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CATIE
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  • Des études ont révélé que la PrEP réduit très efficacement le risque de contracter le VIH
  • La plupart des études sur la PrEP ont porté spécifiquement sur la transmission sexuelle chez les hommes gais et bisexuels
  • Une équipe d’Ottawa a réussi à intégrer PrEP et réduction des méfaits dans des services pour personnes qui s’injectent des drogues

Des essais cliniques et projets de démonstration ont permis de constater que la prophylaxie pré-exposition (PrEP), administrée sous forme de comprimés contenant du ténofovir DF et du FTC, réduit très efficacement le risque de contracter le VIH lorsqu’elle est utilisée comme elle est prescrite. La PrEP a fait l’objet de nombreuses études auprès d’hommes gais et bisexuels et d’autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH), mais son impact sur d’autres populations importantes, comme les personnes qui s’injectent des drogues, n’a pas été bien étudié.

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À Ottawa

À Ottawa, les infirmier·ère·s ­de recherche d’une clinique de santé sexuelle ont fait équipe avec le personnel infirmier d’un centre de réduction des méfaits afin d’élaborer un projet pilote. Ce dernier avait pour objectif d’intégrer la PrEP dans les soins de santé prodigués aux personnes qui s’injectent des drogues. Les infirmier·ère·s de recherche ont créé un partenariat avec l’équipe infirmière responsable d’un programme de distribution d’opioïdes plus sécuritaires. En intégrant la PrEP dans les services de réduction des méfaits, les équipes ont réussi à faciliter l’accès des participant·e·s à la PrEP et à des opioïdes.

Vingt-trois personnes ont participé au projet pilote pour une période de six mois. Durant celle-ci, aucun nouveau cas de VIH ou de lésions rénales n’a été signalé parmi les personnes suivant la PrEP.

Même si cette étude était de trop faible envergure pour assurer une validité statistique à ses données, les résultats sont très prometteurs. Ils indiquent que, si le soutien nécessaire est en place, il est possible d’intégrer la PrEP dans les activités quotidiennes des programmes de réduction des méfaits. Ce projet pilote peut servir de modèle aux cliniques et aux organismes de santé sexuelle et de réduction des méfaits qui souhaitent étendre l’accès à la PrEP aux populations courant un risque élevé de contracter le VIH.

Description du projet pilote

Ce projet pilote a nécessité l’apport de deux équipes infirmières. La première travaillait dans un centre offrant une gamme de services de réduction des méfaits à la communauté, y compris les suivants :

  • ordonnances pour des opioïdes
  • supervision de la consommation d’opioïdes
  • refuge pour personnes en situation d’itinérance
  • aiguillage vers des services sociaux et autres

L’autre équipe travaillait dans une clinique de santé sexuelle et les infirmier·ère·s avaient de l’expertise en matière de PrEP. Dans la clinique en question, après évaluation des patient­·e­·s souhaitant utiliser la PrEP, l’équipe infirmière pouvait amorcer les soins nécessaires et prescrire la PrEP si elle la jugeait appropriée. Les ordonnances étaient approuvées à l’avance par des médecins en vertu d’un processus appelé « directive médicale ».

L’équipe infirmière de la clinique de santé sexuelle a bâti une relation de travail avec celle du centre de réduction des méfaits et lui a offert une formation consistant en les éléments suivants :

  • éducation sur les lignes directrices en matière de PrEP
  • évaluation des patient·e·s pour déterminer leur admissibilité à la PrEP
  • counseling et suivi des patient·e·s recevant la PrEP

Grâce à ce partenariat, l’équipe du centre de réduction des méfaits pouvait offrir la PrEP aux patient·e·s qui, selon elle, étaient susceptibles d’en bénéficier. Une fois le consentement des patient·e·s obtenu, les infirmier·ère·s remplissaient un formulaire d’admission puis effectuaient des prises de sang à des fins d’analyse. Ensuite, le formulaire d’admission et les résultats des tests de laboratoire étaient envoyés à la clinique de santé sexuelle pour être passés en revue. Si l’équipe de la clinique confirmait l’admissibilité des patient·e·s, elle envoyait une ordonnance pour la PrEP à la même pharmacie que les patient­·e·s utilisaient pour obtenir leurs opioïdes sur ordonnance. Les patient·e·s allaient tous les jours à la pharmacie pour chercher leurs opioïdes et leur PrEP. Ces visites quotidiennes permettaient à la pharmacie de suivre le fil des médications en cours.

La PrEP, les opioïdes et d’autres médicaments étaient payés par des fonds publics.

Détails de l’étude

Une équipe de recherche a présenté une analyse portant sur les six premiers mois du projet, soit du 5 décembre 2020 au 12 juin 2021.

Au cours de l’étude, l’équipe infirmière du centre de réduction des méfaits a offert la PrEP à 42 personnes et obtenu les réponses suivantes :

  • 23 personnes ont accepté l’offre
  • 10 personnes ont refusé; cinq personnes ne se croyaient pas à risque de contracter le VIH, et cinq autres voulaient consulter d’abord leur médecin de famille
  • Neuf personnes ont été jugées inadmissibles; sept d’entre elles avaient déjà le VIH, et, selon l’équipe, les deux autres étaient « incapables d’accepter la PrEP » à cause de problèmes de santé mentale graves

Voici un bref profil des participant·e·s qui ont pu accepter l’offre de la PrEP :

  • moyenne d’âge : 36 ans
  • 13 hommes, 10 femmes, dont une majorité de personnes blanches (16) ou autochtones (5)
  • 22 étaient en situation d’itinérance

Résultats

Sur les 23 personnes qui ont accepté de prendre la PrEP, quatre ne l’ont jamais commencée, et quatre autres l’ont commencée puis l’ont abandonnée. Il restait alors 15 personnes (huit femmes et sept hommes) qui ont continué à prendre la PrEP jusqu’à la fin du projet pilote.

Virus de l’hépatite C

Dix personnes sur 15 avaient le virus de l’hépatite C (VHC). De ces 10 personnes, huit ont par conséquent commencé un traitement contre cette infection.

Résultats liés à la PrEP

Aucune personne n’a contracté le VIH durant le projet pilote. De plus, aucun cas de lésion rénale n’a été signalé. Rappelons que ce problème touche une faible proportion de personnes utilisant l’association ténofovir DF + FTC à titre de PrEP.

Points à considérer

PrEP pour les personnes qui s’injectent des drogues

Cette étude pilote a révélé qu’un centre de réduction des méfaits qui offrait la distribution d’opioïdes plus sécuritaires pouvait réussir à fournir la PrEP aux personnes qui en avaient besoin.

Partenariat

L’équipe de recherche a laissé entendre que les centres de réduction des méfaits devraient envisager d’offrir la PrEP, éventuellement par le biais de « partenariats avec des cliniques de PrEP, afin de maximiser les compétences et les ressources de chaque groupe de clinicien­·ne·­s et de réduire les obstacles à l’accès pour les personnes marginalisées très à risque de contracter le VIH ».

Toujours selon l’équipe de recherche : « En intégrant la PrEP dans des soins se rapportant directement à la vie des personnes qui s’injectent des drogues, notamment en créant des liens avec des prescripteur·euse·s d’opioïdes plus sécuritaires et une pharmacie disposée à distribuer quotidiennement la PrEP avec des opioïdes, nous avons aidé à surmonter des déterminants sociaux mettant à risque la santé des personnes qui s’injectent des drogues, y compris l’accès aux soins, le coût des médicaments et la capacité de prendre et d’utiliser des traitements. De cette manière, la fusion de la distribution d’opioïdes plus sécuritaires et de programmes de PrEP pourraient redresser des inégalités importantes en matière de santé et atténuer à la fois les séquelles de la distribution d’opioïdes toxiques (y compris les surdoses) et la transmission continue du VIH ».

Confiance

Selon l’équipe de recherche, « la relation de confiance établie entre l’équipe infirmière distribuant les opioïdes plus sécuritaires et les participant·e·s au programme a sans doute joué un grand rôle dans le succès de cette collaboration […]. Souvent, les personnes qui s’injectent des drogues font face à une stigmatisation, à une marginalisation et à une criminalisation de forte intensité dans le système de santé, ce qui engendre de la méfiance et des difficultés à obtenir des soins appropriés et acceptables. Comme les client·e·s recevant des opioïdes plus sécuritaires avaient déjà établi une relation thérapeutique avec le personnel infirmier [du centre de réduction des méfaits], cela a facilité les discussions se rapportant à l’amorce de la PrEP et au suivi. De plus, l’équipe infirmière [en réduction des méfaits] a été en mesure de prodiguer directement des soins aux participant­·e·s dans le refuge et au site de consommation supervisée, ce qui a permis non seulement d’enlever l’obstacle de la distance physique à parcourir pour se rendre à une autre clinique, mais aussi de faciliter la prestation de soins simplifiés et exhaustifs dans un milieu familier ».

Dépistage du VHC

Les résultats de cette étude soulignent l’importance du dépistage des infections virales comme le VHC.

Souplesse requise

Les personnes qui prennent la PrEP doivent faire l’objet d’un suivi régulier qui comprend des visites à un laboratoire et à une clinique. Une fois la PrEP commencée, les visites des patient·e·s à la clinique ont généralement lieu tous les trois mois. Cette équipe de recherche a toutefois constaté que certain·e·s participant·e·s au projet pilote devaient déplacer leurs rendez-vous à cause de difficultés à visiter régulièrement la clinique. Certaines visites ont dû être répétées quelques semaines plus tard parce que le personnel infirmier n’a pas été capable de trouver des veines propices aux prises de sang.

À l’avenir

Ce projet pilote mené à Ottawa a fourni un fondement de données révélant qu’il est possible d’intégrer la PrEP dans les services offerts dans les centres de réduction des méfaits. Ce succès devrait stimuler des discussions entre des cliniques et des prestataires de services quant à la façon d’accomplir une telle intégration et de prévenir les nouvelles infections par le VIH chez les personnes qui s’injectent des drogues.

—Sean R. Hosein

Ressources

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RÉFÉRENCE :

Haines M, O’Byrne P. Nurse-led safer opioid supply and HIV pre-exposure prophylaxis: a novel pilot project. Therapeutic Advances in Infectious Diseases. 2022; sous presse.