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CATIE

Des études donnent à penser que les taux de cancer anal sont à la hausse tant parmi les personnes séronégatives que parmi les personnes séropositives. Après examen des données recueillies sur les divers cas de cancer anal, des chercheurs de Toronto font valoir que les taux de cette forme de cancer parmi les hommes séropositifs sont semblables à ceux qui prévalaient pour le cancer du col utérin parmi les femmes séronégatives avant la mise en place de mesures de dépistage systématique avec le test de Papanicolaou (test Pap).

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Le cancer anal présente des caractéristiques similaires au cancer du col utérin, dont les suivantes :

  • les deux cancers sont associés à l'infection par le VPH (virus du papillome humain)
  • les deux cancers sont issus de cellules précancéreuses à l'aspect semblable au microcroscope
  • les excroissances précancéreuses au niveau du col utérin sont détectables par le test de Pap ainsi que par colposcopie (chez les femmes) tandis que les excroissances précancéreuses anales sont détectables par anuscopie à haute résolution chez les hommes

La méthode optimale de détection de cellules anormales et précancéreuses au niveau de l'anus reste à être déterminée. Une équipe de chercheurs a donc mené une étude comparative de trois évaluations différentes de cellules précancéreuses prélevées de l'anus d'hommes séropositifs. Leurs observations donnent à penser que l'anuscopie à haute résolution s'avère être la méthode optimale de dépistage des cellules précancéreuses au niveau de l'anus.

Détails de l'étude

Des chercheurs à Toronto ont recruté des participants entre 2001 et 2005. Dans tous les cas, il s’agissait d’hommes séropositifs qui avaient des antécédents de relations anales passives, mais aucun antécédent de cancer anal.

Au moment de leur admission dans l'étude, tous les participants se prêtaient aux tests et examens suivants :

  • frottis anal et test Pap
  • test de dépistage du VPH
  • anuscopie à haute résolution (AHR)

Dans les cas où des excroissances précancéreuses étaient décelées, celles-ci étaient éliminées, puis les participants devaient ensuite se prêter à d'autres évaluations au site de l'étude.

Le profil moyen des 401 participants était le suivant :

  • âge – 41 ans
  • âge à la première pénétration anale passive – 18 ans
  • durée de l'infection par le VIH – 14 ans
  • 31 % avaient déjà eu une maladie liée au sida
  • 76 % étaient sous traitement anti-VIH
  • 41 % affichaient une charge virale sanguine inférieure à 50 copies/mL
  • 50 % avaient un compte de CD4 de 400 cellules ou plus
  • 92 % avaient éprouvé au moins un symptôme d'ordre gastro-intestional au cours de l'année écoulée – diarrhée, constipation, saignements anaux, douleurs anales et pertes anales

Résultats

Les chercheurs ont observé des excroissances anales hautement anormales chez 24 % des hommes. Ces excroissances ont été diagnostiquées au titre de néoplasie intraépithéliale anale (NIA2+). Selon l'équipe de chercheurs, « de telles excroissances conduisent généralement à un cancer de l’anus ».

Lorsqu'on décèle des excroissances précancéreuses de ce genre, leur traitement s'impose. Une telle démarche permet en toute probabilité d'éviter le développement d'un cancer anal. Aucun cas de cancer anal n'a été décelé au cours de l'étude.

L'équipe de chercheurs a établi que le test Pap ne constitue pas un bon moyen de détection de cellules anales hautement anormales, cette technique n'ayant permis le dépistage de telles cellules que chez seulement 12 % des participants.

Près de 90  % des participants présentaient une infection par l'un des types cancérigènes de VPH; dans la plupart des cas, il s'agissait du VPH 16 (38 %) et du VPH 18 (20 %). Par ailleurs, d'autres types cancérigènes de VPH ont également été observés dont les suivants :

  • VPH 53 chez 20 % des hommes
  • VPH 52 chez 18 % des hommes
  • VPH 31 chez 16 % des hommes
  • VPH 33 chez 15 % des hommes
  • VPH 56 chez 12 % des hommes
  • VPH 68 chez 12 % des hommes

Un grand nombre de participants ayant admis ne pas s'être livrés récemment à des rapports sexuels, l'équipe de chercheurs estiment que le dépistage de ces types de VPH à haut risque donnent à penser qu’il s’agissait d’infections de longue date. Ainsi, une infection persistente par l'un de ces types de VPH est vraisemblement susceptible d'accroître le risque d'excroissances précancéreuses et de cancer anal.

Soupeser les preuves

L'équipe de Toronto fait remarquer « qu'en l'absence de tout essai comparatif et randomisé à l'appui d'un dépistage préventif du cancer du col utérin, des études [observationnelles] montrent que le test Pap réalisé à partir de frottis de col utérin et la colposcopie avec traitement des anomalies décelées ont été associés à une réduction marquée du cancer du col utérin ».

« Puisque les hommes séropositifs ayant pris part à cette étude comme à d'autres présentaient un taux élevé de cellules anormales au niveau de l'anus, il semble logique de penser, étant donné les fortes similitudes avec le cancer du col utérin, que la détection et la suppression de telles lésions anales de haut grade de malignité (NIA2 +) , notamment chez les hommes infectés par le VIH qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes (HRSH), pourraient avoir pour effet de réduire les taux de cancer anal, même si cela n'a pas encore été prouvé. »

L'équipe de chercheurs précise, par ailleurs, que ses observations s'avéreront utiles dans le contexte de l'évaluation de la nécessité d'instaurer des programmes de dépistage précoce du cancer anal chez les HRSH séropositifs.

—Sean R. Hosein

REFERENCES:

  1. Crum-Cianflone NF, Hullsiek KH, Marconi VC, et al. Anal cancers among HIV-infected persons: HAART is not slowing rising incidence. AIDS. 2010 Feb 20;24(4):535-43.
  2. Salit IE, Lytwyn A, Raboud J, et al. The role of cytology (Pap tests) and human papillomavirus testing in anal cancer screening. AIDS. 2010; in press.