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CATIE
  • Une étude américaine a révélé que les utilisateurs d’applis de rencontres sexuelles se servaient moins des condoms que les non-utilisateurs
  • En revanche, les utilisateurs d’applis étaient plus enclins à entamer la PrEP
  • Selon les chercheurs, les applis seraient un bon médium pour promouvoir la santé sexuelle

Depuis une décennie, les progrès accomplis dans l’industrie des téléphones intelligents et des applications connexes (applis) ont révolutionné la façon dont les gens trouvent des partenaires sexuels, notamment parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH).

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Dans le cadre d’une étude sur le dépistage du VIH et des infections transmissibles sexuellement (ITS), des chercheurs de l’Université de la Californie à San Diego (UCSD) ont examiné l’utilisation de l’appli populaire de rencontres sexuelles, Grindr, où les participants étaient pour la plupart des HARSAH. Dans cette étude menée auprès de 1 256 personnes, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) a été offerte aux personnes qui ne la prenaient pas déjà et dont le test de dépistage du VIH s’est révélé négatif.

Dans un article à paraître dans la revue Clinical Infectious Diseases, les chercheurs rapportent que les utilisateurs de Grindr ont dévoilé avoir davantage de partenaires masculins et davantage de relations sexuelles sans condom, et de recevoir des taux de résultats positifs plus élevés à des dépistages d’ITS que les non-utilisateurs de cette appli. Par contre, les utilisateurs de Grindr étaient significativement plus enclins à commencer la PrEP. Par conséquent, les diagnostics de l’infection au VIH ont été moins nombreux parmi les utilisateurs de Grindr.

Les chercheurs ont laissé entendre que « Grindr pourrait fournir une plateforme utile pour promouvoir le dépistage du VIH et des ITS et accroître l’adoption de la PrEP ».

Détails de l’étude

Pour cette étude, les chercheurs à l’UCSD ont recruté des HARSAH et des femmes trans. Les participants remplissaient des sondages se rapportant à leurs comportements à risque à l’égard du VIH. On leur offrait ensuite la possibilité de passer un test de dépistage des anticorps anti-VIH. Si celui-ci se révélait négatif pour la présence de tels anticorps, le sang des personnes en question était analysé à l’aide de tests conçus pour détecter le matériel génétique du VIH.

On effectuait des dépistages d’ITS pour la chlamydiose et la gonorrhée à l’aide d’échantillons d’urine et de frottis du rectum et de prélèvements de la gorge. Pour le dépistage de la syphilis, on avait recours à des tests de sang standards.

Les participants dont les tests s’avéraient positifs pour le VIH ou des ITS se faisaient offrir immédiatement la PrEP (comprimé contenant des doses fixes de deux médicaments anti-VIH appelés ténofovir DF et FTC, vendu sous le nom Truvada). La PrEP était offerte gratuitement et en prise unique quotidienne.

Les participants avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :

  • âge : 32 ans
  • genre : 99 % d’hommes; les autres participants s’identifiaient comme femmes trans ou personnes non binaires
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 42 %; Hispaniques – 36 %; Asiatiques – 11 %; Noirs – 6 %
  • proportion faisant état de relations sexuelles anales sans utiliser de condoms – 50 %

Les chercheurs ont réparti les 1 256 participants selon les deux groupes suivants :

  • utilisateurs de Grindr : 580 participants
  • non-utilisateurs de Grindr : 676 participants

Résultats : ITS et VIH

Selon les chercheurs :

  • Les utilisateurs de Grindr (9 %) étaient plus susceptibles de faire l’objet d’un diagnostic de chlamydiose et de gonorrhée que les non-utilisateurs (5 %).
  • Dans l’ensemble, les utilisateurs de Grindr étaient moins susceptibles d’obtenir un résultat positif au test de dépistage du VIH (2 %) que les non-utilisateurs (4 %).
  • Aucune différence n’a été constatée entre les taux de diagnostic de la syphilis (2 %) en fonction de l’utilisation ou de la non-utilisation de Grindr.
  • Durant la première visite en lien avec l’étude, « la majorité des utilisateurs de Grindr (81 %) ne suivaient pas de PrEP même s’ils avaient des comportements sexuels à risque considérablement plus élevés que les non-utilisateurs ». Cependant, après avoir passé un test de dépistage négatif pour le VIH, « les utilisateurs de Grindr étaient presque deux fois plus susceptibles que les non-utilisateurs de commencer la PrEP (25 % contre 14 %) ». 
  • Grâce à un sous-groupe de 340 utilisateurs de Grindr, les chercheurs ont pu évaluer leur usage de cette appli lorsqu’ils se rendaient à la clinique de l’étude. Cela a permis de faire une évaluation objective du temps que les participants passaient à utiliser l’appli. Les chercheurs ont trouvé que les utilisateurs de la PrEP avaient passé plus de temps sur l’appli au cours de la semaine précédente que les non-utilisateurs de la PrEP.

Plateforme ayant le potentiel d’améliorer la santé sexuelle

Les chercheurs ont fait les déclarations suivantes :

« Étant donné les comportements à risque plus nombreux et l’acceptation plus fréquente de la PrEP chez les utilisateurs de Grindr, l’intégration de messages promotionnels sur la PrEP et sur l’arrimage aux soins dans la plateforme Grindr pourrait améliorer l’adoption de la PrEP et augmenter le nombre de dépistages du VIH et des ITS. La grande popularité des applis de rencontres et leur association aux comportements sexuels à risque élevé offrent des occasions uniques de diffuser largement des messages de prévention. Grindr pourrait fournir une occasion réelle de rejoindre les personnes à risque et d’augmenter substantiellement la connaissance et l’adoption de la PrEP. »

Les chercheurs ont souligné que « Grindr propose l’achat de bannières publicitaires qui peuvent transmettre un message sur la prévention du VIH… qui est ciblé à des régions spécifiques et adapté [également] à des fournisseurs précis de la PrEP ». Les chercheurs ont cependant ajouté qu’« une méthode de diffusion plus personnalisée des messages de prévention, [par exemple] l’inclusion d’annonces sur les photos de profil de leaders d’opinion sélectionnés, pourrait être plus efficace que des bannières publicitaires diffusant des messages de prévention destinés aux utilisateurs de Grindr ».

À retenir

Les chercheurs de l’UCSD commencent à se pencher sur une idée importante : au 21e siècle, certaines personnes qui sont à risque de contracter le VIH et les ITS utilisent des applis pour trouver des partenaires sexuels. Des interventions associées à ces applis peuvent être utilisées pour éduquer les gens sur les façons d’améliorer leur santé sexuelle et les encourager à se faire tester pour le VIH et les ITS et, dans les mots des chercheurs, « les inciter à commencer la PrEP ».

Selon les chercheurs, les études futures pourraient évaluer l’utilisation d’autres applis, ainsi que l’utilisation de la PrEP à la demande au lieu de la PrEP quotidienne, « et incorporer une quantification objective de l’utilisation de la PrEP pour aider à déterminer si [l’utilisation de] Grindr se traduit aussi en une meilleure observance thérapeutique ».

Cette étude était limitée à une seule appli : Grindr. Il existe cependant d’autres applis que les chercheurs ont mentionnées, telles que Hornet et Scruff, qui pourraient être également évaluées à titre de plateformes de promotion de la santé sexuelle.

Ressources

Les chercheurs utilisent les médias sociaux pour promouvoir le dépistage du VIH auprès des hommesNouvelles CATIE

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) : ressources et outils - Une collection en ligne pour les fournisseurs de services  – CATIE

Ressources sur la PrEP destinées aux clients – CATIE

Est-ce que la PrEP me convient? – CATIE

Santé sexuelle et relations sexuelles plus sécuritaires – CATIE

Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement – Agence de la santé publique du Canada

Pre-exposure prophylaxis (PrEP) for HIV prevention in Canada – Darrell Tan, M.D.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Hoenigl M, Little MD, Grelotti D, et al. Grindr users take more risks, but are more open to HIV pre-exposure prophylaxis: Could this dating app provide a platform for HIV prevention outreach? Clinical Infectious Diseases. 2019; en voie d’impression.