Que vous filiez le parfait bonheur ou soyez en panne sèche, Emma est là pour vous aider à composer avec les hauts et les bas de la vie.
Je suis né·e séropositif·ve et je vis avec le VIH depuis plus de 30 ans. Toute ma vie, j’ai eu l’impression que c’était de ma faute.
J’ai émigré au Canada avec mes parents en tant que réfugié·e. C’était dans les années 1990 et j’avais sept ans. Mon père est décédé quelques mois après notre arrivée au Canada. Ma mère et moi avons souffert de sa mort et des difficultés de la vie avec le VIH. Nous avons dû faire face à énormément de stigmatisation et de discrimination. J’ai été ostracisé·e à l’école. Ma mère a révélé ma séropositivité à l’école, puis quelqu’un de l’administration a répété cela aux autres parents. J’ai dû bientôt quitter cette école.
Nous avons ensuite déménagé à Toronto, où ma mère a décidé de garder notre statut VIH secret. J’ai grandi en solitaire. À mon école secondaire, j’en ai parlé à une personne que je croyais être mon ami·e, mais qui l’a révélé à tout le monde. Ses parents lui ont dit de se tenir loin de moi et de ma famille. Ma mère me tenait à l’écart de tout le monde. Je suppose qu’elle avait peur que les gens découvrent son statut. Elle ne m’a jamais permis de fréquenter des groupes de soutien pour les personnes vivant avec le VIH. Elle disait que je la mettrais en danger si je dévoilais mon statut, car je révélerais en même temps le sien. Aujourd’hui, à 30 ans, je suis sans ami·e·s ni soutien, je n’ai pas de vie et je suis blessé·e, en colère et déçu·e. Je sais que ma mère m’aime, mais je me sens maltraité·e. J’ai l’impression qu’à cause d’elle, je ne trouve pas de sens à ma vie.
Je ne sais pas quoi faire. Comment puis-je parler à ma mère de tous ces sentiments? J’ai l’impression que si je commence à le faire, je ne me rendrai jamais au bout et que ma relation avec ma mère, qui est la seule personne que j’ai, se terminera. Aidez-moi s’il vous plaît.
—Captif·ve et en quête de liberté
Emma : Merci d’avoir partagé votre histoire avec moi. Il faut du courage pour parler d’expériences aussi profondément intimes, en particulier celles qui impliquent tant de douleur et de difficultés. Vous avez traversé bien des épreuves. Avant tout, je tiens à vous rassurer : la séropositivité n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas choisi cela et vous méritez de la compassion et du soutien – pas de la stigmatisation et de la discrimination. Il est déchirant d’entendre qu’on vous a traité·e injustement pour quelque chose qui ne dépend pas de vous. Vous méritez l’amour, l’acceptation et une vie épanouie, quel que soit votre statut sérologique.
Je suis désolée de la stigmatisation que vous avez vécue après avoir émigré au Canada en tant que réfugié·e. Rappelez-vous, ce qui définit qui vous êtes c’est votre cheminement et votre résilience, et non les préjugés des autres. Utilisez le soutien d’organismes ou de communautés locales qui comprennent ce que vous vivez. La force avec laquelle vous surmontez les difficultés est une preuve de votre cou-rage et de votre valeur. Gardez espoir et sachez que vous méritez de vous épanouir dans votre nouveau pays.
Votre relation avec votre mère semble complexe. Il est évident qu’elle vous aime, mais j’ai l’impression que sa peur et son anxiété au sujet de votre séropositivité l’ont amenée à adopter des comportements qui vous isolent et vous nuisent. Lorsque vous vous sentirez prêt·e à parler à votre mère, envisagez de commencer par lui exprimer votre amour pour elle et dites-lui que vous savez qu’elle se soucie de votre bien-être. Ensuite, exprimez doucement ce que vous ressentez face à ses actions, en décrivant vos émotions dans des phrases avec le « je » et sans blâmer votre mère.
Vous pouvez aussi vous tourner vers des organismes spécialisés dans le sou-tien et la défense des droits et intérêts des personnes vivant avec le VIH. Ces groupes peuvent fournir des ressources précieuses, des liens avec des réseaux de soutien entre pairs et des conseils pour s’orienter dans les services sociaux et de santé. N’hésitez pas à chercher un soutien professionnel auprès d’un·e thérapeute ou d’un·e conseiller·ère qui pourra vous offrir un espace bienveillant pour apprivoiser vos émotions.
Merci de votre témoignage. J’invite les lecteur·trice·s à m’envoyer leurs questions par courriel à safespaceemma@gmail.com.
Emma est une personne de confiance dans la communauté qui puise dans sa vaste expérience des services sociaux pour offrir des conseils avisés à des personnes qui en ont besoin.