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CATIE
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  • Nombre de personnes séropositives vivent également avec la co-infection au virus de l’hépatite C (VHC)
  • En Suisse, un programme a offert le dépistage et le traitement de l’hépatite C à plus de 4 000 hommes gais et bisexuels atteints du VIH
  • Le suivi a révélé que les taux d’hépatite C restaient faibles et baissaient encore plusieurs années plus tard

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Le virus de l’hépatite C (VHC) infecte le foie et cause de l’inflammation dans cet organe vital. À mesure que l’infection chronique au VHC s’installe, le tissu sain du foie est remplacé graduellement par du tissu cicatriciel. Avec le temps, l’organe devient de plus en plus dysfonctionnel, et il s’ensuit une variété de problèmes, notamment une fatigue persistante chez certaines personnes. Plus tard, on peut constater hémorragies internes, accumulations de liquide et graves infections abdominales. À la longue, nombre de personnes ont de la difficulté à penser clairement et éprouvent des problèmes de mémoire. Comme le foie perd de plus en plus sa capacité de filtrer les produits de déchets dans le sang, la peau se met à jaunir (jaunisse). Notons aussi que le risque de cancer du foie augmente à mesure que le tissu cicatriciel s’étend dans l’organe. Enfin, si l’infection au VHC n’est pas diagnostiquée et traitée, la mort peut s’ensuivre.

On peut détecter le VHC à l’aide de tests sanguins. Il est également possible d’évaluer la santé du foie en effectuant d’autres analyses sanguines et une échographie spécialisée appelée Fibroscan.

Il existe plusieurs traitements contre le VHC qu’il suffit de prendre sous forme de comprimés une seule fois par jour. Les deux traitements suivants sont couramment utilisés :

  • Epclusa : comprimé renfermant les deux médicaments sofosbuvir + velpatasvir
  • Maviret : comprimé renfermant les deux médicaments glécaprévir + pibrentasvir

Ces médicaments sont associés à des taux de guérison élevés (95 %) après un seul cycle de traitement, qui dure habituellement huit ou 12 semaines, selon le comprimé utilisé. Ces médicaments sont généralement sans danger et bien tolérés.

Voies d’infection

À l’heure actuelle au Canada, tous les dons de sang sont testés, traités à la chaleur et sécuritaires. Les virus comme le VHC et le VIH ne se transmettent pas lors de transfusions sanguines ou par l’usage de produits sanguins (tel le facteur de coagulation). De nos jours, dans les pays à revenu élevé, les nouveaux cas de VHC se transmettent le plus souvent par le partage de matériel servant à l’usage de drogues. Chez certains hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), le VHC peut également se transmettre lors des relations sexuelles sans condom ou d’autres activités susceptibles d’endommager la muqueuse de l’anus ou du rectum.

Élimination de l’hépatite C comme menace pour la santé publique

En 2016, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a exhorté les pays, régions et villes du monde à viser l’élimination de l’hépatite C comme menace pour la santé publique d’ici 2030. Pour y parvenir, les autorités de la santé publique devront atteindre les objectifs suivants fixés par l’OMS :

  • réduction de 90 % des nouvelles infections au VHC
  • réduction de 65 % des décès attribuables au VHC

Micro-élimination de l’hépatite C

Pour atteindre les objectifs de l’OMS, les autorités de la santé publique devront aider les systèmes de santé à s’occuper prioritairement des populations déjà touchées par l’infection au VHC et celles à risque. Le sous-groupe des hommes gbHARSAH séropositifs est une telle population, car nombre d’études ont révélé que certains hommes gbHARSAH avaient la co-infection au VHC. Lorsqu’on vise à éliminer l’hépatite C chez une population ou sous-population particulière, on parle de micro-élimination.

Pour atteindre les objectifs d’élimination de l’hépatite C, plusieurs stratégies devront être mises en œuvre, dont les suivantes :

  • évaluer les taux de nouvelles infections au VHC en rendant le dépistage plus accessible
  • offrir un traitement aux personnes atteintes d’hépatite C
  • offrir des conseils en matière de réduction des méfaits
  • faciliter l’accès aux services de réduction des méfaits
  • surveiller les taux de réinfection chez les personnes ayant guéri auparavant de l’hépatite C

Étude suisse

Une équipe de recherche suisse a lancé un programme de micro-élimination de l’hépatite C dans le cadre d’un essai clinique appelé Swiss HCVree Trial. Aux fins de son étude, l’équipe s’est concentrée sur des hommes gbHARSAH vivant avec le VIH. L’essai s’est déroulé en trois phases sur une période de plusieurs années, comme suit :

  • Phase de dépistage : Les participants se faisaient offrir un test de dépistage du VHC en 2015 ou 2016.
  • Phase de traitement : Si la présence du VHC était confirmée, les participants se faisaient offrir un traitement et quatre séances de counseling pour les aider à comprendre et à réduire les risques de réinfection.
  • Phase de dépistage de suivi : Les participants se faisaient offrir à nouveau un test de dépistage du VHC en 2017 pour déterminer s’il s’était produit des changements dans les taux d’hépatite C au sein de la cohorte.

Pendant la phase de traitement, 84 % des personnes atteintes d’hépatite C ont guéri. Lors de la phase de dépistage initiale, environ 5 % des participants étaient porteurs du VHC. À la fin de l’étude, c’est-à-dire lors de la phase de dépistage de suivi, 1,2 % d’entre eux étaient porteurs du VHC.

Dépistage et traitement subséquents

Le Swiss HCVree Trial fut de relativement courte durée. En 2019, deux ans après la fin de l’essai, une équipe de recherche affiliée à l’Étude suisse de cohorte VIH (une étude qui se poursuit auprès de personnes séropositives de partout en Suisse) a réalisé et analysé les résultats de tests de dépistage du VHC de routine, en plus d’examiner les antécédents médicaux des participants.

Sur les 4 641 participants testés en 2019, seulement 0,6 % avaient l’hépatite C (contre 5 % en 2015 et 1,2 % en 2017). Ainsi, les taux d’hépatite C ont chuté de façon significative au fil du temps. Il est probable que cette baisse est attribuable aux effets de l’essai initial (Swiss HCVree) combinés à l’offre continue de tests de dépistage et de traitements après la fin de l’essai. Comme moins de personnes étaient infectées, le risque de transmission du VHC diminuait au fil du temps.

Comme les tests de dépistage de suivi l’ont révélé, les baisses des taux d’infection au VHC se maintenaient encore plusieurs années après la fin de ce programme suisse de dépistage et de traitement de l’hépatite C. Selon l’équipe de recherche, les données montrent que les efforts « ont réussi à limiter grandement l’épidémie d’hépatite C chez les HARSAH séropositifs vivant en Suisse ».

Les résultats favorables obtenus par ce programme de micro-élimination de l’hépatite C devraient encourager d’autres pays, régions et villes à emboîter le pas à la Suisse et à intervenir auprès de diverses sous-populations, tels les hommes gbHARSAH, et plus particulièrement ceux vivant avec le VIH.

Résultats

L’équipe de recherche a analysé des échantillons de sang prélevés en 2019 auprès de 4 641 participants. Les échantillons ont été analysés pour détecter la présence d’une infection au VHC active (c’est-à-dire une infection où il y avait réplication virale, dite simplement infection au VHC désormais). Tous les participants avaient la co-infection au VIH.

Les tests de laboratoire ont révélé que 28 des 4 641 hommes (0,6 %) avaient l’infection au VHC.

L’équipe a classé comme suit les cas d’infection au VHC chez les 28 hommes touchés :

  • 11 infections nouvelles : 9 hommes n’avaient jamais été infectés par le VHC auparavant, et 2 autres l’avaient contracté à nouveau (réinfection)
  • 17 hommes avaient déjà été reconnus comme porteurs du VHC

Chez les deux hommes réinfectés, l’un avait guéri auparavant sous l’effet d’un traitement, et l’autre, grâce à l’activité de son système immunitaire qui avait vaincu le virus.

Chez les 28 hommes, les variants (sous-types) courants du VHC étaient les suivants :

  • génotype 1a
  • génotype 4

Indices se rapportant à la santé

Pour en savoir plus sur la santé des participants, l’équipe de recherche a soumis les échantillons de sang à des analyses virologiques (pour déterminer la quantité de VIH ou charge virale) et immunologiques (pour déterminer les comptes de lymphocytes T CD4+, ainsi que les taux d’enzymes hépatiques susceptibles de révéler une inflammation du foie).

Chez les participants dont les tests effectués en 2019 s’étaient révélés positifs pour le VHC (contrairement aux personnes dont les tests étaient négatifs), les échantillons de sang étaient plus susceptibles de révéler ce qui suit aussi :

  • VIH détectable
  • compte de CD4+ plus faible

L’équipe de recherche a également constaté que les personnes porteuses du VHC étaient plus susceptibles d’avoir des taux d’enzymes hépatiques élevés dans leur sang.

Facteurs de risque

Les participants atteints du VIH étaient considérablement plus susceptibles de dévoiler des antécédents d’injection de drogues (21 %) que les personnes non atteintes (3 %).

À retenir

Ce rapport provenant de Suisse indique qu’un essai clinique offrant le dépistage et le traitement de l’hépatite C fut un succès auprès d’hommes gbHARSAH vivant également avec le VIH. Ce succès se maintenait encore deux ans après la fin de l’essai.

Autres études auprès d’hommes gbHARSAH

L’équipe de recherche suisse a examiné les résultats d’une étude menée à Londres. Celle-ci avait permis de constater une baisse de 68 % des nouveaux cas d’hépatite C parmi des hommes gbHARSAH entre 2015 et 2020 lorsqu’un programme de dépistage et de traitement semblable était offert. Des réductions significatives des infections au VHC ont également été constatées parmi les participants gbHARSAH à des programmes semblables en Australie.

Selon l’équipe de recherche suisse, « il est nécessaire de combiner programmes de dépistage généralisés et interventions ciblées pour faciliter la détection précoce, l’accès au traitement et la réduction des comportements à risque afin de prévenir d’autres infections à long terme ».

Complexité et enjeux

Cette étude suisse met en évidence des tendances très prometteuses en ce qui a trait à l’élimination éventuelle de l’hépatite C. L’équipe de recherche a toutefois affirmé que ses résultats « soulignent aussi la persistance de l’épidémie d’hépatite C et les enjeux complexes s’y rattachant ». Bien que peu fréquentes, des infections persistantes au VHC ont été observées chez certains participants à l’étude suisse, ce qui laisse soupçonner des problèmes liés au traitement de l’hépatite C et à l’observance thérapeutique.

Après avoir examiné les dossiers médicaux des participants dont les échantillons de sang prélevés en 2019 contenaient du VHC, l’équipe de recherche a affirmé que « des antécédents médicaux complexes, des comorbidités, des problèmes d’observance et d’autres facteurs de risque jouent un rôle important [dans] les soins et la prévention des infections au VHC… ».

Et d’ajouter l’équipe suisse : « malgré le programme de réduction des méfaits étendu qui existe en Suisse, il est possible que les infections au VHC causées par le partage d’aiguilles soient encore un problème et qu’il existe un lien avec l’augmentation de [l’usage sexualisé de drogues, c’est-à-dire le PnP ou chemsex] qui s’observe chez les HARSAH ».

L’équipe de recherche encourage les médecins et personnels infirmiers à offrir le dépistage du VHC aux hommes gbHARSAH qui s’avouent des adeptes du chemsex, « même s’il s’agit d’un usage occasionnel ».

L’équipe de recherche suisse s’inquiète maintenant de ce qui semble être une hausse du risque d’hépatite C lié au chemsex chez une autre sous-population, soit les hommes gbHARSAH séronégatifs. Il se pourrait que des efforts soient nécessaires à l’avenir pour contrer le VHC chez les hommes gbHARSAH n’ayant pas le VIH ou chez qui l’infection au VIH n’a pas été diagnostiquée.

Liens internationaux

Située au centre de l’Europe, la Suisse est une destination touristique et une plaque tournante pour les voyages internationaux. L’équipe de recherche a constaté que le VHC de deux participants à son étude s’apparentait génétiquement à des variants circulant dans d’autres pays. Si l’on espère éliminer l’hépatite C en Suisse, a-t-elle affirmé, il faudra qu’elle soit éliminée à l’étranger aussi.

Malgré les problèmes mentionnés, un programme de dépistage et de traitement de l’hépatite C a connu un franc succès en Suisse auprès d’hommes gbHARSAH vivant avec le VIH. La réduction marquée des infections au VHC dans cette sous-population devrait encourager d’autres pays et régions à essayer de reproduire le succès de l’équipe suisse et d’atteindre ainsi les objectifs de l’OMS.

—Sean R. Hosein

Ressources

Dépistage et diagnostic de l’hépatite CCATIE

Guérir l’hépatite C : Ce qu’il vous faut savoirCATIE

Trois provinces canadiennes ne sont pas en bonne voie d’éliminer l’hépatite C d’ici 2030Nouvelles CATIE

Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au CanadaRéseau Canadien sur l’Hépatite C

Action hépatites Canada

Hépatite COrganisation mondiale de la Santé

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