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Colombie-Britannique
Victoria Cool Aid Society
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Ce programme offrait des soins à bas seuil d’accessibilité pour l’hépatite C à même des logements supervisés pour personnes qui risquent de se retrouver sans-abri, dont des personnes qui utilisent des drogues. Des infirmier·ère·s spécialisé·e·s en hépatite C visitaient les lieux d’hébergement chaque semaine pour offrir des services de dépistage et de traitement aux résident·e·s. En 11 mois, 180 personnes ont passé un test de dépistage. De ce nombre, 51 présentaient une infection au virus de l’hépatite C (VHC) et 43 ont amorcé un traitement. En tout, 91 % des personnes qui ont commencé un traitement ont été guéries. Ce programme a démontré qu’il est efficace de mener une campagne de dépistage et de traitement dans un milieu où la prévalence de l’hépatite est élevée. En amenant les services directement aux résident·e·s, on les incite à se faire tester et à aller jusqu’au bout du traitement. 

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Description du programme

Ce programme de soins à bas seuil d’accessibilité pour l’hépatite C était géré par la Victoria Cool Aid Society et offert à même ses logements supervisés pour personnes qui risquent de se retrouver sans-abri à Victoria, en C.-B. Des infirmier·ère·s à domicile offraient des services exclusivement dans les lieux d’hébergement afin de simplifier l’accès et d’éliminer les obstacles aux soins de l’hépatite C. En plus de l’itinérance et de la pauvreté, les résident·e·s étaient confronté·e·s à l’utilisation de substances, à des problèmes de santé mentale, à la stigmatisation et aux traumatismes.

Le programme misait sur une approche de microélimination, qui consiste à intensifier le dépistage et le traitement dans un contexte précis pour une frange ciblée de la population chez qui on retrouve une prévalence plus élevée de l’hépatite C, et ce, dans le but d’atteindre les objectifs nationaux d’élimination du virus. Dans le cas qui nous intéresse, le programme ciblait directement dans leur milieu de vie les personnes qui risquent de se retrouver sans-abri.

Des événements de dépistage « recruter et traiter »

Le personnel infirmier a organisé plusieurs événements de dépistage dans 13 lieux d’hébergement supervisés afin de faire connaître le programme. Des collations et des breuvages étaient offerts sur place pour inciter les résident·e·s à se soumettre au dépistage des anticorps anti-VHC. Pour ceux et celles dont le test se révélait positif, le personnel effectuait des prélèvements sanguins complets pour un test de détection de l’ARN de l’hépatite C. Les infirmier·ère·s renseignaient également les résident·e·s sur le virus et la réduction des méfaits, dissipant au passage les mythes et les idées fausses sur le traitement. Dans l’un des lieux d’hébergement, des personnes ayant déjà suivi un traitement pour l’hépatite C ont même joué un rôle d’ambassadeurs du traitement pour aider au recrutement.

Les résident·e·s étaient encouragé·e·s à inviter leur partenaire de vie, leurs ami·e·s et leur famille, en particulier les personnes avec lesquelles ils et elles consommaient de la drogue, à venir se faire tester et s’il y avait lieu à bénéficier d’un traitement dans le cadre du programme. Le bouche-à-oreille a permis de faire connaître les événements et, ainsi, de prévenir de nouveaux cas chez les personnes susceptibles de se transmettre l’hépatite C.

Lors des visites suivantes, le personnel infirmier communiquait les résultats des tests aux personnes qui avaient fait un test de détection de l’ARN. Ceux et celles qui avaient bel et bien une infection chronique au VHC étaient accompagné·e·s par un·e infirmier·ère pour amorcer la démarche de traitement, ce qui incluait une évaluation des lésions au foie, des analyses sanguines additionnelles et du soutien pour la couverture du traitement.

Des options de traitement flexibles misant sur la force du réseau social

Le personnel infirmier aidait chaque personne à créer un plan de traitement personnalisé qui précisait notamment la fréquence de distribution du médicament pendant les 12 semaines du traitement. La plupart des personnes optaient pour la livraison à leur logement par l’infirmier·ère. Il était également possible de confier ses médicaments au personnel du lieu d’hébergement pour se faire remettre sa dose quotidiennement, dans le but de favoriser l’observance du traitement. Dans certains cas, les médicaments étaient administrés en même temps que le traitement par agonistes opioïdes dans les pharmacies locales. Lorsque possible, les personnes d’un même réseau social commençaient le traitement le même jour afin de renforcer l’observance et de prévenir toute transmission, surtout si elles utilisaient des drogues ensemble.

Le personnel infirmier visitait les lieux chaque semaine pour y apporter les médicaments et prendre des nouvelles des personnes sous traitement, ce qui favorisait l’observance et permettait de repérer les problèmes. De plus, le personnel des lieux d’hébergement de Cool Aid était formé pour offrir de l’information sur l’hépatite C et la réduction des méfaits et pour faire des rappels et des contrôles auprès des résident·e·s qui suivaient un traitement.

Des incitatifs pour terminer le traitement

Chaque fois qu’une personne rapportait sa plaquette alvéolée vide de la semaine précédente, elle recevait 5 $ en espèces. À la fin du traitement, elle recevait 30 $ pour faire les analyses sanguines qui confirment la guérison (réponse virologique soutenue à 12 semaines, ou RVS12). Ces incitatifs hebdomadaires favorisaient les contacts directs et le renforcement de la relation avec le personnel infirmier et donnaient l’occasion de faire de la prévention sur les risques de réinfection et d’autres problèmes de santé.

Résultats

Entre février et décembre 2018, 180 personnes ont été testées pour vérifier si elles avaient déjà été exposées à l’hépatite C (dépistage des anticorps). De ce nombre, 72 (40 %) étaient porteuses d’anticorps anti-VHC et 51 (28 %) étaient atteintes d’une infection chronique par le VHC. Parmi les personnes atteintes d’une infection chronique, 43 ont amorcé un traitement. Celles qui n’ont pas débuté le traitement avaient d’autres problèmes de santé qui les en empêchaient (cancer, forte consommation d’alcool, etc.) ou ont été perdues de vue.

Profil des personnes ayant entamé le traitement et ayant reçu au moins une dose de médicament :

  • Âge moyen de 53 ans
  • 40 % étaient des femmes
  • 9 % avaient une co-infection par le VIH
  • 93 % avaient déjà utilisé des drogues injectables, dont 58 % au cours des six derniers mois
  • 42 % suivaient en même temps un traitement par agonistes opioïdes

Au total, 91 % des personnes qui ont amorcé un traitement ont été guéries. Les raisons pour lesquelles des personnes n’ont pas guéri : mauvaise observance thérapeutique, réinfection avant le dépistage à la 12e semaine et décès dû à d’autres causes.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Grâce à son approche ciblée et axée sur la personne, le programme a permis de traiter l’hépatite C chez des personnes qui utilisent des drogues et qui risquent de se retrouver sans-abri. Sa formule flexible et à bas seuil d’accessibilité répondait aux besoins réels des gens. Intégrés à un service existant, dans un cadre familier et non stigmatisant, les soins étaient ainsi rendus plus accessibles. Les personnes étaient accompagnées par un·e infirmier·ère pour choisir un plan de traitement qui leur convenait, augmentant ainsi la probabilité qu’elles se rendent jusqu’au bout du traitement.

En accélérant le dépistage et le traitement dans ce milieu qui connaissait une forte prévalence d’hépatite C, le programme a pu rejoindre efficacement les personnes les plus à risque. De plus, en traitant des personnes du même réseau, il a été possible de prévenir la transmission au sein même des lieux d’hébergement, notamment chez les personnes qui utilisent des drogues ensemble.

Cette étude démontre également la pertinence du logement pour aider une personne à participer aux soins. Le fait d’avoir un lieu de vie stable a facilité le contact et le suivi avec le personnel infirmier. Aucune personne ayant amorcé un traitement n’a été perdue de vue pendant le suivi. Un lieu de résidence stable peut également favoriser la sécurité et la stabilité et réduire les facteurs de stress concomitants, ce qui augmente les chances que la personne termine son traitement. Il était également possible d’y recevoir des soins primaires et des services en lien avec les ITSS.

Ressources connexes

La microélimination de l’hépatite C : Une voie vers l’atteinte des objectifs d’élimination nationaux (CATIE)

La supervision de l’utilisation d’opioïdes, l’aide au logement et d’autres services permettant d’améliorer la santé des personnes qui utilisent des drogues (CATIE)

Nouvelles du front : Victoria Cool Aid Society (CATIE)

Centre de santé communautaire Cool Aid : la clinique mobile de proximité – vidéo

Connecting with Care – Victoria, Canada– vidéo

Référence

Selfridge M, Barnett T, Lundgren K et al. Treating people where they are: Nurse-led micro-elimination of hepatitis C in supported housing sites for networks of people who inject drugs in Victoria, Canada. Public Health Nursing. 2022.