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États-Unis
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Ce programme a eu recours à l’aide à la navigation des patients afin d’améliorer l’amorce de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et la persistance (c.-à-d. la capacité de prendre les médicaments de la PrEP aussi longtemps que nécessaire) auprès d’hommes noirs/afro-américains gais, bisexuels et ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH), dans l’État du Mississippi. Le service de navigation visait à aider les clients à cerner et à surmonter les obstacles à la PrEP grâce à l’information, à des contrôles réguliers et à des services de soutien. Les hommes noirs/afro-américains qui ont reçu de l’aide à la navigation étaient nettement plus susceptibles que les autres de se présenter à un rendez-vous clinique lié à la PrEP après trois mois et de s’être procuré les médicaments de plus d’une ordonnance de PrEP dans les six mois suivant leur premier rendez-vous.

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Description du programme

Ce programme se déroulait dans un centre de santé communautaire (CSC) à Jackson, Mississippi. Le CSC fournit des services de soins primaires aux populations mal desservies et met l’accent sur les soins aux lesbiennes, gais et personnes bisexuelles et trans. L’approche d’aide à la navigation des patients appliquée dans le cadre du programme s’appuyait sur l’approche en vigueur au CSC pour l’amorce de la PrEP et les soins associés (« soins standard ») et visait à améliorer l’amorce de la PrEP et la persistance à l’égard de celle-ci chez les gbHARSAH noirs/afro-américains. Les participants au programme se voyaient prescrire une PrEP pour la première fois et étaient répartis au hasard entre un groupe recevant des soins basés sur un modèle de navigation pour les patients et un groupe recevant des soins standard.

Les soins standard incluaient :

  • de l’information concernant la PrEP, fournie par un·e prestataire de soins lors du premier rendez-vous pour la PrEP;
  • deux rappels téléphoniques avant chaque rendez-vous de soins cliniques en lien avec la PrEP (un rappel sept jours plus tôt, l’autre la veille);
  • une assistance limitée en matière de transport pour se rendre aux rendez-vous pour la PrEP au CSC;
  • une assistance financière pour la PrEP (si le client perdait son statut d’assurance ou avait un changement en la matière).

Le modèle d’aide à la navigation des patients se basait sur les soins standard; il incluait tous les services susmentionnés ainsi qu’une séance unique avec un·e assistant·e à la navigation de la PrEP, juste après le premier rendez-vous pour la PrEP (ou dans les sept jours, si le client n’avait pas pu rester après ce premier rendez-vous), puis des suivis réguliers entre chaque client et son assistant·e à la navigation. Lors de la première séance, cette personne discutait avec le client pour :

  • cerner ou aborder des moyens de surmonter des obstacles potentiels ou des préoccupations concernant l’amorce de la PrEP ou l’accès à celle-ci;
  • instaurer une confiance à l’égard du système de soins de santé et des prestataires;
  • fournir de l’aide à la navigation de l’assurance maladie et du paiement des soins liés à la PrEP; et
  • établir des stratégies pour maintenir l’observance thérapeutique à la PrEP.

À la fin de la première séance, l’assistant·e à la navigation parlait au client des entretiens périodiques à prévoir et ensemble, ils convenaient de leurs moyens de communication. Il pouvait s’agir d’appels téléphoniques, de textos ou d’échanges au moyen d’une plateforme de médias sociaux, selon les préférences du client. Pendant le premier mois, ces entretiens avaient lieu chaque semaine et se concentraient sur des questions liées à l’amorce de la PrEP. Après cette période, ils avaient lieu toutes les deux semaines pendant six mois et portaient sur les obstacles à l’accès, l’orientation vers des ressources et des services, les rappels des rendez-vous et les changements potentiels à apporter aux soins.

Par ailleurs, un·e employé·e du programme pouvait communiquer avec la pharmacie du client pour savoir si celui-ci était allé chercher ses médicaments, et communiquer cette information à son assistant·e à la navigation de la PrEP. Ce·tte dernier·ère pouvait alors effectuer un suivi avec le client qui n’avait pas été chercher ses médicaments, et l’aider à répondre à tout obstacle à son accès à la PrEP.

Résultats

Entre septembre 2018 et juillet 2020, le programme a compté 60 participants; ceux-ci étaient répartis individuellement au hasard dans le groupe recevant les soins standard ou celui recevant une aide à la navigation. Tous les participants étaient des gbHARSAH cisgenres noirs/afro-américains âgés de 18 à 35 ans. Quant à l’orientation sexuelle, la plupart ont indiqué être gais (56,7 %) ou bisexuels (35,0 %). Au moment de leur inscription à l’étude, 46,7 % des clients ont déclaré avoir une assurance maladie et 40,0 % ont déclaré avoir un·e prestataire de soins de santé primaires.

Dans l’ensemble (des deux groupes de l’étude) :

  • 66,7 % des personnes ont été présentes à au moins un rendez-vous de suivi clinique après avoir reçu une ordonnance pour la PrEP;
  • 78,3 % ont fait exécuter au moins une ordonnance de PrEP dans les six mois suivant leur premier rendez-vous clinique;
  • 55,0 % ont fait exécuter plus d’une ordonnance de PrEP dans les six mois suivant leur premier rendez-vous clinique;
  • 46,7 % ont bénéficié d’un approvisionnement en médicaments couvrant plus de 80 % des jours suivant leur première ordonnance.

Par rapport au groupe de soins standard, les clients du groupe recevant une aide à la navigation étaient :

  • 1,62 fois plus susceptibles de se présenter à un rendez-vous clinique pour la PrEP après trois mois (70,0 % contre 43,3 %);
  • 1,47 fois plus susceptibles d’avoir fait exécuter au moins une ordonnance de PrEP dans les six mois suivant leur premier rendez-vous clinique (93,3 % contre 63,3 %);
  • 2,67 fois plus susceptibles d’avoir fait exécuter plus d’une ordonnance de PrEP dans les six mois suivant leur premier rendez-vous clinique (80,0 % contre 30,0 %); et
  • 3,00 fois plus susceptibles d’avoir bénéficié d’un approvisionnement en médicaments couvrant plus de 80 % des jours suivant leur première ordonnance (70,0 % contre 23,3 %).

Ces résultats sont tous statistiquement significatifs. Par ailleurs, les participants du groupe navigation étaient plus susceptibles de se rendre à un rendez-vous clinique après six mois que ceux du groupe des soins standard (36,7 % contre 26,7 %), mais ce résultat n’est pas statistiquement significatif.

Par ailleurs, le temps écoulé entre le premier rendez-vous clinique et l’exécution de la première ordonnance a été plus court pour les clients du groupe navigation (médiane d’un jour contre médiane de 41 jours).

Implications pour les prestataires de services

Les données sur l’exécution des ordonnances et sur la présence aux visites de suivi clinique pour la PrEP, dans cette étude pilote, indiquent que la navigation des patients semble améliorer l’amorce de la PrEP et la persistance à son égard, par rapport à l’approche des soins standard. La souplesse de la première séance de navigation pour les patients a permis à l’assistant·e à la navigation de la PrEP d’adapter le soutien à chacun (par exemple l’accompagnement aux rendez-vous, les besoins en matière de transport). De plus, la capacité du personnel du programme à accéder aux renseignements sur l’exécution d’ordonnances, pour déterminer quels clients ne commençaient pas à utiliser la PrEP, a permis de diriger les ressources limitées de navigation là où elles étaient le plus nécessaires (c.-à-d. les clients qui n’avaient pas fait exécuter leur ordonnance).

La flexibilité de l’approche a permis aux intervenant·e·s en navigation de la PrEP d’apporter un soutien variable, selon les besoins du client, ce qui a créé une approche personnalisée et permis de développer un lien de confiance.

Il convient de noter que cette étude s’est déroulée dans un contexte où les médicaments de la PrEP ne sont pas financés par l’État et où moins de 50 % des clients ont déclaré bénéficier d’une assurance maladie, un facteur qui peut constituer un obstacle majeur à la persistance à l’égard de la PrEP. La navigation pour les patients dans ce contexte a joué un rôle majeur dans l’accès continu aux médicaments de la PrEP au cours de l’étude.

Ressources connexes

Intégration d’un programme de PrEP dirigé par du personnel infirmier à un programme d’approvisionnement plus sécuritaire en opioïdes – sommaire des données

Black PRAISE : Une intervention pour sensibiliser les congrégations noires à l’impact du VIH dans les communautés noires – sommaire des données

La Clinique de PrEP Maple Leaf – étude de cas

Référence

Goedel WC, Sutten Coats C, Chan PA et al. A pilot study of a patient navigation intervention to improve HIV pre-exposure prophylaxis persistence among Black/African American men who have sex with men. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2022;90(3):276-82.