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Le programme TakeMeHome (TMH) consistait à envoyer par la poste des trousses gratuites de dépistage à domicile des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) comme le VIH, l’hépatite C, la syphilis, la chlamydiose et la gonorrhée aux participant·e·s qui en ont fait la demande par l’entremise d’applications de rencontres. Le programme a été conçu pour augmenter les taux de dépistage des ITSS parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH). Les échantillons nécessaires au dépistage ont été prélevés par les participant·e·s eux-mêmes ou elles-mêmes et envoyés par la poste aux laboratoires pour y être analysés; les participant·e·s ont été informé·e·s de leurs résultats par courriel et ont été arrimé·e·s aux soins, suivant le besoin. Le programme a permis de joindre des personnes qui effectuaient un dépistage pour la première fois, puisqu’environ 24 % des participant·e·s ont déclaré qu’il s’agissait de leur premier test de dépistage du VIH. Le taux de positivité était de 1,4 % pour le VIH, de 0,6 % pour l’hépatite C et de 2,9 % pour la chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis combinées.

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Description du programme

Le programme TMH consistait à envoyer par la poste des trousses gratuites de dépistage des ITSS à domicile, dont la publicité était relayée par des applications de rencontres (p. ex. Grindr, Sniffies, GROWLr, Adam4Adam), à des participant·e·s âgé·e·s de 18 ans et plus. Les trousses pouvaient comprendre des tests de dépistage du VIH (détection d’anticorps et test de confirmation), du virus de l’hépatite C (détection d’anticorps) et de la syphilis (détection d’anticorps) au moyen d’échantillons de sang séché, des tests de mesure du taux de créatinine, ou encore des tests de dépistage de la chlamydiose et de la gonorrhée à partir de prélèvements de trois sources (urine, rectum et pharynx). Les services de santé étaient chargés de déterminer le contenu des trousses de dépistage à fournir sur la base des données de surveillance locales (tous les types de tests n’étaient pas accessibles dans toutes les régions) et de les obtenir. Ils ont également assuré le suivi en cas de résultat positif en vue d’arrimer les participant·e·s aux soins. Les services de santé étaient chargés de toutes les stratégies promotionnelles supplémentaires et facultatives qui se déployaient ailleurs que sur les applications de rencontres. 

Les utilisateur·rice·s de l’application recevaient des messages concernant le programme et étaient dirigé·e·s vers le site Web de TMH sur lequel ils ou elles devaient répondre à des questions relatives au dépistage et créer un compte pour commander une trousse. Les questions relatives au dépistage concernaient notamment les symptômes des ITSS, un éventuel diagnostic antérieur de syphilis et les habitudes de comportement; les réponses ont servi à déterminer quels types de trousses de dépistage les participant·e·s pouvaient recevoir. Par exemple, les répondant·e·s ont été interrogé·e·s sur certaines activités susceptibles de les exposer au virus de l’hépatite C (p. ex. utilisation de drogues injectables, tatouage dans un lieu non réglementé, infection par le VIH) afin de déterminer s’ils ou elles pouvaient obtenir une trousse de dépistage du virus de l’hépatite C. Les personnes présentant les symptômes d’une infection transmissible sexuellement ont été invitées à se rendre dans un centre de dépistage, et n’ont pas reçu de trousse de dépistage par la poste.

Les trousses ont été envoyées dans les 24 heures suivant la commande par courrier prioritaire, avec des enveloppes préaffranchies à retourner au laboratoire aux fins d’analyse. Les trousses de dépistage ont été envoyées directement par le laboratoire aux participant·e·s, qui ont prélevé eux-mêmes ou elles-mêmes tous les échantillons. Les trousses contenaient : 

  • tout le matériel nécessaire au prélèvement (p. ex. écouvillons, gobelet d’urine, lancette ou carton de prélèvement de la goutte de sang séché);
  • des instructions concernant le mode d’emploi de chaque article de prélèvement;
  • un lien vers une vidéo expliquant la marche à suivre pour l’auto-prélèvement.

Il a été recommandé aux participant·e·s d’inclure des échantillons concordant avec leurs activités sexuelles, sur la base du slogan « If you use it, swab it » (si vous vous en servez, faites un prélèvement). La trousse était utilisable jusqu’à 60 jours à compter de sa réception et dans les 30 jours suivant le prélèvement de l’échantillon. 

Suivi 

Les participant·e·s ont été informé·e·s que les résultats positifs seraient communiqués aux services de santé locaux. Les services de santé ont désigné un·e clinicien·ne pour assurer un suivi auprès des participant·e·s en cas de besoin (p. ex. faciliter le test de confirmation et l’accès aux traitements nécessaires). 

Les participant·e·s ont reçu un courriel automatisé contenant un lien leur permettant de se connecter à leur compte pour consulter leurs résultats une fois que ceux-ci étaient disponibles. Les participant·e·s dont les résultats étaient positifs étaient orienté·e·s vers une source d’information complémentaire puis contacté·e·s par le service de santé local ou un·e prestataire clinique en vue d’un suivi (p. ex. test de confirmation) et d’un arrimage aux soins, le cas échéant. 

Résultats

Entre janvier 2021 et septembre 2022, 2285 trousses ont été envoyées par la poste et 1068 (46,7 %) commandes complètes ont été retournées et analysées (1217 trousses n’ont pas été retournées dans le délai de 60 jours). Parmi les personnes qui ont commandé des trousses :

  • 25 % étaient âgées de 15 à 24 ans, 21 %, de 25 à 29 ans, 34 %, de 30 à 39 ans et 20 %, de 40 ans et plus;
  • 44 % se sont identifiées comme Blancs, 76 %, comme Noirs, 18 %, comme Hispaniques, 10 %, comme Asiatiques ou originaires d’une île du Pacifique et 21 %, comme d’une autre origine ethnique;
  • 68 % se sont identifiées comme étant des hommes, 23 %, comme des femmes, 8 %, comme des personnes de genre queer et < 1 %, comme des personnes d’un autre genre;
  • 24 % ont déclaré que le programme TMH leur donnait l’occasion d’effectuer leur premier test de dépistage du VIH.

Près de la moitié des trousses commandées, soit 48,3 % (1104/2285), comprenaient des tests de dépistage de toutes les ITSS (c.-à-d. dépistage du VIH, détection des anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite C, détection des anticorps contre la bactérie causant la syphilis et dépistage de la chlamydiose et de la gonorrhée à partir de prélèvements de trois sources). Les personnes qui se sont identifiées comme des femmes étaient 26 % moins susceptibles de retourner les trousses que les hommes, et les personnes de genre queer étaient 40 % moins susceptibles de retourner les trousses que les hommes, une fois les résultats corrigés en fonction de l’âge, de l’origine ethnique et de la province ou du territoire (ces deux facteurs étant statistiquement significatifs). Il n’y avait pas de différences dans les taux de retour en fonction de l’ethnicité. Sur l’ensemble des échantillons retournés, 95 % étaient utilisables aux fins d’analyse. 

Les taux de positivité pour la période considérée étaient les suivants : 

  • 1,4 % pour le VIH;
  • 0,6 % pour le virus de l’hépatite C;
  • 2,9 % pour la chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis combinées.

Parmi les autres résultats statistiquement significatifs, notons que :

  • les taux d’ITSS étaient 2,15 fois plus élevés chez les participant·e·s d’origine hispanique et 1,79 fois plus élevés chez les participant·e·s de la catégorie « autre » que chez les participant·e·s blanc·he·s, après correction en fonction des différences d’âge, de genre et de province ou de territoire; 
  • comparativement aux femmes, les taux d’ITSS étaient 3,37 fois plus élevés chez les hommes et 4,82 fois plus élevés chez les personnes de genre queer, après correction en fonction de l’âge, de l’origine ethnique et de la province ou du territoire.

Conséquences pour les prestataires de services

Cette étude a permis de montrer que l’envoi de trousses de dépistage par la poste et l’auto-prélèvement d’échantillons constituent un moyen efficace d’améliorer les taux de dépistage des ITSS parmi les hommes gbHARSAH. En plus de montrer que cette approche est réalisable, le programme TMH fait également apparaître qu’elle est bien acceptée et qu’elle permet de joindre les personnes qui effectuent leur premier test de dépistage et celles qui n’ont pas encore reçu de diagnostic et qui, autrement, n’auraient peut-être pas passé de test de dépistage du VIH et d’autres ITSS; elle permet également d’établir des protocoles d’arrimage aux soins. Les auteur·trice·s de l’étude ont déclaré qu’un soutien plus ferme aux réglementations encadrant les dépistages à partir d’échantillons auto-prélevés envoyés par la poste est nécessaire pour que cette approche soit plus largement adoptée, car les options actuelles sont limitées.

Ressources connexes

Programme d’arrimage aux soins pour améliorer le degré d’engagement des personnes vivant avec le VIHSommaire de données probantes 

Interventions en matière de dépistage des infections transmissibles sexuellement : préférences des membres de la communauté et des prestataires de servicesSommaire de données probantes

Sacs-médecine pour la distribution de trousses d’autotest du VIHSommaire de données probantes

Référence

Hecht J, Facente SN, Cohen S et al. TakeMeHome: A novel method for reaching previously untested people through online ordering and self-collect HIV and STI testing. Sexually Transmitted Diseases. 2024; 51(12):803-809.