- Des scientifiques ont mené une étude auprès de 1 422 femmes séropositives de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec
- Les femmes exposées à la stigmatisation et la discrimination étaient moins enclines à prendre fidèlement leurs médicaments
- L’équipe demande des interventions pour réduire la stigmatisation et la discrimination et renforcer la résilience
Depuis 2013, l’Étude sur la santé sexuelle et reproductive des femmes vivant avec le VIH au Canada (CHIWOS) a recruté au moins 1 422 participantes. L’équipe de recherche CHIWOS réalise régulièrement des sondages auprès des participantes afin de faire le point sur leur santé et leur bien-être. Les femmes inscrites vivent en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. L’équipe CHIWOS a accumulé une masse importante de données et a produit des analyses utiles sous forme de rapports.
L’équipe CHIWOS a porté son analyse la plus récente sur des questions liées à la stigmatisation et à la discrimination. Elle s’est particulièrement intéressée aux associations statistiques entre la stigmatisation et la discrimination vécues par les femmes et leur aptitude à suivre fidèlement un traitement contre le VIH (observance thérapeutique). Aux fins de cette analyse, l’équipe de recherche a interrogé les femmes à plusieurs reprises entre 2013 et 2018.
Parmi les premières participantes inscrites à l’étude, 29 % étaient des Noires et 20 %, des Autochtones. Selon l’équipe de recherche, de nombreuses femmes (74 %) affirmaient prendre leur traitement contre le VIH (traitement antirétroviral ou TAR) en suivant les consignes à la lettre, et 93 % de celles-ci avaient une charge virale indétectable.
L’équipe de recherche a évalué la stigmatisation et la discrimination à l’aide de questionnaires spécialisés validés.
Impact de la stigmatisation
À partir d’une analyse statistique, l’équipe de recherche a déterminé que les femmes qui étaient victimes de stigmatisation ou de discrimination sous une ou plusieurs des formes suivantes avaient moins tendance à suivre fidèlement leur TAR et étaient plus susceptibles d’avoir une charge virale détectable :
- stigmatisation liée au VIH
- discrimination liée au genre
- discrimination raciale
Au cours de l’étude, l’équipe de recherche a constaté que certaines femmes sont devenues plus résilientes après avoir fait l’objet de discrimination raciale. D’affirmer l’équipe : « Ce serait trop simpliste d’en déduire que l’expérience du racisme donne lieu à plus de résilience; une explication plus plausible de ce résultat serait que la discrimination raciale active des facteurs protecteurs qui favorisent la résilience, tel le fait de chercher un soutien social après que la discrimination a eu lieu ».
À la lumière de ses observations, l’équipe CHIWOS réclame « des interventions visant le renforcement de la résilience chez les femmes vivant avec le VIH ».
Programmes venant en aide aux femmes séropositives
L’équipe de recherche a mis en lumière un programme aux États-Unis conçu pour apprendre aux femmes à affronter l’adversité et à faire face aux expériences négatives. Elle a également fait mention d’un programme en cours de développement en Chine. Ce dernier vise à réduire la stigmatisation subie par les femmes séropositives en apprenant aux membres de leur famille à leur fournir un soutien social et en formant des professionnel·le·s de la santé à offrir des soins exempts de toute stigmatisation.
Selon l’équipe CHIWOS, des interventions futures pourraient s’inspirer des programmes susmentionnés en adaptant les éléments centrés sur la réduction de la stigmatisation et le renforcement de la résilience afin de venir en aide aux femmes au Canada.
Un mot à propos de l’étude
L’étude CHIWOS repose dans une grande mesure sur des données déclarées par les participantes elles-mêmes. Cette méthode peut donner lieu à des analyses erronées si les femmes donnent de faux renseignements à l’équipe de recherche. Or, cette équipe a analysé des données autodéclarées par un sous-groupe de 326 participantes et les a comparées aux résultats de laboratoire de ce même sous-groupe. Selon l’équipe, les données autodéclarées étaient « hautement cohérentes » avec les dossiers de laboratoire.
À l’avenir
Dans l’ensemble, l’analyse effectuée par l’équipe CHIWOS a révélé que le fait de subir plusieurs sortes de stigmatisation peut avoir des conséquences fâcheuses sur le traitement du VIH, notamment une observance thérapeutique sous-optimale et une moindre probabilité d’inhibition virale. L’analyse a également souligné la nécessité de mesures pour éroder la stigmatisation et accroître la résilience afin d’améliorer la santé des femmes vivant avec le VIH.
—Sean R. Hosein
Ressources
Les femmes de CHIWOS – magazine Vision positive
Au Canada, trop peu de femmes séropositives d’âge moyen parlent de la ménopause avec leur médecin – Nouvelles CATIE
Des chercheurs canadiens réclament une meilleure intégration de la planification des grossesses dans les soins des femmes vivant avec le VIH – Nouvelles CATIE
Comparaison des tendances de consommation de substances parmi les femmes du Canada – Nouvelles CATIE
Une étude canadienne examine pourquoi certaines femmes ne restent pas dans la cascade des soins du VIH – Nouvelles CATIE
RÉFÉRENCE :
Malama K, Logie CH, Sokolovic N et al. Pathways from HIV-related stigma, racial discrimination, and gender discrimination to HIV treatment outcomes among women living with HIV in Canada: Longitudinal cohort findings. JAIDS. 2023 Oct 1;94(2):116-123.