Triumeq
Sommaire
Triumeq est le nom que porte une pilule contenant les trois médicaments anti-VIH suivants : le dolutégravir, l’abacavir et le 3TC (lamivudine). Triumeq est généralement bien toléré : les effets secondaires sont peu fréquents et peuvent inclure des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des maux de tête et de la difficulté à s’endormir. Ils sont généralement temporaires et légers. Triumeq est un traitement complet offert dans une seule pilule que l’on prend une seule fois par jour. On peut le prendre le jour ou le soir, avec ou sans nourriture.
Qu’est-ce que Triumeq?
Triumeq est le nom d’une pilule qui contient les trois médicaments anti-VIH suivants :
- dolutégravir (Tivicay), qui appartient à la classe de médicaments appelés inhibiteurs de l’intégrase
- abacavir (Ziagen), qui appartient à la classe de médicaments appelés analogues nucléosidiques ou INTI
- 3TC (lamivudine), qui appartient à la classe de médicaments appelés analogues nucléosidiques ou INTI
Triumeq est un traitement complet contre l’infection au VIH qu’il suffit de prendre une fois par jour.
Comment Triumeq agit-il?
Lorsque le VIH infecte une cellule, il prend le contrôle de cette dernière. Le VIH oblige ensuite la cellule à fabriquer de nombreuses copies du virus. Pour fabriquer ces copies, la cellule utilise des protéines appelées enzymes. Lorsque l’activité de ces enzymes est réduite, la réplication du VIH ralentit beaucoup.
Chacun des trois médicaments que contient Triumeq interfère avec des enzymes nécessaires au VIH, y compris une enzyme appelée transcriptase inverse et une autre dénommée intégrase. Les cellules infectées par le VIH se servent de ces enzymes pour faire de nouvelles copies du VIH.
Puisque les médicaments présents dans Triumeq inhibent ou réduisent l’activité de ces enzymes, ce médicament incite les cellules infectées par le VIH à ralentir ou à cesser la production de nouveaux virus.
Comment les personnes vivant avec le VIH utilisent-elles Triumeq?
Triumeq est une association de trois médicaments anti-VIH. On appelle ce genre d’association un traitement antirétroviral ou TAR. Pour en savoir plus sur le TAR, consultez la publication de CATIE intitulée Votre guide sur le traitement du VIH.
Pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH, le recours à un TAR a provoqué une augmentation de leur compte de cellules CD4+ et une réduction de la quantité de VIH dans leur sang (charge virale). Ces effets bénéfiques contribuent à réduire le risque de contracter une infection potentiellement mortelle.
Ni Triumeq ni aucun autre médicament anti-VIH ne permettent toutefois de guérir le VIH. Il est donc important de consulter régulièrement votre médecin pour passer des examens physiques et des tests de laboratoire.
Il existe des données probantes indiquant que les personnes séropositives qui suivent un TAR, qui reçoivent des soins et qui maintiennent une charge virale indétectable sont considérablement moins susceptibles de transmettre le VIH à d’autres personnes, que ce soit par les relations sexuelles, le partage de matériel servant à la consommation de drogues ou encore durant la grossesse et l’accouchement. De fait, les données probantes se rapportant à la transmission sexuelle révèlent que les personnes sous TAR qui maintiennent une charge virale indétectable ne transmettent pas le virus à leurs partenaires sexuel·le·s. Pour en savoir plus, voir le feuillet d’information de CATIE Le traitement du VIH et la charge virale indétectable pour prévenir la transmission du VIH. L’utilisation de condoms demeure toutefois une bonne idée parce qu’ils réduisent le risque de contracter ou de transmettre d’autres infections transmissibles sexuellement.
Mises en garde
1. Dépistage de l’hypersensibilité
Avant de commencer à prendre Triumeq, parlez à votre médecin pour déterminer si vous avez déjà passé un test de dépistage de l’hypersensibilité à l’abacavir, l’un des ingrédients de Triumeq. Le dépistage en question s’écrit HLA-B*5701 et se fait à l’aide d’un simple test sanguin. Si votre résultat est positif et indique la présence d’une hypersensibilité à l’abacavir, vous ne pourrez prendre ni Triumeq ni tout autre médicament contenant de l’abacavir, dont les suivants :
- Kivexa
- Ziagen
- Trizivir
Si votre résultat est négatif, votre risque d’avoir une réaction d’hypersensibilité est très faible. Parlez à votre médecin de votre résultat au test de dépistage de l’hypersensibilité à l’abacavir et de l’innocuité éventuelle de la prise de Triumeq. Pour en savoir plus, consultez le feuillet d’information de CATIE intitulé Le dépistage de l’hypersensibilité à l’abacavir.
À propos de l’hypersensibilité
Chez jusqu’à 8 % des personnes vivant avec le VIH qui utilisent l’abacavir, le système immunitaire réagit de manière exagérée contre ce médicament; il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité à l’abacavir. Cette réaction est très grave et peut être fatale.
Même si une réaction d’hypersensibilité à l’abacavir peut se produire n’importe quand lors d’un traitement comportant ce médicament, elle se produit en moyenne durant les six premières semaines de l’utilisation. Le fabricant du médicament, ViiV Healthcare, affirme que vous devriez cesser d’utiliser l’abacavir si vous présentez des signes ou des symptômes d’au moins deux des groupes suivants :
- fièvre
- éruptions cutanées
- symptômes gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhée ou douleurs abdominales)
- symptômes généralisés (fatigue, manque d’énergie ou courbatures)
- symptômes respiratoires (maux de gorge, essoufflement, toux), ainsi que la détection d’anomalies sur les radiographies pulmonaires
Si vous présentez des symptômes d’au moins deux de ces groupes pendant que vous prenez de l’abacavir ou un autre médicament qui en contient, cessez immédiatement d’utiliser le médicament en question et contactez sans tarder votre médecin. Si une réaction d’hypersensibilité est confirmée, vous ne pourrez jamais recommencer à prendre le médicament parce qu’une réaction fatale pourrait se produire dans l’espace de quelques heures. Il faudra également que vous évitiez tous les autres médicaments contenant de l’abacavir.
2. Grossesse
En mai 2018, les agences de réglementation ont publié des avertissements parce que le dolutégravir avait été associé à un risque apparent d’anomalies congénitales dans un essai clinique mené au Botswana, un pays d’Afrique australe. Plus précisément, les femmes séropositives pour le VIH qui prenaient le dolutégravir au moment de la conception semblaient avoir un risque faible, mais accru de donner naissance à des nourrissons présentant un type d’anomalie congénitale appelée anomalie du tube neural. Ce risque était plus élevé que celui observé chez les femmes ayant suivi d’autres traitements anti-VIH.
Toutefois, les données à long terme n’ont pas révélé de risque accru de malformations congénitales associé à l’utilisation de traitements à base de dolutégravir en dehors du Botswana, y compris dans d’autres pays d’Afrique et au Canada, aux États-Unis et en Europe. De plus, le nombre d’enfants atteint·e·s de telles anomalies congénitales et dont la mère avait pris le dolutégravir au Botswana était limité. Par ailleurs, durant plusieurs années de la même étude, le risque de donner naissance à un nourrisson présentant une malformation congénitale a diminué parmi les femmes qui prenaient le dolutégravir au moment de la conception.
La bonne nouvelle est que les données les plus récentes du Botswana indiquent que le taux de malformations congénitales chez les nourrissons dont la mère avait pris le dolutégravir au moment de la conception est maintenant très faible et semblable à celui des femmes prenant d’autres médicaments anti-VIH au moment de la conception.
Si vous prenez Triumeq et que vous êtes enceint·e ou souhaitez avoir un bébé, parlez à votre médecin.
3. Acidose lactique et stéatose hépatique
Deux affections apparentées se sont produites chez certaines personnes qui recevaient des analogues nucléosidiques; il s’agit de l’acidose lactique (accumulation d’acide lactique dans le sang) et de la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie). Ces affections peuvent être très graves, voire mortelles. Elles s’observent principalement chez les femmes, les personnes faisant de l’embonpoint ou les personnes qui utilisent des analogues nucléosidiques depuis longtemps. Les symptômes de ces affections comprennent les suivants :
- nausées
- vomissements
- douleurs abdominales
- diarrhée
- fatigue inattendue
- douleurs musculaires inattendues
- sensation de froid inattendue, surtout dans les bras et les jambes
- étourdissements ou vertige
Si vous éprouvez l’un de ces symptômes sans cause apparente, appelez immédiatement votre infirmier·ère ou médecin.
L’acidose lactique est très rare. Si vous présentez un des symptômes mentionnés ci-dessus, cela ne veut pas dire nécessairement que vous êtes atteint·e d’acidose lactique, mais communiquez tout de même avec votre médecin sans tarder.
4. Risque cardiovasculaire
Certaines études offrent des données contradictoires quant au lien existant entre les crises cardiaques et l’utilisation initiale de produits contenant de l’abacavir (Ziagen et dans Triumeq, Kivexa et Trizivir). Cependant, un examen des essais cliniques avec randomisation effectué par la Food and Drug Administration (FDA) américaine n’a pu établir de lien entre l’utilisation de l’abacavir et un risque accru de crise cardiaque. Une analyse des renseignements médicaux recueillis dans la Base de données hospitalières françaises a également évalué le risque de crise cardiaque chez les participant·e·s utilisant l’abacavir. Après avoir tenu compte de l’usage de cocaïne (stimulant puissant susceptible de causer une crise cardiaque), les scientifiques français ont conclu que l’abacavir ne faisait pas augmenter le risque de crise cardiaque.
À la lumière de toutes les données disponibles, il est difficile de tirer des conclusions fermes quant au rôle que jouerait l’abacavir dans la survenue de crises cardiaques.
Ainsi, par mesure de précaution, avisez votre médecin si vous présentez l’un des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires suivants avant de commencer à prendre Triumeq :
- un·e membre proche de votre famille (mère, père, frère, sœur) a des antécédents de problèmes cardiovasculaires comme la crise cardiaque ou l’AVC;
- vous présentez des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, tels que l’hypertension ou des taux de cholestérol ou de triglycérides anormaux dans le sang;
- vous êtes atteint·e de diabète ou de prédiabète ou d’une maladie rénale chronique, ou vous devez subir des dialyses;
- vous fumez du tabac;
- vous vous injectez des drogues ou utilisez des stimulants (p. ex. cocaïne, meth en cristaux, MDMA/ecstasy ou speed).
En général, les médecins évitent maintenant de prescrire des médicaments contenant de l’abacavir aux personnes ayant des problèmes de santé liés à un risque accru de maladie cardiovasculaire. Votre médecin pourra vous aider à réduire votre risque de maladies cardiovasculaires. Il ou elle pourra également vous aider à décider si Triumeq vous convient.
5. Hépatite B
Si une personne atteinte d’hépatite B prend du 3TC (ingrédient du Triumeq), l’hépatite peut temporairement empirer ou « s’activer » si le médicament est abandonné. Les personnes qui arrêtent de prendre Triumeq devraient être surveillées de près. Si vous avez la co-infection hépatite B-VIH, parlez à votre médecin de la manière la plus efficace de traiter cette co-infection.
Effets secondaires
1. Effets secondaires généraux
Triumeq est habituellement bien toléré. Toutefois, comme de nombreux médicaments, il peut être associé aux symptômes suivants :
- nausées
- vomissements
- diarrhée
- maux de tête
- malaise/douleurs abdominales
Si ces symptômes persistent ou vous embêtent, parlez sans tarder à votre médecin.
2. Gain pondéral
Certaines études menées auprès de personnes séropositives pour le VIH et ayant pris le dolutégravir dans le cadre d’un traitement d’association ont fait état d’une prise de poids, légère (quelques kilogrammes) chez certaines personnes, mais plus importante chez d’autres. Les recherches laissent penser que certaines personnes présentant les caractéristiques suivantes ont tendance à prendre du poids lorsqu’elles reçoivent des antirétroviraux :
- les femmes;
- les personnes de race noire, d’origine africaine ou caraïbéenne;
- les personnes dont le nombre de cellules CD4+ est déjà passé en dessous des 200 cellules/mm3.
Cependant, les personnes séropositives pour le VIH qui ne présentent pas ces caractéristiques peuvent également prendre du poids. La cause de ce gain pondéral n’est pas claire, car des études laissent entendre que les personnes séronégatives pour le VIH du même âge et du même sexe prennent aussi du poids en général, même si elles ne prennent pas d’antirétroviraux.
Un gain de un ou deux kilogrammes au cours d’une année est normal après l’instauration d’un traitement antirétroviral, et concorde avec le gain pondéral rapporté lors des essais cliniques récents. Cependant, si vous prenez plus de poids, adressez-vous à votre infirmier·ère ou à votre médecin de manière à ce que votre gain pondéral puisse être évalué. Les médecins et le personnel infirmier tiennent également compte du tour de taille ou de l’indice de masse corporelle (IMC) calculé en divisant la taille par le carré du poids. Si votre infirmier·ère ou votre médecin constate que votre IMC augmente et qu’il se situe à l’extérieur d’un intervalle jugé sain, il ou elle recherchera alors les causes possibles de votre prise de poids.
L’augmentation de votre IMC peut s’expliquer par plusieurs raisons, notamment les suivantes :
Activité physique – Êtes-vous suffisamment actif·ve sur le plan physique pendant la journée, par exemple, marchez-vous et montez-vous des escaliers? Sinon, pouvez-vous entamer un programme d’activité physique? Adressez-vous à votre infirmier·ère ou à votre médecin pour savoir quel type d’exercice vous convient.
Problème de sommeil – Le repos et la qualité du sommeil sont des aspects parfois négligés de la santé. Une grande étude observationnelle menée auprès de personnes séronégatives pour le VIH a établi que les personnes ayant des problèmes de sommeil ont tendance à prendre du poids. Si vous prenez du poids de manière inattendue, adressez-vous à votre médecin ou à votre infirmier·ère pour écarter tout problème de sommeil.
Santé émotionnelle et mentale – Y a-t-il dans votre vie des facteurs susceptibles d’affecter la manière dont vous réagissez à des événements stressants? Par exemple, certaines personnes stressées se tournent davantage vers des aliments riches en gras et en glucides pour trouver du réconfort. La consommation excessive et répétée de tels aliments peut entraîner un gain pondéral au fil du temps. La dépression peut affecter l’appétit – certaines personnes prennent du poids, d’autres en perdent. Si vous remarquez que vos changements d’humeur s’accompagnent de gains de poids, parlez-en à votre médecin ou à votre infirmier·ère.
Affections métaboliques, hormones et arthrite
Certains stades de la vie et certaines affections sont associés au gain pondéral, notamment :
- le prédiabète et le diabète;
- les problèmes liés à la glande thyroïde et à ses hormones;
- la ménopause;
- l’arthrite.
Alimentation
Ce n’est pas tout le monde qui a une alimentation conforme aux guides alimentaires. Si vous avez accès à des services de conseils diététiques subventionnés (parfois offerts dans de grands hôpitaux et des cliniques), vous pourriez tirer profit d’une consultation avec un·e diététiste. Un·e diététiste agréé·e peut évaluer la qualité des repas et la quantité d’aliments que vous ingérez et, si nécessaire, vous fournir des conseils utiles pour mettre en place des changements sains.
Consommation de substances
L’alcool contient des calories. Sa consommation excessive vous pose-t-elle problème? La consommation excessive de boissons alcoolisées peut signaler des problèmes émotionnels et de santé mentale non réglés. L’usage du cannabis peut aussi augmenter l’appétit, et son usage régulier pourra donc contribuer à un gain de poids.
Médicaments sur ordonnance
Certains médicaments sur ordonnance (prescrits pour des affections autres que l’infection par le VIH) risquent de provoquer des changements de poids, en particulier un gain pondéral. Il peut être utile de parler à un·e pharmacien·ne de tous les médicaments que vous prenez pour déterminer s’ils ont un effet sur votre poids. Vous pourriez alors discuter avec votre médecin des médicaments ainsi relevés par votre pharmacien·ne.
Rappel
Bien que la liste ci-dessus couvre certaines causes possibles de la prise de poids chez les personnes séropositives pour le VIH, elle n’est pas exhaustive.
3. Problèmes émotionnels : anxiété et dépression
Notons que tous les inhibiteurs de l’intégrase ont été associés à des cas rares d’anxiété et de dépression. Il n’est pas clair si ces médicaments ont causé des cas d’anxiété et de dépression. Dans certains rapports, les cas rares d’anxiété et/ou de dépression s’étaient produits principalement chez des personnes ayant des antécédents de ce genre de problème.
L’anxiété et la dépression sont relativement courantes parmi les personnes vivant avec le VIH (qu’elles suivent un traitement ou pas et sans égard au type de traitement utilisé). Si vous prenez Triumeq et pensez souffrir d’anxiété ou de dépression, parlez sans tarder à votre médecin. Il pourra déterminer si vous souffrez d’anxiété ou de dépression et s’il existe une relation entre ces problèmes et les médicaments que vous prenez.
L’anxiété et la dépression peuvent causer les symptômes suivants, entre autres :
- le fait de se fâcher ou de se mettre en colère facilement;
- un sentiment de peur;
- de l’inquiétude excessive;
- une tristesse inexpliquée;
- une tristesse, de la colère ou une déprime qui dure longtemps;
- un sentiment de désespoir;
- une absence de plaisir lors des activités quotidiennes;
- une fatigue ou un manque d’énergie qui surviennent soudainement;
- une difficulté à s’endormir ou à rester endormi·e, ou des réveils prématurés;
- des pensées étranges.
Si vous éprouvez l’un des symptômes ci-dessus, contactez votre médecin ou infirmier·ère.
Si vous pensez à vous faire du mal ou à en faire à d’autres personnes, composez tout de suite le 911.
4. Personnes âgées
Triumeq n’a pas été étudié chez de nombreuses personnes âgées de 65 ans ou plus. Chez les personnes âgées, les systèmes organiques (cœur, foie, rein, etc.) risquent de ne pas fonctionner aussi efficacement que chez les jeunes personnes en bonne santé. Les personnes âgées sont également nombreuses à prendre plusieurs médicaments ayant le potentiel d’interagir avec Triumeq. Le fabricant recommande aux médecins de faire preuve de prudence lorsqu’ils ou elles prescrivent Triumeq à des personnes de 65 ans ou plus.
Un essai clinique a noté que les personnes de plus de 60 ans avaient tendance à présenter des taux sanguins plus élevés de dolutégravir que les personnes de moins de 60 ans. Ces taux plus élevés ne semblaient pas avoir d’effet significatif sur le sommeil (le principal objet de l’étude).
5. Santé du foie
Le fabricant (ViiV) précise que les personnes co-infectées par le virus de l’hépatite B ou C peuvent présenter un risque accru de lésions au foie. ViiV recommande aux médecins de surveiller la santé hépatique des patient·e·s qui prennent Triumeq.
6. Santé des reins
Les reins filtrent le sang et déposent les déchets dans l’urine. Ils absorbent aussi des nutriments et d’autres substances utiles et les déposent dans le sang.
Triumeq contient du dolutégravir. Ce dernier peut empêcher les reins de libérer la créatinine, un produit de déchets, dans l’urine. Ainsi, on constate généralement une augmentation faible, mais persistante du taux de créatinine chez les personnes recevant le dolutégravir. Cette faible augmentation n’est pas considérée comme nocive. De plus, cet effet sur la créatinine ne semble pas empêcher les reins de filtrer d’autres substances. On observe aussi un effet semblable sur la créatinine sous l’effet du médicament anti-ulcéreux cimétidine (Tagamet) et de l’agent de potentialisation cobicistat, qui se trouve dans Genvoya et Prezcobix.
Quoi qu’il en soit, le fabricant recommande que Triumeq ne soit pas utilisé par les personnes dont les reins ne fonctionnent pas normalement, c’est-à-dire les personnes dont le DFGe (débit de filtration glomérulaire estimé) est inférieur à 50 ml/min.
Effets secondaires peu courants
Lors des essais cliniques, les effets secondaires suivants ont été rares (moins de 1 %) :
- somnolence durant la journée
- faiblesse musculaire
- douleur musculaire
Interactions médicamenteuses
De façon générale, les inhibiteurs de l’intégrase comme le dolutégravir (ingrédient de Triumeq) n’ont pas tendance à interagir avec de nombreux autres médicaments (de sorte à augmenter ou à réduire leur concentration dans le sang). Le dolutégravir provoque peu d’interactions avec les autres médicaments. Il existe cependant des médicaments qui interfèrent avec le taux de dolutégravir dans le sang, habituellement en le faisant diminuer. Vous trouverez ci-dessous quelques interactions médicamenteuses, mais la liste n’est pas exhaustive. Consultez toujours votre pharmacien·ne et votre médecin pour parler de votre traitement anti-VIH et de ses interactions possibles avec d’autres médicaments ou plantes médicinales ou suppléments que vous prenez.
Voici les recommandations du fabricant concernant les interactions médicamenteuses potentiellement importantes impliquant le dolutégravir (présent dans Triumeq) :
Autres médicaments anti-VIH
Comme mentionné précédemment, Triumeq contient du dolutégravir.
Chez les patient·e·s dont le VIH est partiellement résistant aux inhibiteurs de l’intégrase, les médecins peuvent prescrire d’autres médicaments anti-VIH, y compris l’un des suivants :
- éfavirenz
- étravirine
- fosamprénavir + ritonavir
- tipranavir + ritonavir
Ces médicaments peuvent grandement réduire la concentration de dolutégravir dans le sang. Par conséquent, ViiV recommande alors une dose additionnelle (50 mg) de dolutégravir. Cette dose doit être prise à 12 heures d’intervalle de la prise de Triumeq.
Antiacides, laxatifs, suppléments de métaux et médicaments tamponnés
On devrait prendre le dolutégravir deux heures avant ou six heures après la prise de ces autres médicaments.
Exemples d’antiacides :
- Alka-Seltzer
- Gaviscon (comprimés et sirop)
- Maalox (liquide et comprimés)
- lait de magnésie
- Pepto-Bismol et Pepto-Bismol pour enfants
- Rolaids
- Tums
Conseils de Viiv à propos des suppléments contenant du fer ou du calcium :
« Triumeq et les suppléments de calcium ou de fer ou les multivitamines qui contiennent du calcium ou du fer peuvent être pris en même temps si le patient les ingère avec de la nourriture. Si vous prenez Triumeq à jeun, « il doit être pris 2 heures avant ou 6 heures après la prise de suppléments contenant du calcium et/ou du fer ».
Médicaments contre l’arythmie cardiaque
Le médicament dofétilide (Tikosyn) est prescrit pour le traitement des arythmies cardiaques (rythme cardiaque irrégulier). Le dolutégravir peut faire augmenter le taux de dofétilide. Bien que celui-ci ne soit pas approuvé au Canada, de nombreux·ses Canadien·ne·s s’en procurent aux États-Unis, car les médecins de ce pays ont le droit de le prescrire. Le fabricant stipule que le dofétilide ne doit jamais être utilisé par les personnes recevant le dolutégravir, car les concentrations élevées du médicament cardiaque peuvent causer de graves dommages.
Anticonvulsivants
Oxcarbazépine, carbamazépine (Tegretol), phénobarbital, phénytoïne (Dilantin) : Ces agents peuvent réduire la quantité de dolutégravir dans la circulation sanguine. Si ces médicaments doivent être prescrits, ViiV recommande que les médecins prescrivent également une dose de 50 mg de dolutégravir. Cette dose de dolutégravir doit être prise à 12 heures d’intervalle de la prise de Triumeq.
Antibiotiques
Rifampine : Ce médicament réduit la concentration de dolutégravir dans le sang. Le fabricant recommande de prendre le dolutégravir à raison de 50 mg deux fois par jour si la rifampine doit être utilisée. Cependant, si le ou la patient·e a déjà utilisé un inhibiteur de l’intégrase dans le passé et qu’il ou elle présente une résistance virale connue ou soupçonnée à cette classe de médicaments, le fabricant recommande aux médecins et aux infirmier·ère·s de choisir un antibiotique autre que la rifampine si possible.
Si les médecins doivent prescrire la rifampine, ViiV recommande qu’une dose additionnelle de 50 mg de dolutégravir soit prise par les personnes traitées par Triumeq. Cette dose de dolutégravir doit être prise à 12 heures d’intervalle de la prise de Triumeq.
Médicaments contre le diabète
Metformine – comme le dolutégravir fait augmenter le taux de metformine dans le sang, le fabricant recommande que les patient·e·s diabétiques soient rigoureusement suivi·e·s lorsqu’ils ou elles commencent ou arrêtent un traitement comportant du dolutégravir. Le fabricant laisse aussi croire qu’il peut être nécessaire de réduire la dose de metformine pour certain·e·s patient·e·s recevant le dolutégravir.
Plantes médicinales
Le millepertuis (ou les composés qu’il contient comme l’hypéricine et l’hyperforine) peut réduire considérablement les taux de dolutégravir. Si les patient·e·s sous Triumeq doivent prendre cette plante médicinale, ViiV recommande que les médecins prescrivent une dose additionnelle de 50 mg de dolutégravir. Cette dose additionnelle devra être prise à 12 heures d’intervalle de la prise de Triumeq.
Même si le millepertuis est la seule plante médicinale mentionnée ici, il faut noter que d’autres plantes ont le potentiel d’interagir avec le dolutégravir.
Voici quelques recommandations du fabricant concernant la possibilité d’interactions médicamenteuses avec l’abacavir (ingrédient de Triumeq) :
- Méthadone : aucun ajustement de la dose de méthadone n’est nécessaire pour la majorité des gens.
- Alcool : bien que la consommation d’alcool puisse augmenter la concentration d’abacavir dans le sang, cet effet n’est pas considéré comme cliniquement significatif.
Traitements de la sclérose en plaques (SP)
Viiv déconseille l’utilisation de Triumeq chez les personnes qui prennent de la fampridine (médicament également connu sous le nom de dalfampridine), car Triumeq peut augmenter les concentrations de ce médicament dans l’organisme et causer ainsi des effets secondaires.
Résistance et résistance croisée
Au fur et à mesure que de nouvelles copies de VIH sont fabriquées dans le corps, le virus modifie sa structure. On appelle ces modifications des mutations; les mutations peuvent permettre au VIH de résister aux effets des médicaments anti-VIH, ce qui veut dire qu’ils cesseront d’agir pour vous. Triumeq est un traitement complet offert dans une seule pilule.
Pour réduire le risque de résistance médicamenteuse, vous devez prendre tous vos médicaments anti-VIH tous les jours en suivant les posologies à la lettre. Si vous manquez ou retardez des prises, ou si vous ne respectez pas les prescriptions de votre médecin, les taux de médicaments risquent de tomber trop bas. Si cela se produit, des virus résistants risquent d’apparaître. Si vous avez de la difficulté à prendre vos médicaments de façon régulière et en suivant les instructions, parlez-en à votre médecin ou infirmier·ère. Ils peuvent vous aider.
Lorsque le VIH devient résistant à un médicament d’une classe, il risque parfois de devenir résistant à tous les autres médicaments de cette classe. Il s’agit de la résistance croisée. N’hésitez pas à parler de vos options de traitement actuelles et futures avec votre médecin. Pour vous aider à déterminer quels traitements vous pourrez utiliser à l’avenir, votre médecin peut faire analyser un petit échantillon de votre sang dans le cadre de tests de résistance. Si le VIH finit par acquérir une résistance au dolutégravir, votre médecin pourra utiliser les tests de résistance pour vous aider à trouver une autre combinaison de médicaments.
Pour les patient·e·s dont le régime à base d’inhibiteur de l’intégrase est en train d’échouer, les médecins peuvent faire analyser leur sang en laboratoire afin d’évaluer l’ampleur de la résistance aux inhibiteurs de l’intégrase. Cela aidera les médecins à déterminer s’il est possible d’utiliser un inhibiteur de l’intégrase dans un schéma futur.
Posologie
Triumeq est vendu sous forme de comprimé pelliculé violet. Il contient les médicaments suivants :
- Dolutégravir, 50 mg
- Abacavir, 600 mg
- 3TC, 300 mg
Triumeq est approuvé pour le traitement des adultes de 18 ans et plus. Il s’agit d’un traitement complet offert dans une seule pilule. On est censé le prendre une fois par jour, le jour ou le soir, sans restrictions quant à la consommation de nourriture ou d’eau.
Si vous manquez une dose, le fabricant recommande que vous la preniez « dès que vous vous rendez compte de l’oubli; cependant, si votre prochaine dose est prévue dans les quatre prochaines heures, sautez la dose manquée et prenez la suivante à l’heure habituelle. Poursuivez ensuite le traitement comme avant ».
Si vous continuez de manquer de prendre des doses, parlez à votre médecin, à votre infirmier·ère ou à votre pharmacien·ne pour savoir comment mieux respecter vos prises de pilules.
Accessibilité
Triumeq est homologué au Canada pour le traitement de l’infection au VIH chez les adultes. Votre médecin, votre infirmier·ère ou votre pharmacien·ne peut vous renseigner davantage sur la disponibilité et le remboursement de Triumeq dans votre région. CATIE a créé un module en ligne intitulé Programmes fédéraux, provinciaux et territoriaux d’accès aux médicaments qui contient aussi de l’information sur le remboursement des médicaments au Canada.
Références
- ViiV Healthcare. Triumeq : comprimés de dolutégravir, d’abacavir et de lamivudine. Monographie de produit. 5 juillet 2023.
- Brown JA, Nsakala BL, Mokhele K et al. Dolutegravir in real life: Self-reported mental and physical health outcomes after transitioning from efavirenz- to dolutegravir-based antiretroviral therapy in a prospective cohort study in Lesotho. HIV Medicine. 2023 Feb;24(2):153-162.
- Elliot ER, Wang X, Singh S et al. Increased Dolutegravir Peak Concentrations in People Living With Human Immunodeficiency Virus Aged 60 and Over, and Analysis of Sleep Quality and Cognition. Clinical Infectious Diseases. 2019 Jan 1;68(1):87-95.
- van der Wekken-Pas L, Nassiwa S, Malaba T et al. Comparison of dolutegravir and efavirenz on depression, anxiety and sleep disorders in pregnant and postpartum women living with HIV. AIDS. 2024 Jun 1;38(7):975-981.
- Préta LH, Chroboczek T, Treluyer JM et al. Association of depression and suicidal behaviour reporting with HIV integrase inhibitors: a global pharmacovigilance study. Journal of Antimicrobial Chemotherapy. 2023 Aug 2;78(8):1944-1947
Auteur·trice·s : Sean R. Hosein
Traduction : Perez E
Publié : 2024