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  • Les facteurs de risque étant semblables, des personnes sont co-infectées par le VIH et les virus des hépatites B ou C
  • Comparativement au dépistage du VIH seul, une étude a révélé que le dépistage simultané des trois virus était efficient
  • Grâce au triple dépistage, le monde pourrait avancer vers l’élimination de ces virus comme menaces pour la santé publique

Puisque les voies de transmission du VIH, du virus de l’hépatite B (VHB) et du virus de l’hépatite C (VHC) sont semblables, certains groupes de personnes sont vulnérables aux co-infections par ces virus. Comme le dépistage simultané de ces trois virus n’est pas pratique courante, certaines infections ne sont pas diagnostiquées et risquent de se propager et de nuire. Lorsqu’une co-infection par deux ou trois de ces virus transmissibles par le sang est présente, la maladie causée par chacun d’entre eux risque de progresser plus rapidement.

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À propos des trois virus

Le VHB et le VHC sont désignés collectivement par le terme hépatite virale. Ces virus infectent le foie et y causent graduellement des dommages, entraînant fatigue persistante, cicatrisation des tissus hépatiques, infections graves et insuffisance hépatique, ainsi qu’une augmentation du risque de cancer du foie et de décès. Il existe des traitements contre le VHB qui aident à maîtriser l’infection, de sorte que les personnes atteintes peuvent vivre longtemps en bonne santé. Dans le cas du VHC, il existe des traitements qui guérissent cette infection virale. En ce qui concerne les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR), ils améliorent la santé et permettent aux personnes atteintes de connaître une espérance de vie quasi normale dans de nombreux cas. De plus, une personne séropositive qui suit un traitement efficace ne peut transmettre le virus lors de ses relations sexuelles. Notons toutefois que si le VIH n’est pas traité, ce virus peut endommager gravement le système immunitaire.

Le dépistage simultané de ces trois virus pourrait permettre de détecter des infections non diagnostiquées et permettre aux personnels médicaux d’offrir des traitements.

Selon les estimations mondiales, plus de quatre millions d’infections par le VHB, le VHC et le VIH auraient lieu chaque année. Qui plus est, ces trois virus causeraient quelque 1,7 million de décès annuellement. Selon une équipe de scientifiques du Royaume-Uni, faute d’interventions systémiques, le VHB et le VHC causeront « plus de décès annuellement [dans le monde] que le VIH, le paludisme et la tuberculose combinés » d’ici 2040.

Même si de grands progrès ont été accomplis dans la lutte contre le VIH grâce à l’offre de tests de dépistage et de traitements à grande échelle, les progrès réalisés contre l’hépatite virale (virus des hépatites B et C) laissent à désirer.

L’accès au dépistage est un obstacle majeur dans le combat contre les infections par ces trois virus. Pour y remédier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé des lignes directrices sur les soins et le traitement du VIH et de l’hépatite virale en 2022. Les directives de l’OMS recommandent le triple dépistage (VIH, VHB, VHC) pour les groupes suivants :

  • personnes qui utilisent des drogues
  • hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH)
  • personnes incarcérées

Soulignons toutefois que ces trois virus ne s’attaquent pas uniquement à ces groupes de personnes.

Revue importante

Au Royaume-Uni, une équipe de recherche a récemment effectué une revue systématique de données d’études pour explorer la question du triple dépistage viral contre le dépistage du VIH tout seul. L’équipe a examiné les données de 175 études menées auprès de 14 millions de personnes qui avaient passé des tests de dépistage viral. L’équipe a également évalué l’efficience du triple dépistage. En moyenne, 2 % des personnes inscrites aux études en question étaient porteuses de l’un des virus en question, sinon plus.

L’équipe de recherche a examiné les résultats obtenus auprès de personnes appartenant aux groupes suivants qui avaient passé des tests de dépistage dans le cadre des études évaluées :

  • population générale
  • donneur·euse·s de sang
  • hommes gbHARSAH
  • personnes incarcérées
  • personnes enceintes
  • personnes à la recherche de soins de santé
  • personnes en situation d’itinérance
  • personnes qui utilisent des drogues
  • réfugié·e·s et demandeur·euse·s d’asile

Selon l’équipe de recherche, après l’instauration du triple dépistage, « chaque diagnostic de VIH était suivi de cinq diagnostics de VHB et de trois diagnostics de VHC ». En comparant les tests homologués les moins chers disponibles, l’équipe a constaté que « le recours à trois tests individuels pour dépister le VIH, le VHB et le VHC ne coûterait que marginalement plus cher que le dépistage du VIH seulement ».

L’équipe de recherche a affirmé que ses résultats justifiaient « l’expansion du dépistage isolé du VIH en faveur du triple dépistage [viral], non seulement pour les groupes à risque nommés par l’OMS mais pour tous les groupes vulnérables ».

Comment réussir?

Si l’on souhaite qu’un programme de triple dépistage ait un impact favorable dans la société, l’équipe de recherche a souligné les conditions nécessaires suivantes :

  • « Des tests à faible prix et abordables doivent être accessibles à tous les groupes à risque dans le monde. »
  • « Les personnels médicaux doivent recevoir une formation adéquate pour effectuer ces tests. »
  • « L’accès universel et approprié à des traitements abordables doit être assuré. »

Selon l’équipe de recherche, les programmes de dépistage et de traitement « doivent être sensibles aux différences culturelles, autant dans la région que chez les individus vulnérables qu’ils servent ». De plus, a averti l’équipe, « dans de nombreux pays, les croyances religieuses et culturelles influent souvent sur la stigmatisation des virus transmissibles par le sang, de sorte qu’il est difficile d’accroître l’utilisation et l’acceptation du dépistage, que des tests soient disponibles ou pas. Ce n’est qu’en réglant ces problèmes et de nombreux autres qu’il sera possible d’atteindre [l’objectif d’éliminer ces virus comme menaces pour la santé publique d’ici 2030] ».

À l’avenir

L’équipe britannique souhaite la tenue d’autres études pour envisager la possibilité d’élargir l’accès au triple dépistage dans les programmes de prévention. À titre d’exemple, l’équipe souligne que les personnes dont le test de VHB se révèle négatif pourraient se faire offrir une vaccination, laquelle est une méthode de prévention très efficace. Quant aux personnes recevant un résultat négatif au test de dépistage du VIH, elles pourraient suivre une prophylaxie pré-exposition (PrEP) afin de se protéger très efficacement contre ce virus.

L’équipe britannique a soulevé la possibilité d’ajouter d’autres infections à la liste de maladies que l’on pourrait dépister simultanément. Comme elle partage les mêmes voies de transmission que le VIH, le VHB et le VHC, la syphilis en serait un bon exemple. Il serait ainsi possible d’envisager un jour la création de programmes de dépistage quadruple.

Commentaire

La Dre Chloe Orkin, spécialiste des maladies infectieuses et professeure à l’Université Queen Mary de Londres, a examiné l’analyse effectuée par cette équipe de recherche. Dans un commentaire publié dans la revue Open Forum Infectious Diseases, la Dre Orkin a donné des exemples de programmes de triple dépistage viral au Royaume-Uni et en Europe qui ont permis de découvrir des infections précédemment non diagnostiquées. Elle a encouragé l’accès universel au dépistage de ces trois virus. Pour améliorer l’acceptation du dépistage et réduire la stigmatisation persistante liée aux virus transmissibles par le sang, on pourrait offrir systématiquement des tests de dépistage afin que les gens soient obligés de refuser s’ils ne veulent pas se faire tester (opt-out screening).

À retenir

Cette revue systématique d’études se rapportant au triple dépistage a validé l’approche de l’OMS en matière d’élimination des virus. Espérons qu’elle aidera à réunir populations vulnérables, personnels médicaux et de la santé publique, groupes communautaires et gouvernements pour faire avancer le monde vers l’élimination du VIH, du VHB et du VHC comme menaces pour la santé publique d’ici 2030.

—Sean R. Hosein

Ressources

Élimination de l’hépatite d’ici 2030Organisation mondiale de la Santé

L’hépatite B au Canada : Mise à jour des données de surveillance de 2021 – ASPC
Lire en ligne | Télécharger l’infographie

L’hépatite C au Canada : Mise à jour des données de surveillance de 2021 – ASPC
Lire en ligne | Télécharger l’infographie

Le VIH au Canada : Les points saillants de la surveillance pour 2022 – ASPC
Lire en ligne | Télécharger l’infographie

Tendances de l’utilisation de la prophylaxie préexposition au VIH [VIH-PPrE] dans neuf provinces canadiennes, 2019-2022 – ASPC
Lire en ligne | Télécharger l’infographie

Dépistage et diagnostic de l’hépatite CCATIE

Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au CanadaRéseau Canadien sur l’Hépatite C

Les bases de la réduction des méfaits : trousse pour prestataires de servicesCATIE

Fondation canadienne du foie

RÉFÉRENCES :

  1. Hill A and Beard N. Combined “test and treat” campaigns for HIV, hepatitis B and hepatitis C: A systematic review to provide evidence to support WHO treatment guidelines. Open Forum Infectious Diseases. 2024; sous presse.
  2. Orkin C. Should HIV testing be replaced with combined blood borne virus (BBV) testing? Open Forum Infectious Diseases. 2024; sous presse.