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  • L’étude menée à Montréal portait sur les résultats cliniques de personnes suivant une prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP)
  • Le constat est que le sexe sous drogues (chemsex) augmentait les risques d’infections transmissibles sexuellement (ITS) chez les personnes sous PrEP
  • L’équipe demande la création de services intégrés pour répondre aux besoins des personnes utilisant des drogues à des fins sexuelles

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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est une méthode très efficace pour réduire le risque de contracter le VIH. Elle consiste en la prise, par une personne séronégative, de médicaments anti-VIH avant et après les relations sexuelles. Le plus souvent, il s’agit de prendre un comprimé tous les jours, mais il existe aussi un schéma posologique appelé « PrEP sur demande » que certaines personnes utilisent. Comme l’adoption de la PrEP se fait plus courante depuis plusieurs années, il est important de surveiller l’état de santé des personnes qui s’en servent.

Une équipe de recherche de l’Université McGill et de la Clinique médicale l’Actuel de Montréal a étudié les liens entre les infections transmissibles sexuellement (ITS), la PrEP et l’utilisation sexualisée de drogues, c’est-à-dire l’usage de drogues à des fins sexuelles (appelé couramment chemsex ou Party n’ Play/PnP). L’équipe a examiné des données de santé recueillies entre 2013 et 2020. L’étude a porté sur 2 086 personnes sous PrEP dont la majorité se composait d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH).

Aucun·e participant·e n’a contracté le VIH pendant la période à l’étude. Les personnes qui pratiquaient le chemsex au début de l’étude étaient 32 % plus susceptibles de recevoir subséquemment un diagnostic d’ITS, soit la chlamydiose ou la gonorrhée. L’équipe de recherche a également constaté que les risques d’ITS augmentaient en fonction du nombre de drogues utilisées pour le chemsex.

Selon l’équipe de recherche, ces résultats soulignent « la nécessité de services intégrés tenant compte des complexités de l’utilisation de drogues à des fins sexuelles ».

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recruté des participant·e·s auprès de la Clinique médicale l’Actuel de Montréal, un grand centre de santé sexuelle offrant principalement des services aux HARSAH.

Selon l’équipe de recherche, les personnes qui s’intéressent à utiliser la PrEP ont typiquement une consultation initiale avec un·e médecin ou un·e infirmier·ère. Pendant celle-ci, elles passent un test de dépistage du VIH et remplissent un questionnaire permettant entre autres d’établir leur profil sociodémographique, ainsi que leurs antécédents de santé sexuelle et d’utilisation de drogues. Les personnes jugées admissibles à la PrEP se font prescrire un comprimé contenant une association de deux médicaments : ténofovir + FTC (emtricitabine). Elles retournent à la clinique un mois plus tard pour une autre consultation, puis tous les trois mois par la suite. Lors des rendez-vous à la clinique, les ordonnances sont renouvelées, des échantillons de sang et d’urine sont prélevés, des tests de dépistage d’ITS et du VIH sont effectués, et les participant·e·s sont interrogé·e·s au sujet de leur observance de la PrEP, de leurs effets secondaires éventuels et de leurs comportements sexuels.

Pour cette étude, l’équipe a inscrit 2 086 adultes qui avaient le profil moyen suivant lors de leur admission :

  • âge : 36 ans
  • 99,7 % étaient des hommes cisgenres; 0,1 % étaient des hommes transgenres; 0,2 % étaient des femmes transgenres
  • 99,7 % étaient gais ou bisexuels; 0,2 % étaient hétérosexuel·le·s; on ne disposait pas de données sur les autres participant·e·s
  • 24 % disaient faire du chemsex

L’équipe de recherche a défini le chemsex comme le fait d’avoir des relations sexuelles sous l’effet des drogues suivantes :

  • cocaïne
  • crack
  • crystal meth
  • GHB (gamma-hydroxybutyrate)
  • kétamine

Il importe de souligner que l’équipe a posé des questions sur le chemsex lors de la consultation initiale seulement. Elle n’a pas non plus posé de questions sur la fréquence des activités en question. Cependant, des recherches antérieures avaient révélé que les comportements liés au chemsex avaient tendance à rester stables pendant plusieurs années. Aux fins de la présente analyse, l’équipe de recherche a limité la durée du suivi des résultats des participant·e·s (diagnostics d’ITS, etc.) à une période maximale de deux ans suivant leur admission à l’étude.

Résultats

Voici les résultats saillants de l’étude :

Chemsex et ITS antérieures ou actuelles

Selon l’équipe de recherche, les personnes qui pratiquaient le chemsex étaient susceptibles de contracter une ITS plus tôt que les personnes ne pratiquant pas le chemsex, soit neuf mois après leur admission à l’étude, au lieu de 14. De plus, le risque de contracter une ITS augmentait de 32 % chez les personnes pratiquant le chemsex. À cet égard, le risque semblait particulièrement élevé dans le cas de la gonorrhée. Notons aussi que les risques d’ITS augmentaient en fonction du nombre de drogues utilisées pour le chemsex.

Drogues spécifiques utilisées pour le chemsex

L’équipe de recherche a constaté que la première ITS contractée (dans le cadre de l’étude) se produisait plus tôt chez les personnes utilisant du crystal meth, du GHB ou du crack, comparativement aux personnes n’utilisant pas ces drogues.

Revenu

Plus le revenu d’une personne était élevé, moins elle risquait de contracter une ITS.

Âge

Les personnes âgées de 18 à 35 ans couraient des risques particulièrement élevés de contracter une ITS. L’équipe a également constaté une tendance à la hausse des risques d’ITS chez les personnes âgées de plus de 50 ans.

À retenir

Dans cette étude, aucune infection par le VIH ne s’est produite parmi les personnes utilisant la PrEP. Ce résultat vient renforcer les données accumulées confirmant la protection conférée par celle-ci.

Il se peut que des drogues particulières utilisées pour le chemsex (ou encore des combinaisons particulières de drogues) exercent un effet indirect sur les risques d’ITS. À titre d’exemple, notons que les personnes qui utilisaient du crystal meth ou du GHB étaient susceptibles de contracter leur première ITS plus tôt dans le cours de l’étude que les personnes n’utilisant pas ces drogues. Selon l’équipe de recherche, lors d’une étude menée antérieurement à Montréal, les personnes qui utilisaient ces drogues pour le chemsex étaient plus susceptibles d’avoir des relations sexuelles sans condom. Il est donc possible que les personnes utilisant ces mêmes drogues dans la présente étude aient eu des relations sexuelles sans condom et aient par conséquent couru des risques d’ITS plus élevés.

Cette étude montréalaise a documenté le fait que les risques d’ITS sont plus élevés chez certaines personnes sous PrEP qui pratiquent le chemsex. L’équipe de recherche demande par conséquent la création de « services intégrés qui tiennent compte des liens entre l’utilisation sexualisée de drogues et la santé sexuelle ».

—Sean R. Hosein

Ressources

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RÉFÉRENCE :

Flores Anato JL, Panagiotoglou D, Greenwald ZR et al. Chemsex and incidence of sexually transmitted infections among Canadian pre-exposure prophylaxis (PrEP) users in the l’Actuel PrEP Cohort (2013-2020). Sexually Transmitted Infections. 2022; sous presse.