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CATIE
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  • Une étude suisse a examiné les taux de nouvelles infections transmissibles sexuellement (ITS) chez des personnes vivant avec le VIH
  • 10 % de plus de 10 000 personnes s’étaient fait diagnostiquer une nouvelle ITS
  • 54 % des cas de syphilis étaient asymptomatiques, signe évident de l’importance du dépistage

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De nombreux épisodes d’infections transmissibles sexuellement (ITS) sont asymptomatiques au début. Notons, par exemple, que les bactéries à l’origine de la syphilis peuvent causer initialement une petite lésion indolore. Or, si celle-ci apparaît à l’intérieur du tractus anogénital ou dans la bouche, elle peut passer inaperçue. Cela n’empêche pas toutefois les bactéries de se propager dans le corps et d’atteindre des organes et des tissus vitaux comme les yeux, le cerveau, le cœur et les vaisseaux sanguins, les reins, le foie et les os. Cela peut entraîner à la longue des complications graves chez la personne touchée, ainsi que chez le fœtus durant la grossesse. Chez la vaste majorité des gens, un seul cycle de traitement peut guérir la syphilis et d’autres ITS. Comme il est toutefois possible de contracter à nouveau la syphilis et d’autres ITS (réinfection), il est nécessaire que certaines personnes sexuellement actives passent fréquemment des tests de dépistage.

Si elle n’est pas traitée, la syphilis peut finir par causer de graves complications chez les adultes, ainsi que chez le fœtus d’une personne infectée durant la grossesse.

Au Canada, les taux d’ITS, et plus particulièrement celui de la syphilis, augmentent sensiblement depuis une décennie. Les populations touchées par cette augmentation des cas de syphilis incluent les suivantes : les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les hommes et femmes hétérosexuel·le·s et certains bébés dont la mère avait la syphilis durant sa grossesse.

En Suisse

Une équipe de recherche suisse a analysé des données recueillies auprès de plus de 10 000 personnes séropositives sur une période de deux ans. L’analyse a révélé que 1 634 nouveaux cas d’ITS avaient été détectés chez 1 029 personnes (certaines personnes avaient contracté plus d’une infection). Les ITS les plus courantes étaient la chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis, et il ressort des données que 35 % des ITS en question étaient des nouveaux cas de syphilis. Même si les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH) de moins de 50 ans ne représentaient que 21 % de la cohorte, l’équipe de recherche a constaté que 61 % des ITS diagnostiquées touchaient cette population. Outre les HARSAH, l’étude a révélé une augmentation des risques d’ITS chez les personnes ayant eu des « partenaires [sexuel·le·s] occasionnel·le·s », ainsi que chez les personnes ayant fait usage de drogues injectables durant l’étude. Dans l’ensemble, 51 % des cas d’ITS étaient asymptomatiques.

L’équipe de recherche a affirmé que des interventions adaptées aux divers sous-groupes mentionnés ci-dessus (dont les risques d’ITS sont élevés) étaient nécessaires.

Détails de l’étude

Une équipe de recherche de 22 hôpitaux et cliniques a mené cette étude qui s’est déroulée d’avril 2017 à novembre 2019. L’équipe n’a pas envisagé d’analyser des données recueillies depuis 2020 parce que la pandémie de COVID-19 aurait sans doute empêché l’accès des gens au dépistage et au traitement des ITS tout en compromettant leur capacité de rencontrer des partenaires sexuel·le·s.

L’équipe de recherche a analysé des données se rapportant à 10 140 personnes séropositives dont le profil moyen était le suivant au début de l’étude :

  • âge : 51 ans
  • 73 % d’hommes, 27 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s – 77 %; Noir·e·s – 15 %; Asiatiques – 4,2 %; Hispaniques – 4 %
  • compte de cellules CD4+ : 670 cellules/mm3
  • proportion ayant une charge virale détectable à n’importe quel moment durant l’étude : 15 %

Résultats

Dans l’ensemble, au moins 10 % des participant·e·s (1 029) ont contracté une ITS. Les nouveaux diagnostics d’ITS les plus courants concernaient les infections suivantes :

  • syphilis : 573 cas
  • gonorrhée : 497 cas
  • chlamydiose : 418 cas

(Remarque : Certaines personnes se sont fait diagnostiquer plus d’une ITS.)

Symptômes ou aucun symptôme

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, de nombreuses ITS peuvent être asymptomatiques initialement. Dans la présente étude, l’équipe de recherche a constaté qu’un peu plus de la moitié des diagnostics d’ITS (51 %) concernaient des personnes asymptomatiques.

En ce qui a trait aux trois ITS les plus couramment diagnostiquées, celles-ci étaient asymptomatiques dans les proportions suivantes :

  • chlamydiose : 55 %
  • syphilis : 54 %
  • gonorrhée : 46 % 

Risques accrus

Une analyse statistique a permis de constater des risques accrus d’ITS chez les sous-groupes suivants :

  • hommes
  • HARSAH
  • personnes âgées de 18 à 34 ans
  • personnes ayant un ou une partenaire sexuel·le occasionnel·le ou plusieurs
  • personnes qui s’injectaient des drogues

Selon l’équipe de recherche, les taux d’ITS dans la présente étude étaient de loin plus élevés que chez la moyenne des personnes séronégatives vivant en Suisse (plus élevé de 500 fois pour la syphilis, de 70 fois pour la gonorrhée et de 18 fois pour la chlamydiose).

Asymptomatique ne veut pas dire absence d’ITS

L’équipe de recherche a trouvé important de souligner que près de la moitié des ITS diagnostiquées n’ont pas provoqué de symptômes. Selon l’équipe, ce résultat « souligne la nécessité d’instaurer des services de dépistage d’ITS dont la portée ne se limite pas [aux personnes présentant des] infections symptomatiques ».

Selon l’équipe de recherche, dans le cadre des soins offerts régulièrement dans leurs cliniques, seul le dépistage de la syphilis se fait systématiquement, que les gens présentent des symptômes éventuels de cette maladie ou pas. Cela veut dire que les taux de gonorrhée et de chlamydiose risquent d’avoir été sous-estimés dans cette étude parce que seules les personnes symptomatiques se faisaient peut-être offrir des tests de dépistage.

Autres études

Lors d’une étude menée récemment à New York auprès de quelque 2 500 hommes, on a constaté que les participants séropositifs couraient un risque accru de syphilis comparativement aux hommes séronégatifs. Cette étude n’a toutefois révélé aucune différence entre la répartition des autres ITS chez ces deux groupes d’hommes.

Lors d’une étude européenne de grande envergure menée auprès de 279 000 HARSAH, les taux de syphilis ont augmenté considérablement entre 2010 et 2017. L’équipe de recherche responsable de cette étude a affirmé que « les cas de syphilis sont concentrés dans trois populations d’HARSAH : les séropositifs, les utilisateurs de la PrEP et les travailleurs du sexe ».

Appel à l’action

L’ensemble des données provenant de ces études suisse, américaine et européenne met en évidence la vulnérabilité aux ITS de certains HARSAH sexuellement actifs, et plus particulièrement à la syphilis. Les résultats soulignent également la nécessité de programmes conçus pour aider ces populations à freiner la propagation des ITS. Dans cette optique, l’Organisation mondiale de la Santé encourage vivement les régions et pays du monde à déployer des efforts pour réduire de 90 % les nouveaux cas de syphilis et d’ITS courantes d’ici 2030 (par rapport aux taux de 2018).

—Sean R. Hosein

Ressources

SyphilisGouvernement du Canada

Réagir à la syphilis au CanadaGouvernement du Canada

SyphilisGouvernement du Québec

Syphilis OutbreakAlberta Health Services

SyphilisBritish Columbia Centre for Disease Control

Stratégies mondiale du secteur de la santéOrganisation mondiale de la Santé

RÉFÉRENCES :

  1. Bosetti D, Mugglin C, Calmy A et al. Risk factors and incidence of sexually transmitted infections in the Swiss HIV Cohort study. Open Forum Infectious Diseases. 2022; sous presse
  2. Shalev N, Castor D, Morrison E et al. Persistently elevated risk of syphilis among HIV-positive men receiving care in a status-neutral setting: A retrospective analysis. Sexually Transmitted Diseases. 2022; sous presse.
  3. Mendez-Lopez A, Stuckler D, Marcus U et al. Social and behavioural determinants of syphilis: Modelling based on repeated cross-sectional surveys from 2010 and 2017 among 278,256 men who have sex with men in 31 European countries. Lancet Regional Health—Europe. 2022 Aug 9; 22:100483. 
  4. Tsuboi M, Evans J, Davies EP et al. Prevalence of syphilis among men who have sex with men: a global systematic review and meta-analysis from 2000-20. Lancet Global Health. 2021 Aug; 9(8): e1110-e1118.