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  • Une étude californienne a révélé que près de 10 % des personnes séropositives qui survivaient à un lymphome hodgkinien présentaient subséquemment un second cancer différent
  • Le second cancer se déclarait habituellement dans les cinq ans suivant le diagnostic de lymphome
  • L’équipe de recherche recommande une stratégie de prévention et de dépistage à long terme pour cette population

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Le lymphome hodgkinien est un cancer du système immunitaire qui se forme lorsqu’une cellule B, une composante de ce système, devient anormale. La cellule B anormale se transforme ensuite, devenant cancéreuse et produisant de nouvelles cellules qui se multiplient et se gonflent. Les cellules cancéreuses se logent ensuite à l’intérieur d’un ganglion lymphatique ou dans un organe du système immunitaire, tel que la rate ou le thymus.

Déclencheurs du cancer

L’événement qui déclenche la transformation anormale de la cellule B n’est pas toujours clair. Dans certains cas, les scientifiques se doutent que la cellule se fait infecter par le virus Epstein-Barr (EBV), un membre répandu de la famille des virus de l’herpès. Des recherches récentes laissent croire, quant à elles, que certaines protéines du VIH sont capables d’inciter les cellules à se développer anormalement. Une autre possibilité réside dans l’inflammation et l’activation immunitaire excessives causées par l’infection au VIH, qui est chronique, un problème que le TAR ne peut résoudre que partiellement. Il est possible que cette activation chronique vieillisse prématurément le système immunitaire. Quant à l’inflammation excessive, elle est soupçonnée d’augmenter le risque d’anomalies cellulaires et de croissance de cellules précancéreuses.

Historique du lymphome

À l’époque qui a précédé l’arrivée des traitements puissants contre le VIH (TAR), plusieurs cancers potentiellement mortels étaient relativement courants chez les personnes vivant avec le VIH, y compris diverses formes de lymphomes. Avant le TAR, les perspectives de survie des personnes séropositives atteintes de cancers graves étaient peu reluisantes.

Les cancers associés au VIH sont toutefois beaucoup moins courants depuis l’arrivée du TAR. De plus, lorsqu’ils se déclarent, les chances de rétablissement des personnes séropositives touchées sont meilleures. On doit cette différence au fait que le TAR, lorsqu’il est utilisé comme il faut, supprime la quantité de VIH dans le sang et permet ainsi au système immunitaire de se rebâtir presque complètement. Les bienfaits à long terme du TAR sont tellement importants que les scientifiques prévoient une espérance de vie quasi normale pour les personnes utilisant ce genre de traitement.

Il importe toutefois de souligner que le TAR ne peut résoudre tous les problèmes et que des défauts subtils persistants dans le système immunitaire subsisteront. Notons de plus que certaines personnes séropositives vivent avec des co-infections virales qui peuvent causer le cancer, notamment l’EBV, le virus du papillome humain et les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C. Soulignons finalement que certaines personnes vivant avec le VIH fument la cigarette.

Si l’on prend en considération l’ensemble de ces facteurs, on peut constater que les risques de cancer sont plus élevés chez les personnes séropositives. Cela ne veut pas dire que la plupart d’entre elles finissent nécessairement par présenter un cancer, mais leurs risques en tant que groupe sont plus élevés que ceux des personnes séronégatives. Par conséquent, les personnes vivant avec le VIH ont besoin de prendre des mesures pour maintenir ou améliorer leur santé générale et réduire leurs risques de cancer.

Second cancer

Une équipe de recherche de l’Université de la Californie à Davis a passé en revue des données de santé recueillies entre 1990 et 2015 auprès de personnes ayant reçu un diagnostic de lymphome hodgkinien en Californie. L’équipe s’est concentrée sur les survivant·e·s du lymphome qui ont présenté subséquemment un second cancer de nature différente.

Au cours de la période à l’étude, l’équipe de recherche a analysé des données se rapportant à plus de 20 000 personnes qui avaient survécu à un lymphome hodgkinien. En voici la répartition selon le statut VIH :

  • personnes séropositives : 735 survivant·e·s
  • personnes séronégatives : 18 932 survivant·e·s

Un total de 1 772 personnes ont présenté subséquemment un second cancer différent, comme suit :

  • personnes séropositives : 67
  • personnes séronégatives : 1 705

En moyenne, la période écoulée avant la survenue du second cancer était plus courte chez les personnes séropositives :

  • personnes séropositives : le nouveau cancer se déclarait dans les cinq ans suivant le diagnostic de lymphome hodgkinien
  • personnes séronégatives : le nouveau cancer se déclarait dans les huit ans suivant le diagnostic de lymphome hodgkinien

Selon l’équipe de recherche, le risque global de présenter un second cancer était près de 40 % plus élevé chez les personnes séropositives que chez la personne séronégative moyenne vivant en Californie à l’époque en question.

L’équipe a recommandé que les personnes séropositives ayant survécu à un lymphome hodgkinien fassent l’objet d’interventions visant le dépistage et la prévention à long terme du cancer. Ce dernier point revêt une grande importance vu que 27 % des personnes séronégatives et 43 % des personnes séropositives qui ont survécu à un lymphome hodgkinien sont décédées par la suite durant la période à l’étude.

Détails de l’étude

Voici un bref profil moyen des personnes séropositives au moment où elles ont cherché des soins pour un lymphome hodgkinien :

  • 90 % d’hommes, 10 % de femmes
  • 42 % avaient entre 15 et 39 ans; 58 % avaient 40 ans ou plus
  • 99 % étaient atteintes d’un « lymphome hodgkinien classique », selon l’équipe d’oncologie
  • 64 % avaient des tumeurs dans diverses parties de leur système immunitaire

Résultats

Par ordre décroissant quant à l’ampleur du risque, voici les principaux seconds cancers diagnostiqués :

Personnes séropositives

  • sarcome de Kaposi
  • cancer anorectal
  • cancers de la tête et du cou
  • lymphome non hodgkinien
  • cancer du poumon
  • cancer de la peau sans présence de mélanome

Personnes séronégatives

  • lymphome non hodgkinien
  • cancer du poumon
  • leucémie
  • cancer gastro-intestinal
  • mélanome cutané
  • cancer de la thyroïde
  • cancers de la tête et du cou
  • cancer du rein

Tendances au fil du temps

Dans l’ensemble, l’équipe de recherche a constaté la différence suivante entre les périodes où le risque de faire un second cancer était le plus élevé :

  • personnes séropositives : le risque était le plus élevé dans les deux ans suivant le diagnostic de lymphome hodgkinien
  • personnes séronégatives : le risque était le plus élevé 20 ans ou plus après le diagnostic de lymphome hodgkinien

À retenir

En analysant ces données recueillies auprès de quelque 20 000 personnes qui avaient survécu à un lymphome hodgkinien en Californie, l’équipe de recherche a constaté que le risque de présenter ultérieurement un second cancer différent était doublé chez les survivant·e·s (sans égard au statut VIH), comparativement à la personne moyenne vivant dans cet État.

À propos des personnes séropositives, l’équipe de recherche a affirmé que le « pic du risque global » de faire un second cancer était atteint dans les deux ans suivant le diagnostic de lymphome hodgkinien. En revanche, chez les personnes séronégatives, la période où le risque était le plus élevé commençait 20 ans ou plus après le diagnostic de lymphome hodgkinien.

À la lumière de ces résultats, l’équipe de recherche a affirmé ceci : « Des stratégies de [dépistage du cancer] plus précoces ou plus intenses devraient être mises en œuvre pour aider à contrer l’incidence plus élevée [de seconds nouveaux cancers] chez les personnes vivant avec le VIH ayant survécu à un lymphome hodgkinien ».

Gestion des risques

Comparativement à la personne moyenne vivant en Californie, l’équipe de recherche a souligné que « l’incidence des premiers et des seconds cancers primaires est plus élevée chez les personnes vivant avec le VIH. Une évaluation minutieuse de l’efficacité, des méfaits et des bienfaits potentiels de diverses stratégies de dépistage est nécessaire, surtout pour les survivant·e·s du cancer à haut risque qui vivent avec le VIH et pour lesquelles il n’existe aucune recommandation spécifique concernant l’après-traitement ».

Chronologie des seconds cancers chez les personnes séropositives

Cette étude n’a pas été conçue pour découvrir les problèmes qui augmentaient le risque de présenter un second cancer. Il n’empêche que l’équipe de recherche a soulevé plusieurs points à propos de ce risque. Selon elle, les personnes séropositives qui ont survécu à un lymphome hodgkinien « étaient susceptibles de présenter un second [cancer différent] relativement peu de temps après le traitement du lymphome hodgkinien ».

Toujours selon l’équipe de recherche, « [il est] plausible que la chimiothérapie administrée dans le cadre du traitement du lymphome hodgkinien ait supprimé davantage le système immunitaire et contribué ainsi à la croissance de ces tumeurs ».

L’équipe a également souligné d’autres facteurs qui auraient pu jouer un rôle dans l’accroissement du risque de cancer, tels les suivants :

  • tabagisme
  • consommation d’alcool
  • exposition au soleil
  • co-infections virales

En plus de recommander la modification (dans la mesure du possible) des facteurs de risque ci-dessus, l’équipe a proposé les interventions suivantes pour réduire les risques de cancer :

Dépistage du cancer du poumon

L’équipe de recherche a souligné les résultats d’études menées en Europe et aux États-Unis où l’on avait effectué des simulations informatiques pour déterminer l’impact qu’aurait éventuellement l’utilisation d’examens de TDM (tomodensitométrie) à faible dose pour le dépistage du cancer du poumon. Selon l’équipe, les simulations « semblaient indiquer une réduction de la mortalité due au cancer du poumon ainsi qu’un taux plus élevé de détection du cancer du poumon, surtout lorsque la TDM s’effectuait chez des personnes plus jeunes ou que l’on appliquait un critère moins strict quant au seuil de tabagisme. Malgré les bienfaits potentiels, une prise en considération rigoureuse de plusieurs facteurs – risque individuel, espérance de vie, observance du TAR, méfaits éventuels de la TDM – devrait guider le processus de prise de décision des clinicien·ne·s quant à savoir s’il faudrait recommander le dépistage du cancer du poumon aux personnes séropositives ayant survécu à un lymphome hodgkinien ».

Dépistage de maladies liées au VPH

Certaines souches du virus du papillome humain (VPH) peuvent causer des cancers de l’anus, du col utérin, de la gorge et de la vulve, et de la partie postérieure de la langue. L’équipe de recherche recommande de soumettre les personnes séropositives ayant survécu à un lymphome hodgkinien à des tests de dépistage des cancers liés au VPH, notamment pour détecter le cancer anal. Elle encourage également les personnes admissibles à se faire vacciner contre le VPH.

Importance des spécialistes du cancer

L’équipe de recherche a recommandé de diriger les personnes séropositives ayant survécu à un cancer vers un·e oncologue pour recevoir des « soins de longue durée adaptés aux survivant·e·s ».

—Sean R. Hosein

Ressources

Le rapport CD4/CD8 peut-il servir à prévoir le risque de cancer anal chez les personnes séropositives? Nouvelles CATIE

La baisse du compte de CD4+ après un traitement contre le cancer écourterait la survie de certaines personnes séropositivesNouvelles CATIE

Société canadienne du cancer

Lymphome hodgkinien – Société canadienne du cancer

Cancer – Gouvernement du Canada

Cancer – Gouvernement du Québec

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