Les combinaisons de super-anticorps pourraient empêcher la progression du VIH

Bien qu’il existe déjà des traitements efficaces contre le VIH (TAR), les chercheurs continuent à étudier d’autres traitements potentiels, notamment un groupe d’anticorps qui réussissent très efficacement à se lier au VIH et à le neutraliser. Les chercheurs appellent ces super-anticorps des « anticorps largement neutralisants » (bNAbs). Après s’être liés au VIH et aux cellules infectées par le VIH, ces anticorps mobilisent le système immunitaire pour aider à détruire le VIH et les cellules infectées. Alors que les médicaments anti-VIH doivent être pris tous les jours, il est possible que les bNAbs, lesquels sont administrés par perfusion intraveineuse, puissent être pris moins fréquemment, soit toutes les trois semaines ou même à des intervalles plus longs, pourvu qu’on les trouve efficaces.

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Les chercheurs ont testé les bNAbs à titre d’agents individuels (c’est-à-dire une sorte d’anticorps à la fois), mais le VIH peut apprendre rapidement à résister à un seul anticorps lorsqu’il est utilisé de cette manière. Tout comme le traitement efficace du VIH nécessite une combinaison d’antirétroviraux, il est très probable qu’une combinaison de bNAbs sera nécessaire pour assurer l’efficacité du traitement aux anticorps.

Des chercheurs aux États-Unis ont mis à l’essai une combinaison de deux anticorps chez 15 participants qui suivaient un TAR depuis de nombreuses années et qui avaient une charge virale très faible. Les participants ont reçu les perfusions d’anticorps aux semaines 0, 3 et 6 de l’étude; le TAR a été interrompu deux jours après la première perfusion. Neuf des 15 participants ont réussi à maintenir une charge virale indétectable en l’absence du TAR pour une moyenne de quatre mois après la dernière perfusion d’anticorps. Le VIH n’a acquis de résistance aux anticorps chez aucun de ces neuf patients. Les résultats de cette étude pilote suscitent beaucoup d’enthousiasme et soulèvent de nombreuses questions dont il faudra tenir compte lors des études futures sur les bNAbs.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont recruté des participants qui suivaient un TAR depuis au moins 24 mois et qui avaient une charge virale sanguine inférieure à 50 copies/ml depuis au moins 18 mois. De plus, les chercheurs s’attendaient à ce que les participants aient une charge virale de moins de 20 copies/ml lors des évaluations effectuées avant l’étude en utilisant des tests de la charge virale plus sensibles. Enfin, les participants devaient avoir un compte de CD4+ minimal de 500 cellules/mm3.

Tous les participants ont subi des prélèvements de sang pour déterminer si leur VIH était sensible ou vulnérable aux anticorps utilisés dans l’étude.

Les participants ont reçu trois perfusions intraveineuses d’anticorps à une dose de 30 mg par kilogramme de poids corporel aux semaines 0, 3 et 6 de l’étude.

Les participants ont subi des évaluations fréquentes durant l’étude, notamment des prélèvements de sang chaque semaine ou toutes les deux semaines. Si l’on découvrait que leur charge virale était supérieure à 200 copies/ml, ils recommençaient le TAR.

Les participants avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :

  • 14 hommes, 1 femme
  • âge : 40 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 40 %; Noirs – 27 %; Hispaniques – 27 %
  • temps écoulé depuis le diagnostic de VIH : 6 ans
  • compte de CD4+ : 730 cellules/mm3
  • charge virale : moins de 20 copies/ml

Notons que le VIH était sensible ou vulnérable aux anticorps chez seulement 11 participants sur 15. Ces 11 participants sont devenus le point de mire de la recherche.

Les anticorps utilisés portaient les noms de code suivants :

  • 3BNC117
  • 10-1074

Résultats

Neuf participants sur 11 ont réussi à maintenir une charge virale indétectable en l’absence du TAR pour une moyenne de quatre mois après la dernière perfusion d’anticorps.

Les anticorps n’ont pas eu d’impact significatif sur le réservoir de cellules infectées par le VIH dans le corps.

À retenir

Cette étude est très encourageante. Elle révèle qu’une combinaison de deux anticorps a le potentiel de maintenir la suppression du VIH chez certaines personnes qui interrompent leur TAR, soit celles dont la charge virale est faible avant de commencer (moins de 20 copies/ml) et dont le VIH est sensible aux anticorps.

La présente étude soulève de nombreuses questions scientifiques intrigantes qui devront être explorées dans le cadre d’essais cliniques futurs, comme les suivantes :

  • Quel est le nombre idéal de bNAbs à utiliser : deux, trois, quatre?
  • Plus de 10 bNAbs ont été découverts. Lesquels devraient être utilisés dans les études?
  • À quelle fréquence les perfusions d’anticorps devraient-elles avoir lieu et quelles doses devraient être utilisées?
  • Devrait-on utiliser les bNAbs avec d’autres médicaments qui peuvent améliorer le fonctionnement du système immunitaire, tels que le vésatolimod (GS-9620; nous en parlons plus loin dans ce numéro de TraitementActualités) et une classe de médicaments appelés inhibiteurs des points de contrôle (utilisés à l’heure actuelle pour le traitement de certains cancers)?

Plusieurs années passeront avant que nous ayons les réponses à ces questions, alors il reste beaucoup de recherche à faire.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Mendoza P, Gruell H, Nogueira L, et al. Combination therapy with anti-HIV-1 antibodies maintains viral suppression. Nature. 2018 Sep;561(7724):479-484.
  2. Borducchi EN, Liu J, Nkolola JP, et al. Antibody and TLR7 agonist delay viral rebound in SHIV-infected monkeys. Nature. Nov;563(7731):360-364.
  3. Sok D, Burton DR. Recent progress in broadly neutralizing antibodies to HIV. Nature Immunology. 2018 Nov;19(11):1179-1188.