette étude fait ressortir les possibles orientations et points à considérer pour le soutien à apporter, la prévention et les prochaines études.

Références

  1. Baral SD, Poteat T, Stromdahl S et al. Worldwide burden of HIV in transgender women: a systematic review and meta-analysis. Lancet Infectious Diseases. 2013;13:214–22.
  2. Abramovich A, de Oliveira C, Kiran T et al. Assessment of health conditions and health service use among transgender patients in Canada. JAMA Network Open. 2020;3:e2015036.
  3. Downing JM and Przedworski JM. Health of transgender adults in the U.S., 2014–2016. American Journal of Preventive Medicine. 2018;55:336-44.
  4. Lacombe-Duncan A, Persad Y, Shokoohi M et al. HIV prevalence among a retrospective clinical cohort of transgender women in Canada: results of the Montreal–Toronto Trans study, collected 2018–2019. International Journal of STD & AIDS. 2023;0(0):1-10.
  5. Becasen JS, Denard CL, Mullings MM et al. Estimating the prevalence of HIV and sexual behaviors among the US transgender population: a systematic review and meta-analysis, 2006–2017. American Journal of Public Health. 2019;109:e1-8.

 

 

À propos de l’auteure

Camille Arkell est gestionnaire, Réduction des méfaits, prévention et dépistage du VIH, chez CATIE. Elle détient une maîtrise de santé publique en promotion de la santé de l’Université de Toronto, et travaille en éducation et recherche sur le VIH depuis 2010.