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  • Jusqu’à présent, les éclosions de variole simienne notées dans les pays à revenu élevé étaient toutes reliées à des voyages à l’étranger
  • Le Canada et d’autres pays ont récemment confirmé la survenue de cas de variole simienne chez des humains, la plupart desquels semblent relativement légers
  • Les personnes présentant une éruption cutanée et d’autres symptômes apparentés devraient contacter un­·e professionnel·le de la santé

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Le virus de la variole simienne (aussi appelée variole du singe) appartient à la même famille que le virus de la variole. Des éclosions de variole simienne sont documentées occasionnellement au Nigéria et en République démocratique du Congo depuis 1970. Historiquement, les cas de variole simienne ont été rares en Amérique du Nord et en Europe occidentale et n’ont touché principalement que des personnes ayant voyagé dans les régions où la maladie sévit. Il y a une vingtaine d’années aux États-Unis, des cas de variole simienne ont été notés chez des personnes qui avaient eu un contact avec des chiens de prairie vendus comme animaux de compagnie, lesquels avaient été entreposés antérieurement avec de petits mammifères provenant de régions où la maladie est endémique et où la transmission de la variole simienne survient de manière continue dans la communauté. Aucune des personnes touchées par cette éclosion n’est décédée de la variole simienne.

À la mi-mai 2022, une éclosion de variole simienne touchant des personnes n’ayant jamais voyagé dans les régions où la maladie est endémique a été signalée, d’abord au Royaume-Uni et ensuite dans d’autres parties d’Europe. Des cas subséquents ont été rapportés au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays. Un grand nombre de ces cas concernent des hommes gais ou bisexuels ou d’autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). La plupart des cas figurant dans cette éclosion sont légers. Après consultation médicale, les patient·e·s touché·e·s par la variole simienne sont encouragé·e·s par les autorités de la santé publique de ces pays à rester à la maison jusqu’à leur rétablissement. Des hospitalisations ont été nécessaires dans certains cas. L’éclosion actuelle se poursuit, et les autorités sont en train d’évaluer la situation et d’offrir des conseils aux villes et aux régions touchées.

Dans ce bulletin de Nouvelles CATIE, nous résumons des renseignements importants au sujet de la variole simienne, mais ceux-ci ne sont pas exhaustifs. Notons de plus que l’éclosion actuelle évolue encore et que les renseignements peuvent changer. Nous encourageons nos lecteurs et lectrices à rester au courant des nouvelles en consultant les sites Web des organismes de santé publique de leur ville ou de leur région.

Qu’est-ce que la variole simienne?

Variole simienne est le nom d’une maladie causée par un microbe portant le nom de virus de la variole simienne. Ce virus appartient à la même famille que le virus de la variole. Le virus de la variole simienne a été isolé pour la première fois chez une colonie de singes expédiée au Danemark depuis l’Asie de l’Est.

Chez l’humain, le premier cas documenté de variole simienne s’est produit en 1970 chez un enfant en République démocratique du Congo. Des cas occasionnels de variole simienne touchant des humains ont également été signalés dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, pour la plupart au Nigéria.

Les scientifiques ne sont pas certain·e·s quels animaux servent d’hôtes naturels au virus de la variole simienne, mais il est probable que ce dernier est présent chez les rongeurs et les singes.

Il existe deux souches principales du virus de la variole simienne qui proviennent respectivement de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest. Dans l’éclosion qui se poursuit actuellement en Amérique du Nord, en Europe et dans d’autres pays à revenu élevé, la souche responsable semble s’apparenter étroitement à la souche de l’Afrique de l’Ouest. Cette souche a tendance à provoquer une maladie relativement légère.

Pourquoi la variole simienne est-elle devenue un enjeu au 21e siècle?

Comme le virus de la variole simienne est de la même famille que le virus de la variole, il est très probable que la vaccination contre celui-ci confère un haut degré de protection contre la variole simienne aussi. La campagne de vaccination lancée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les années 1960 et 70 fut tellement efficace que l’OMS en est venue à considérer la variole comme éradiquée dès 1980. De nos jours, de petits échantillons de virus de la variole sont conservés dans un nombre limité d’établissements de recherche.

Selon plusieurs équipes de scientifiques, la fin des campagnes de vaccination contre la variole, dans les années 1970, aurait laissé augmenter graduellement la vulnérabilité des humains à la variole simienne dans les régions comptant une population d’animaux porteurs de ce virus. La recherche laisse penser que, dans un premier temps, les enfants vivant dans ces régions étaient plus susceptibles que les adultes de contracter la variole simienne. Cependant, l’âge moyen des personnes atteintes de la variole simienne augmente depuis 40 ans dans les régions où la maladie est endémique, et les adultes sont également vulnérables de nos jours.

De nombreux facteurs auraient pu contribuer à la multiplication depuis 40 ans des cas de variole simienne dans les régions où la maladie est endémique, dont la chasse aux animaux sauvages, la déforestation (qui peut augmenter la proximité des humains des animaux sauvages) et les changements climatiques.

Transmission du virus de la variole simienne et enjeux connexes

Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont fourni les renseignements importants suivants au sujet de la propagation du virus de la variole simienne : « On croit que la transmission entre humains se fait principalement par le biais de grandes gouttelettes respiratoires. En général, celles-ci ne peuvent voyager plus loin que quelques dizaines de centimètres, alors un contact face à face de longue durée est nécessaire. D’autres méthodes de transmission chez l’humain incluent un contact direct avec des liquides corporels ou des débris lésionnels, ou encore un contact indirect avec des débris lésionnels, comme par l’entremise de vêtements ou d’une literie contaminés ».

Les situations décrites ci-dessus constituent historiquement les modes de transmission les plus courants du virus de la variole simienne.

L’éclosion actuelle sévit de façon disproportionnée chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Par conséquent, outre les modes de transmission décrits ci-dessus, il est possible que le virus de la variole simienne se propage durant les relations sexuelles entre hommes. La possibilité que le virus de la variole simienne se transmette par voie sexuelle n’est pas une idée nouvelle. Lors d’une éclosion survenue il y a plusieurs années au Nigéria, une équipe de recherche a soupçonné que le virus de la variole simienne se transmettait sexuellement dans certains cas en raison de la présence de lésions buccales et génitales chez les personnes touchées (notons que des hommes et des femmes étaient touché·e·s lors de cette éclosion de variole simienne). Cela ne veut pas dire cependant que la variole simienne est une infection transmissible sexuellement. Rappelons aussi qu’il est normal que certains virus se propagent de plusieurs façons.

Même si de nombreuses personnes touchées par l’éclosion actuelle de la variole simienne sont des HARSAH, il importe de souligner que n’importe qui peut contracter le virus de la variole simienne lors d’un contact étroit avec une personne infectée.

Comme la variole simienne est une maladie insuffisamment étudiée, les scientifiques et les équipes de recherche de la santé publique ont beaucoup de travail à faire pour déterminer les façons précises dont le virus de la variole simienne se transmet entre humains dans les pays à revenu élevé. Comme c’est le cas de toute maladie émergente, cela pourrait prendre beaucoup de temps, et la patience sera de rigueur en attendant que les personnes touchées soient interrogées et leurs échantillons, analysés. À mesure que les renseignements seront diffusés, les autorités de la santé publique dans les régions touchées offriront des conseils pour réduire le risque de contracter le virus de la variole simienne. En attendant cette information et ces conseils, il sera important de ne pas céder à la panique et de miser sur les méthodes de prévention et de contrôle rationnelles, efficaces et appropriées. Il importe aussi de noter que des éclosions de maladies virales se produisent constamment dans le monde. Dans un passé récent, il s’est produit des éclosions beaucoup plus étendues de la variole simienne dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, mais elles n’ont pas attiré l’attention des médias dans les pays à revenu élevé.

Symptômes de la variole simienne

Habituellement, la maladie causée par le virus de la variole simienne évolue pendant jusqu’à un mois. Selon l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), « les symptômes se manifestent en deux phases et durent habituellement de deux à quatre semaines ».

Les symptômes de la variole simienne se manifestent normalement dans la première ou la deuxième semaine suivant l’infection par le virus. Cependant, chez certaines personnes, les premiers symptômes peuvent mettre jusqu’à trois semaines à se manifester après l’exposition, et incluent les suivants :

  • fièvre
  • frissons
  • maux de tête
  • douleurs/sensibilité musculaires
  • fatigue ou manque d’énergie
  • maux de dos
  • ganglions lymphatiques enflés

Certaines personnes présentent également un mal de gorge ou une toux.

Après l’apparition de ces symptômes, on observe une éruption cutanée (habituellement en l’espace de plusieurs jours). Cependant, à en croire les témoignages de personnes touchées lors d’éclosions antérieures, une éruption cutanée peut se produire avant les autres symptômes de la variole simienne.

Éruption cutanée et lésions

L’éruption cutanée a tendance à apparaître d’abord sur le visage et à se propager ensuite à d’autres parties du corps, y compris aux bras et aux jambes et jusqu’à la plante des pieds et à la paume des mains. Des lésions apparaissent sur la peau à l’endroit de l’éruption, ainsi que dans la bouche dans certains cas. Les lésions sont plates dans un premier temps, mais elles s’arrondissent et deviennent surélevées sur une période de quelques jours. Elles s’emplissent quelques jours plus tard d’un liquide clair qui devient trouble par la suite. Puis apparaît un creux au centre des lésions, ce qui annonce la phase de leur développement où elles s’appellent pustules. Durant la semaine suivante, une croûte commence à se former sur les pustules, puis des gales. Celles-ci sont présentes pendant une semaine avant de tomber.

Aux endroits où des gales se sont détachées, la peau touchée peut avoir une apparence plus claire ou plus foncée que la peau de la région avoisinante.

Lorsque toutes les gales sont tombées, la personne n’est plus contagieuse.

Les symptômes initiaux de la variole simienne peuvent ressembler à ceux d’autres infections comme la varicelle, l’herpès ou même la syphilis. D’où l’importance pour les personnes touchées, et plus particulièrement pour les HARSAH, d’appeler leur médecin si une éruption cutanée se manifeste, afin de faciliter le diagnostic de leur état. Si elles n’ont pas de médecin, elles devraient contacter leur service de télésanté régional ou une clinique de santé publique pour obtenir des conseils et une évaluation.

Jusqu’à présent, cette éclosion de variole simienne a provoqué une maladie légère chez la majorité des personnes touchées.

Soins et soutien

Pour de nombreuses personnes ayant contracté la variole simienne durant l’éclosion actuelle, le rétablissement peut se faire à domicile sous supervision médicale. Elles reçoivent des conseils sur le nettoyage des lésions, l’usage d’analgésiques en vente libre et d’autres mesures. Les autorités de la santé publique les conseillent également sur les moyens de minimiser les risques de transmission du virus de la variole simienne.

Chez certaines personnes atteintes de la variole simienne, des lésions apparaissent dans la bouche ou la gorge ou sur la langue, et un mal de gorge peut se produire. Comme ces problèmes causent souvent de la douleur en mangeant et en buvant, il est important de se rappeler de manger assez de nourriture et de boire suffisamment d’eau.

Les personnes atteintes de la variole simienne devraient se laver fréquemment les mains et éviter de se toucher les yeux parce que le virus peut passer de la lésion aux yeux et causer de l’inflammation. Les conséquences d’une telle inflammation ne sont pas claires dans le cas de la variole simienne, mais nous savons que de graves complications oculaires se sont produites chez environ 5 à 9 % des personnes atteintes de la maladie apparentée appelée variole.

Variole simienne et populations vulnérables

L’impact du virus de la variole simienne sur la santé des populations vulnérables suivantes n’a pas été bien étudié :

  • enfants
  • personnes enceintes
  • personnes atteintes d’insuffisance hépatique chronique
  • personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique
  • personnes vivant avec le VIH
  • personnes recevant des médicaments qui affaiblissent le système immunitaire (comme celles atteintes d’arthrite rhumatoïde, de maladie de Crohn, de colite, d’eczéma ou de psoriasis grave, ou les personnes ayant reçu une greffe d’organe)

Virus de la variole simienne et VIH

Les renseignements se rapportant à la fois au virus de la variole simienne et au VIH sont limités. Lors d’une étude menée au Nigéria, une équipe de recherche a passé en revue les données se rapportant à une éclosion de variole simienne survenue dans ce pays en 2017 et 2018. L’équipe s’est concentrée sur 40 personnes hospitalisées pour la variole simienne, dont neuf avaient également le VIH. L’équipe manquait de données concernant plusieurs aspects du traitement du VIH (TAR), les résultats de laboratoire et les antécédents médicaux des personnes en question. Cependant, les données très limitées dont elle disposait laissaient croire que la plupart des personnes séropositives présentaient un certain degré d’immunodéficience, leur compte de CD4+ (s’il était connu) étant généralement inférieur à 360 cellules/mm3 (chez certaines personnes, le compte était très faible, soit entre 20 et 100 cellules/mm3). Comme quatre personnes avaient reçu très récemment leur diagnostic de VIH, il est peu probable qu’elles suivaient un TAR durant cette étude.

Comparativement aux personnes séronégatives, les personnes séropositives étaient plus susceptibles de présenter les caractéristiques suivantes :

  • maladie de plus longue durée : 28 jours ou plus
  • éruption cutanée plus étendue
  • ulcères génitaux
  • infection bactérienne, laquelle pouvait résulter de lésions cutanées infectées ou d’autres complications éventuelles

Cinq personnes, dont deux atteintes du VIH, sont décédées. Les causes de décès chez les personnes séropositives ont été les suivantes :

  • Un homme de 42 ans a eu une réaction inflammatoire extrême à une infection bactérienne soupçonnée et est décédé 37 jours après son admission à l’hôpital. On n’a pas dévoilé son compte de CD4+ ni ses autres antécédents médicaux.
  • Un homme de 43 ans comptant moins de 20 cellules CD4+/mm3 (indice d’une très grave immunodéficience) a eu des crises convulsives; les médecins soupçonnaient que son cerveau était infecté par un microbe dont la nature n’a pas été précisée.

Chez les personnes séronégatives, les causes de décès ont été les suivantes :

  • Un bébé de 28 jours est décédé de complications d’une pneumonie et d’une infection cérébrale (la nature du microbe n’a pas été précisée).
  • Un homme de 27 ans est décédé de complications d’une pneumonie et d’une réaction inflammatoire extrême.
  • Un homme de 34 ans est décédé des suites d’actes d’automutilation.

Ce rapport nigérian est fondé sur des données que l’on avait recueillies dans le passé à une fin particulière et que la présente équipe a analysées à nouveau plusieurs années plus tard pour une autre raison. Les études conçues de cette manière risquent d’amener les scientifiques à tirer involontairement des conclusions partiales lors de l’interprétation des données. À l’heure actuelle, il semble que cette étude ait fourni la plus grande base de données qui existe dans le domaine public au sujet des personnes vivant avec le VIH et la variole simienne. Il reste toutefois important de souligner que ce très petit échantillon n’est pas représentatif de la plupart des personnes vivant avec le VIH.

Au Canada et dans les autres pays à revenu élevé, la majorité des personnes séropositives suivent un TAR, ont une charge virale indétectable dans le sang et jouissent d’une santé relativement bonne. Il est donc douteux que les résultats se rapportant à ces neuf personnes séropositives touchées par l’éclosion nigériane (dont la plupart ne suivaient pas de TAR) aient une pertinence pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH au Canada. Il n’empêche que les personnes séropositives (et toute autre personne) devraient appeler leur médecin si elles présentent une éruption cutanée ou d’autres symptômes associés à la variole simienne afin que leur état puisse être évalué.

Santé mentale et variole simienne

Selon cette même équipe de recherche nigériane, les patient·e·s atteint·e·s de la variole simienne (sans égard au statut VIH) ont affirmé que les préoccupations suivantes leur causaient le plus de détresse : 

  • risque de défiguration associée au grand nombre de lésions cutanées sur le corps
  • démangeaisons de la peau
  • douleur causée par certaines lésions
  • lésions génitales

Toujours selon les médecins, près de 30 % des patient·e·s « éprouvaient des symptômes d’anxiété et de dépression lors de l’admission [à l’hôpital], ce qui a nécessité un counseling psychologique ».

L’impact des éclosions de variole simienne sur la santé mentale est un autre aspect sous-étudié de cette maladie. Espérons que les personnels médicaux chargés de soigner les personnes touchées par l’éclosion actuelle sauront reconnaître les problèmes de santé mentale et émotionnelle éventuels, afin de pouvoir intervenir si cela est nécessaire.

Virus de la variole simienne comparativement à la COVID-19

Il est toujours effrayant d’apprendre qu’un nouveau virus pathogène se propage soudainement, surtout à la lumière des deux dernières années vécues sous le joug de la pandémie de COVID-19. On comprend facilement que l’arrivée du virus de la variole simienne dans des pays où aucune éclosion n’a jamais eu lieu auparavant fasse craindre une épidémie potentielle chez certaines personnes. Notons toutefois qu’une épidémie ou une pandémie mondiale de variole simienne est peu probable pour les raisons suivantes, entre autres :

  • Les scientifiques ont mis au point un vaccin qui est généralement sûr et efficace (on en parle plus loin).
  • Au moins un antiviral susceptible de traiter la variole simienne a été créé et approuvé par les autorités de certains pays (on en parle plus loin).
  • Le virus de la variole simienne ne se transmet pas aussi facilement que le SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.

Lorsque le SARS-CoV-2 est apparu pour la première fois dans la ville de Wuhan à la fin de 2019, il s’agissait d’un nouveau virus dont le potentiel pathogène était inconnu. Il n’existait alors aucun antiviral pour le combattre, et aucun vaccin. En revanche, on étudie le virus de la variole simienne depuis des décennies, et le monde a déjà une longueur d’avance sur le virus grâce au vaccin et aux médicaments mentionnés plus loin. De plus, le virus de la variole simienne cause généralement une maladie légère jusqu’à présent.

Tous ces facteurs constituent des raisons de ne pas paniquer face à l’arrivée de la variole simienne, mais il n’en est pas moins important de rester vigilant·e·s. Communiquez avec un·e professionnel·le de la santé si vous présentez une éruption cutanée en association avec les autres symptômes déjà mentionnés.

Prévention biomédicale et traitement possible

Grâce à la vaccination à grande échelle effectuée dans le passé, l’OMS a déclaré la variole éradiquée en 1980. Après cette date, la vaccination systématique contre le virus de la variole a été abandonnée. Comme le virus de la variole s’apparente étroitement au virus de la variole simienne, les vaccins et les médicaments antiviraux conçus pour la prévention et le traitement de la variole ont de bonnes chances d’être efficaces contre la variole simienne aussi.

En ce qui concerne l’éclosion actuelle, rappelons que la plupart des cas de maladie causés par le virus de la variole simienne ont été relativement légers, et les personnes touchées s’en sont rétablies sans avoir besoin d’une intervention lourde.

Vaccination

Un vaccin de troisième génération contre la variole a été mis au point depuis le début du 21e siècle. Ce vaccin est approuvé au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe. Il porte les noms suivants selon l’endroit :

  • Canada : Imvamune
  • Europe : Imvanex
  • États-Unis : Jynneos

Ce vaccin a été mis à l’épreuve chez plus de 4 000 adultes en bonne santé. Il s’est généralement révélé sûr et a rehaussé l’immunité à la variole (et par extension à la variole simienne). Le vaccin s’est également montré sûr chez les personnes âgées. Il est approuvé pour la prévention de la variole (et de la variole simienne dans certains pays, dont le Canada) chez les adultes. La recherche porte à croire que ce vaccin confère une protection d’environ 85 % contre la variole simienne.

Imvamune a également été testé chez près de 700 personnes séropositives ayant un compte de CD4+ de 100 ou plus, et s’est révélé sûr. Les niveaux d’anticorps générés par la vaccination étaient comparables chez les personnes séropositives et chez les personnes séronégatives.

Imvamune est injecté sous la peau dans la partie supérieure du bras. Le vaccin est administré en deux doses à quatre semaines d’intervalle. Il ne contient pas de virus de la variole ou de la variole simienne et ne peut pas causer ces infections.

Imvamune n’est pas facilement accessible dans les pharmacies. Certains gouvernements sont cependant en train de se procurer des quantités du vaccin afin d’immuniser les intervenant·e·s de la santé et les proches contacts des personnes touchées par la variole simienne. Les autorités de la santé publique de votre ville ou région décideront si le déploiement du vaccin sera nécessaire, et quelles populations y auront accès.

Antiviraux sélectionnés et leur potentiel contre le virus de la variole simienne

Comme la vaccination systématique contre la variole a pris fin il y a plus de 40 ans, suite à l’éradication du virus responsable, la plupart des personnes nées depuis ce temps-là n’ont aucune immunité contre le virus de la variole. Notons que des échantillons de ce dernier sont conservés dans quelques laboratoires.

Selon les estimations des scientifiques, la variole tuait environ 30 % des personnes infectées dans le passé. Si jamais ce microbe apparaissait à nouveau comme arme biologique, il pourrait causer de très nombreuses pertes de vie et des perturbations catastrophiques dans la société. Pour se prémunir contre une telle éventualité, nombre de gouvernements ont encouragé la mise au point de nouveaux vaccins et d’antiviraux susceptibles de combattre le virus de la variole. Comme il serait contre les règles de l’éthique d’infecter des personnes par le virus de la variole ou de la variole simienne afin d’éprouver l’efficacité de ces antiviraux, ces derniers n’ont été testés que chez des animaux infectés par le virus de la variole simienne.

C’est donc sur les résultats d’expérimentations animales que les autorités de réglementation de plusieurs pays ont fondé l’approbation du brincidofovir (États-Unis) et du técovirimat (Canada, É.-U. et d’autres pays). On parle en détail de ces médicaments plus loin.

Comme ces médicaments n’ont pas fait l’objet d’essais cliniques d’envergure chez l’humain, on ne sait pas si un seul antiviral sera adéquat ou encore si une association d’antiviraux sera nécessaire pour traiter la variole simienne chez des humains. Les traitements d’association offrent potentiellement l’avantage de rendre la résistance au traitement plus difficile à acquérir pour le virus de la variole simienne que si un seul antiviral était utilisé. L’inconvénient réside dans le risque accru d’effets secondaires. Si les cas de variole simienne continuent de se multiplier à long terme, ou si la souche actuelle du virus se met à muter, des essais cliniques d’antiviraux pourraient être nécessaires pour explorer leur efficacité. Cependant, comme la plupart des cas de variole simienne associés à l’éclosion actuelle sont légers, le besoin de traitements antiviraux ne semble pas urgent.

Voici quelques renseignements de base concernant les antiviraux que les médias ont mentionnés comme traitements potentiels de la variole simienne chez l’humain :

  • Técovirimat (Tpoxx) : Ce médicament antiviral a été mis au point pour traiter la variole. Lors d’un essai clinique mené auprès de personnes en bonne santé, il s’est généralement révélé sûr. Lors d’études sur des animaux, s’il est administré dans les quelques jours suivant l’infection par le virus de la variole simienne, le médicament peut empêcher une maladie grave de se déclarer. Le técovirimat sous forme de capsule est approuvé au Canada, dans l’Union européenne, aux États-Unis et dans d’autres pays, mais il n’est pas disponible dans les pharmacies. Une formulation liquide conçue pour l’administration intraveineuse est approuvée aux États-Unis.
  • Brincidofovir : Ce médicament antiviral sous forme de capsule est approuvé pour le traitement de la variole aux États-Unis et dans l’Union européenne, mais pas au Canada. Une fois absorbé dans le corps, le brincidofovir se convertit en cidofovir et permet l’atteinte d’une plus haute concentration de ce dernier dans les cellules que dans le sang. Cette distribution du cidofovir à l’intérieur des cellules fait baisser le risque de lésions rénales. Lors des expériences les plus récemment publiées, le brincidofovir seul a exercé une modeste activité antivirale contre des infections graves au virus de la variole simienne chez des chiens de prairie. Lorsque le brincidofovir a été administré aux animaux le lendemain de l’exposition au virus, 29 % ont survécu, contre 14 % dans le groupe placebo. On pourrait mener des expériences sur des animaux pour déterminer si l’association brincidofovir + técovirimat est sûre et offre une activité antivirale supérieure à celle de l’un ou l’autre des médicaments utilisé seul. Le brincidofovir a fait l’objet d’un essai clinique randomisé et contrôlé contre placebo mené auprès de 452 personnes ayant subi une greffe de moelle osseuse (aucune d’entre elles n’avait le virus de la variole simienne). Cette étude avait pour objectif de réduire l’impact de la réactivation du CMV (cytomégalovirus), laquelle est un effet secondaire courant des médicaments immunosuppresseurs donnés à la suite d’une greffe d’organe. Dans cette étude, une plus grande proportion de personnes traitées par brincidofovir sont mortes (16 %) que de personnes dans le groupe placebo (5 %). L’usage de brincidofovir a également été associé à un risque accru de diarrhée, de nausées et de vomissements.
  • Cidofovir : Ce médicament est approuvé au Canada et dans plusieurs autres pays à revenu élevé pour la prévention et le traitement d’une complication du CMV qui peut causer la cécité. De nos jours, on utilise régulièrement d’autres médicaments comme le létermovir ou le valganciclovir pour traiter ou inhiber le CMV. Le cidofovir a également fait preuve d’une activité antivirale lors d’expériences sur des animaux infectés par la variole simienne et des virus apparentés. Avant que le TAR soit devenu largement accessible, le cidofovir était utilisé avec succès pour traiter l’infection virale à molluscum contagiosum chez des personnes vivant avec le VIH. Le virus du molluscum contagiosum appartient à la famille des poxvirus. Il peut causer de petits nodules dans la peau des personnes immunodéprimées. Le cidofovir est administré par perfusion intraveineuse et peut causer des lésions rénales.

—Sean R. Hosein

Ressources

Renseignements sur la variole simienne publiés par l’Agence de la santé publique du Canada :

Monkeypox – Centers for Disease Control and Prevention

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