Check Hep C
Ville de New York, É.-U.
2019
Check Hep C est un programme communautaire à New York, axé sur l’arrimage aux soins et la navigation pour les patients suivant un traitement pour l’hépatite C et provenant de populations à risque élevé, notamment les personnes qui consomment des drogues. Ce programme est basé dans les centres de santé communautaire et les programmes de seringues et d'aiguilles (PSA). Les navigateurs de patients appuient des personnes tout au long de leur processus de dépistage, diagnostic et traitement. Durant la première année, ce programme a arrimé avec succès 85 % des personnes ayant reçu un diagnostic d’infection à l’hépatite C à traiter. Trente pour cent des participants au programme qui avaient obtenu un diagnostic d’infection à l’hépatite C ont été guéris durant la deuxième année du programme.
Description du programme1,2
Le programme Check Hep C a été introduit dans des centres de santé communautaire et des programmes de réduction des méfaits situés dans des quartiers défavorisés présentant des taux élevés d’hépatite C, et qui desservent en majorité des populations minoritaires. Les centres de santé communautaire ont offert sur place des soins, traitements, programmes de réduction des méfaits et services sociaux liés à l’hépatite C. L’élément essentiel du programme était un navigateur de patients dans chaque site qui aidait ces derniers lors de leurs soins et traitement pour l’hépatite C. Les navigateurs évaluaient les besoins du patient en santé physique et mentale, consommation de substances et soutien social.
Les participants au programme ont été recrutés via des efforts de sensibilisation dans les centres de santé communautaire et les PSA participants et au sein de la communauté. Avant de commencer le programme, les patients passaient un test d’anticorps dans un point de service et recevaient les résultats de dépistage de ce test lors du même rendez-vous. Si le résultat du test était positif, on effectuait un prélèvement sanguin lors du même rendez-vous pour le test de confirmation d’ARN et les patients obtenaient généralement les résultats du test de confirmation d’ARN dans les sept jours.
Si les patients recevaient un diagnostic d’infection chronique à l’hépatite C, on les dirigeait vers un navigateur de patients dans un centre de santé communautaire ou un PSA. Les participants des centres de santé communautaire avaient accès à des soins cliniques sur place tandis que les patients évalués dans le cadre de PSA étaient arrimés à des soins cliniques externes. Chaque participant obtenait un plan de soins en fonction de son évaluation. Les navigateurs de patients étaient formés pour offrir des services exhaustifs d’arrimage vers les soins, notamment :
- Création et respect d’un plan de soins pour chaque patient
- Prise des rendez-vous médicaux pour leurs clients et accompagnement au besoin
- Gestion de cas pour aborder les obstacles aux soins
- Counseling pour assurer l’état de préparation au traitement et son respect
- Éducation à la santé et arrimage vers d’autres services
- Inscription aux programmes d’avantages sociaux et aide pour les assurances
Résultats
Durant la première année du programme, une étude1 (2012 à 2013) a examiné la capacité du programme Check Hep C à effectuer des tests de dépistage et de confirmation, à arrimer les personnes vers les soins et à commencer un traitement (au moment de l’étude, seul le traitement à base d’interféron était offert). Cette étude a été menée dans 12 sites, y compris des centres de santé communautaire et des PSA. On considérait qu’un patient était arrimé aux soins s’il s’était présenté à au moins un rendez-vous médical pour son hépatite C après avoir obtenu son diagnostic.
- Un total de 4 751 personnes ont passé un test pour l’infection à l’hépatite C, parmi lesquelles il a été confirmé que 512 (11 %) étaient actuellement atteintes d’une infection.
- Parmi les personnes atteintes actuellement d’une infection, 435 (85 %) se sont présentées à au moins un rendez-vous médical pour leur hépatite C.
L’étude a suivi les patients qui étaient arrimés aux soins sur place dans un centre de santé communautaire. Parmi les 157 patients arrimés à des soins durant la première année :
- 30 % étaient considérés comme des candidats au traitement
- 9 % ont commencé un traitement
- 4 % ont été guéris (43 % des patients qui avaient commencé un traitement ont été guéris)
Durant la deuxième année du programme, soit de 2014 à 20152, une étude distincte a suivi les participants après qu’ils aient déjà reçu un diagnostic d’infection chronique à l’hépatite C. Cette dernière étude a été menée dans deux centres de santé communautaire et dans deux PSA qui avaient déjà participé au programme durant la première année du programme. Soixante et un pour cent des participants étaient nés entre 1945 et 1965, 73 % d’entre eux étaient des hommes (26 % des femmes et 1 % des transgenres), 49 % ont signalé être dépendants de drogues non injectables au cours de la dernière année, y compris un traitement de substitution aux opiacés, et 28 % ont signalé avoir des troubles de santé mentale. Parmi les 388 participants inscrits au programme :
- 77 % ont effectué une évaluation médicale pour l’hépatite C (arrimage vers les soins)
- 61 % étaient admissibles au traitement (à l’aide d’antirétroviraux à action directe [AAD])
- 33 % ont commencé un traitement
- 30 % ont été guéris (91 % des patients qui avaient commencé un traitement ont été guéris)
Ce taux de guérison de 30 % représente une augmentation deux fois supérieure au taux de guérison total estimé de 12 % à 15 % à New York.3
Les participants qui étaient évalués sur place dans les centres de santé communautaire étaient considérablement plus susceptibles d’être admissibles au traitement (86 %) que les participants qui avaient été aiguillés aux services hors site (76 %) et ils avaient deux fois plus tendance à commencer un traitement (46 %) que les participants hors site (25 %). Aucune différence importante n’a été signalée dans les taux de guérison entre les deux groupes.
Certains participants plus susceptibles de commencer un traitement que d’autres
Dans l’étude de 2012 à 2013,1 de nombreux participants n’étaient pas considérés comme étant des candidats au traitement parce qu’ils souffraient d’autres troubles de santé conflictuels, qu’ils n’étaient pas atteints de fibrose hépatique, qu’ils présentaient des problèmes récurrents de consommation d’alcool ou de drogues ou encore qu’on les avait perdus de vue après le suivi, ce qui a généré un nombre total faible de personnes sous traitement. Au moment où se déroulait l’étude, seul le traitement par interféron était offert. Les auteurs suggèrent que de nombreux fournisseurs attendaient que les nouveaux traitements plus efficaces aux antirétroviraux à action directe soient offerts avant de prescrire un traitement.
En 2014-2015, les traitements à l’aide des AAD étaient devenus disponibles, même si des lignes directrices strictes, établies par les assureurs de soins médicaux, empêchaient de nombreux patients d’avoir accès à ces médicaments. Parmi les raisons de leur inadmissibilité, les assureurs mettaient en avant la consommation active de drogues, les troubles de santé conflictuels et la consommation actuelle d’alcool. Les participants atteints de fibrose plus grave (degré de fibrose de F3 ou F4) étaient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement que ceux atteints de fibrose moins grave (F1 ou F2), et les participants nés entre 1945 et 1965 étaient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement que tous les autres groupes d’âge. Les participants sans-abris, qui consommaient des drogues injectables, de l’alcool ou qui étaient dépendants aux drogues chimiques avaient moins tendance à commencer un traitement que ceux qui possédaient un logement et (ou) qui n’utilisaient pas de substances.
Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services?
Les personnes qui consomment des drogues continuent de faire face à des obstacles considérables pour obtenir un traitement, comme le manque d’accès aux soins de santé, la stigmatisation et la discrimination associées à la consommation de substances. De ce fait, l’arrimage aux soins est encore plus essentiel parce que les nouveaux traitements à AAD sont hautement efficaces et faciles à suivre tout en étant accessibles et peu soumis à des restrictions au Canada. La présente étude démontre que des taux de guérison élevés de l’hépatite C peuvent être atteints au sein des populations traditionnellement mal desservies par le système de soins de santé lorsque des navigateurs de la santé font partie de leur plan de soins.
Les navigateurs de patients ont joué un rôle crucial dans ce programme en aidant les clients à naviguer au sein du continuum de soins liés au VHC, y compris le dépistage, le diagnostic et le traitement. On observe en général une perte considérable de patients à chaque étape et le recours aux navigateurs de patients a aidé à atténuer cette situation.
Le modèle du programme Check Hep C démontre également l’efficacité du dépistage aux points de service suivi immédiatement de prélèvements sanguins pour un test de confirmation. Ce dépistage pouvant être effectué en un seul rendez-vous (suivi d’une attente de sept jours pour les résultats des tests d’ARN), un diagnostic d’hépatite C peut être posé en un temps plus court, réduisant ainsi le risque de perdre un patient au suivi.
Ressources connexes
HepTLC – sommaire de données probantes
Navigation pour les patients – sommaire de données probantes
Équipe Hépatite C de l’Ontario : Programme de lutte contre l’hépatite virale de l’Hôpital d’Ottawa – Étude de cas
Références
- Ford MM, Jordan AE, Johnson N et coll., Check Hep C: a community-based approach to hepatitis C diagnosis and linkage to care in high-risk populations, Journal of Public Health Management and Practice, 2018:24(1):41–8.
- Ford M, Johnson N, Desai P et coll., From care to cure: demonstrating a model of clinical patient navigation for hepatitis C care and treatment among high-need patients, Clinical Infectious Diseases, 2017:64(5):685–91.
- Balter S, Stark JH, Kennedy J et coll., Estimating the prevalence of hepatitis C infection in New York City using surveillance data, Epidemiology and Infection, 2014 fév.;142(2):262–9.