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CATIE
  • Des chercheurs canadiens ont découvert davantage de facteurs de risque cardiovasculaire chez les femmes vivant avec le VIH
  • Les deux tiers des participantes séropositives à l’étude avaient des taux de lipides anormaux dans le sang
  • Les chercheurs soupçonnent un lien entre ce résultat et les taux de bon cholestérol plus faibles et les taux de tabagisme plus élevés

L’infection au VIH provoque de nombreux changements dans les organes et les systèmes essentiels de l’organisme. Ces changements se normalisent pour la plupart grâce à l’utilisation continue d’un traitement efficace (TAR), mais certaines anomalies persistent.

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Une équipe de chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario à Ottawa ont collaboré à une étude sur la santé métabolique des femmes et des filles vivant avec le VIH. Les chercheurs ont constaté que l’infection au VIH était associée à un risque accru d’anomalies des lipides sanguins (cholestérol et triglycérides). L’équipe n’a toutefois pas trouvé de lien entre le VIH et un risque accru de diabète, d’hypertension ou de surpoids. Comme de nombreuses femmes séropositives figurant dans cette étude fumaient, les chercheurs encouragent les professionnels de la santé à offrir un soutien à la cessation du tabagisme à cette population afin de contrer les nombreux méfaits du tabac, notamment l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.

Détails de l’étude

Il s’agit ici d’une sous-étude faisant partie d’une étude de plus grande envergure appelée CARMA. Cette dernière se poursuit et a pour but d’évaluer les changements qui se produisent chez les femmes à mesure qu’elles vieillissent, qu’elles aient l’infection au VIH ou pas.

Les chercheurs ont recueilli des données se rapportant à la santé des femmes au moment de leur inscription au moyen d’entrevues, de tests sanguins et d’autres évaluations. Les inscriptions avaient lieu entre janvier 2013 et août 2017, et un total de 289 participantes ont été recrutées, soit des femmes et des filles (celles-ci devaient avoir au moins 12 ans pour être envisagées comme candidates). Les 133 participantes séropositives et les 156 participantes séronégatives avaient le profil moyen suivant au début de l’étude :

  • âge : 44 ans (de 13 à 69 ans)
  • principaux groupes ethnoraciaux : femmes blanches – 49 %; femmes autochtones – 19 %; femmes noires ou caraïbéennes – 15 %
  • 29 % avaient commencé la ménopause
  • 25 % fumaient encore

Facteurs spécifiques au VIH

  • compte de CD4+ actuel : 570 cellules/mm3
  • compte de CD4+ le plus faible depuis toujours : 190 cellules/mm3
  • 92 % des femmes suivaient un TAR

Résultats

Les chercheurs n’ont pas constaté de risque accru de diabète parmi les femmes séropositives. De plus, selon une calculatrice des risques cardiovasculaires d’usage courant appelée score de risque de Framingham, les risques cardiovasculaires n’étaient pas élevés chez le groupe séropositif. Il est à noter que des études plus grandes avaient souligné que les calculatrices des risques cardiovasculaires avaient été développées à partir de données recueillies chez des personnes séronégatives et pourraient donc ne pas être utiles aux personnes séropositives.

Tension artérielle supérieure à la normale (hypertension)

Il n’y avait pas de différence entre les taux d’hypertension chez les femmes séronégatives et les femmes séropositives. Les chercheurs ont toutefois constaté que les femmes d’ascendance africaine, caraïbéenne ou noire étaient plus susceptibles de faire de l’hypertension, et ce, sans égard à leur statut VIH. Notons que d’autres études menées auprès de personnes séronégatives ont révélé que les personnes d’ascendance africaine couraient un risque accru d’hypertension.

Les chercheurs ont observé une tendance à la hausse de l’hypertension chez les personnes dont le compte de CD4+ a augmenté. L’équipe a toutefois laissé entendre que ce lien reflétait vraisemblablement la prise de poids qui tend à accompagner l’augmentation du compte de CD4+ (et l’amélioration de la santé générale) chez les personnes sous TAR.

Taux de lipides anormaux

Les chercheurs ont constaté que près de 67 % des femmes séropositives figurant dans cette étude avaient des taux de lipides sanguins anormaux. Dans la plupart des cas, il s’agissait d’un taux anormalement faible de bon cholestérol (HDL-C). Même si le risque global de crise cardiaque et d’AVC était faible au moment de l’analyse, les chercheurs s’inquiétaient de voir le risque cardiovasculaire « augmenter vraisemblablement de façon substantielle » chez ces femmes au fil du temps.

Plusieurs facteurs contribuent au risque cardiovasculaire, notamment l’inflammation associée au VIH. Des études menées chez des hommes ont révélé que l’infection au VIH causait des anomalies dans les taux de cholestérol. Ces anomalies ne se résolvent que partiellement sous l’effet du TAR. Par exemple, même si le TAR réduit l’inflammation, celle-ci ne revient jamais aux niveaux observés chez les personnes séronégatives en bonne santé. De plus, après l’amorce du TAR, les faibles taux de HDL-C ne remontent pas habituellement dans la fourchette de valeurs observée chez les hommes séronégatifs en bonne santé.

Les autres facteurs qui contribuent au risque cardiovasculaire incluent la graisse abdominale excessive, le manque d’activité physique suffisante, la consommation de substances (y compris le tabac), les mauvaises habitudes alimentaires, etc.

Tabagisme

Les chercheurs ont constaté que les femmes séropositives étaient plus susceptibles de fumer du tabac que les femmes séronégatives. En plus d’augmenter le risque d’anomalies lipidiques, le tabagisme accroît le risque de plusieurs facteurs associés à une mauvaise santé cardiovasculaire, ainsi que le risque de cancer. Il n’est pas surprenant alors que d’autres études aient trouvé que les personnes séropositives qui fumaient avaient une espérance de vie plus courte.

Vieillissement

Depuis des décennies, les chercheurs observent que certaines personnes séropositives semblent vieillir plus rapidement. Dans cette étude, les femmes séropositives avaient tendance à présenter un marqueur de vieillissement cellulaire accéléré que les femmes séronégatives n’avaient pas. Cependant, la présence de ce marqueur ne semblait produire aucun effet, physique ou autre.

À l’avenir

Les résultats de la sous-étude CARMA soulignent l’importance de dépister le tabagisme chez les femmes séropositives et d’offrir un soutien à la cessation à celles qui fument. Les chercheurs encouragent également les professionnels de la santé à veiller au « contrôle agressif des lipides » lorsqu’ils prodiguent des soins aux femmes vivant avec le VIH.

La présente analyse a été effectuée à un seul moment dans le temps. Ce serait merveilleux si l’étude CARMA recevait des fonds additionnels à long terme afin qu’elle puisse recruter d’autres femmes et les suivre à mesure qu’elles vieillissent.

–Sean R. Hosein

Ressources

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