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Toronto
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Dans le cadre du programme communautaire de lutte contre l’hépatite C de Toronto, le South Riverdale Community Health Centre (SRCHC) fait passer des tests de dépistage et propose un traitement de l’hépatite C aux personnes qui utilisent des drogues dans l’est de Toronto, dans des lieux qu’elles fréquentent et où elles se sentent à l’aise. L’un de ces lieux est keepSIX, un service de consommation et de traitement (SCT) (également appelé service de consommation supervisée) situé à l’intérieur du SRCHC. Dans le cadre d’une étude récente, les client·e·s de keepSIX ont pu accéder au dépistage et au traitement de l’hépatite C dans une clinique située dans les mêmes locaux. Le dépistage était proposé dans les locaux du SCT : les client·e·s présentant une infection par le VHC pouvaient bénéficier d’un traitement dans le même établissement. Sur les 124 client·e·s participant·e·s, 64 (51,6 %) présentaient une infection active par le VHC. Sur les 57 participant·e·s admissibles au traitement de l’hépatite C, 75,4 % ont été orienté·e·s vers la prise en charge, et 67,4 % de ces dernier·ère·s ont entamé un traitement pendant la durée de l’étude. Parmi les participant·e·s ayant reçu un traitement, 86,2 % ont passé ensuite des analyses de sang qui ont permis de confirmer qu’ils·elles étaient guéri·e·s de l’hépatite C, ce qui indique que ce modèle de soins rendait possible un taux élevé de recours aux soins et au traitement.

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Description du programme

Le personnel du SCT est composé d’infirmier·ère·s, de promoteur·rice·s de la santé et d’intervenant·e·s en réduction des méfaits ayant une expérience concrète de l’utilisation de drogues. Le dépistage et la prise en charge de l’hépatite C sont proposés aux personnes qui s’injectent des drogues selon une démarche holistique coordonnée par une équipe pluridisciplinaire qui veille à atténuer autant que possible les obstacles aux soins. L’équipe comprend le personnel du SCT ainsi qu’un·e infirmier·ère spécialisé·e dans la prise en charge de l’hépatite C, des médecins et des infirmier·ère·s praticien·ne·s.

Dépistage

Les pratiques de référence de dépistage de l’hépatite C en Ontario consistent à prélever un échantillon de sang qui est envoyé à un laboratoire central aux fins d’analyses, ce qui implique un délai d’attente entre la réalisation du test et la communication des résultats. Dans la plupart des cas, on procède à deux tests : un test de dépistage des anticorps contre l’hépatite C et, en cas de résultat positif, un test de dépistage de l’ARN du virus de l’hépatite C.

Au cours de cette étude, les client·e·s du SCT se sont vu proposer un test de dépistage de l’ARN du virus de l’hépatite C sur place tous les trois mois. L’infirmier·ère spécialisé·e dans la prise en charge de l’hépatite C du centre de santé a utilisé le nouveau test de dépistage au point de service (GeneXpert HCV Viral Load Fingerstick) dans les locaux du SCT. Le test consistait à prélever un échantillon de sang par piqûre au doigt et à l’analyser sur place à l’aide du système GeneXpert de Cepheid. Les résultats pouvaient être communiqués aux participant·e·s à l’étude dans un délai de 60 minutes, un résultat positif signifiant que la personne était porteuse du virus de l’hépatite C.

Admission

Les client·e·s dont le résultat était positif recevaient des conseils et étaient incité·e·s à recevoir un traitement contre l’hépatite C. Les client·e·s désireux·ses de recevoir un traitement ont été immédiatement mis en relation avec le programme de traitement de l’hépatite C du SRCHC, situé dans les mêmes locaux. L’infirmier·ère chargé·e du traitement de l’hépatite C a procédé aux formalités d’admission, qui comprenaient des analyses de sang visant à confirmer le diagnostic et à évaluer la santé du foie. Les client·e·s ont ensuite été orienté·e·s vers un·e prescripteur·rice attaché·e au programme (un·e médecin ou un·e infirmier·ère praticien·ne) qu’ils pouvaient consulter pendant les heures d’ouverture hebdomadaires pour discuter du traitement. Les client·e·s qui ne se sentaient pas encore prêt·e·s à entamer un traitement pouvaient le faire à n’importe quel moment. Le personnel du SCT ayant une expérience directe de l’hépatite C encourageait régulièrement les client·e·s à amorcer un traitement.

Traitement et suivi

Les médecins et les infirmier·ère·s praticien·ne·s présent·e·s sur place ont examiné les évaluations préliminaires et prescrit un traitement contre l’hépatite C, en adoptant le mode de distribution des médicaments qui convenait le mieux aux client·e·s (quotidienne avec approvisionnement pour les fins de semaine, hebdomadaire ou mensuelle). Les médicaments étaient envoyés directement au ou à la client·e par la poste ou récupérés auprès de l’infirmier·ère spécialisé·e dans la prise en charge de l’hépatite C, au SCT ou à la pharmacie. L’infirmier·ère spécialisé·e s’est occupé·e de chaque client·e du début à la fin de l’étude, en mettant à jour ses coordonnées et en lui remettant ses médicaments, le cas échéant.

Résultats

Au cours de la période de recrutement de l’étude (une période de 10 mois en 2018 et 2019), 124 client·e·s qui s’injectaient des drogues ont eu recours au dépistage de l’ARN du virus de l’hépatite C au point de service. Les client·e·s étaient âgé·e·s en moyenne de 40,9 ans et utilisaient des drogues injectables depuis 10,8 ans.

Autres résultats :

  • 42,8 % appartenaient à un groupe identitaire racisé ou autochtone;
  • 73,4 % étaient en situation de logement précaire;
  • 53,2 % ne connaissaient pas leur statut quant à l’hépatite C.

Au cours de la période d’évaluation, 64 client·e·s (51,6 %) ont obtenu un résultat positif au test de dépistage de l’hépatite C; 54 ont obtenu un résultat positif au premier test et 10 ont obtenu un résultat positif au second test. Les client·e·s en situation de logement précaire étaient deux fois plus susceptibles de se révéler atteint·e·s de l’hépatite C que ceux·celles qui bénéficiaient d’un logement stable. Les client·e·s qui s’injectaient des drogues quotidiennement étaient environ trois fois plus susceptibles de se révéler atteint·e·s de l’hépatite C que ceux·celles qui s’injectaient des drogues moins fréquemment.

Parmi les 64 client·e·s dont le résultat était positif, 57 (89,1 %) étaient admissibles au traitement de l’hépatite C (trois client·e·s ont guéri de l’hépatite C sans traitement et quatre client·e·s sont décédé·e·s). Parmi les client·e·s admissibles au traitement, 43 (75,4 %) ont été guidé·e·s vers la prise en charge (c.-à-d. qu’ils·elles ont fait l’objet d’une évaluation préliminaire), et 29 d’entre eux·elles (67,4 %) ont entamé un traitement. Les client·e·s racisé·e·s ou autochtones étaient deux fois plus susceptibles que les client·e·s blanc·he·s d’entamer un traitement, et les client·e·s ayant consommé du fentanyl étaient moins susceptibles d’entamer un traitement que les client·e·s qui consommaient de l’héroïne ou des opioïdes sur ordonnance. Les client·e·s âgé·e·s ou ceux·celles qui s’injectaient des drogues depuis plus longtemps étaient plus susceptibles d’entamer un traitement. Parmi ceux·celles qui ont amorcé un traitement, 86,2 % (25/29) ont passé un test qui a confirmé qu’ils·elles avaient guéri (ont obtenu une réponse virologique soutenue). Parmi les client·e·s dont la guérison n’a pas été confirmée, l’un·e d’entre eux·elles a connu un échec thérapeutique et a été traité·e à nouveau, tandis que d’autres n’ont pas fait l’objet d’un test visant à confirmer la réponse virologique soutenue avant la fin de la période de l’étude.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Selon les chercheur·euse·s qui ont évalué ce modèle de soins, les client·e·s se sont avéré·e·s porteur·se·s de l’hépatite C dans une proportion plus élevée que celle qui a été estimée dans la population générale des personnes qui s’injectent des drogues, ce qui indique que le modèle de soins a permis de joindre des personnes fortement exposées au risque d’infection. Ces scientifiques font observer que dans le cadre d’autres études canadiennes, seuls 14 % à 40 % des personnes qui s’injectent des drogues et qui ont reçu un diagnostic d’hépatite C ont reçu un traitement, alors que 67 % des client·e·s guidé·e·s vers la prise en charge de l’hépatite C (29/43) ont bénéficié d’un traitement au cours de l’étude réalisée à l’aide de ce modèle de soins. Ces résultats donnent à penser que le modèle de soins évalué rendait possible un taux élevé de recours au traitement.

Le dépistage de l’ARN au point de service permettait aux client·e·s d’effectuer un test de dépistage de l’hépatite C et de savoir s’ils·elles présentaient une infection active, et ce, en une seule visite au SCT. Le regroupement du dépistage et du traitement de l’hépatite C dans les locaux du SCT peut avoir facilité le recours aux soins et au traitement par les client·e·s, ce qui a permis de guérir un grand nombre d’entre eux·elles. Les client·e·s ont déclaré que les liens de confiance avec le personnel du centre de santé (y compris ceux·celles qui ont une expérience concrète) étaient une raison essentielle du recours aux soins.

Remarques : L’utilisation du test Xpert HCV Viral Load Fingerstick au point de service n’est pas encore approuvée au Canada. En Ontario, les SCT offrent des services intégrés et polyvalents qui permettent aux client·e·s utilisant des drogues d’accéder aux soins primaires, aux traitements et à d’autres services sociaux et de santé. Dans d’autres provinces et territoires, ces services sont plus communément appelés services de consommation supervisée.

Ressources connexes

Service de consommation supervisée keepSIX – étude de cas.

Incidence du dépistage de l’hépatite C au point de service sur le dépistage et l’arrimage aux soinsPoint de mire sur la prévention

Déployer les tests diagnostiques — avancées en matière de dépistage de l’hépatite C – webinaire présenté par CATIE et CanHepC

Référence

Lettner B, Mason K, Greenwald ZR et al. Rapid hepatitis C virus point-of-care RNA testing and treatment at an integrated supervised consumption service in Toronto, Canada: a prospective, observational cohort study. The Lancet Regional Health – Americas. 2023;22:100490. Disponible au https://doi.org/10.1016/j.lana.2023.100490