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Voyager et s’installer à l’étranger peut présenter des difficultés considérables pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). En plus des difficultés habituelles liées à l’immigration, les réglementations relatives au VIH en vigueur dans certains pays constituent un obstacle supplémentaire. Certains gouvernements ont adopté des politiques progressistes permettant aux PVVIH d’entrer, de séjourner ou de travailler dans leur pays. D’autres pays, en revanche, imposent des restrictions qui peuvent compliquer les projets de voyage.

Certains pays interdisent l’entrée des personnes vivant avec le VIH, tandis que d’autres limitent les séjours de longue durée. Dans certains pays, les PVVIH peuvent être autorisées à entrer pour de courtes visites, comme des vacances, mais sont soumises à des restrictions concernant le travail ou la résidence permanente. La France, par exemple, n’impose aucune restriction liée au VIH pour l’entrée, le séjour ou la résidence. La Russie, en revanche, peut refuser l’entrée ou la résidence aux PVVIH. Vu ces différences, il est important de faire des recherches avant de voyager ou de tenter de déménager dans un nouveau pays.

Les règlements relatifs au VIH pour voyager ou s’établir au Canada

Les règles touchant le VIH lorsqu’il s’agit de voyager et d’établir sa résidence au Canada varient en fonction de la durée et de l’objet du séjour de la personne.

Les visiteur·euse·s pour un court séjour au Canada (six mois ou moins) n’ont généralement pas besoin d’un examen médical aux fins de l’immigration. Il existe toutefois des exceptions à cette règle. Vous devrez peut-être subir un examen médical si vous exercez une profession impliquant un contact physique étroit avec des personnes ou si vous êtes un·e travailleur·euse agricole et que vous avez séjourné plus de six mois dans un des pays ou territoires énumérés par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Vous pourriez également devoir passer un examen médical si vous avez l’air malade à votre arrivée à la frontière canadienne.

Si vous prévoyez une visite prolongée, ou encore des études ou une période de travail au Canada, un examen médical aux fins de l’immigration est obligatoire dans certaines conditions. Ces examens comprennent un test de dépistage du VIH. Celui-ci peut être exigé si vous avez passé six mois consécutifs ou plus dans un pays ou un territoire désigné par IRCC1. Il peut également être obligatoire si le travail que vous envisagez est jugé essentiel pour la santé publique ou si vous demandez un super visa pour parents et grands-pa­rents. Par ailleurs, l’agent·e d’immigration pourrait décider qu’un examen médical est nécessaire en fonction de facteurs tels que la durée prévue de votre séjour et votre état de santé général.

Les candidat·e·s à la résidence permanente âgé·e·s de 15 ans et plus doivent passer un examen médical aux fins de l’immigration, y compris un test de dépis­tage du VIH. Cela concerne les travailleur·euse·s qualifié·e·s, les gens d’affaires et certain·e·s membres de la famille. Si une personne de moins de 15 ans a un parent vivant avec le VIH ou est en cours d’adoption au Canada, elle doit également passer un test de dépistage du VIH. L’exa­men médical aux fins de l’immigration est effectué par un·e médecin désigné·e, approuvé·e par IRCC, qui communiquera ses observations à IRCC pour examen.

Si le/la médecin désigné·e d’IRCC estime qu’une personne risque d’imposer un « fardeau excessif » aux services sociaux ou de santé, il/elle en informera l’agent·e des visas ou de l’immigration en charge du dossier. Cette notification comprend un rapport détaillant les services attendus et leurs coûts. Le/la demandeur·euse reçoit ensuite une lettre d’IRCC décrivant les services sociaux et de santé attendus. Le/la demandeur·euse dispose de 60 jours pour contester la décision contenue dans cette lettre. Pour ce faire, il/elle peut soumettre des informations ou documents supplémentaires. S’il/elle ne le fait pas dans ce délai, l’agent·e des visas ou de l’immigration rejette la demande pour cause d’inadmissibilité médicale. Toutefois, un refus pour inadmissibilité médicale n’empêche pas automatiquement une personne de visiter le Canada en tant que touriste avec un visa de courte durée.

Règlements et restrictions d’entrée concernant le VIH

Les pays de l’OCDE, dont le Canada, n’imposent pas de restrictions à l’entrée des personnes vivant avec le VIH. Ces pays sont l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Canada, le Chili, la Colombie, la Corée du Sud, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Turquie.

D’autres pays imposent des restrictions — notamment le Brunei, les Émirats arabes unis, la Guinée équatoriale, les îles Salomon, l’Iran, l’Iraq, la Jordanie et le Yémen. Ces pays interdisent l’entrée aux PVVIH, quelle que soit la durée du séjour envisagé.

Déportations en raison de la séropositivité au VIH

En Russie, les touristes faisant une visite de courte durée sont exempté·e·s de l’obligation de dépistage du VIH, mais les résident·e·s étranger·ère·s dont on constate la séropositivité peuvent être expulsé·e·s. L’Algérie, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, le Bhoutan, le Brunei, la Chine, la Corée du Nord, les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Guinée équatoriale, les îles Salomon, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Malaisie, Oman, le Qatar, la Syrie, la Tunisie et le Yémen expulsent également les non-citoyen·ne·s dont on découvre la séropositivité au VIH.

Obligations de dévoiler le VIH

De nombreux pays ont des réglementations pour les non-citoyen·ne·s qui ont l’intention de rester plus de 90 jours. Cela peut signifier que vous devez déclarer votre statut VIH dans les demandes de permis de séjour, de travail ou d’études.

Cette obligation est en vigueur dans plusieurs pays, y compris ceux-ci : Algérie, Arabie Saoudite, Aruba, Australie, Bahreïn, Belize, Bhoutan, Bosnie-Herzégovine, Brunei, Chine, Chypre, Cuba, Égypte, Émirats arabes unis, Guinée équatoriale, Honduras, Hongrie, Îles Caïmans, Îles Marshall, Île Maurice, Îles Salomon, Îles Turks et Caicos, Îles Vierges, Iran, Iraq, Israël, Jordanie, Kazakhstan, Kirghizstan, Koweït, Liban, Malaisie, Maldives, Montserrat, Nicaragua, Oman, Ouzbékistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Qatar, République dominicaine, Russie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Samoa, Seychelles, Singapour, Slovaquie, Soudan, Suriname, Syrie, Tonga, Tunisie et Yémen.

D’autres pays, comme Aruba et le Liban, interdisent aux PVVIH de travailler. Des pays comme l’Australie exigent un test de dépistage du VIH dans le cadre de la demande de visa permanent. Toutefois, un résultat positif dans ces pays n’entraîne pas automatiquement le rejet de la demande. L’admissibilité est évaluée sur la base de facteurs tels que les besoins en matière de soins de santé et les coûts potentiels. En revanche, des pays comme Chypre rejettent catégoriquement les demandes de résidence permanente des personnes vivant avec le VIH.

Voyager avec des antirétroviraux dans ses bagages

Les personnes vivant avec le VIH ont intérêt à être conscientes des exigences spécifiques en matière de documentation médicale lorsqu’elles visitent certains pays. En France, en Grèce, en Islande, au Luxembourg, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, les personnes vivant avec le VIH peuvent transporter des médicaments antirétroviraux pour leur usage personnel si elles disposent d’une ordonnance médicale valide. Le Japon exige un « certificat Yakkan », en parti­culier pour des quantités au-delà de deux mois. En Lituanie, les voyageur·euse·s qui prévoient d’importer entre six et neuf boîtes de comprimés doivent être muni·e·s d’une ordonnance. Pour de plus grandes quantités, les autorités exigent un certificat médical déclarant la nécessité du médicament pour traiter une maladie existante.

En conclusion, si vous voyagez ou vivez à l’étranger, c’est une bonne idée d’exa­miner attentivement tous les règlements concernant le VIH. En vous gardant informé·e, en vous préparant et en utilisant les ressources disponibles, vous pourrez surmonter ces obstacles de manière efficace et assurer une transition en douceur vers la vie à l’étranger. 

 

Nanor Rita Hamamdjian, MPH, se spécialise en santé mondiale. Son stage à la COCQ-SIDA portait sur l’accès aux soins de santé pour les migrant·e·s séropositif·ve·s ne bénéficiant pas d’un régime public d’assurance maladie dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de déve­loppement économiques (OCDE). Elle a également soutenu un projet sur l’accès aux soins de santé pour les migrant·e·s vivant avec des maladies chroniques, à titre d’assistante à la recherche à l’Institut universitaire SHERPA.

Pour plus d’information sur les restrictions et règlements applicables au VIH en contexte de voyage, consultez www.hivtravel.org et www.unaids.org/fr/keywords/travel-restrictions

1 Pour une liste détaillée des pays et territoires qui exigent un examen médical, consultez la page https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/demande/medical-police/examens-medicaux/exigences-residents-temporaires/exigences-pays.html