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CATIE

Au cours du 20e siècle, l’espérance de vie a augmenté au Canada et dans les autres pays à revenu élevé grâce aux progrès de la médecine et à l’amélioration des conditions de vie. Ces changements ont amené certains chercheurs à se pencher sur un concept appelé espérance de vie ajustée en fonction de la santé. Il s’agit d’évaluer le nombre d’années qu’une personne peut s’attendre à vivre en bonne santé et en mauvaise santé en tenant compte des maladies, des déficiences et de la mortalité liées à l’âge.

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Au Canada et dans les autres pays à revenu élevé, de nombreuses personnes séropositives ont bénéficié d’une augmentation moyenne très considérable de leur espérance de vie depuis l’introduction des combinaisons de médicaments anti-VIH puissants (TAR) en 1996. Cependant, même si elles prennent un TAR, l’espérance de vie de certaines personnes séropositives n’est pas quasi-normale à cause de problèmes liés largement à des facteurs autres que l’infection au VIH, notamment les suivants :

  • tabagisme
  • consommation de drogues ou d’alcool
  • problèmes de santé mentale non reconnus ou mal traités
  • co-infection au virus de l’hépatite B (VHB) et/ou au virus de l’hépatite C (VHC)

Des chercheurs du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique ont récemment collaboré avec d’autres chercheurs canadiens et américains pour analyser des données de santé recueillies auprès d’environ 9 000 personnes séropositives et 510 000 personnes séronégatives. Dans l’ensemble, ils ont trouvé que, même si l’espérance de vie des personnes séropositives avait augmenté depuis 1996, elle était encore considérablement moins longue que celle d’une personne séronégative moyenne du même sexe. De plus, les femmes séropositives de la Colombie-Britannique avaient une espérance de vie plus courte que les hommes séropositifs. Les chercheurs ont exploré les principales raisons de l’espérance de vie réduite observée dans leur étude et ont formulé quelques recommandations.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a passé en revue les données recueillies entre le 1er avril 1996 et le 31 décembre 2012 auprès de personnes âgées de 20 ans ou plus dont on savait qu’elles avaient le VIH. Tous les participants s’étaient fait prescrire un TAR. En tout, l’équipe a analysé les données portant sur 9 310 personnes séropositives et 510 313 personnes séronégatives. Tous les participants à cette étude vivaient en Colombie-Britannique.

Les participants séropositifs avaient le profil moyen suivant au moment de s’inscrire à l’étude :

  • 83 % d’hommes, 17 % de femmes
  • âge : 40 ans
  • durée de la participation à l’étude : neuf ans

Les participants séronégatifs avaient le profil moyen suivant au moment de s’inscrire à l’étude :

  • 50 % d’hommes, 50 % de femmes
  • âge : 36 ans
  • durée de la participation à l’étude : 13 ans

Résultats

Au cours de la période de l’étude, 21 % des personnes séropositives sont décédées, ainsi que 9 % des personnes séronégatives. Ces chiffres ont permis aux chercheurs de calculer l’espérance de vie des participants à partir de l’âge de 20 ans, comme suit :

Hommes

  • séropositifs : 34 années de vie additionnelles, pour une espérance de vie totale de 54 ans
  • séronégatifs : 61 années de vie additionnelles, pour une espérance de vie totale de 81 ans

Femmes

  • séropositives : 21 années de vie additionnelles, pour une espérance de vie totale de 41 ans
  • séronégatives : 65 années de vie additionnelles, pour une espérance de vie totale de 85 ans

Facteurs liés à une mauvaise santé

En général, plusieurs moteurs de la mauvaise santé des personnes séropositives inscrites à cette étude étaient liés aux complications des lésions rénales et hépatiques chroniques. Selon les chercheurs, la présence de ces maladies co-existantes, ou comorbidités, a entraîné une détérioration considérable de la santé des personnes « pendant les quelques dernières années de la vie ».

Parmi les personnes séronégatives, la principale source d’un mauvais état de santé a été les maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont trouvé qu’une « compression » semblable de maladie (en l’occurrence d’ordre cardiovasculaire) s’est produite parmi les personnes séronégatives vers la fin de leur vie.

Des chercheurs de Baltimore, au Maryland, ont trouvé que les personnes séropositives ayant des antécédents d’injection de drogues couraient un risque accru de problèmes de santé liés aux reins et au foie. Dans cette population, les lésions hépatiques peuvent se produire à cause de la co-infection au virus de l’hépatite B et/ou C, et les lésions rénales sont parfois une complication de la co-infection à l’hépatite C. De nos jours au Canada, ces virus se propagent le plus souvent par l’exposition à du matériel contaminé servant à l’injection de drogues.

Les chercheurs britanno-colombiens ont en effet souligné que les « différences considérables entre l’espérance de vie ajustée en fonction de la santé pourraient être attribuables aux antécédents d’injection de drogues » parmi les personnes séropositives inscrites à cette étude.

Progrès vers le traitement des co-infections virales

Selon les chercheurs de la Colombie-Britannique, si l’on traitait les personnes co-infectées par le VHB et/ou le VHC avec des antiviraux, on « pourrait » réduire le fardeau de maladie causée par ces virus. Comme les compagnies pharmaceutiques ont fixé des prix élevés pour ces médicaments, particulièrement pour le traitement du VHC, les autorités de la santé ont restreint l’accès aux traitements subventionnés au cours des dernières années, ont souligné les chercheurs. Les chercheurs reconnaissent néanmoins l’accomplissement de progrès en Colombie-Britannique vers l’accroissement du nombre de personnes atteintes du VHC qui reçoivent des soins et un traitement. À cet égard, il importe de noter que la Colombie-Britannique (de concert avec les autres provinces et territoires du Canada) fait des progrès dans ses négociations visant la réduction du prix des traitements anti-VIH. La province a également annoncé récemment des plans pour élargir l’accès à ces médicaments.

Dans leur analyse, les chercheurs de la Colombie-Britannique ont utilisé de nombreuses bases de données pour obtenir des informations sur la santé des personnes séropositives de la province. Comme certaines informations figuraient à la fois dans diverses bases de données, l’équipe a pu confirmer les résultats captés par d’autres bases de données. Cela a réduit le risque d’erreurs et a permis aux chercheurs de publier un rapport solide.

Une limitation potentielle de cette étude réside dans le fait que les chercheurs n’ont pas recueilli de données sur la santé mentale des participants. Or il est possible que les problèmes de santé mentale aient joué un rôle dans la diminution de la survie d’une proportion importante des participants. De plus, dans la présente analyse, les chercheurs n’ont pas évalué l’observance thérapeutique des participants, c’est-à-dire leur capacité de prendre le TAR tous les jours en suivant les prescriptions et consignes à la lettre; notons cependant que les chercheurs avaient constaté un taux d’observance plus faible parmi les femmes de la Colombie-Britannique lors d’une étude différente antérieure. Ces facteurs ont probablement joué aussi un rôle dans la survie.

Que faire?

L’analyse des données effectuées par le Centre d’excellence de la Colombie-Britannique révèle qu’il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la santé des personnes séropositives de cette province, et plus particulièrement celle des femmes et des personnes souffrant de comorbidités, y compris les dépendances.

Selon d’autres chercheurs qui ont examiné la plus récente analyse effectuée en Colombie-Britannique, comme le VIH cause un affaiblissement général du système immunitaire, il est probable que les lésions hépatiques causées par les virus de l’hépatite s’accélèrent. Ils laissent donc entendre que l’amorce plus précoce du TAR dans le cours de l’infection au VIH serait une manière d’aider à préserver le système immunitaire et à réduire potentiellement les taux de lésions hépatiques parmi les personnes co-infectées.

Lorsque le prix des traitements anti-VHC aura diminué jusqu’à un niveau que les systèmes de santé trouveront plus abordables, espérons que davantage de personnes se feront offrir un dépistage de l’infection au VHC ainsi qu’une orientation rapide vers des soins et un traitement si le résultat est positif. Parallèlement aux efforts pour traiter le VHC, d’autres investissements seront nécessaires pour élargir les assises d’une société en santé, y compris la réduction de l’usage de drogues et l’offre de dépistages et de traitements des problèmes de santé parmi les populations vulnérables aux dépendances et aux maladies mentales.

Ressources

Traitement de l’hépatite C et problèmes de santé chez les femmes séropositives de la Colombie-Britannique

Information sur l’hépatite C de CATIE

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TAR et survie

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Consommation de substances et santé mentale

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Demandez aux experts : Les dépendancesVision positive (automne 2016)

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Prévention et réduction des méfaits – extrait d’Hépatite C : Un guide détaillé

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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