- Les personnes séropositives sont plus sujettes aux maladies du cœur, notamment la crise cardiaque et l’AVC
- On a comparé les résultats de pontages coronariens pratiqués chez 613 personnes séropositives et 3 119 personnes séronégatives
- L’équipe de recherche a constaté un taux de mortalité semblable (2 %) dans les deux groupes
Les personnes vivant avec le VIH courent des risques plus élevés de présenter des maladies cardiovasculaires, dont la crise cardiaque et l’AVC. Elles ont aussi plus souvent besoin de chirurgies cardiovasculaires. Ces problèmes surgissent parce que, à long terme, l’infection au VIH est associée à un risque accru d’inflammation chronique et de suractivation immunitaire.
Lorsqu’ils sont utilisés comme il se doit, les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) réduisent la quantité de VIH dans le sang. Cette inhibition virale aide à calmer l’inflammation et l’activation immunitaire causées par le VIH. Ces problèmes ne se résolvent toutefois pas complètement sous l’effet du TAR.
Chez certaines personnes séropositives, les risques cardiovasculaires augmentent en présence de maladies liées au vieillissement comme l’hypertension, le prédiabète et le diabète et le surpoids. Le tabagisme et l’usage de drogues nuisent également à la santé cardiovasculaire.
Chez certaines personnes, il est également possible que l’usage antérieur de médicaments anti-VIH plus anciens (qui ne sont plus recommandés par les principales lignes directrices thérapeutiques) ait contribué à des risques cardiovasculaires.
Chacun de ces facteurs de risque peut contribuer au dépôt de substances graisseuses dans ce qu’on appelle des plaques dans les artères. Au fil du temps, à mesure que les plaques s’accumulent dans les artères, ces dernières ont de plus en plus de difficulté à transporter du sang richement oxygéné vers le cœur. Comme la plaque est une substance gluante, des débris peuvent s’y coller et augmenter ainsi le risque que des caillots sanguins se forment inutilement. Les grands caillots peuvent bloquer le flux sanguin.
Vu que le cœur est un muscle actif qui pompe constamment du sang, il peut subir des dommages et devenir moins efficace s’il ne reçoit pas assez d’oxygène. À la longue, l’organe ainsi atteint risque de mal fonctionner et de cesser de faire son travail.
Pontage coronarien
Lorsque les artères deviennent bloquées, les chirurgien·ne·s peuvent pratiquer une intervention appelée pontage coronarien. Lors de cette chirurgie, on extrait un bout de vaisseau sanguin d’une jambe, de la poitrine ou d’un bras et on l’attache à l’artère touchée, de manière à relier les parties non bouchées de celle-ci. Cela permet au sang de couler à nouveau vers le cœur. Certaines personnes ont besoin de se faire placer deux greffons de vaisseaux ou davantage, selon la gravité de la maladie artérielle.
Les pontages coronariens sauvent des vies mais n’agissent pas contre les causes sous-jacentes des maladies du cœur. Les personnes atteintes de coronaropathie doivent adopter un programme d’exercices approuvés par un·e médecin et, au besoin, modifier leur alimentation (pour perdre du poids) et cesser de fumer. De plus, il peut être nécessaire de prendre des médicaments pour réduire les taux de cholestérol et le risque de caillots sanguins inutiles.
États-Unis
Une équipe de recherche de la George Washington University School of Medicine and Health Sciences à Washington, D.C., a analysé une large base de données se rapportant à la santé. Son analyse a porté sur les tendances associées au pontage coronarien.
L’équipe a évalué des données recueillies auprès de 613 personnes séropositives et 3 119 personnes séronégatives au profil sociodémographique semblable. Elle a constaté que les taux de mortalité post-pontage coronarien en contexte hospitalier étaient très semblables, soit 2 % à peu près, dans les deux groupes.
Chez les personnes séropositives, les problèmes qui augmentaient le risque de mortalité incluaient les suivants :
- pontage coronarien antérieur
- maladie respiratoire chronique
- rétrécissement des vaisseaux sanguins dans les pieds ou les jambes (maladie artérielle périphérique)
- lésions rénales graves
De plus amples détails à ce sujet se trouvent plus loin dans ce bulletin de Nouvelles CATIE.
Détails de l’étude
L’équipe de recherche a utilisé des données anonymes issues du National Inpatient Sample (NIS). Cette base de données inclut de l’information sur 20 % des hospitalisations ayant lieu aux États-Unis.
L’équipe de recherche a pris en considération des facteurs sans lien avec la chirurgie, y compris les suivants :
- sexe
- âge
- race/ethnie
- situation par rapport à l’assurance maladie
- problèmes de santé
Aucune donnée se rapportant au VIH (compte de CD4+, charge virale ou type de TAR utilisé) n’était disponible.
L’équipe de recherche a également pris en considération des facteurs se rapportant aux hôpitaux où les chirurgies étaient pratiquées. Ces facteurs incluaient la taille de l’hôpital (nombre de lits), l’emplacement géographique, l’éventuelle vocation d’enseignement, etc.
L’équipe a examiné les résultats obtenus dans les hôpitaux, notamment par rapport aux complications touchant le cœur, le cerveau, les reins, les poumons et d’autres.
L’équipe a examiné des données recueillies entre 2015 et 2020. Durant cette période, 613 personnes (0,36 %) qui ont subi un pontage coronarien avaient le VIH. Chacune d’entre elles a été appariée à au moins cinq personnes séronégatives au profil sociodémographique semblable, soit un total de 3 119 personnes qui avaient subi un pontage durant la même période.
Parmi les personnes séropositives, 87 % étaient des hommes et 13 % étaient des femmes.
Résultats
Les personnes séropositives étaient plus susceptibles de présenter les facteurs suivants :
- être des hommes
- avoir moins de 65 ans
- être une personne de couleur
- avoir un faible revenu
- recevoir des soins de santé subventionnés par le gouvernement
- être entrées à l’hôpital par le service des urgences
L’équipe de recherche a également constaté que les personnes séropositives étaient plus susceptibles de présenter les problèmes suivants, par rapport aux personnes séronégatives :
- dépression (17 % contre 9 %)
- trouble lié à l’usage de substances (7 % contre 2 %)
- hypertension complexe (46 % contre 36 %)
- insuffisance rénale grave (6 % contre 2 %)
- anémie (8 % contre 4 %)
- crise cardiaque antérieure (24 % contre 18 %)
Cependant, en appariant des personnes présentant des caractéristiques médicales et sociodémographiques semblables, l’équipe de recherche a été en mesure de minimiser l’incidence de ces différences lors de l’analyse des résultats.
Résultats en contexte hospitalier
Après l’appariement des groupes (séropositif ou séronégatif), l’équipe de recherche a constaté des taux de mortalité semblables (2 %).
L’équipe a toutefois remarqué que les personnes séropositives qui avaient subi un pontage coronarien étaient plus sujettes aux problèmes suivants, par rapport aux personnes séronégatives :
- lésions rénales aiguës (27 % contre 22 %)
- infection (8 % contre 4 %)
Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les personnes séropositives présentant un ou plusieurs des facteurs suivants étaient plus à risque de mourir :
- pontage coronarien antérieur
- maladie respiratoire chronique
- rétrécissement des vaisseaux sanguins dans les pieds ou les jambes (maladie artérielle périphérique)
- lésions rénales graves
Notons qu’une autre étude d’envergure américaine a permis de constater un risque accru d’infection (pneumonie) après un pontage coronarien chez des personnes séropositives.
À l’avenir
La présente analyse devrait être considérée comme un survol des résultats de pontages coronariens pratiqués chez des personnes vivant avec le VIH. En général, ce type de chirurgie donne des résultats très prometteurs chez les personnes séropositives. Il est donc important que la seule infection au VIH ne soit pas utilisée comme prétexte pour refuser l’accès à cette chirurgie d’importance vitale. Comme les circonstances varient selon l’individu, l’équipe de recherche n’a pas été en mesure de se renseigner sur des problèmes cardiovasculaires spécifiques parce que ceux-ci n’étaient pas mentionnés dans la base de données.
Comme nous l’avons mentionné plus tôt, l’équipe ne disposait pas de données sur le compte de CD4+, la charge virale ou le type de traitement utilisé contre le VIH.
La base de données du NIS n’inclut pas de dossiers concernant ce qui est arrivé aux personnes opérées après leur départ de l’hôpital. Pour cette raison, les perspectives d’avenir à long terme des personnes séropositives qui ont subi un pontage coronarien dans cette étude ne sont pas connues.
—Sean R. Hosein
Ressources
Un médicament contre le cholestérol réduit le risque de maladies cardiovasculaires chez des personnes séropositives – Nouvelles CATIE
Le VIH et la maladie cardiovasculaire – CATIE
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