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CATIE

Le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH ont des voies de transmission en commun, et certaines personnes ont par conséquent les deux infections. Cet état s’appelle une co-infection.

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Le VHC infecte le foie. Dans les cas d’infection chronique, il se produit de l’inflammation dans cet organe pendant que le système immunitaire se débat pour limiter la propagation du virus. À cause de l’infection au VHC et de l’inflammation chroniques, les cellules saines du foie sont graduellement remplacées par du tissu cicatriciel inutile dans le cadre d’un processus appelé fibrose. À la longue, la fibrose s’étend tellement que toutes ou presque toutes les parties du foie deviennent cicatrisées, et l’état appelé cirrhose s’installe. Cet état augmente le risque de complications qui peuvent nuire à la santé générale et à d’autres systèmes organiques comme les reins et le cerveau. Des hémorragies internes et des infections graves peuvent également se produire. Les personnes atteintes de cirrhose courent un risque accru d’insuffisance hépatique et, dans certains cas, de cancer du foie. Par ailleurs, si l’infection au VIH n’est pas traitée ou si elle n’est pas bien maîtrisée, les dommages que subit le foie peuvent s’intensifier chez les personnes co-infectées.

Des équipes de recherche dans de nombreux pays ont mené des études sur la santé du foie des personnes co-infectées en utilisant des bases de données exhaustives. Récemment, on a réuni les informations dans ces différentes bases de données afin de pouvoir observer et analyser des tendances importantes qui pourraient passer inaperçues dans les bases de données portant sur un nombre plus faible de personnes. Se concentrant sur les années 2001 à 2014, les chercheurs ont recensé 72 cas de cancer du foie parmi 7 229 personnes ayant la co-infection VIH-VHC (taux de cancer d’environ 1 %). De plus, au cours de l’étude, le risque de cancer du foie a augmenté. On a également recensé 375 cas d’autres événements liés au foie (symptômes graves ou décès associés à l’atteinte hépatique); le risque de ce genre d’événements a diminué au cours de l’étude. Les facteurs liés à l’augmentation du risque de cancer du foie et d’autres événements liés au foie incluaient l’âge avancé, la présence de cirrhose et un faible compte de cellules CD4 +.

Détails de l’étude

Des chercheurs affiliés aux bases de données suivantes ont collaboré à cette étude :

  • EuroSIDA
  • Southern Alberta Clinic Cohort
  • Cohorte canadienne de co-infection
  • Étude suisse de cohorte VIH

Tous les participants à l’étude avaient des anticorps anti-VHC et étaient co-infectés par le VIH.

Les chercheurs ont défini les événements liés au foie (autres que le cancer du foie) comme suit :

  • dysfonction cérébrale (encéphalopathie hépatique)
  • dommages et dysfonction rénaux découlant de la dysfonction hépatique liée au VHC
  • accumulation de liquide dans l’abdomen
  • hémorragies internes causées par des varices
  • infections bactériennes dans le liquide accumulé dans l’abdomen

Le profil moyen des participants au début de la période à l’étude était le suivant :

  • âge : 38 ans
  • 68 % d’hommes, 32 % de femmes
  • 388 cellules CD4+/mm3
  • 6 % avaient la cirrhose
  • 5 % des participants étaient infectés par trois virus : le VIH, le VHC et le virus de l’hépatite B (VHB)

Résultats : accent sur le cancer du foie

Les chercheurs ont recensé un total de 72 cas de cancer du foie. Au cours de l’étude, le risque de cancer du foie a augmenté de 11 % par année. Bien que cette augmentation puisse sembler grande, il faut se rappeler que, dans l’ensemble, un peu moins de 1 % des participants ont fini par développer un cancer du foie. Le risque de cancer du foie était le plus élevé parmi les personnes atteintes de cirrhose.

Résultats : autres événements liés au foie

Au cours de la période à l’étude, le risque d’autres événements liés au foie a diminué de 4 % chaque année. Toutefois, le risque de ce genre de problèmes était très élevé parmi les personnes souffrant de cirrhose.

Facteurs liés au cancer du foie

Les personnes qui ont présenté un cancer du foie avaient en moyenne 50 ans.

Même si presque tous les participants suivaient un traitement contre le VIH, les chercheurs ont remarqué ce qui suit :

Vers le moment du diagnostic de cancer du foie, le compte de CD4+ moyen était faible, soit environ 286 cellules/mm3. Près du moment de la survenue d’événements liés au foie, le compte de CD4+ moyen était également très faible, soit 242 cellules/mm3. Il n’est pas clair pourquoi les comptes de CD4+ étaient si faibles parce que l’étude n’a pas été conçue pour aborder cette question. Les chercheurs ont toutefois trouvé que les personnes ayant plus de 350 cellules/mm3 étaient moins sujettes au cancer du foie et à d’autres événements liés au foie.

Tenant compte de plusieurs facteurs, les chercheurs ont constaté un lien statistique entre les caractéristiques suivantes et un risque accru de cancer du foie :

  • présence de cirrhose
  • âge avancé
  • triple infection incluant le VHB
  • compte de CD4+ actuel plus faible

La plupart des mêmes facteurs (sauf la co-infection au VHB) étaient également liés à un risque accru d’événements liés au foie.

Comparaison et contraste

Plusieurs autres bases de données en Espagne et aux États-Unis ont fait état de tendances du cancer du foie semblables à celles observées dans cette étude, c’est-à-dire une augmentation du risque de cancer du foie au fil du temps. De façon générale, il est possible que cette augmentation du risque soit liée à la longévité accrue que connaissent de nos jours certaines personnes co-infectées grâce à l’amélioration du traitement du VIH. Malheureusement, une plus longue survie pourrait également permettre à l’inflammation hépatique liée au VHC de s’accumuler et d’entraîner un risque accru (quoique encore plutôt faible) de cancer du foie.

Points à retenir

La présente étude avait au moins un défaut potentiel : les chercheurs se sont fiés à un test de dépistage des anticorps pour définir l’infection au VHC. Le problème ici est le suivant : la présence d’anticorps indique que le système immunitaire a déjà été exposé au VHC mais elle ne peut révéler si l’infection est active en ce moment.  Il est donc possible que certaines personnes figurant dans cette analyse n’avaient pas de co-infection active au VHC. Cela aurait pu réduire par inadvertance les risques calculés (de cancer du foie et d’autres événements liés au foie).

Changements dans le traitement du VHC

Historiquement, le traitement de l’infection au VHC reposait sur une combinaison d’injections régulières d’interféron et de doses orales quotidiennes de l’antiviral à large spectre ribavirine, les deux pendant 48 semaines habituellement. Au mieux, ces médicaments provoquaient des effets indésirables très désagréables et avaient une efficacité limitée dans les cas de co-infection VIH/VHC.

Toutefois, depuis quelques années, des médicaments oraux puissants appelés antiviraux à action directe (AAD) sont de plus en plus utilisés dans les pays à revenu élevé pour le traitement du VHC. Ces médicaments donnent lieu à des taux de guérison élevés (plus de 90 %), sont généralement bien tolérés et, dans certains cas, ne nécessitent qu’une durée de traitement de 12 semaines. À mesure que davantage de personnes co-infectées par le VIH et le VHC apprennent leur statut et reçoivent des soins et des traitements, il est probable qu’elles guériront de l’hépatite C. Par conséquent, le risque de cancer du foie et d’autres événements liés au foie diminuera, comme l’attestent déjà des études d’envergure menées aux États-Unis et en France.

Ressources

Remerciement

Nous tenons à remercier Lars Iversen Gjærde, M.D., de l’Université de Copenhague, pour son assistance à la recherche, ses conseils précieux et l’expertise prêtée à la révision de cet article.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES:

  1. Gjærde LI, Shepherd L, Jablonowska E, et al. Trends in incidences and risk factors for hepatocellular carcinoma and other liver events in HIV and hepatitis C virus co-infected individuals from 2001 to 2014: a multi-cohort study. Clinical Infectious Diseases. 2016; in press.
  2. Lawitz E, Ruane P, Stedman C, et al. Long-term follow-up of patients with chronic HCV infection following treatment with direct-acting antiviral regimens: maintenance of SVR, persistence of resistance mutations and clinical outcomes. The International Liver Congress, 13-17 April 2016, Barcelona. Abstract 166.
  3. Carat F. Clinical outcomes in HCV-infected patients treated with direct-acting antivirals—18 months post-treatment follow-up in the French ANRS CO22 Hepather cohort study. The International Liver Congress, 13-17 April 2016, Barcelona. Abstract LBP 505.