- Une nouvelle étude a suivi 279 Canadiennes séropositives vaccinées contre le VPH.
- Les chercheurs ont comparé l’incidence du VPH à des études avec d’autres groupes de femmes.
- Le vaccin offrait une protection, mais pas aussi forte que pour les femmes séronégatives.
Le virus du papillome humain (VPH) est une infection transmissible sexuellement relativement courante. Chez les femmes, le VPH peut causer le développement et la croissance de cellules anormales dans le col de l’utérus, la vulve, l’anus, la bouche et la gorge. Avec le temps, certaines de ces croissances anormales peuvent se transformer en précancers et, dans certains cas, en cancers.
L’infection par le VIH affaiblit le système immunitaire et des études ont montré que les femmes séropositives sont plus à risque d’avoir une infection par le VPH que les femmes séronégatives. Selon d’autres études, les femmes séropositives sont à risque accru de développer des cellules anormales au niveau du col de l’utérus et de développer un cancer du col de l’utérus invasif.
Trois types de vaccins contre le VPH sont approuvés :
- Cervarix — offre une protection contre les souches de VPH 16 et 18; ces souches sont la cause de 70 % des cancers du col de l’utérus;
- Gardasil — offre une protection contre les souches de VPH 6 et 11 (lesquelles causent des verrues ano-génitales) et contre les souches 16 et 18;
- Gardasil 9 — offre une protection contre neuf souches de VPH, y compris les souches 6, 11, 16 et 18, et cinq autres souches qui entraînent le cancer : 31, 33, 45, 52 et 58.
Dans une étude canadienne appelée CTN 236, des chercheurs ont utilisé Gardasil (vaccin disponible au moment du commencement de l’étude qui offrait la couverture la plus large contre le VPH) chez 279 femmes et filles séropositives. Ces participantes ont été suivies pendant environ deux ans après la vaccination. À des fins de comparaison, les chercheurs ont utilisé des données d’une recherche précédemment publiée.
Dans l’étude actuelle, les chercheurs ont notamment découvert que :
- Les femmes séropositives vaccinées présentent des taux de maladie persistante liée au VPH similaires à ceux des femmes séronégatives non vaccinées. Toutefois, les chercheurs ont déclaré que le taux d’infection persistante par les souches de VPH 6, 11, 16 et 18 dans la présente étude « est considérablement inférieur » chez les femmes séropositives vaccinées par rapport aux femmes séropositives non vaccinées dans une autre étude;
- Aucun cas de précancer ou de cancer hautement anormaux du col de l’utérus ne s’est produit chez les femmes séropositives.
Dans l’ensemble, les taux d’échec des vaccins étaient faibles dans la présente étude, mais les chercheurs ont suggéré qu’il était possible que certaines femmes séropositives courent un risque accru d’échec du vaccin anti-HPV.
Détails de l’étude
Les chercheurs ont rapporté les résultats de 279 femmes et filles séropositives auprès desquelles des données avaient été recueillies pendant environ deux ans après la vaccination avec Gardasil. Le profil moyen des participantes au moment de leur entrée dans l’étude était le suivant :
- Âge — la moitié des participantes avaient entre 13 et 39 ans et l’autre moitié entre 39 et 66 ans;
- Principaux groupes ethnoraciaux : Noirs — 42 %, Blancs — 36 %, Autochtones — 14 %, Asiatiques — 5 %;
- Durée de l’infection par le VIH — huit ans;
- Compte de cellules CD4+ — 500 cellules/mm3; taux de CD4+ le plus bas enregistré (nadir) — 230 cellules/mm3
- Proportion de patientes sous TAR dont la charge virale était inférieure à 50 copies/ml — 69 %;
- Proportion de patientes qui ont reçu les trois doses du vaccin — 95 %.
Les chercheurs ont étudié la protection offerte par Gardasil contre les nouvelles infections par les souches 6, 11, 16 et 18 du VPH.
Résultats
Le vaccin était sans danger et provoquait généralement la production de taux élevés d’anticorps contre les quatre souches de VPH dans le vaccin.
Des biopsies ont montré qu'aucune femme n’a développé de précancers du col de l'utérus confirmés causés par des infections par les souches 6, 11, 16 et 18 du VPH.
Échecs de vaccins
Le vaccin a échoué chez huit femmes; quatre de ces femmes ont développé des verrues génitales et quatre autres ont développé une infection persistante causée par le VPH 18. Bien que les échecs vaccinaux aient été insuffisants pour tirer des conclusions statistiquement significatives, les chercheurs ont noté ce qui suit :
- Le nombre de CD4+ (333 cellules/mm3) au début de l’étude était généralement inférieur à celui des femmes n’ayant pas vécu un échec du vaccin (515 cellules/mm3).
- Le nombre de cellules CD4+ le plus bas enregistré par les femmes avant le début du traitement était inférieur (37 cellules/mm3) chez les femmes dont le vaccin contre le VPH avait échoué comparativement à celles qui n’avaient pas subi d’échec du vaccin (240 cellules/mm3).
Bien que certaines femmes séropositives vaccinées dans le cadre de la présente étude aient développé une infection persistante au VPH, le taux de ce problème était inférieur à celui observé dans d’autres études portant sur des femmes séropositives non vaccinées. Par conséquent, les chercheurs canadiens ont conclu que « bien que la protection [avec Gardasil] ne soit pas aussi complète que celle observée chez les femmes sans infection par le VIH, un avantage important semble être présent ».
À garder en tête
- L’étude continue de confirmer la sûreté à moyen terme de Gardasil.
- Une majorité des femmes vaccinées étaient protégées des nouveaux cas d’infection par le VPH et des maladies associées (verrues, cellules du col de l’utérus anormales).
- Les chercheurs ont déclaré que : « les dysfonctionnements immunitaires actuels et passés [causés par le VIH] peuvent contribuer à une infection ou une maladie causée par le VPH ».
- Compte tenu du taux relativement faible d’échecs vaccinaux, les chercheurs ont déclaré que le vaccin contre le VPH devrait continuer à être proposé à « un large groupe d’âge » de filles et de femmes séropositives. Ils ont également déclaré que, en plus de la vaccination contre le VPH, « le dépistage régulier du col utérin reste important » dans cette population.
— Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :
- McClymont E, Lee M, Raboud J, et al. The efficacy of the quadrivalent human papillomavirus vaccine in girls and women living with human immunodeficiency virus. Clinical Infectious Diseases. 2019 Feb 15;68(5):788-794.
- Money DM, Moses E, Blitz S, et al. HIV viral suppression results in higher antibody responses in HIV-positive women vaccinated with the quadrivalent human papillomavirus vaccine. Vaccine. 2016 Sep 14;34(40):4799-806.