- Une étude menée aux É.-U. révèle que le VIH a une plus grande probabilité d’être transmis lorsqu’une personne n’a pas reçu de diagnostic.
- 80 % des transmissions proviennent de personnes non diagnostiquées ou ne recevant pas de soins pour le VIH.
- L’étude met en évidence la nécessité du dépistage et de l’arrimage à un traitement et à des soins.
Aux États-Unis en 2015, parmi les 1,1 million de personnes vivant avec l’infection au VIH, 15 % n’étaient pas diagnostiquées, 37 % ne recevaient pas de soins et 49 % n’avaient pas de charge virale supprimée. Ces taux sont comparables aux estimations canadiennes de 2018, soit 14 % de personnes non diagnostiquées, 30 % de personnes non soignées et 37 % de personnes sans suppression virale parmi une population estimée de 63 110 personnes séropositives.1
Le diagnostic précoce du VIH et l’obtention rapide de soins et d’un traitement sont importants, autant pour la santé de la personne séropositive que pour la prévention de la transmission. Les personnes qui maintiennent une charge virale indétectable peuvent vivre longtemps en bonne santé et ne transmettent pas le VIH à leurs partenaires sexuels.
Lors d’une étude récente menée aux États-Unis, on a examiné les taux de transmission correspondant aux différentes étapes du continuum des soins.2 Les taux diminuaient à mesure que les gens avançaient dans le continuum, et les plus hauts taux de transmission se produisaient chez les personnes qui ignoraient leur statut VIH.
Détails de l’étude
Les chercheurs ont utilisé une approche de modélisation et des données de surveillance nationales pour estimer les taux de transmission lors des différentes étapes du continuum des soins en 2016.
Le modèle incluait 23 000 personnes représentant les 1,1 million de personnes vivant avec le VIH aux États-Unis.
Les groupes suivants ont été inclus dans l’étude :
- hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH)
- personnes qui s’injectent des drogues
- hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes qui s’injectent des drogues
- hommes et femmes hétérosexuels
Résultats
Selon les estimations, le taux de transmission du VIH était de 3,5 nouvelles infections par 100 années-personnes en 2016, ce qui reflète un déclin par rapport au taux de 4,5 par 100 années-personnes en 2010. Cette baisse correspond à une augmentation de la suppression virale parmi les personnes séropositives au cours de cette période.
Selon le modèle, environ 80 % des transmissions du VIH avaient comme source des personnes séropositives non diagnostiquées ou non soignées. Elles étaient réparties, comme suit :
- 4 % des nouvelles infections par le VIH avaient comme source des personnes ayant l’infection aiguë au VIH, mais ignorant leur statut
- 34 % des nouvelles infections par le VIH avaient comme source des personnes ayant l’infection au VIH non aiguë, mais ignorant leur statut
- 43 % des nouvelles infections par le VIH avaient comme source des personnes connaissant leur statut, mais non soignées
Les autres 20 % des transmissions du VIH avaient comme source des personnes recevant des soins dont la charge virale n’était pas supprimée.
Le modèle de 2016 a permis de constater que les taux de nouvelles infections par le VIH (par 100 années-personnes) ont diminué le long du continuum des soins comme suit :
- 16,1 par 100 années-personnes parmi les personnes ayant l’infection aiguë, mais ignorant leur infection
- 8,4 par 100 années-personnes parmi les personnes ayant l’infection non aiguë, mais ignorant leur infection
- 6,6 par 100 années-personnes parmi les personnes au courant de leur infection au VIH, mais ne recevant pas de soins
- 6,1 par 100 années-personnes parmi les personnes recevant des soins pour le VIH, mais n’ayant pas de suppression virale
- 0 par 100 années-personnes parmi les personnes recevant des antirétroviraux et ayant la charge virale supprimée
Les nouvelles transmissions du VIH avaient comme source les populations suivantes dans les proportions indiquées :
- 73 % parmi les HARSAH
- 10 % parmi les personnes qui s’injectaient des drogues
- 5 % parmi les HARSAH qui s’injectaient des drogues
- 12 % parmi les hétérosexuels
Les taux de transmission les plus élevés étaient ceux des personnes âgées de 13 à 24 ans (5,1 par 100 années-personnes), mais le plus haut pourcentage de transmissions (29 %) était celui des personnes âgées de 55 ans et plus en raison de la taille de cette population.
Implications pour les fournisseurs de services
Il faut aborder le problème de la transmission du VIH lors de chaque étape du continuum des soins, en commençant par le dépistage. Il faut mettre en œuvre une variété d’approches de dépistage afin de rejoindre les personnes non diagnostiquées et d’identifier toutes les personnes atteintes du VIH peu de temps après l’infection. Une fois le diagnostic posé, il est important d’assurer rapidement l’arrimage aux soins et la rétention en soins, afin que les patients puissent atteindre et maintenir une charge virale indétectable. Les obstacles aux soins et à l’observance doivent être surmontés afin de s’assurer que les patients continuent de recevoir des soins et qu’ils maintiennent une charge virale supprimée au fil du temps. Enfin, la sensibilisation du public à l’importance de la suppression virale pourrait aider à réduire la stigmatisation et à améliorer les résultats pour la santé.
Ressources
Pensez aux liens : Approches programmatiques pour réussir l’arrimage aux soins pour le VIH
Apporter le dépistage à la population
La navigation de la santé dans les services en VIH : Un examen des données probantes
—Amanda Giacomazzo
Références
- Agence de la santé publique du Canada. Résumé : Estimations de l’incidence et de la prévalence du VIH, et des progrès réalisés par le Canada en ce qui concerne les cibles 90-90-90 pour le VIH, 2016. Ottawa : Agence de la santé publique du Canada; 2019. Disponible à l’adresse : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/esume-estimations-incidence-prevalence-vih-progres-realises-canada-90-90-90.html
- Li Z, Purcell DW, Sanson SL et al. Vital signs: HIV transmissions along the continuum of care – United States, 2016. Morbidity and Mortality Weekly Report. 2019; 68(11):267-72.