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CATIE

Selon nombre d’études, certaines personnes qui n’ont pas accès aux soins de santé primaires ont recours au service des urgences de leur hôpital local pour obtenir des soins non urgents. Il est donc important que les autorités de la santé comprennent pourquoi et comment les urgences sont utilisées. L’usage excessif des urgences pourrait révéler des lacunes dans les soins de santé primaires qui doivent être comblées.

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Des chercheurs ontariens ont examiné des informations se rapportant à la santé de la population qui avaient été recueillies dans des bases de données. En moyenne, ils ont trouvé que les personnes séropositives étaient plus susceptibles d’utiliser les urgences, notamment pour des infections et des problèmes de santé mentale. Cependant, selon les chercheurs, certaines de ces consultations pour des soins non urgents auraient pu se faire dans d’autres contextes de soins.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont analysé des données portant sur 14 534 adultes séropositifs qui avaient été recueillies entre avril 2011 et mars 2102. Les données se rapportant à chaque personne séropositive ont été comparées à celles recueillies auprès de quatre personnes séronégatives choisies au hasard et ayant similairement le même âge, sexe et région géographique. Au total, les chercheurs ont utilisé des données portant sur 58 136 personnes séronégatives.

Dans l’ensemble, les personnes figurant dans cette étude avaient en moyenne 46 ans, 80 % d’entre elles étaient des hommes et 20 % des femmes. Les personnes séropositives avaient tendance à avoir des problèmes de santé coexistants, notamment des troubles respiratoires (maladie pulmonaire obstructive chronique ou MPOC), ainsi que des revenus plus faibles que les personnes séronégatives.

Résultats

Au cours de la période à l’étude, 28 % des personnes séropositives avaient visité le service des urgences d’un hôpital, comparativement à 18 % des personnes séronégatives.

Selon les chercheurs, chez les personnes séropositives, « le taux élevé d’utilisation des urgences » était lié aux raisons suivantes :

  • maladies infectieuses (le plus souvent des infections de la peau et des tissus mous)
  • problèmes de santé mentale (le plus souvent en lien avec « la consommation d’alcool et de drogue »)

« Bien que les taux de consultation plus élevés se rapportant aux maladies infectieuses,  parmi les personnes vivant avec le VIH, ne soient pas surprenants, seule une minorité des consultations était liée à l’infection au VIH sous-jacente. En revanche, les infections de la peau et des tissus mous étaient à l’origine de la plupart de ces épisodes chez les personnes ayant le VIH, ce qui reflète possiblement des complications liées à la consommation de drogues injectables parmi les personnes vulnérables », ont déclaré les chercheurs.

Aux États-Unis

Une étude d’envergure menée aux États-Unis a permis d’estimer un total approximatif de plus de 200 millions consultations à l’urgence en 2009 et 2010. Les chercheurs ont constaté que les personnes séropositives n’avaient fait qu’environ 0,5 % de ces consultations au cours de cette période. Les personnes séropositives étaient néanmoins plus susceptibles d’avoir utilisé un service des urgences que les personnes séronégatives. Bien qu’il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les personnes séropositives pourraient chercher des soins, les chercheurs ont trouvé que les problèmes de santé mentale se trouvaient en haut de la liste.

En Colombie-Britannique

Les résultats de l’étude ontarienne font écho à ceux d’une étude menée en Colombie-Britannique auprès de personnes qui s’injectaient des drogues. Les chercheurs de cette province ont souligné que les infections de la peau et des tissus mous « étaient à l’origine de la plus grande proportion des consultations à l’urgence ».

Prochaines étapes

À la lumière de ses propres résultats, l’équipe ontarienne a ajouté ceci : « Des recherches poussées sont justifiées pour déterminer si des interventions communautaires visant à améliorer l’accès aux soins de santé mentale en clinique externe, au traitement des toxicomanies, aux soins de santé orale et aux soins primaires pourraient réduire le nombre de consultations potentiellement évitables dans les services des urgences parmi les personnes vivant avec le VIH ».

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Ng R, Kendall CE, Burchell AN, et al. Emergency department use by people with HIV in Ontario: a population-based cohort study. CMAJ Open. 2016 May 25;4(2):E240-8. Disponible à : http://cmajopen.ca/content/4/2/E240.full.
  2. Mohareb AM, Rothman RE, Hsieh YH. Emergency department (ED) utilization by HIV-infected ED patients in the United States in 2009 and 2010 – a national estimation. HIV Medicine. 2013 Nov;14(10):605-13. Disponible à : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/hiv.12052/full.
  3. Fairbairn N, Milloy MJ, Zhang R, et al. Emergency department utilization among a cohort of HIV-positive injecting drug users in a Canadian setting. The Journal of Emergency Medicine. 2012 Aug;43(2):236-43.